III Les arbres de Judée étendaient au-dessus de l’allée comme un pavillon de soie rose, avaient dans les mourantes lueurs du soleil qui s’éteignaient derrière les branches l’apparence artificielle d’un décor de féerie. Ils frissonnaient. Ils teintaient de leur couleur tendre les vases de marbre, les bancs, les pierrailles qui étincelaient dans le sable ainsi que des rubis. Ils semblaient refléter l’empourprement du ciel. Et c’étaient au moindre souffle de vent des avalanches de pétales qui flottaient, vaguaient, roulaient, envahissaient l’Escaladieux, couvraient les pelouses, la nappe immobile de la large pièce d’eau où les cygnes blancs erraient majestueux en un sillage de fleurs. À cette heure tardive, le jardin public était désert comme un grand parc abandonné. Les ombres s’allongeaie

