Seconde Chance Luna

Chapitre 9

Jason anxieusement regardait l'horloge alors que l'heure du dîner s'approchait lentement. De retour dans sa chambre après un entraînement conjoint désastreux, il a sauté dans la douche pour se débarrasser de la saleté, de la crasse et de la frustration. Non seulement les guerriers de la meute de Rimrock manquaient de discipline, mais ils manquaient aussi de force et d'endurance. Ses guerriers pourraient les mettre à l'amende.

           Cependant, lorsqu'ils étaient confrontés à l'aura de Luke, ils se mettaient rapidement en ligne et se poussaient à bout. Ce qui manquait vraiment, c'était l'autorité de la meute. La médiocrité de la performance des guerriers était clairement due à l'absence de leur Alpha et à leur manque de motivation. Même si seulement leur Bêta participait à l'entraînement, ce serait une énorme amélioration pour le moral.

           La réaction de Luke en apprenant les pièges était prévisible d'un incroyable. Il a secoué la tête devant l'idiotie totale de toute l'idée, surtout si les guerriers de la meute ne connaissaient ni l'emplacement ni la position des pièges. Leurs mouvements seraient tout autant entravés et les pièges tout aussi mortels pour eux que pour leur ennemi.

           Pour une petite meute contrôlant une vaste zone, les pièges n'étaient pas forcément une mauvaise chose, mais leur mise en place demandait de la stratégie. Les placer dans des zones difficiles à patrouiller serait intelligent, mais pas partout. Rimrock était une meute de taille moyenne, il n'y avait donc aucune raison de déployer autant de pièges compte tenu de la taille de leur force défensive. Tout cela se résumait à de la paresse et à la déconnexion de leur Alpha avec ses devoirs envers la meute.

           En sortant de la douche, Jason a secoué la tête pour se remettre les idées en place. En ce moment, la seule chose qui importait était sa compagne. Il ne laisserait rien interférer avec son premier repas avec elle. Ce soir serait parfait. Ne voulant pas paraître trop formel, il s'est habillé d'un pull et d'un jean avec sa veste en cuir comme dernière couche. Jason a examiné attentivement son reflet.

           Normalement, il ne se souciait pas de son apparence, mais ce soir, il espérait faire bonne impression. En caressant ses joues maintenant lisses, il pensait avoir un profil séduisant. Espérons que sa compagne serait impressionnée. Lobo grimpait pratiquement aux murs de son esprit, impatient de revoir leur compagne.

           En quittant la maison de la meute par la cuisine et en passant par la porte arrière, Jason a évité ses hôtes et les questions inutiles. Luke avait déjà préparé une excuse pour son absence, attribuant les récentes attaques de renégats à un appel d'urgence chez lui.

           Suivant les indications de Luke, ainsi que l'utilisation de Cameron comme guide, Jason a eu peu de mal à trouver le cottage de Phoebe. Comme son Bêta l'avait décrit, c'était une petite structure bien rangée, faisant un foyer confortable niché dans les bois et entouré d'un jardin grouillant d'herbes. Les plantes vivaces étaient depuis longtemps passées en graines et se débrouillaient seules avec peu d'efforts de leur concierge.

           Bien que ce soit une scène pittoresque, Jason a frémi à l'idée que Phoebe vive ici seule, sans personne pour la protéger, sauf les patrouilles frontalières dont les compétences, il remettait maintenant sérieusement en question. Lobo a grogné en accord. Ce n'était tout simplement pas sûr pour leur compagne de rester ici.

           "Alpha ?"

           "Rien à signaler Cam ?" A demandé Jason sans regarder son guerrier émergé des ombres de la forêt.

           "Tout est paisible."

           "Bien. Tu peux rentrer à la maison de la meute et te prendre un vrai repas. Je n'aurai plus besoin de toi pour le reste de la nuit."

           "Tu prévois donc de protéger Luna tout seul ?" A demandé Cameron avec un sourire en coin.

           Jason a grogné face à l'audace de son guerrier, mais Cameron était déjà parti. Il s'est calmé avec un soupir. Il espérait passer la nuit avec sa compagne. Si elle était mal à l'aise avec cette idée, il était prêt à dormir sur le porche. Mais ce soir serait parfait.

           'Rappelle-toi, ne la brusque pas', a dit Jason à son loup impatient.

           'Je sais ! Je sais ! Mais... Compagne !'

           'Ce soir, c'est elle qui décide de ce qui se passe', a répondu Jason.

           'D'accord. Oui. Maintenant, va vers Compagne, humain !'

           Jason n'a pu s'empêcher de sourire. Le désir sexuel d'un loup était généralement élevé et tempéré uniquement par son désir pour sa seule et unique compagne. Leur homologue loup ne trouvait que rarement quelqu'un tentant s'il ne s'agissait pas de leur compagne, et n'avait donc aucun désir de les fréquenter. C'était leur homologue humain qui manquait de maîtrise de soi et choisissait de s'engager dans des aventures parfois nombreuses.

           Bien qu'il ne soit pas rare que les jeunes loups s'engagent dans des activités sexuelles, Jason s'était abstenu. L'idée de toucher une louve qui n'était pas sa compagne lui donnait la nausée, surtout après avoir appris les problèmes de ses parents. Jason était déterminé à ne pas répéter les erreurs de son père, alors il évitait les liaisons avec les autres.

