🖤Noir empire

Noham

**** Point de lu Noham******

Chapitre 2 —

Le port, ce n’est pas un endroit pour les âmes faibles. J’ai toujours su ça. Pourtant, ce soir, je suis là, planté dans l’ombre, observant une silhouette familière.

Elle bouge avec une assurance qui fait tourner les têtes sans qu’elle ait besoin d’en faire trop. Chaque geste, chaque regard, c’est un message : ici, c’est elle la loi.

Je reste en retrait, silencieux. Je ne veux pas être vu. Pas encore.

Mais elle sent ma présence. Elle se retourne lentement, presque comme si elle m’attendait.

Nos regards se croisent, tranchants, comme deux épées prêtes à s’affronter.

Le bruit du port continue autour de nous, mais entre nous, le silence pèse.

Je me tiens droit, sans rien dire. Pas un mot. Pas un geste.

Cette nuit ne sera pas comme les autres..

Je sais que je ne devrais pas être là, pas à cet instant précis, pas à cette place. Pourtant, quelque chose me retient, invisible et puissant, comme un aimant dont je ne peux me libérer.

Je la vois gérer la situation d’un geste, d’un regard. Pas besoin de mots. Sa force est dans le silence, dans la manière dont elle commande sans crier, sans supplier. Elle fait plier les volontés comme on plie l’acier sous la pression.

Elle est dangereuse. Plus que ce que j’ai jamais imaginé.

Je ne suis pas là pour la confrontation. Pas encore. Pas ici.

Je n’oublie pas qui elle est, ni ce qu’elle représente. Mais ce soir, elle est un mystère, un défi.

Son empire est fait de sang et de peur, mais aussi de contrôle. Elle maîtrise chaque élément, chaque homme, chaque ombre. Et moi, j’en suis spectateur, invisible dans la nuit.

Je me rappelle l’époque où elle était différente, où son rire éclairait les jours sombres. Où je pensais que rien ne pourrait briser ce lien fragile qui nous unissait.

Mais cette époque est morte.

Maintenant, il ne reste que cette femme invincible qui marche entre les cadavres et les secrets.

Elle tourne lentement la tête vers moi. Je peux lire dans ses yeux ce mélange de défi et de reconnaissance, cette tempête contenue.

Je ne bouge pas. Je ne dis rien. Je ne montre rien.

Entre nous, c’est une guerre silencieuse, un jeu dangereux.

Le port semble s’être arrêté, comme retenu par cette tension électrique.

Le moindre geste peut tout faire basculer.

Mais je ne suis pas prêt à céder, pas prêt à me laisser emporter par ce passé qui menace de tout détruire.

Je recule lentement, me fondant à nouveau dans les ombres, prêt à attendre le moment où elle choisira de faire le premier pas.

Cette nuit, tout peut changer.

Je le sais.

Je le sens.

Et je suis prêt.

Je suis sorti de l’ombre pour rejoindre la voiture noire qui m’attendait plus loin, ses vitres teintées reflétant les néons délavés.

À l’intérieur, une silhouette familière m’attendait, calme et implacable. Il s’appelle Gabriel.

Gabriel est mon bras droit, celui qui connaît tous mes secrets et manœuvre dans l’ombre avec une efficacité redoutable. Il ne pose jamais de questions, mais il lit en moi comme dans un livre ouvert.

Il n’a pas besoin de me demander ce qui s’est passé au port. Il sait.

Je claque la portière derrière moi, et le moteur rugit dans la nuit comme un avertissement. Gabriel m’attend dans la voiture, une ombre calme et concentrée.

Je prends place sans un mot, le silence entre nous est chargé d’électricité. Gabriel n’est pas du genre à s’imposer, mais ce soir, je sens qu’il pèse ses mots.

« Alors ? » demande-t-il enfin, voix basse mais ferme, comme pour sonder ma volonté.

Je tourne la tête vers lui, mes yeux brûlants d’une intensité glaciale.

« Je n’ai pas besoin de rapports à moitié finis, Gabriel. Dis-moi ce que tu sais, et seulement ça. »

Un frisson traverse la voiture, et Gabriel comprend que je ne tolérerai aucune faiblesse.

« Elle est là, » je reprends, « plus forte, plus dangereuse que jamais. Elle règne sur son empire avec la poigne d’une reine de fer. Personne ne lui résiste. »

Gabriel hoche la tête, mais je sens une ombre de prudence dans son regard.

« Tu as raison de rester prudent. Mais n’oublie pas que toi aussi, tu es l’homme le plus puissant du pays. Personne ne doit oser te défier, ni sur le terrain des affaires, ni dans l’ombre. »

Je serre les dents, la colère enfouie prêt à exploser si quelqu’un ose sous-estimer ma détermination.

« Ce jeu est dangereux. Je ne tolèrerai aucune erreur. Tu comprends ça ? »

Gabriel acquiesce sans broncher.

« Je sais ce que je fais. Mais je ne peux pas m’empêcher de penser… »

Je le coupe d’un geste sec.

« Ta pensée ne compte pas plus que mes ordres. Tu m’observes, tu apprends, et tu m’alertes uniquement si la menace devient réelle. Jusqu’ici, c’est moi qui commande. »

Un silence pesant s’installe.

« Thalia est une tempête, » murmure Gabriel, « mais n’oublie jamais que je suis l’ouragan qui la suivra partout où elle ira. »

Je lui adresse un sourire froid, sûr de mon pouvoir, de mon empire, et de ce que je suis prêt à faire pour garder le contrôle.

« Très bien. Mais sache-le, Gabriel : si elle croit pouvoir m’atteindre, elle découvrira pourquoi personne ne se dresse contre Noam Bastien. »

La voiture démarre dans un grondement sourd, emportant avec elle la promesse d’un affrontement inévitable.