Chapitre 1

854 Words
Les mains serrées sur le volant de ma voiture, j'observe avec une certaine appréhension la vieille maison de l'autre côté de la rue. Cette maison qui m'a abrité pendant mon enfance jusqu'à ma majorité. Après une profonde inspiration pour me donner le courage comme à chaque fois que je viens ici, je retire mes clés de la voiture et récupère mon sac à main dans le siège voisin au mien. J'ouvre ensuite la portière et descends du véhicule. Je prends une dernière bouffée avant de la refermer derrière moi et de contourner la voiture. Je jette de brefs coups d'œil à gauche et à droite, traverse la route qui me sépare de cette demeure, puis franchis la distance qui me sépare de ses deux marches d'escaliers en bois. Ceux-ci grincent dès qu'ils ont le malheur d'être piétinés par mes pieds. Les yeux fixés droit devant moi, je me rends directement à la porte teinte d'un vert qui ne se voit presque plus. Après avoir soufflée une énième fois, j'habille mon visage de ma plus belle mine avant de me décide enfin de frapper. Après plusieurs coups répétitifs, la porte finit par être ouverte. - Ah, un fantôme ! Mon cœur se serre immédiatement face à cette appellation. Mais je m'efforce d'étirer mes lèvres pour un souris que je veux amusé. L'homme à la peau noire devant moi ne fait pas plus attention à moi et faire demi-tour à l'intérieur de la maison. J'emboite ses pas et referme la porte derrière moi. Nous traversons en silence l'allée qui nous mène à une pièce assez grande qui sert de salon à ces lieux. Je le regarde aller prendre place dans le canapé et se saisit d'une bouteille d'alcool à moitié vide qu'il apporte directement à sa bouche. Inconsciemment mes yeux se dirigent sur le sol. Là je peux voir deux bouteilles qui, elles, sont vides et quelques vêtements sales qui traînent un peu partout. - Arrête d'utiliser tous l'argent que je t'envoie dans l'alcool, je dis le plus calmement possible en prenant place dans le fauteuil près du sien. - Sinon quoi ? Tu vas aussi me tuer comme tu as tué ta mère ? Je retiens immédiatement mon souffle. - Tu te souviens ? - Arrête, je demande d'une voix tremblante. - C'était juste là, il poursuit en désignant les escaliers derrière lui sans prêter attention à moi. Du haut de ces escaliers. - Papa, s'il te plaît. Mes mains recouvrent mes oreilles pour ne pas entendre plus tandis que mes larmes commencent déjà à arpenter les joues. La tête baissée, je n'arrive pas à voir ce qu'il fait mais je peux tout de même l'entendre soupirer et déposer sa bouteille sur la table. Le silence se réinstalle. Plusieurs minutes plus tard, après que mes tremblement de soient quelque peu calmés, je relève lentement la tête vers en essayant mes joues. Il ne me regarde pas. Ses yeux fixent la télévision éteinte devant lui. - Pourquoi tu n'es pas venue la semaine dernière ? Je t'ai attendu, mais en vain, il parle sans me regarder. - J'avais beaucoup de travail. - Travail ? Quel genre de métier tu exerce pour ne même plus avoir de temps à consacrer à ton vieux père ? - Je te l'ai déjà dit. Je suis secrétaire dans une grande entreprise de marketing, et mon patron est quelqu'un de très exigeant, je dis en détournant le regard. Il reporte soudainement son attention vers moi et fronce les sourcils. Mon cœur rate instantanément un bond. J'ouvre la bouche prête à me justifier de nouveau mais il m'interrompt. - Tu as reçu ton salaire ? Je me pince la lèvre inférieure avant de répondre. - Oui. Je t'ai d'ailleurs apporter quelque chose pour que tu puisses subvenir à tes besoins. Je plonge ma main dans mon sac et en ressort des billet que j'avais au préalable enroulé et attaché avec une élastique. Il me l'arrache pratiquement des mains, retire l'élastique et se met à les compter. - C'est tout ? Après à peine 2 minutes. 850 euros ? - C'est tout ce que j'ai réussi à... - Après deux mois sans me montrer ne serait-ce qu'un tout petit signe de vie, c'est tout ce que tu m'emmènes ? Tu ne vas pas me dire qu'après tout ce temps, c'est toute la somme que tu as eu. - Papa, je fais des efforts pour... - Eh bien, c'est pas assez, il élèves un peu le ton. Fais-moi sortir de cette misère. De cette dépression dans laquelle je suis depuis la mort de Claire, sa voix se brise à la fin. Une immense douleur me transperce le cœur à l'entente du prénom de ma mère. Les souvenirs de cette femme qui m'a donné la vie, couchée au bas des escaliers morte, me font inconsciemment lâcher une plainte. Et voir le visage de mon père froissé par la douleur et trempé par les larmes, me donne l'impression d'un coup dans le ventre. Après une inspiration profonde pour me répondre mes esprits, je me tiens debout. - je te sortirai de là. Je te le promet.
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