*Dieu merci, Aboubacar tu as déjà fondé une famille. Comme vous le savez tous Awa nous a quitté il y a 3 ans de cela alors que sa fille avait à peine 5 mois.
Sur ces mots la mère d'Aïcha se mit à pleurer. Elle repense encore à cette nuit du 27 Février 2015 où sa fille aînée a été victime d'un accident de circulation aux États-Unis quand elle rentrait chez elle après une longue journée au travail.
Son mari (le papa d’Aicha) a aussi suivi cette dernière (sa fille) juste à l'écart d'une année par la suite d'une maladie rénale. Comme on le dit si bien, le malheur n'arrive jamais seul.
Mais Aïcha ne comprend toujours pas pourquoi leur oncle fait ressurgir les vieilles blessures du passé. Des plaies que sa famille essaie de renfermer depuis belle lurette et surtout sa mère qui a su être forte malgré toutes ces lourdes épreuves comme une bonne m*******e. Car dans notre religion, tout ce qui t'arrive comme triste épreuve dans la vie est une manière pour Dieu de tester ta foi religieuse.
* vous vous demandez certainement quel est le rapport ? Mais Aïcha tu sais ta sœur était une personne formidable, aimable et pleine de vie
- je sais mon oncle
* je n’ai pas besoin de te dire combien elle t'aimait
Oui je savais tout ceci, ma sœur avait un amour inconditionnel à mon égard au point de me surnommer comme sa princesse suite aux écarts d'années qui nous séparaient, j'étais comme sa première fille si on peut le dire. J'ai passé des mois à faire des cauchemars et des nuits blanches depuis l'annonce de sa mort, mais le pire dans tout ça c'est qu'il n'y a pas eu de corps. Tout a été calciné. C'est l'ironie de la vie, n'est-ce pas ? On se réveille un matin pour aller au boulot, laissant sa fille et son mari sans pour autant savoir qu'on ne les révérait plus jamais.
- j'en suis consciente mon oncle finis je par lui répondre
* alors ma fille, tu as 25 ans et bientôt 26. Tu es diplômée et tu as un boulot de rêve ; une carrière étincelante dont rêve toutes les jeunes filles de ton âge mais peu importe ce succès ma fille, tu ne seras jamais une femme comblée et accomplie sauf si tu as un homme à tes côtés pour t'épauler. Fonder une famille avec celui que ton cœur aurait choisi pour marquer les traces de ton passage sur cette terre avant le jour de ce fameux voyage sans retour. Rien n’est acquis sur cette terre ne l'oublie pas, tout est éphémère. Nous sommes des Africains ma fille et notre tradition exige qu'une jeune fille se marie dès qu'elle aura vu ses menstrues, tu as déjà passé ce capte depuis fort longtemps et je pense que tu es assez prête pour cette vie. La place d'une femme se trouve auprès d'un homme qui veille sur elle et la protège au détriment de tout mon enfant.
- je sais tout sa mon oncle, j’en suis consciente. Mais je ne pense pas être prête pour cette vie là, en tout cas pas pour le moment
* ma fille, un arbre a beau séjourné dans l'eau ne deviendra jamais un caïman sache le où c'est ce qu'on vous a enseigné à l'école ; de vous pavaner de gauche à droite en changeant de partenaire comme s'il s'agissait de vos robes.
Les larmes d'Aïcha se mirent à couler car jamais au grand jamais, elle n'a eu de petit ami encore moins de connaitre ce que c'est que le véritable amour. Elle n'a jamais eu la chance de tomber amoureuse. Les seuls hommes de sa vie étaient son père et son frère. Dorénavant, il ne reste plus que ce dernier sur qui elle pourrait compter .
- mon oncle, ce n'est pas ce que je voulais dire. C'est juste que…
* assez Aïcha, les filles de ton âge au village ont 4 à 5 enfants, même ici en ville certaines d'entre elles ont déjà 2 à 3 enfants. Tu ferais mieux de te ressaisir
-j'ai compris mon oncle. J'y songerai plus souvent à l'avenir
* pas la peine, nous avons déjà songé pour toi
Je regardais ma mère et mon frère avec étonnement et confusion. Je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire par là. Mais rien qu'à l'attente de ces mots, je savais que cela n'envisageait rien de bon
- comment sa mon oncle, je ne comprends pas
* ton beau-frère rentre au pays le mois prochain où il veut s'installer définitivement pour prendre le relais de l'entreprise familiale et fonder une nouvelle famille avec sa fille
- je suis impatiente de voir ma nièce, mon oncle et je suis contente que son père ait pu tourner la page si rapidement
* dans ce cas, tu devrais sans doute savoir qu'un enfant a besoin d'un père et d'une mère pour avoir une meilleure éducation
- je n'en doute pas oncle, j'en suis consciente.
