Deux semaines plus tard
Voilà maintenant deux semaines depuis la réunion familiale que je ne sors plus de ma chambre, à plus forte raison d'aller au boulot. Je mange à peine et j'évite ma mère autant que je le peux car j'ai vraiment besoin de tranquillité en ce moment pour pouvoir bien réfléchir à tout ceci et savoir comment m'en sortir sans pour autant blesser qui que ce soit.
C'est assise sur mon lit entraîne de manipuler mon téléphone que j'entends frapper à la porte de ma chambre
- oui entrée répondis je sans vraiment chercher à savoir qui s'est.
* bonjour ma fille, j'espère ne pas t'avoir réveillée
- t'inquiète maman, j'ai perdu le sommeil il y a deux semaines de cela donc ne t'en fait pas pour moi
*ma chérie, je sais que cette situation est difficile pour toi mais je t'en prie fait un effort, pense à ta sœur et ne soit pas égoïste
- Comment peux tu dire une telle chose maman?, je suis juste réaliste, le véritable amour procure le bonheur et la joie de vivre et je ne récents aucune de ses sensations envers cet Aguib et tu le sais bien, je ne l'aime pas maman est-ce si difficile à comprendre ? L’amour n'est pas fait pour moi. Aguib était le mari de ma sœur et ça s'arrête là. Le mariage n'est pas dans mes projets maintenant, je n'y pense même pas à plus forte raison d'être la remplaçante de ma grande sœur. Pourquoi moi hein, il y'a pleins de jeunes filles à Bamako, alors pourquoi vouloir forcément que ce soit moi qui l'épouse?. Pourquoi amener le sororat dans cette famille?. Pourquoi? Il veut gâcher ma vie c’est ça ? Qu'est-ce que j’ai bien pu lui faire pour mériter tout ceci ?
* pense à ta nièce ma fille, elle n'a plus que toi désormais pour prendre soin d'elle. Elle est encore toute petite et a besoin d'affection maternelle et qui de mieux que toi, la sœur de feue sa mère pour lui offrir cet amour sans condition. Tu ressembles tellement à ta sœur (en essuyant ses larmes), et je sais que tu seras une très bonne mère pour sa fille car tu es une bonne personne avec un cœur en or, je le sais au fond de moi étant donné que c'est moi qui t'es porté dans mon ventre pendant neuf mois, d'ailleurs ta grande sœur le disait tout le temps. C'est pourquoi je pense qu'elle aurait préféré que ce soit toi qui élève son enfant et personne d'autre suite aux liens que vous entreteniez tous les deux. Aicha, ta sœur t'a toujours aimé et chouchouté, tu étais son monde bien avant son départ pour les USA et même malgré la distance qui vous séparait cela n'a jamais rien changé entre vous. j'ai toujours été fière de vous, c'est pourquoi j'aimerai que tu vois ce mariage comme la dernière volonté de ta sœur. Penses tu un peu comment une autre femme traiterait ta nièce surtout si elle commencera à donner naissance à d'autres enfants? Est ce cette vie de maltraitance, de tristesse, de souffrance que tu veux pour cette petite orpheline?. Elle pourrait voir en toi sa maman, celle dont elle n'a pas eu la chance de mieux connaître. Essaie d'oublier le passé en cessant de te remémorer d'avantage cette tragédie, cela ne te mènera nulle part à part te faire souffrir de plus belle. Alors arrête d'être tout le temps réticente envers les hommes, chaque femme a besoin d'être aimé que tu l'acceptes ou pas. Avec le temps, tu apprendras à mieux le connaître et à l'aimer à sa juste valeur. Pourquoi ne lui donnes tu pas une chance en lui accordant le bénéfice du doute ? Qu’est-ce que tu as à en perdre de toutes les façons ? mon cœur de mère ne supporte pas de te voir souffrir ainsi mon enfant (finit elle par dire en sanglot).
- sèche tes larmes mère, tu sais pertinemment que je ne supporte pas de te voir dans cet état
* fait un effort ma chérie et accepte ce mariage pour le repos éternel de ta sœur et pour ta nièce. Je sais que tu ne feras jamais de mal à cet enfant et que tu l'aimerais comme si c'était toi qui lui avais donné la vie
- Mère, je pense ne pouvoir jamais aimer Aguib, je ne le connais même pas de vue à part les photos
* il ne faut jamais dire jamais, je n'ai jamais choisi à épouser ton père tu sais?. C'était un mariage forcé mais au fil des années, j'ai fait la découverte d'un homme merveilleux derrière son aire sombre et malgré les années mon cœur ne bat que pour lui, la preuve je ne me suis jamais remarié même après son décès. Même s'il n'est plus de ce monde, jamais je ne cesserai de l'aimer. C'était un homme bon.
