V. Improvisation

869 Words
Mes vêtements collant à ma peau me rappelèrent que j'avais eu beaucoup de chance sur ce coup là. Pendant toute la chute j'avais espéré. Et j'avais finalement senti la fraîcheur de l'eau sur mon corps. Eau que pour la première fois j'accueillais à bras ouvert. J'étais en ce moment assise sur le bord de la rivière. J'avais enlevé mon blouson et ma veste, qui pesaient très lourds et qui en plus me tenaient froid. Je ne savais pas quoi faire. Il n'y avait pas d'autres endroits où je pouvais me réfugier. Je venais de perdre toutes mes affaires de "survie" qui se trouvaient dans le sac que j'avais balancé sur le loup avant de me jeter du haut d'une falaise. Mais pire que ça, j'avais perdu la montre de mon père qui elle aussi se trouvait dans le sac. Ce constat me plomba le moral. La seule chose qui me restait était la chevalière. Je décidai d'arrêter de m'apitoyer sur mon sort : j'étais vivante et je n'aurais pas parié là-dessus quelques minutes auparavant. J'avais sauté de cette falaise sans savoir ce qui se trouvait en dessus. J'avais un caractère plutôt joueuse. J'avais parié, j'avais gagné. Je me remis en marche pleine d'espoir : en plus d'être vivante j'étais libre, mais pour combien de temps encore ? Je marchais sans but, puisque je n'en avais plus. Je détaillais le paysage dans lequel je me trouvais : La rivière brillait sous la lueur du soleil de cette fin d'après-midi. Je marchais sur une plage composée uniquement de galets. À droite, au-delà des galets se trouvaient de hautes falaises montant sur plusieurs dizaines de mètres, faisant de l'ombre aux arbres en-dessous. À gauche, de l'autre côté de la rivière, je voyais une forêt verdoyante, magnifique. J'entendis un bruit d'en haut, je courus me cacher dans un renfoncement de la falaise à ma droite. Et je vis les Loups, toujours les mêmes, regarder en bas avec attention. L'eau avait certainement couvert mon odeur, ou alors ils étaient trop haut pour la sentir. J'arrêtais de bouger et attendis, quand je les vis repartir, je sortis de ma cachette. Ils suivaient le cours de la rivière comme toute personne ayant du bon sens. Sur ce constat, je partis en sens inverse, remontant vers la source. Après une heure de marche, la rivière s'élargissait et formait un bassin alimenté en amont par l'autre partie de la rivière qui était beaucoup large que celle de laquelle je venais. Je m'accroupis et trempais mes mains dans cette eau translucide. Quand je me relevais j'aperçus mon reflet dans le bassin. Je regardais attentivement. J'étais de taille moyenne. Ni mince, ni grosse. J'avais quelques formes mais sans plus. Mes cheveux bruns et légèrement bouclés m'arrivaient aux omoplates. Ma peau plutôt pâle les rendaient encore plus foncés presque noirs. Mes yeux bruns continuèrent de fixer mon reflet quelques minutes encore. Puis je me détournai ne voulant pas finir comme Narcisse. Oui Narcisse, un des personnages de la mythologie grecque. J'avais trouvé un livre de mythologie dans les affaires de mon père. Ceux-ci avaient été interdits et la plupart avaient été confisqués. Sauf que mon père avait gardé dans la cave une bibliothèque complète remplie de livre datant d'avant la Révélation. Il y avait des livres scolaires relatant l'histoire du monde humain, des livres de mythologie mais aussi des romans de science-fiction, et tout un tas d'autres livres que je n'avais pas eu le temps de lire. Et que je n'aurais certainement plus jamais d'occasion de lire. Dans mon plan de fuite, Lili m'avait proposé de garder la maison de mes parents, elle habiterait dedans et vendrait son appartement, elle payerait les charges jusqu'à ce que je revienne. Et quand j'avais préparé tout ça je pensais revenir puisque je me disais que ceux qui me voudraient du mal n'attendrait pas aux frontières de l'Uruguay que j'en ressorte. Il était donc dans mes plans de revenir dans ma maison. Seulement mes poursuivants ne voulaient pas juste me faire du mal, ils voulaient me retrouver et m'emmener avec eux je ne sais où. Alors j'étais sûre de ne pas revenir habiter à Carson City et à cette pensée, une profonde tristesse s'empara de moi, balayant tous autres sentiments. Au bout d'un moment le désespoir se rajouta à mon sentiment de solitude absolu. Je me sentais abandonnée, seule et triste. Non loin de là, un hurlement lupin se fit entendre, Il  avait certainement senti mes émotions et elles allaient le conduire tout droit à moi. J'avais totalement oublié le lien qui nous faisait ressentir les émotions de l'un et de l'autre. Et pour cause, n'ayant pas encore été marquée, il était très faible et se renforcerait au fil du temps. Le lien est ressenti de façon beaucoup forte du côté du Loup. C'était les paroles de Mme Brich, elles me revenaient en mémoire juste à temps pour me rappeler que même si je ne sentais pas le lien Lui   le sentait. Je repris ma marche, puisqu'il m'était impossible de courir sur ces galets glissants, sans m'étaler de tout mon long s'entend. Un bruissement de feuilles me fit me retourner, je scrutais les alentours, ne voyant rien je me retournais et marchais. Grave erreur ...
Free reading for new users
Scan code to download app
Facebookexpand_more
  • author-avatar
    Writer
  • chap_listContents
  • likeADD