           Apparemment, d'autres loups trouvaient son niveau de maîtrise de soi attrayant et beaucoup cherchaient à être sa première compagne, mais Jason les rejetait suivant les instincts de son loup pour se réserver pour sa compagne destinée. Il voulait qu'elle soit la première et, égoïstement, voulait être le premier pour elle. Jason ne lui en aurait certainement pas voulu si elle avait eu d'autres compagnons avant de le rencontrer, mais maintenant, il semblait que son souhait égoïste était exaucé.

Quand il tenait Phoebe et respirait son parfum, il n'avait détecté aucune trace d'un autre mec. On aurait dit que son premier mec l'avait rejetée immédiatement et, peut-être, à cause de ça, Phoebe n'avait pas eu envie d'être avec un autre. Lobo était pressé d'exprimer les pulsions qu'ils avaient réprimées, mais Jason insistait pour prendre ça lentement. Ils devaient être conscients du traumatisme qu'elle avait subi à cause de son rejet et progressivement faire tomber les barrières qu'elle avait érigées pour se protéger.

Une fois de plus maître de la situation, Jason a poussé la porte du jardin et est monté sur le perron. Il a frappé avec force et a attendu anxieusement une réponse. Et si elle changeait d'avis et refusait de le laisser entrer ? Lobo a gémi à cette idée.

Après une minute agonisante, la porte s'est ouverte à peine. Vérifiant son visiteur, Phoebe a défait la dernière targette et l'a ouverte en grand. Timidement, elle a souri, "Entre."

Jason a franchi le seuil et a été immédiatement enveloppé dans son parfum. Autour de la maison de la meute, il ne sentait qu'un léger effluve, juste assez pour le titiller, mais dans sa maison, il était presque en train de nager dedans. Jason a respiré à fond, laissant son parfum pénétrer chaque fibre de son être alors que Lobo se roulait sur le dos, le ventre en l'air.

En clignant des yeux, il a réalisé que Phoebe le regardait toujours avec anxiété. Souriant, il a dit, "Ta maison est presque aussi belle que toi."

Ses yeux gris se sont écarquillés, surprise par son annonce, puis un rougissement rosé a coloré ses joues, "Merci. Euh... le dîner sera prêt dans quelques minutes. Fais comme chez toi."

Elle a fermé la porte et s'est précipitée rapidement vers la cuisine où il pouvait sentir l'odeur tentante du poulet, des légumes sautés et du riz.

Fais comme chez toi. Jason a souri à cette idée. Il avait bien l'intention de le faire.

Repérant un porte-manteau près de la porte, il a enlevé sa veste et l'a accrochée. Ses yeux se sont posés sur la porte d'entrée de Phoebe et il a froncé les sourcils en comptant le nombre de targettes et de verrous qu'elle avait installés. Ça ne ferait pas grand-chose pour dissuader un loup de rentrer s'il le voulait, mais c'était un indicateur qu'elle ne se sentait pas en sécurité.

Silencieusement, il s'est retourné, observant l'intérieur petit et soigneusement rangé. Il y avait un canapé et un fauteuil disposés devant la cheminée, avec une table basse, des tables d'appoint et des lampes. Un piano droit était niché dans un petit coin et il s'est demandé immédiatement s'il était là pour la décoration ou si elle savait jouer. Mais ce qui a attiré son attention, c'étaient les livres. Les livres étaient partout, disposés dans plusieurs bibliothèques, sur le dessus du piano, sur la table basse, sur la cheminée. Il y en avait facilement plus d'un millier.

A-t-elle lu tous ces livres ? S'est-il demandé.

Il pouvait compter sur une main le nombre de livres qu'il avait lus. Il s'est souvenu de ce que Luke lui avait dit à propos de la façon dont elle avait raconté l'intrigue de L'Île au trésor autour du faux feu de camp. S'approchant d'une des bibliothèques, il a lu les titres sur les étagères : De grandes espérances, La lettre écarlate, Moby d**k, Frankenstein et Le Prince et le Pauvre, parmi tant d'autres, soigneusement rangés par le nom de l'auteur.

"Alors... as-tu lu tous ces livres ?" A-t-il demandé, en prenant l'un d'entre eux et en le feuilletant.

"Non. Plus de la moitié... oui", a répondu Phoebe. "Mon père me lisait quelques chapitres chaque soir, jusqu'à ce que j'aie sept ou huit ans, je crois. Après ça, je lisais seule. Nous débattions de différents aspects de l'histoire ou des personnages autour de la table du dîner."

Jason a souri à l'idée de la petite Phoebe blottie sur les genoux de son père pendant qu'il lui lisait. Remettant le livre en place, il s'est dirigé silencieusement vers la cheminée où il a trouvé une photo de famille encadrée nichée parmi les livres. La tenant avec précaution, il a observé les visages de ses parents. Phoebe ressemblait beaucoup à sa mère, avec quelques caractéristiques de son père, même s'ils n'avaient ni l'un ni l'autre ses yeux gris. Il était clair qu'ils formaient un groupe familial soudé.

Il a froncé les sourcils. Ses parents semblaient plus âgés que ce qu'il aurait imaginé. Les loups-garous, en général, vieillissent plus lentement que les humains, semblant souvent ne pas être plus vieux que la trentaine jusqu'à leurs soixante ou soixante-dix ans, mais les parents de Phoebe montraient déjà quelques cheveux gris et de fines ridules autour de leurs yeux.

"Le dîner est prêt."