- j'ai compris maman, je ferai un effort alors sèche tes larmes maintenant, ( en lui faisant un câlin)
*je veux voir ma petite fille se marier, je veux avoir cette chance dont ton père n'a pas eu (en larme), je veux voir mes petits enfants avant d'aller rejoindre ton père et ta sœur. Chérie fait le pour moi, ne laisse pas ton passé t'autodétruire s’il te plait, promets le moi
- Promis ma petite maman (dis je en larme aussi). Si c'est ce qui te fera plaisir, j'accepterai ce mariage, de toutes les façons je n’ai pas le choix. Mon oncle est déjà décidé.
* merci ma fille, je t'aime (en caressant son visage). allez viens manger, regarde comment tu as perdu du poids
- je n'ai pas faim, je vais prendre une douche
* d'accord et essaie de te reposer un peu. Tes beaux parents viennent demander ta main ce soir.
Comme l'avait si bien dit sa mère, le soir venu, les parents d'Aguib était là pour demander la main d'Aïcha et son oncle était présent pour recevoir la dot.
Alou (oncle d'Aïcha) : merci à vous, M. et Mme Cissé, nous sommes heureux de vous donner la main de notre petite Aïcha, la benjamine d'Awa pour essuyer les larmes de votre fils et devenir une mère pour la petite qui en a vraiment besoin.
Alfousseïni Cissé (père d'Aguib) : Nous sommes honorés M. Traoré par votre hospitalité et votre bienveillance, merci d'avoir accordé la main d'une autre de tes filles. Les mots nous manquent, sache que notre fils en prendra grand soin comme la prunelle de ses yeux et elle ne manquera de rien.
Alou : je n'en doute pas une seconde
Alfousseïni: il la respectera, l'aimera et la chérira comme si sa vie en dépendait. Vous ne regretterez pas d'avoir pris cette décision
Alou :je l'espère vraiment
Alfousseïni: Ainsi faite, notre fils arrivera dans exactement trois semaines et on aimera faire le mariage religieux avant qu'il n'arrive si vous n'y voyez pas d'inconvénients
Alou : il n'y a pas de problème, Aïcha est déjà votre fille. Incha Alahou le dimanche, les deux seront unis devant Dieu et les hommes.
Alfousseïni: Merci pour tout M. Traoré, vous aviez demandé 200.000 pour la dot plus un panier de colas n'est ce pas?
Alou : oui effectivement
Alfousseïni: Alors voici un millions Cinq-Cents mille. 500.000 pour la dot et 500.000 si vous voulez organiser une fête pour le mariage religieux et le reste pour ma belle-fille, pour qu'elle puisse mieux se préparer et acheter tout ce dont elle a besoin.
Alou : oh merci beaucoup M. Cissé, je ne sais comment vous remerciez
Alfousseïni: non c'est normal, c'est le moins que je puisse faire. Sur ceux ma femme et moi demandons la route. Au revoir et Bonne soirée.
Alou : merci à vous pareillement. Bien de chose en famille
Le lendemain matin, Alou appelle sa nièce pour l'informer de la décision qu'ils ont pris la veille
- ma fille tes beaux parents étaient là hier, tu te marieras à la mosquée le dimanche avant l'arrivée de ton époux. Si tu veux acheter de quoi porter pour ce jour, ta belle-famille a remis 500.000f pour toi, je l'ai donné à ta mère
* mon oncle sans t'offenser, vous avez décidé de cette union sans moi, alors le mariage se ferait aussi sans moi et je ne compte pas inviter d'ami ni encore moins rester à la maison ce jour là
- ma fille peu importe ce que tu diras, cette union sera célébrée. C'était juste pour t'informer, sur ceux tu peux partir
Aïcha rentre dans sa chambre et se mit à pleurer toutes les larmes de son corps jusqu'à ce que le sommeil ait raison d'elle
C'est la sonnerie de son téléphone qui la réveilla, il était déjà 15h passé
- Allô
* Salut petite sœur, comment te sens tu ?
- je vais bien
* ta voix me dit le contraire
- grand frère, je survie c'est l'essentiel
* arrête de dire des bêtises, je suis sûre que cva aller
- way
* s'il te plaît ne m'en veux pas
- hum
* je ne veux que ton bien Aicha
- je sais mais ce n’était pas la bonne manière
* je suis vraiment désolé, tu me pardonnes
- ok
* bon je te laisse, au revoir
Une fois le téléphone raccroché, Aïcha se lève pour aller prendre une douche.
