Chapitre 11

1469 Words
Je reconnaissais que j'aurais dû faire plus attention avec Mayah, mais cela ne justifiait pas ce qu'elle avait fait ensuite. - Dis plutôt que tu es allée voir ton cousin... Qu'il repose en paix, le pauvre, cracha ma mère. - Non ! s'emporta Jasmine. Quand je suis arrivée à la maison, il était là. Il a vu que j'étais mal. Il m'a réconfortée... - Te réconforter ? En te baisant ?! siffla ma mère. - Maman, évite d'avoir des propos aussi vulgaires, protestai-je, choqué par sa violence. Je n'en revenais pas de la façon dont elle s'adressait à Jasmine. Même si j'étais bouleversé, il y a des limites qu'on ne franchit pas. Elle avait tellement la haine contre Jasmine qu'elle ne contrôlait plus ses mots. - Je l'ai repoussé, Yannick... Mais j'étais tellement jalouse que... je me suis laissée faire, murmura-t-elle en larmes. - Tais-toi, s'il te plaît. Je ne veux rien savoir de plus, dis-je, la voix tremblante. Je vis un léger sourire se dessiner sur le visage de ma mère. Elle avait réussi son coup. J'étais déçu, brisé. Je ne savais plus quoi faire. Je ne voulais pas la quitter pour ça. Elle avait commis une erreur, oui, mais j'étais en partie la cause de cette erreur. Je devais prendre mes responsabilités. Assumer les faits. - Qu'est-ce que tu comptes faire maintenant ? Cette fille n'est pas une fille à marier. Si elle t'a trompé une fois, elle recommencera, lança ma mère avec mépris. - Non, Yannick ! Tu me connais... Jamais je ne referai une telle erreur. Je regrette tellement... supplia Jasmine. - Ne te laisse pas avoir, Yannick. Elle savait parfaitement pour ta relation avec Mayah, et malgré tout, elle t'a trahi. Sur ce point, ma mère avait raison. Jasmine connaissait ma relation avec Mayah. Elle m'avait même dit que ça ne la dérangeait pas. Alors pourquoi ? Pourquoi avoir agi ainsi ? - Arrêtez de le pousser à être contre moi ! s'exclama Jasmine, les larmes coulant sans retenue. - Tu ne le mérites pas ! Et jamais je ne te laisserai l'épouser ! cria ma mère. - Taisez-vous, s'il vous plaît ! dis-je, la voix tremblante de colère. J'en pouvais plus. Elles se disputaient, se hurlaient dessus, et moi j'étais là, coincé entre l'amour et la trahison. J'aimais Jasmine, oui, mais je ne pouvais pas lui pardonner aussi facilement. Elle m'avait trompé avec son cousin. Et son excuse ? Ma proximité avec Mayah. - J'aurais aimé que tu me dises tout ça bien avant... soufflai-je. - Je te jure que j'ai essayé, mais... je n'en avais pas le courage. - Tu sais très bien que la seule chose que je ne supporte pas, c'est la trahison. Tu sais que j'ai arrêté de parler à Khalis pendant des mois juste parce qu'il avait trompé Raja... - Yannick, je t'en supplie... Pardonne-moi... - Tu viens de donner raison à ma mère... - Non... Je t'en supplie, Yannick... Tu n'es pas en train de te ranger de son côté... Elle pleurait à chaudes larmes. J'avais de la peine, mais la douleur qu'elle m'avait infligée était bien plus profonde. - Est-ce que tu sais la décision dont je voulais te parler ? lui demandai-je. - Non... - J'avais décidé de t'épouser malgré tout. De me mettre à dos ma mère. J'allais faire ce sacrifice pour toi. - Pourquoi tu parles comme ça ? Yannick... je t'en supplie... Ne fais pas ça... - Tu viens de me faire changer d'avis. - Non... Ne dis pas ça, s'il te plaît... Je pris une grande inspiration, le cœur lourd, puis déclarai : - Je vais épouser une autre. Je voyais le désespoir et la déception dans les yeux de Jasmine, mais ma décision était déjà prise. Elle avait commis la pire des erreurs. Je lui avais pardonné pour le bébé... Mais cette fois-ci, c'était au-delà de mes limites. - Dieu merci, tu as enfin ouvert les yeux, mon chéri, exprima ma mère. Elle ne cachait pas sa satisfaction. Son sourire, à peine dissimulé, me donnait presque la nausée. Elle avait enfin obtenu ce qu'elle voulait. Et Jasmine, en faiblissant, lui en avait donné l'opportunité parfaite. - Non, tu ne peux pas me faire ça, Yannick ! hurla Jasmine, la voix tremblante. - Je t'épouserai après... si tu te comportes bien, dis-je calmement. - Quoi ?! Qu'est-ce que tu racontes ?! Tu n'épouseras jamais deux femmes ! C'est interdit ! s'écria ma mère, furieuse. - Ça suffit, maman ! Je sais ce que je fais. Tu voulais que j'épouse une autre, alors je le ferai. Mais Jasmine, je l'épouserai aussi. Alors respecte ma décision. - Yannick... je t'en supplie... pardonne-moi... ne fais pas ça... murmura Jasmine, brisée. - Je ne reviendrai pas sur ma décision, dis-je d'une voix ferme avant de quitter la maison. Je ressentais une douleur aussi vive que le jour où j'avais perdu mon père. Cette sensation me rongeait, comme un feu intérieur incontrôlable. Je souffrais. Encore. Et cette fois, c'était elle qui m'avait blessé. Je suis monté dans ma voiture sans réfléchir et j'ai roulé en direction du bureau. C'était samedi, il n'y avait pas de travail, mais j'avais besoin de m'occuper l'esprit. De fuir. D'oublier. Quand je suis arrivé, seuls quelques employés traînaient encore dans les couloirs. Je les ai salués rapidement, puis je me suis enfermé dans mon bureau. J'avais besoin de silence. De calme. Mais surtout d'évasion. Je tentais de me concentrer. De penser à autre chose. Mais rien n'y faisait. Les images revenaient sans cesse. Jasmine, ses larmes, sa voix, son visage suppliant. Et moi, détruit de l'intérieur. Cette femme... Celle pour qui j'étais prêt à tout... Elle m'avait trahi. Et sans ma mère, je n'aurais jamais découvert la vérité. Même si je lui en veux pour beaucoup de choses, je dois reconnaître une chose : elle aurait pu utiliser cette information pour nous briser bien plus tôt. Elle ne l'a pas fait. Elle a attendu. Peut-être espérait-elle que je le découvre par moi-même. Mais maintenant... Maintenant c'est trop tard. La blessure est là. Profonde. Je n'arrive pas à me sortir tout ça de la tête. Et ce qui me ronge encore plus, c'est que je n'arrive pas à me contrôler. Je suis en colère. Une colère que je n'ai jamais ressentie. Elle m'empoisonne. Et le pire... c'est que je l'aime encore. Point de vue de Neslihan Je suis la mère la plus heureuse du monde. Mon fils ne va pas épouser cette dévergondée de Jasmine. Mon cœur déborde de joie. Tellement que, sur le chemin du retour, je me suis arrêtée pour faire une aumône dans un orphelinat. J’ai tellement prié pour que Yannick ouvre enfin les yeux… et aujourd’hui, il l’a fait. Si j’avais su, je ne me serais pas autant tracassée. J’aurais tout raconté depuis longtemps. En rentrant à la maison, après le départ de Yannick, je l’ai trouvée encore en train de pleurer. Jasmine. Cette fille est une vraie comédienne. Elle ose verser des larmes après tout ce qu’elle a fait à mon fils ? Quelle hypocrisie. Je me suis dirigée directement vers le salon. Il fallait absolument que je mette Sonia au courant. Mais en entrant, je suis tombée sur Fatiha, la mère de Mayah. Quelle surprise ! Cela faisait un moment qu’on ne s’était pas vues. Ces derniers temps, c’est son mari qui venait, mais avec sa maladie, il a du mal à se déplacer. — Fatiha… je ne m’attendais pas à te voir, ai-je dit en m’asseyant près d’elle. — Je suis désolée si je me faisais rare. Avec la maladie de Hüseyin, je ne sors pratiquement plus, répondit-elle d’un ton fatigué. — Je comprends parfaitement. Et comment va-t-il, maintenant ? — Il va beaucoup mieux, Dieu merci. — Ah, d’accord. Tu veux boire quelque chose ? — Non merci, Mia m’a déjà apporté du jus. — Très bien. J’étais tellement heureuse que je ne parvenais pas à cacher mon enthousiasme. Je souriais comme une jeune mariée. Fatiha me dévisageait, intriguée. Elle ne comprenait rien à mon humeur. — Pourquoi es-tu si rayonnante ? demanda-t-elle, amusée. — Mon fils va se marier, répondis-je avec fierté. Ses yeux s’agrandirent sous l’effet de la surprise. — Quelle merveilleuse nouvelle ! Je suis vraiment contente pour toi, Neslihan. Je sais combien cela comptait pour toi. — Merci, ma chère. Je suis si heureuse. Yannick est mon seul fils, et tu sais à quel point c’était important pour son père qu’il se marie. — Oh oui, je me souviens. C’était le vœu le plus cher de feu Burek… dommage qu’il ne soit plus là pour vivre ce moment. Une bouffée d’émotion m’a traversée à cette pensée. Mon Burek… Il aurait tellement aimé voir ce jour. Voir notre fils faire le bon choix. Il aurait été fier, lui aussi. À suivre...
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