-Lila, que fait-on ?
-Comment ça « que fait-on ? » ?
-Et bien, nous sommes ici depuis un an et on me propose un cdi et tu travail également. Est-ce que l'on doit toujours fuir selon toi ?
Maman n'avait pas relevé les yeux du diner qu'elle préparait. Elle n'avait pas pris le temps de se changer avant de cuisiner. C'était pourtant son habitude, lorsqu'elle revenait de son travaille elle prenait le temps de prendre une douche chaude pour ensuite se concentrer sur la préparation du diner. Mais pas ce soir, cette question semble lui trotter dans la tête depuis un moment peut-être. Je quittai donc le canapé dans lequel j'étais installé avec mon dernier bouquin acheté. Je m'appuyai à l'encadrement de la porte de la cuisine et reporta mon attention à sa question. Je pris le temps de bien réfléchir à sa question. C'est vrai nous sommes encore en vie car nous fuyions depuis des années.
-Je ne sais pas maman ... ça fait déjà 22 ans que nous fuyons. Est-ce que nous avons des risques de tomber sur Mark Vaménis ? Peu importe où nous nous installons, nous risquons d'être retrouvé. Même si l'on déménage à l'étranger, il y aura toujours un risque.
-Pour être franche avec toi, je suis fatigué de fuir. Je suis heureuse de t'avoir eue Lila mais je regrette d'avoir croisé le chemin de ce loup. J'aimerais que jamais tu ne le croise, que tu ne tombes pas sur cet homme. Tu devras bien faire ta vie un jour ... tu es encore jeune mais ta louve a peut-être d'autre besoin ...
-Ou tout simplement une meute ... comme un ...
-C'est normal, tu es une louve ...
-Une louve qui fuit, qui n'a pas de meute et qui maitrise la base de ses pouvoirs de loup-garou seule. Pas mal je trouve ...
-Je ne peux pas t'aider pour cela ...je n'y connais rien ... tous comme toi. J'ignore ce que l'avenir nous réserve mais j'espère que tu arriveras à trouver enfin une place dans ce monde. Est-ce que tu veux que l'on reste un peu plus longtemps ici ? C'est tous ce que je te demande.
Je la comprends mais est-ce une bonne idée ? Combien de temps vais-je pouvoir survivre en louve solitaire ... elle pense toujours à ma sécurité en premier mais elle a aussi des besoins.
-A la campagne ...à la campagne nous serions tranquilles, nous pourrions assurer facilement nos arrières et pour moi ...ce sera plus agréable à vivre.
-Alors c'est que nous allons faire.
Maman se contenta de déposer le saladier de salade pour le diner, sur la table et s'installa. C'est sa façon de clôturer une conversation. Une drôle de conversation, c'est bien la première fois qu'elle me demande si je veux rester dans une ville. Ce n'est pas la première fois qu'on lui propose un CDI mais cette fois-ci j'ai bien l'impression qu'elle se plait ici. Je dois reconnaitre que j'aime bien cette ville et pour une fois, nous sommes visiblement prêtes à s'installer définitivement.
Je m'installai à mon tour puis nous avons diné dans le calme le plus totale. Après cela, je sortis de notre maison comme tous les soirs. Il est dans les alentours de 22h et il n'y a personne dehors puisqu'il commence à pleuvoir. Après avoir marché une vingtaine de minutes j'atteignis enfin la forêt, je me déshabillai pour me métamorphoser. Je fermai les yeux, fis le vide dans mon esprit et me contenta d'imaginer ma louve avec son magnifique pelage brun. Mes muscles se mirent à me bruler, à s'étirer puis ce fut mon dos qui se mit à craquer. Ma peau me gratte et je sens mon museau et mes oreilles s'étirer à leurs tours. Je m'allongeai avant de commencer à voir mes mains devenir des pattes. Avec les années, la métamorphose est moins douloureuse ou plutôt, elle devient une douleur agréable. C'est une habitude que j'ai prise pour évacuer toutes ses tentions que j'accumule dans la journée mais aussi pour libérer ma louve. J'ai appris à la connaitre, à l'apprivoisé au même titre que mes capacités et cela depuis maintenant 7 ans. Nous sommes deux identités différentes dans le même esprit et le même corps. Alors il faut bien s'y faire. On peut dire, aujourd'hui, que nous sommes deux sœurs. Je suis moi-même sur de ce que je suis capable de faire et avec la seule aide de ma louve et sans meute. Peut-être qu'un jour, j'en ressentirai le besoin.