Elle s'habille d'un pantalon Jean avec un T-shirt pour aller faire un tour au bord de la rivière afin de prendre un peu d'aire frais qui ne pourra lui faire que du bien.
Le dimanche arriva très vite, et le matin, Aïcha sortie tôt pour ne revenir que tard dans la nuit à 21h, elle se dirigea au salon et trouve sa mère et son oncle qui regardaient la télé ensemble.
- bonsoir tout le monde
* bonsoir ma fille, bon arrivée
- il est tard, où est-ce que tu étais ? demanda son oncle
* mon oncle, j'étais au boulot, j'essayais de rattraper les semaines que j’ai eu à passer à la maison sans travailler
- je vois mais dorénavant tâche de rentrer tôt, tu es désormais une femme mariée
* un mariage dont je n'étais pas consentante et comme tu l'as si bien dit je suis désormais une femme mariée ce qui veut dire que seul mon mari peut m'interdire des choses alors mon oncle excuse moi
- Aïchata Traoré ne sois pas insolente, c'est ton oncle avant tout
Sur ces mots, elle rentre dans sa chambre en claquant la porte comme pour montrer son mécontentement. Mais est-ce que cela allait changer quelque chose ?
Le jour suivant, Aïcha se réveilla avec des courbatures un peu partout sur son corps. Elle n'a pu fermer l'œil de la nuit, elle ne faisait que gigoter dans son sommeil.
Elle se leva de son lit avec beaucoup de difficulté pour regagner la salle de bain.
Une fois prête, elle salut sa mère qui était dans la cour à faire le petit déjeuner
- bonjour maman
* bonjour ma fille, bien dormi ?
- un peu
* j'ai besoin que tu m'accompagnes cet après-midi au grand marché
- maman, j'ai du boulot
* je sais ma fille mais s'il te plaît, fait le pour moi, on ne va pas trainer promis
- d'accord, tu sais que je ne peux rien te refuser
* merci ma fille, bonne journée
- merci m'mah
* au fait où est ta moto ?
- c'est chez le réparateur, Assan vient me chercher. Ah je crois que c'est elle qui klaxonne à la porte. Bye !
Une fois à la porte, son amie était là entraîne de l'attendre et pour la taquiner comme d’habitude, cette dernière commença à lui envoyer des piques
- Mme Cissé, comment tu vas ? tu as l'air rayonnante ce matin, eh dire que ce mariage te rajeunit de plus belle
Aïcha était déjà sur la moto et faisait comme si elle n'entendait rien
- hey copine, c'est la guerre ou quoi ? répliqua Assan
* inhin c'est maintenant que tu as parlé, il ne faut pas m'énerver matin bonheur là hein s’il te plait
- (en rire) oh yako (désolée) chérie
* c’est sa
Assan prend la route de Djicoroni pour rejoindre l'ACI 2000 où se trouve leur lieu de travail. Après 15mn de route, elles sont enfin arrivées à destination. Aïcha descend et Assan profite pour garer la moto au parking.
Une fois à l'intérieur, tous les regards se tournaient vers elles avec des chuchotements à l'appui. Les deux amies se regardèrent, surprise l’une comme l’autre
- oh mon esclave, s'adressant une de leurs collègues de travail à l’encontre d’Aicha en brisant ainsi le silence qui commençait à être pesant, tu as déjà vu quelqu'un venir au boulot le lendemain de ces noces ?
Aïcha était étonnée par cette question, elle qui croyait que son mariage allait rester secret, mais elle avait oublié que dans ce monde les gens ne se mêlaient que de ce qui ne les regardait pas. Elle était énervée contre cette fouineuse de Sali mais se contrôle et lui répond avec sarcasme car pour elle dans ce monde pour pouvoir être tranquille, il faut aussi savoir jouer à hypocrisie comme les autres.
* toute chose à un début ma chérie
Elle ne voulait pas que ses collègues apprennent son mariage du moins pas pour le moment. Mais elle était étonnée de savoir que les nouvelles se soient répandu si tôt sur son lieu de service mais se dit que ça doit être sûrement l'œuvre de son frère dans le but d'éloigner ses vautours qui rôdaient autours d'elle. Le prenant dans ce sens, elle en était plutôt satisfaite
* bon remettez-vous au boulot, Assan, ma mère viendra me chercher cet après-midi, tu la feras monter finit-elle par dire pour les faire déguerpir à leurs postes respectifs
- d'accord