II. La fleuriste

984 Words
Le tintement d'une cloche annonça mon arrivée, ce qui fit sortir Lili de l'arrière boutique. C'était une femme d'une cinquantaine d'année, en pleine forme. Je n'avais jamais su lui donner un âge précis, sûrement à cause de sa santé excellente. C'était Lili. Officiellement elle s'appelait Elizabeth mais tout le monde, ou plutôt tous les humains l'appelaient Lili. Elle tenait une boutique de fleurs. Des roses, des lilas, et tout un tas d'autres variétés ornaient les murs de la pièce, montant même jusqu'au plafond. C'était certainement un endroit anodin pour les autres. Personnellement je voyais dans cette boutique mon jardin secret, Lili était ma confidente, la seule personne à qui je faisais confiance. Sûrement parce que c'était la seule qui la méritait. Elle ne m'avait jamais trahi et je savais d'avance qu'elle ne le ferait pas. Elle avait connu mon père, à l'époque c'était sa meilleure amie et désormais c'était la mienne. - Allison ! Comment va ma p'tite rose ? Ça c'était le surnom qu'elle m'avait donnée. La première fois que j'étais venue ici, j'étais petite, je devais avoir quatre ou cinq ans et j'adorais les roses, alors je m'étais approchée de l'une d'elle malgré l'interdiction de mon père et maladroite comme j'étais, j'étais tombée ... sur les roses. M'étant écorchée tous les avants bras, je pleurais, alors Lili m'avait offert la rose que j'avais essayé d'atteindre en vain. J'avais instantanément cessé de pleurer, heureuse. Et depuis elle m'appelait comme ça. - Très bien et toi Lili ? Les affaires marchent encore ? En ce moment personne n'avait envie d'acheter des fleurs et ça se comprenait : l'argent manquait cruellement aux humains. Tous les salaires humains avaient été baissés afin d'augmenter celui des Loups-garous. Et le coût de la vie était resté le même. Il fallait donc se serrer la ceinture. - Ne t'occupes pas de ça Allison ! À ton âge on a certainement des choses plus importantes à penser qu'au sort d'une vieille boutique qui n'attire plus personne. Je souris, j'admirais cette femme : elle s'était battue pour garder sa boutique et elle n'avait toujours pas fermé. Elle continua. - Ils ne sont pas venus ? Je secouai négativement la tête. "Ils" c'étaient les Loups-garous. Autrement dit les sbires de ma mère. Elle aussi c'était une Louve-garou, elle avait rencontré mon père bien avant 2117. Elle lui avait dit ce qu'elle était et mon père l'aimait alors ils se sont mariés et nous ont eu mon frère et moi. Aucun de nous n'avait hérité du gêne qui faisait de nous des Loups-garous. J'étais donc préparée à toutes éventualités : si ma mère envoyait ses Loups, si un Loup voulait me tuer pour une quelconques raison. J'avais tout préparé avec l'aide de Lili, ma fuite était déjà en place, il ne me restait plus qu'à attendre le jour où je serais obligé de partir. Quand la mort de mon frère m'avait été annoncée, j'étais restée habiter dans la même maison, trop de souvenirs me rattachaient à elle mais si ma vie était en danger, je me devais de partir pour que mon frère ne soit pas mort pour rien. On échangea encore quelques banalités et je repartis au lycée, n'ayant que dix-sept ans j'étais obligée d'être scolarisé. Sinon j'aurais quitté l'école depuis longtemps. Je ne détestais pas les cours, seulement les humains étaient une minorité là-bas comme partout ailleurs enfaite, et si un Loup-garou décidait de tirer notre chaise pour nous faire tomber, de verser son assiette de sauce tomate sur nous ou encore de nous frapper, nous devions subir et ne rien dire. Evidemment la plupart de ces comportements, n'étaient pas réellement dangereux mais ils montraient bien que la domination des Loups-garous était absolument totale. Quoiqu'ils fassent nous ne devions pas riposter et ça ça me mettait en rogne. Le fait de ne pas pouvoir se défendre contre ces monstres.  Surtout que tout le personnel éducatif était composé uniquement de Loups-garous. Les seuls humains adultes qui travaillaient là-bas étaient employés pour le service de la cantine ou pour le nettoyage. Forcément les Loups-garous ne voulaient pas s'abaisser à nettoyer des sols. J'arrivais juste avant la sonnerie et m'assis tout au fond de la classe, dans un coin, de façon à ce que personne ne me remarque, ni les élèves ni les professeurs. On étudia encore et encore l'histoire des Loups-garous jusqu'à la Guerre. Toute l'histoire des humains avant l'apparition des surnaturels avait été oubliée comme si elle n'avait jamais existé. Lassée d'entendre la même chose depuis trois ans déjà, j'avais arrêter d'écouter depuis longtemps. À la place je réfléchissais : les Loups-garous s'organisaient en groupe qu'ils appelaient meute. Les anciens pays existaient toujours mais ils étaient tous découpés en territoire. Chaque territoire était dirigé par une meute différente. Des tas d'accords et de pactes avaient été signés afin que les meutes ne s'attaquent pas entre elles. Certaines meutes plus puissantes que les autres avaient plusieurs territoires. Afin de tous pouvoir les diriger, les dirigeants de ces meutes ordonnaient à un certain nombre de leurs loups de rester sur ces territoires et de faire régner leurs lois. Grâce à cela, certaines meutes avaient des territoires aux quatre coins du monde. Il faut aussi savoir que les meutes avaient une hiérarchie bien précise. Le chef, le dirigeant, le mâle dominant était l'Alpha. Tous lui devaient respect et obéissance. Sa femme était la Luna. Elle pouvait être humaine ou Louve-garou peu importait tant qu'elle avait été marquée dans les règles. Venait ensuite le bêta : c'était le conseiller de l'Alpha. Il arrivait que l'Alpha ait deux bêtas plutôt qu'un. Et tout en bas de cette organisation se trouvait les Deltas : c'était tous les autres Loups qui n'étaient dans aucune des catégories énumérer avant. Je sortis de mes pensées quand la cloche finale sonna. Celle qui annonçait la fin des cours du jour. J'attendis que tous mes camarades soient sortis et je m'en allai aussi.
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