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Les Mille et une nuits

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Extrait : "Le fils qui se nommait Aladdin, avait été élevé d'une manière très-négligée, et qui lui avait fait contracter des inclinations vicieuses. Il était méchant, opiniâtre, désobéissant à son père et à sa mère. Sitôt qu'il fut un peu grand, ses parents ne le purent retenir à la maison ; il sortait dès le matin, et il passait les journées à jouer dans les rues et dans les places publiques, avec de petits vagabonds qui étaient même au-dessous de son âge."

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CCXCIIe nuit
CCXCIIe nuit Sire, dit Scheherazade au sultan des Indes, nous avons laissé Abou Hassan faisant son entrée dans la chambre du conseil, précédé de Mesrour, chef des eunuques, et soutenu par des officiers du palais, qui le conduisirent jusqu’au pied du trône et l’aidèrent à y monter. Abou Hassan s’assit aux acclamations des huissiers, qui lui souhaitèrent toute sorte de bonheur et de prospérité ; et en se tournant à droite et à gauche, il vit les officiers des gardes rangés dans un bel ordre et en bonne contenance. Le kalife, cependant, qui était sorti du cabinet où il était caché, au moment qu’Abou Hassan était entré dans la chambre du conseil, passa à un cabinet qui avait aussi vue sur la même chambre, d’où il pouvait voir et entendre tout ce qui se passait au conseil, quand son grand vizir y présidait à sa place, et que quelque incommodité l’empêchait d’y être en personne. Ce qui lui plut d’abord fut de voir qu’Abou Hassan le représentait sur son trône presque avec autant de gravité que lui-même. Dès qu’Abou Hassan eut pris place, le grand vizir Giafar, qui venait d’arriver, se prosterna devant lui au pied du trône, se releva ; et en s’adressant à sa personne : « Commandeur des croyants, dit-il, que Dieu comble votre majesté de ses faveurs en cette vie, la reçoive dans son paradis dans l’autre, et précipite ses ennemis dans les flammes de l’enfer ! » Abou Hassan, après tout ce qui lui était arrivé depuis qu’il était éveillé, et ce qu’il venait d’entendre de la bouche du grand vizir, ne douta plus qu’il ne fût kalife, comme il avait souhaité de l’être. Ainsi, sans examiner comment ou par quelle aventure un changement de fortune si peu attendu s’était fait, il prit sur-le-champ le parti d’en exercer le pouvoir. Aussi demanda-t-il au grand vizir, en le regardant avec gravité, s’il avait quelque chose à lui dire. « Commandeur des croyants, reprit le grand vizir, les émirs, les vizirs, et les autres officiers qui ont séance au conseil de votre majesté, sont à la porte, et ils n’attendent que le moment où elle leur donnera la permission d’entrer et de venir lui rendre leurs respects accoutumés. » Abou Hassan dit aussitôt qu’on leur ouvrît ; et le grand vizir, en se retournant et en s’adressant au chef des huissiers qui n’attendait que l’ordre : « Chef des huissiers, dit-il, le Commandeur des croyants ordonne que vous fassiez votre devoir. » La porte fut ouverte, et en même temps les émirs et les principaux officiers de la cour, tous en superbes habits de cérémonie, entrèrent dans un bel ordre, s’avancèrent jusqu’au pied du trône, et rendirent leurs respects à Abou Hassan, chacun à son rang, le genou en terre et le front contre le tapis de pied, comme à la propre personne du kalife, et le saluèrent en lui donnant le titre de Commandeur des croyants, selon l’instruction que le grand vizir leur avait donnée ; et ils prirent chacun leur place à mesure qu’ils s’étaient acquittés de ce devoir. Quand la cérémonie fut achevée, et qu’ils se furent tous placés, il se fit un grand silence. Alors le grand vizir, toujours debout devant le trône, commença à faire son rapport de plusieurs affaires, selon l’ordre des papiers qu’il tenait à la main. Les affaires, à la vérité, étaient ordinaires et de peu de conséquence. Abou Hassan néanmoins ne laissa pas de se faire admirer, même par le kalife. En effet, il ne