17 mai - 8h09
Cela fait à peine dix minutes que j'ai commencé à travailler et je n'en peux déjà plus. Derrière la paroi vitrée de son bureau, Mr Johnson me lance des regards noirs, prêt à me sauter dessus à la moindre erreur. Ses doigts tambourinent lentement sur la table en verre – toc, toc, toc – un rythme qui résonne jusqu'à mon poste.
Psychopathe.
Je me demande comment j'ai pu le trouver chaleureux lors de notre première rencontre. Aujourd'hui, son visage est aussi expressif qu'un masque de pierre. Juste ses yeux noisette, légèrement plissés, qui me traquent sans relâche.
Je n’ai jamais aimé les regards insistants. Mais celui de Mr Johnson... c’est différent. Il me donne l’impression d’être une proie.
J'ai déjà hâte de pouvoir m'échapper à midi.
---
12h00
Enfin !
L'air frais du dehors me caresse le visage quand je pousse la porte, chassant l'odeur de renfermé du bureau. Je respire profondément, libérée du poids de son regard qui semblait vouloir m'enfouir sous terre.
Je mange mon sandwich trop vite. Le pain est un peu sec, la mayonnaise trop épicée. Peu importe – c'est mieux que l'atmosphère étouffante du bureau.
---
13h05
De retour à mon poste, une vague de nausée me submerge. J'ai mangé trop vite, trop nerveusement. Un goût amer me râpe la langue, comme si mon estomac protestait encore. Je cligne des yeux pour chasser les petits points noirs qui dansent devant moi.
— Mademoiselle Clark.
Sa voix, nette et précise, me fait sursauter. Je tourne la tête. Il est là, à quelques mètres, sa cravate bleu marine parfaitement ajustée. Ses yeux bruns m'observent avec cette intensité dérangeante.
— Venez dans mon bureau, s'il vous plaît.