Point de vue: Don Ernesto Le silence me dévore. Pas un silence ordinaire, mais celui qui vibre entre deux respirations, celui qui met à nu l’âme avant le prochain mot, avant le prochain coup. Je fixe Caleb. Ses yeux sont durs, brûlants, mais derrière cette colère je distingue quelque chose que je connais trop bien : la peur de devenir ce qu’il hait. -Regarde-toi, murmurais-je, ma voix rauque, presque étranglée. Tu crois me tenir enchaîné, mais c’est toi qui es prisonnier. Prisonnier de ma silhouette. Il ne répond pas tout de suite. Son poing tremble légèrement, serrant cette arme qui n’a jamais cessé de me menacer depuis qu’il m’a jeté dans cette pièce. Je reconnais ce tremblement : ce n’est pas seulement la rage. C’est la conscience de marcher sur un fil invisible, prêt à céder. Je m