Mais je ne comprenais toujours pas quelle était le rapport avec moi, certes je suis contente de voir ma nièce que je n'ai jamais vu à part des photos d'elle quand elle était encore bb avant le décès de ma sœur. Mais s'agissant de mon beau-frère, je n'ai rien à foutre qu'il s'installe ou pas au pays. De toutes les façons, il est le cadet de mes soucis.
* la vie est de courte durée ma fille, chaque minute, chaque seconde est précieuse
- pourquoi dis tu cela mon oncle?
* alors au lieu qu'il choisit une autre femme qui viendra pourrir l'existence à ma petite fille, ta nièce, qui de mieux que toi pour combler le vide qu'à laisser ta défunte sœur au cœur de cette famille
- aih, mon oncle je ne comprends pas, que voulez-vous dire par là exactement ?
* bien ma fille, Aguib souhaite faire de toi sa femme, la nouvelle mère de sa fille et de ses futurs enfants
- quoi ? cris Aicha, On ne se connaît même pas
* vous alliez apprendre à vous connaître
- et l'amour dans tout ça ? Que faites-vous de mes sentiments envers lui (en sanglot)
* avec le temps tout est possible ma fille, Aguib est un homme bien et il saura te rendre heureuse comme il l'a si bien fait avec ta sœur jusqu'à son dernier souffle
- mais mon oncle, je…
* Aïcha, stop la décision a déjà été prise et rien, absolument rien ne pourrait changer cela alors tu ferais mieux de t'y faire
- maman toi aussi tu es d'accord avec cette décision ?
* je suis désolée mon enfant (en larme) je pense qu'Aguib est l'homme de ta vie ma chérie
- comment tu pourrais le savoir, n'oublie pas que les hommes sont mauvais et méchants et ils ont plusieurs visages. Maman pitié, ne me fait pas sa et toi grand frère je vous implore en genoux, pitié pas sa, ne m'infliger pas une telle douleur
* mon enfant n'oublie pas que l'amour d'une mère est plus fort que tout, je ne souhaite que ton bonheur et ça se trouve au pied de cet homme (en larme)
- désolé petite sœur, je n'y peux rien aussi, soit forte. De toutes les façons tu étais amenée à te marier un jour, alors voit sa comme une chance
Alors là, c'est la coupe d'eau qui avait fait déborder la vase.
Aïcha n'y croyait pas ses oreilles, elle regardait sa mère, son frère au final pour voir s'ils plaisantaient ou s'il avait une once d'ironie dans leurs voix, mais rien absolument rien. Elle se lève alors pour sortir du salon en courant à travers ces mots,
- jamais au grand jamais je n'épouserai le mari de ma défunte sœur.
Mais ce qu'elle a oublié c'est que dans cette vie, il ne faut jamais dire jamais.
Aboubacar a voulu rattraper sa sœur mais son oncle l'en dissuade.
* laisse là se calmer, elle a encore besoin du temps pour se remettre de ses émotions
Quant à sa mère Alima, elle ne faisait que pleurer
- je n'ai jamais voulu faire souffrir ma fille. Mais pourquoi n'arrive t- elle pas a oublié cet événement malheureux qui a bouleversé sa vie, pourquoi cet homme continue t-il à pourrir l'existence de mon enfant Aboubacar? Qu'a t-elle fait pour mériter une telle souffrance à son si jeune âge?.
* Maman arrête de pleurer, Aïcha est une fille forte. Elle surmontera tout ceci, tu verras
- mon fils, ta sœur était une jeune fille pleine de vie. Sa gentillesse contaminait tout le monde. Mais j'ai l'impression de ne plus reconnaître ma fille depuis cet incident il y a dix ans. J'aurai dû la protéger ce jour-là, c'est de ma faute, tout est de ma faute. Je suis une mauvaise mère
* ne dis pas sa maman, tu es la meilleure maman du monde et Aïcha t'aime beaucoup. Nous t'aimons tous les deux mais tu ne pouvais pas savoir l'intention de cet être ignoble. C'est lui le fautif de tout ceci.