Je me réveillais doucement, encore étourdie par les derniers évènements, mais n’arrivant pas à descendre de mon petit nuage. Sourire aux lèvres, je décidais de m’habillais pour l’occasion. J’avais enfin réussi à décrocher cette interview du « New York Times », m’ayant lui-même contacté presque instantanément à la sortie du tribunal, afin d’être le premier journal à publier cet article qui changera ma vie. Radicalement.
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Tout d'abord, je me présente. Je m'appelle Morgan Berthom, j’ai 26 ans, et je suis une éternelle célibataire. La raison ? Ma passion pour mon métier, qui prend la place de quiconque dans ma vie. Cela fait seulement deux années que j’exerce mon métier en tant qu’avocate mais l’envie de réussir et de me faire une vraie place dans ce métier dépasse à peu près toutes mes autres motivations.
Vous me trouvez ennuyante? Avec du recul, moi aussi...
Je suis donc avocate dans l’état du Michigan, dans cette grande ville peuplée que j’aime tant, Détroit. Son architecture des années 20 et 30, le parc Belle Isle et sa magnifique fontaine commémorative James Scott... ou encore la Piquette Avenue! On y produisait les premiers modèles de Ford, emblème même de cette ville qu'on appelle encore la "Motor City". Vous l'aurez compris, j'adore cette ville!
Mais revenons à nos moutons. Débutante dans le métier, on ne m’a confié au début, qu’une affaire dite « banale ».
Les présumés coupables de cette affaire, un jeune couple de l’Ohio de 31 et 35 ans respectivement, étaient accusés d’avoir agressé leur neveu, résidant alors dans le Michigan. La victime, du nom de Mathieu Toller, s’est retrouvée avec trois côtes cassées, quelques hématomes et une fracture ouverte du tibia-péroné gauche, entraînant une ostéosynthèse, autrement dit un recours à la chirurgie.
Deux jours plus tard, et une fois l’intervention chirurgicale réalisée, la victime a subi une complication appelée « Syndrome des loges ». Pour faire court, celui-ci entraîne une compression des vaisseaux sanguins au niveau des mollets, bloquant la circulation sanguine et devant être opéré en urgence. Malheureusement, ce syndrome n’a soi-disant pas été pris en charge à temps et a entraîné l’amputation de son membre.
C'est ainsi que les charges s’alourdirent injustement contre le jeune couple. L’article 222-9 du code pénal indique que « les violences physiques entrainant une infirmité permanente peuvent être sanctionnées d’une peine de prison de 10 ans et de 150 000 euros d’amende maximum ».
Commence alors la phase dite d’instruction ou d’ « enquête », pour ceux à qui ça parle plus, phase durant laquelle je rentre enfin en jeu.
Là est le résumé de l’affaire dite banale.
Le juge a indiqué un délai de dix mois avant que le couple ne soit renvoyé au tribunal, et je comptais bien éclaircir les points sombres de cette affaire.
Parce qu'une question n’arrêtait pas de me faire tourner la tête.
Comment, dans cet hôpital de l’Université du Michigan -Médecine du Michigan-, hôpital classé cinquième des meilleurs hôpitaux aux États-Unis, et quinzième des meilleurs hôpitaux du monde, comment ne se sont-ils pas aperçus à temps d’une complication post-chirurgie, alors que les constantes vitales d’un patient sont vérifiées toutes les demi-heures, après une telle opération dans cet établissement ?
Cette question, est celle qui m’empêche de dormir ce soir. Et celle qui débute l’aventure de ma vie.