demeura pas court ; il ne parut pas même embarrassé sur aucune. Il prononça juste sur toutes, selon que le bon sens le lui inspirait, soit qu’il s’agît d’accorder ou de rejeter ce que l’on demandait. Avant que le grand vizir eût achevé son rapport, Abou Hassan aperçut le juge de police, qu’il connaissait de vue, assis en son rang : « Attendez un moment, dit-il au grand vizir en l’interrompant, j’ai un ordre qui presse à donner au juge de police. » Le juge de police, qui avait les yeux sur Abou Hassan, et qui s’aperçut qu’Abou Hassan le regardait particulièrement, s’entendant nommer, se leva aussitôt de sa place, et s’approcha gravement du trône, au pied duquel il se prosterna la face contre terre : « Juge de police, lui dit Abou Hassan, après qu’il se fut relevé, allez sur l’heure et sans perdre de temps dans un tel quartier et dans une rue qu’il lui, indiqua : il y a dans cette rue une mosquée où vous trouverez l’iman et quatre vieillards à barbe blanche ; saisissez-vous de leurs personnes, et faites donner à chacun des quatre vieillards cent coups de nerf de bœuf, et quatre cents à l’iman. Après cela, vous les ferez monter tous cinq chacun sur un chameau, vêtus de haillons, et la face tournée vers la queue du chameau. En cet équipage vous les ferez promener par tous les quartiers de la ville, précédés d’un crieur qui annoncera à haute voix : « Voilà le châtiment de ceux qui se mêlent des affaires qui ne les regardent pas, et qui se font une occupation de jeter le trouble dans les familles de leurs voisins, et de leur causer tout le mal dont ils sont capables. » « Mon intention est encore que vous leur enjoigniez de changer de quartier, avec défense de jamais remettre le pied dans celui d’où ils auront été chassés. Pendant que votre lieutenant leur fera faire la promenade que je viens de vous dire, vous reviendrez me rendre compte de l’exécution de mes ordres. » Le juge de police mit la main sur sa tête, pour marquer qu’il allait exécuter l’ordre qu’il venait de recevoir, sous peine de la perdre lui-même s’il y manquait ; il se prosterna une seconde fois devant le trône ; et après s’être relevé, il s’en alla. Cet ordre donné avec tant de fermeté fit au kalife un plaisir d’autant plus sensible, qu’il connut par là qu’Abou Hassan ne perdait pas le temps de profiter de l’occasion pour châtier l’iman et les vieillards de son quartier, puisque la première chose à quoi il avait pensé en se voyant kalife avait été de les faire punir. Le grand vizir cependant continua de faire son rapport ; et il était prêt à finir, lorsque le juge de police, de retour, se présenta pour rendre compte de sa commission. Il s’approcha du trône, et après la cérémonie ordinaire de se prosterner « Commandeur des croyants, dit-il à Abou Hassan, j’ai trouvé l’iman et les quatre vieillards dans la mosquée que votre majesté m’a indiquée ; et pour preuve que je me suis acquitté fidèlement de l’ordre que j’avais reçu de votre majesté, en voici le procès-verbal signé de plusieurs témoins des principaux du quartier. » En même temps il tira un papier de son sein, et le présenta au kalife prétendu. Abou Hassan prit le procès-verbal, le lut tout entier, même jusqu’aux noms des témoins, tous gens qui lui étaient connus ; et quand il eut achevé : « Cela est bien, dit-il au juge de police en souriant, je suis content et vous m’avez fait plaisir ; reprenez votre place. Des cagots, dit-il en lui-même avec un air de satisfaction, qui s’avisaient de gloser sur mes actions, et qui trouvaient mauvais que je reçusse et que je régalasse d’honnêtes gens chez moi, méritaient bien cette avanie et ce châtiment. » Le kalife, qui l’observait, pénétra dans sa pensée, et sentit en lui-même une joie inconcevable d’une si belle expédition. Abou Hassan s’adressa ensuite au grand vizir : « Faites-vous donner par le grand trésorier, lui dit-il, une bourse de mille pièces d’or, et allez au quartier où j’ai envoyé le juge de police, la porter à la mère d’un certain Abou Hassan, surnommé le Débauché : c’est un homme connu dans tout le quartier sous ce nom ; il n’y a personne qui ne vous enseigne sa maison. Partez, et revenez prompte ment. » Le grand vizir Giafar mit la main sur sa tête, pour marquer qu’il allait obéir, et, après s’être prosterné devant le trône, il sortit, et s’en alla chez le grand trésorier, qui lui délivra la bourse. Il la fit prendre par un des esclaves qui le suivaient, et s’en alla la porter à la mère d’Abou Hassan. Il la trouva, et lui dit que le kalife lui envoyait ce présent, sans s’expliquer davantage. Elle le reçut avec d’autant plus de surprise, qu’elle ne pouvait imaginer ce qui pouvait avoir obligé le kalife de lui faire une si grande libéralité, et qu’elle ignorait ce qui se passait au palais. Pendant l’absence du grand vizir, le juge de police fit le rapport de plusieurs affaires qui regardaient sa fonction, et ce rapport dura jusqu’au retour du vizir. Dès qu’il fut rentré dans la chambre du conseil, et qu’il eut assuré Abou Hassan qu’il s’était acquitté de l’ordre qu’il lui avait donné, le chef des eunuques, c’est-à-dire Mesrour, qui était entré dans l’intérieur du palais, après avoir accompagné Abou Hassan jusqu’au trône, revint, et marqua par un signe aux vizirs, émirs, et à tous les officiers, que le conseil était fini, et que chacun pouvait se retirer : ce qu’ils firent après avoir pris congé, par une profonde révérence au pied du trône, dans le même ordre que quand ils étaient entrés. Il ne resta auprès d’Abou Hassan que les officiers de la garde du kalife et le grand vizir. Abou Hassan ne demeura pas plus longtemps sur le trône du kalife ; il en descendit de la même manière qu’il y était monté, c’est-à-dire aidé par Mesrour et par un autre officier des eunuques, qui le prirent par-dessous les bras, et qui l’accompagnèrent jusqu’à l’appartement d’où il était sorti. Il y entra, précédé du grand vizir ; mais à peine eut-il fait quelques pas, qu’il témoigna avoir quelque besoin pressant. Aussitôt on lui ouvrit un cabinet fort propre, qui était pavé de marbre, au lieu que l’appartement où il se trouvait était couvert de riches tapis de pied, ainsi que les autres appartements du palais ; on lui présenta une chaussure de soie brochée d’or, qu’on avait coutume de mettre avant que d’y entrer. Il la prit, et, comme il n’en savait pas l’usage, il la mit dans une de ses manches, qui étaient fort larges. Comme il arrive fort souvent que l’on rit plutôt d’une bagatelle que de quelque chose d’important, peu s’en fallut que le grand vizir, Mesrour et tous les officiers du palais, qui étaient près de lui, ne fissent un éclat de rire, par l’envie qui leur en prit, et ne gâtassent toute la fête ; mais ils se retinrent, et le grand vizir fut enfin obligé de lui expliquer qu’il devait la chausser pour entrer dans ce cabinet. Pendant qu’Abou Hassan y était, le grand vizir alla trouver le kalife, qui s’était déjà placé dans un autre endroit, pour continuer d’observer Abou Hassan sans être vu, et lui raconta ce qui venait d’arriver, et le kalife s’en fit encore un nouveau plaisir. Abou Hassan sortit du cabinet ; Mesrour, en marchant devant lui pour lui montrer le chemin, le conduisit dans l’appartement intérieur, où le couvert était mis. La porte qui y donnait communication fut ouverte, et plusieurs eunuques coururent avertir les musiciennes que le faux kalife approchait. Aussitôt elles commencèrent un concert de voix et d’instruments des plus mélodieux, avec tant de charme pour Abou Hassan, qu’il se trouva transporté de joie et de plaisir, et ne savait absolument que penser de ce qu’il voyait et de ce qu’il entendait : « Si c’est un songe, se disait-il à lui-même, le songe est de longue durée. Mais ce n’est pas un songe, continuait-il, je me sens bien, je raisonne, je vois, je marche, j’entends. Quoi qu’il en soit, je me remets à Dieu sur ce qui en est. Je ne puis croire, néanmoins, que je ne sois pas le Commandeur des croyants : il n’y a qu’un Commandeur des croyants qui puisse être dans la splendeur où je suis ; les honneurs et les respects que l’on m’a rendus et que l’on me rend, les ordres que j’ai donnés, et qui ont été exécutés, en sont des preuves suffisantes. » Enfin Abou Hassan tint pour constant qu’il était le kalife, et il en fut pleinement convaincu lorsqu’il se vit dans un salon très magnifique et des plus spacieux : l’or, mêlé avec les couleurs les plus vives, y brillait de toutes parts. Sept troupes de musiciennes, toutes plus belles les unes que les autres, entouraient ce salon, et sept lustres d’or à sept branches pendaient de divers endroits du plafond, où l’or et l’azur, ingénieusement mêlés, faisaient un effet merveilleux ; au milieu était une table couverte de sept grands plats d’or massif, qui parfumaient le salon de l’odeur des épiceries et de l’ambre, dont les viandes étaient assaisonnées. Sept jeunes dames debout, d’une beauté ravissante, vêtues d’habits de différentes étoffes les plus riches et les plus éclatantes en couleurs, environnaient cette table ; elles avaient chacune à la main un éventail, dont elles devaient se servir pour donner de l’air à Abou Hassan, pendant qu’il serait à table. Si jamais mortel fut charmé, ce fut Abou Hassan lorsqu’il entra dans ce magnifique salon : à chaque pas qu’il y faisait, il ne pouvait s’empêcher de s’arrêter pour contempler à loisir toutes les merveilles qui se présentaient à sa vue ; il se tournait à tout moment de côté et d’autre, avec un plaisir très sensible de la part du kalife, qui l’observait attentivement. Enfin il s’avança jusqu’au milieu, et il se mit à table. Aussitôt les sept belles dames, qui étaient à l’entour, agitèrent l’air toutes ensemble avec leurs éventails, pour rafraîchir le nouveau kalife. Il les regardait l’une après l’autre, et après avoir admiré la grâce avec laquelle elles s’acquittaient de cet office, il leur dit avec un souris gracieux qu’il croyait qu’une seule d’entre elles suffisait pour lui donner tout l’air dont il aurait besoin, et il voulut que les six autres se missent à table avec lui, trois à sa droite et les autres à sa gauche, pour lui tenir compagnie. La table était ronde, et Abou Hassan les fit placer tout autour, afin que de quelque côté qu’il jetât la vue, il ne pût rencontrer que des objets agréables et divertissants. Les six dames obéirent et se mirent à table ; mais Abou Hassan s’aperçut bientôt qu’elles ne mangeaient point, par respect pour lui ; ce qui lui donna occasion de les servir lui-même, en les invitant et les pressant de manger dans des termes fort obligeants il leur demanda ensuite comment elles s’appelaient, et chacune le satisfit sur sa curiosité : leurs noms étaient Cou d’albatre, Bouche de corail, Face de lune, Éclat du soleil, Plaisir des yeux, Délices du cœur. Il fit aussi la même demande à la septième, qui tenait l’éventail, et elle lui répondit qu’elle s’appelait Canne de sucre. Les douceurs qu’il leur dit à chacune sur leurs noms firent voir qu’il avait infiniment d’esprit, et l’on ne peut croire combien cela servit à augmenter l’estime que le kalife, qui n’avait rien perdu de tout ce qu’il avait dit sur ce sujet, avait déjà conçue pour lui. Quand les dames virent qu’Abou Hassan ne mangeait plus : « Le Commandeur des croyants, dit l’une en s’adressant aux eunuques qui étaient présents pour servir, veut passer au salon du dessert ; qu’on apporte à laver. » Elles se levèrent toutes de table en même temps, et elles prirent des mains des eunuques, l’une un bassin d’or, l’autre une aiguière de même métal, et la troisième une serviette, et se présentèrent le genou en terre devant Abou Hassan, qui était encore assis, et lui donnèrent à laver. Quand il eut fait, il se leva, et à l’instant un eunuque tira la portière, et ouvrit la porte d’un autre salon où il devait passer. Scheherazade cessa de parler ; son récit avait été plus long que de coutume, à la grande satisfaction du sultan, que cette histoire réjouissait beaucoup. Le jour suivant, elle reprit en ces termes :

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