Pommée

Pommée. Complètement pommée. Voilà la conclusion à laquelle je suis arrivée avec ma meilleure amie, en ce vendredi soir. Comme un vendredi sur deux, nous nous retrouvons chez elle, assise par terre dans son salon, entre les jouets de ses deux enfants et quelques poufs à fleurs éparpillés sur son tapis douillet. Un verre à la main, je ne peux m’empêcher de la charrier : « Regarde-toi, Pam ! Un mari, des enfants, un job de rêve ! Ça fait maintenant dix ans que l’on se connaît, tu peux me dire à quel moment j’ai loupé le coche ? » Elle rigole et fait tomber la moitié de son verre sur le tapis. « Oh mince, mince, mince ! Ce tapis coûte une fortune, Mike va me tuer ! » Je la regarde paniquer, essayant d’essuyer les taches de vin blanc à l’aide de ses pauvres mains, et pars dans un éclat de rire : « Ce tapis coûte une fortune », je répète avec sarcasme, « Tu as définitivement passé un cap, Pam ! Lorsque l’on se soucie plus de son tapis à trois mille dollars que de sa MEILLEURE AMIE ! », Je réponds en lui lançant un coussin qu’elle ne prend même pas la peine de rattraper. Paméla et moi nous connaissons depuis le lycée, et nous nous ne sommes jamais quitté. Nous avons pris des chemins diamétralement opposé au niveau professionnel, mais nous sommes restés dans la même ville que nous aimions tant, Manhattan. Paméla dirige une boutique de luxe sur la cinquième avenue, l’avenue la plus chic de New York. Son mari, quant à lui, travaille dans la finance, dans une grosse banque d’investissement. Autant vous dire que non, ils n’ont pas non plus de problème d’argent. Et moi, c'est Hailey, j’ai 30 ans, je travaille dans une agence de publicité, partie communication et je n’ai ni la bague au doigt, ni d’enfants, ni d’objectifs. Mais bien un loyer que je galère à payer chaque mois avec mon petit copain. Dites, vous connaissez la crise de la trentaine ?