Thalia
Chapitre 1
La nuit est une bête sauvage, rugissante et glaciale. Elle s’insinue entre les ruelles, s’accroche à ma peau, m’enveloppe comme une armure invisible. Moi, je suis le prédateur, pas la proie. Je suis l’ombre que même la lune craint.
Je marche d’un pas sûr, le regard dur, la mâchoire serrée. Autour de moi, le port s’agite. Le bruit sourd des moteurs, le claquement des caisses, le murmure des hommes qui savent que ce soir, quelque chose se joue.
Je suis là , au cœur de ce chaos organisé, maîtresse de l’ombre et de la peur. Tous savent que je suis là , Thalia Rego. La reine du noir. La chef de la plus puissante mafia de la côte Est.
Je ne dis pas un mot. Je n’ai pas besoin. Le silence est mon langage, la menace dans mon regard suffit. Les hommes s’écartent devant moi, tapis dans leur propre peur, sachant qu’un faux pas aujourd’hui pourrait les envoyer six pieds sous terre demain.
Ma main effleure la crosse de mon arme, prête à sortir, à punir, à régner.
Un bruit au loin, un éclat métallique. Je tourne la tête, rapide, précise. Deux hommes tentent une manœuvre risquée : voler une cargaison que j’ai fait sceller de mon sceau.
Un sourire froid fend mon visage. Je me glisse vers eux comme un serpent, silencieuse, mortelle.
Le premier n’a même pas le temps de crier que je lui brise la nuque d’un mouvement sec. Le second dégaine, mais je suis plus rapide : un coup de crosse dans les côtes, un crochet, et il s’effondre en hurlant.
Je me redresse, dominante, imposante. Le sang sur mes mains ne me gĂŞne pas. Au contraire, il me rappelle que je suis vivante, que je commande ce monde qui se nourrit de violence.
Je sens le poids de mon empire sur mes épaules, mais je ne flanche pas. La douleur, la colère, la rage : tout est carburant. Rien ne m’arrête.
Alors que je reprends mon souffle, le cœur encore battant de cette lutte, un frisson me parcourt. Un danger autre que ceux que je contrôle. Une présence inattendue.
Je tourne lentement la tĂŞte.
Il est lĂ .
Lui.
Noam.
L’image frappe comme une décharge, bouleverse le silence glacé de la nuit. Je ne m’y attendais pas. Pas ici. Pas maintenant.
Il semble perdu dans ses pensées, le regard loin, absent. Presque inconscient de ce monde souterrain qui m’entoure, de cette vie que j’ai bâtie à la force des poings.
Je détourne le regard, la colère brûlante monte en moi. Comment est-il arrivé là ? Pourquoi ce soir ?
Mon esprit s’emballe, mais je ne laisse rien paraître. Je suis la chef. Je contrôle.
Pourtant, au fond de moi, une fissure fragile s’ouvre.
Pas maintenant. Pas ici.
Je refuse de m’effondrer.
Le port reprend son rythme sourd, la nuit continue de rugir.
Je prends une grande inspiration. Le combat ne fait que commencer.