***
Depuis maintenant plusieurs mois, nous vivons comme toutes personnes bien sur nous continuions de faire attention à ce qui nous entoure mais maintenant nous essayons de nous impliquer un peu plus dans notre quartier et à l'extérieur. Nous avons même invité nos voisins les plus proche pour déjeuner à la maison. Apprendre à se connaitre et à partager.
Après plus de 2 heures de courses effrénée, à flâner dans la foret, je rentrai à la maison. Ma mère dort déjà depuis un petit moment mais lorsque j'arrive dans notre rue, à pied, une odeur me dérangea. Une odeur dure, amer, pestilentielle et beaucoup trop forte.
Selon ma louve, il s'agirait d'un loup, un loup-garou plus précisément. Un loup, animal, à une odeur moins désagréable, très différente. En revanche, un loup-garou à une odeur qui est plus dure puisqu'il a un mélange de deux odeurs radicalement opposées, loup et humain. Je me précipitai donc, vers notre maison le plus rapidement possible. Lorsque j'arrive, Je ne remarque personne dans la rue ou devant notre porte. Je montai alors directement dans la chambre de ma mère. Je l'entends dormir du palier de l'entrée de la maison, c'était rassurant et j'hésite à entrer dans la pièce une fois en haut. Je me dois de protéger ma mère d'eux. Rapidement elle ouvre les yeux et me regard avec inquiétude. Je sais dans son regard qu'elle devine ce que je vais lui dit mais elle ne veut certainement pas y croire.
-Je viens de rentrer et je viens de remarquer que notre quartier empeste le loup.
-Quand tu es partis tu n'as rien sentis ?
-Non, il n'y avait aucune odeur. Celle-ci semble être à un homme.
-Un seul ?
-Je crois que oui pour le moment. Ma louve n'a rien détecté de plus pour le moment.
-Il est donc là pour repérer les lieux et s'assurer que c'est bien nous. Nous n'aurions jamais dû nous installer aussi longtemps ... je nous ai mise en danger ... File faire ta valise nous allons partir. Nous avons très peu de temps. C'est bien la première fois qu'ils sont si proches de nous.
Je ne la contredit pas, je sais qu'elle a raison. Si c'était un loup qui vivait déjà ici, je l'aurais senti depuis longtemps. Même si c'était un nouveau, il est déjà minuit passé. On ne débarque pas comme une fleur dans une ville à minuit et tout seul. Pour un loup c'est impensable même de passage car ils se déplacent toujours par deux ou trois. Sauf en cas de mission comme nous repérer.
Une fois dans ma chambre je sors toutes mes affaires ainsi que toutes mes photos. En moins d'une heure, j'étais prête, toute était dans la voiture. C'est alors que je me rendis compte que l'odeur était de plus en plus forte, plus proche. Mais le plus inquiétant étant qu'elle était maintenant variée. Il y avait d'autre loups en approchent.
-Maman, ils approchent, il y en a plusieurs ! Criai-je à son égard la pensant pas loin dans le garage mais je n'eue aucune réponse. En me retournant je constatai qu'elle n'était pas avec moi. Je retournai dans la maison puisqu'elle cherchait quelque chose.
-Maman ! Rien, pas une réponse. Je pris alors le risque de sortir en direction de la route. Je passai dans le garage et longea l'allée qui mène au portail. Celui-ci ouvert j'accélérai le pas et c'est alors que je la vis. Au milieu de la route, regardant au loin. Un peu plus loin sur la route se trouvait un homme. Il est grand, musclé pour ne pas dire carré mais ce n'est pas ce qui me frappe le plus. Ce n'était pas la même odeur que la première que j'ai sentis. Non mais celle-ci était bien plus. Cette odeur, celle que je sentais émanait de lui mais maintenant elle se fait oppressante, puissante, dominatrice et violente. Lui aussi était au milieu de la route à environ 500 mètre de nous. Maman et lui semblait se fixer comme deux ennemie de longue dates. Après m'avoir remarqué, l'homme s'avança tranquillement jusqu'à se retrouver à environ une dizaine de mètre de nous.
-C'est donc toi que je cherche depuis 22 ans ... annonce-t-il d'une voix dur sur un ton inqualifiable.