— Parce que je ne souhaite pas que tu la blesses !
— Je ne compte pas la blesser, et elle est déjà au courant que je ne suis pas amoureux d’elle.
— Mais elle, elle est amoureuse de toi.
— Ce n’est pas ce qu’elle m’a dit.
— Ah ouais, vous avez déjà parlé de tout ça, à ce que je vois.
— Écoute, il faut bien que j’épouse quelqu’un, et Naelle est majeure. Alors arrête de t’en mêler !
— Tu ne comprends pas.
Il se leva brusquement. Il avait l’air énervé.
— m***e, Mayah ! Tu ne veux pas que ce soit toi, et tu ne veux pas non plus que ce soit quelqu’un d’autre ! Tu veux quoi, au juste ?
— Tu sais très bien que j’aurais voulu t’aider.
— Sauf que tu ne veux pas le faire !
Un silence s’installa. Yannick bouillait de rage, et moi, j’étais perdue.
— Yannick… je ne peux pas. Je suis vraiment désolée.
— Écoute, je ne t’en veux pas, Mayah. Mais il faut vraiment que je le fasse.
— Je t’ai dit que non, Yannick, dis-je en boudant.
J’avais les larmes aux yeux. Je ne pouvais pas l’aider, et je ne voulais pas non plus qu’il blesse quelqu’un d’autre avec cette histoire.
— Très sincèrement, je ne te comprends pas ! s’exclama-t-il.
— Si je refuse, c’est parce que je ne veux pas te perdre, Yannick, dis-je les larmes aux yeux.
J’avais mal. Il ne comprenait pas que je faisais ça pour nous. Je tiens tellement à lui… Je ne veux pas le perdre.
— Mais tu ne vas pas me perdre.
— Le mariage implique beaucoup de choses. Mes parents vont y croire, les tiens aussi. Tu sais bien que dans ma famille, ils sont très attachés aux traditions. Tout ça fait que je ne peux pas accepter, Yannick.
Il me fixa à nouveau, puis dit :
— Tu crois quoi ? Que je vais coucher avec toi ou un truc du genre ? T’as pas confiance en moi ?
— Je n’ai confiance qu’en toi, et tu le sais très bien. Mais accepter cette décision… ça pourrait nous nuire, bae. Imagine que ça ne marche pas… On risquerait de se détester, dis-je avant de fondre en larmes.
— Mayah, pourquoi tu pleures ?
— Parce que je veux t’aider, mais je ne peux pas. J’ai peur de te perdre, Yannick…
Il me prit dans ses bras. Il ne comprenait pas que cette décision pouvait nous détruire à jamais.
— Ni rien ni personne ne pourra nous séparer, et tu le sais, princesse. Arrête de te tracasser la tête, je finirai bien par trouver une solution.
— Je veux vraiment t’aider.
— Je le sais.
Je le regardai dans les yeux avant de dire :
— Supposons que j’accepte et qu’on se marie… Si nos sentiments changent, forcément l’un de nous deux risque de souffrir. Tu y as pensé ?
— Si ça devait arriver, alors on trouvera une solution. Comme toujours, dit-il.
— Désolée, mais je ne peux pas accepter ça. Tu comptes trop pour moi, Yannick.
— Pas de souci. Je respecte ta décision.
Accepter d’épouser mon meilleur ami, mon frère d’une autre mère, celui en qui j’ai le plus confiance, c’est comme me jeter dans la gueule du loup. Car si ça ne marche pas, je ne perds pas seulement un frère… je perds aussi la personne que j’aime le plus. Et ça, je ne veux pas.
Yannick est la seule personne qui me comprend, qui me conseille vraiment, qui me guide. Il occupe une place unique dans mon cœur. Je refuse de faire quoi que ce soit qui pourrait nous séparer.
Naelle finit par nous rejoindre :
— Ça y est, vous avez fini ? Je peux ?
— Mais oui, viens. Vous avez fini ? Je commande quelque chose ? dit Yannick.
— Oui, répliqua Naelle.
Elle était souriante. Elle regardait Yannick avec des yeux doux. On voyait qu’elle était intéressée par lui. J’essayai d’ignorer tout ce moment… mais c’était dur.
Une chose est sûre, je suis contente d’avoir eu cette conversation avec Yannick. Ça m’a permis de comprendre certaines choses. Mais je reste sur ma décision : il n’épousera pas Naelle.
Le lendemain, en pleine journée, j’étais seule chez moi. Je m’ennuyais, sans vraiment savoir où aller. Comme d’habitude, mes parents étaient partis à l’hôpital pour des examens. Quant à Naelle, elle ne me parle plus à cause de cette histoire. Elle m’a envoyé un SMS hier pour me dire de ne plus me mêler de ses affaires, puis elle m’a bloquée. Je suis encore sous le choc. J’ai du mal à croire qu’elle me traite ainsi, pour si peu. Cette histoire devient un vrai problème, et j’espère qu’elle ne nuira pas à ma relation avec Yannick.
En parlant de lui, je lui ai écrit pour prendre de ses nouvelles, mais il ne m’a pas répondu. Je ne comprends pas pourquoi il n’est pas actif. D’habitude, même s’il est occupé, il me répond.
Allongée dans ma chambre, je regardais des stories Snap quand je suis tombée sur celle de Khalis. Il était avec sa femme, Yannick et Naelle. Ils étaient au restaurant, ils avaient l’air de bien s’amuser.
Encore une fois, j’étais choquée. J’ai eu l’impression d’être trahie. Yannick sort sans me prévenir ? C’est carrément une trahison. Et je suis presque certaine que c’est Naelle qui lui a demandé de ne rien me dire. En même temps, je ne veux pas croire que quelqu’un puisse l’influencer contre moi.
J’ai décidé de garder mon calme, même si j’étais blessée. Je me suis dit que j’allais éteindre mon téléphone, lancer un film, et oublier ces traîtres qui me servent d’amis.
Tard le soir, après le dîner, j’étais dans le salon à l’étage, devant un film, quand j’ai reçu un SMS de Yannick. Il me demandait de le rejoindre en bas de chez moi. Je lui ai répondu de monter, car je ne souhaitais pas descendre. En vérité, j’étais un peu fâchée contre lui.
Quelques minutes plus tard, notre employé de maison est arrivé, accompagné de Yannick… et de Khalis. J’étais surprise de le voir, lui. Dès que Yannick a pénétré dans le salon, il est venu me faire un câlin. Mais je suis restée indifférente.
— Tu boudes ? me demande Yannick.
— Depuis quand vous sortez sans moi ? je lui réponds.
— Désolé, mais c’était pour une affaire urgente, intervient Khalis.
— Khalis, tu te tais. Je m’adressais à Yannick.
Il grimace et sort son téléphone, qu’il commence à manipuler.
— Réponds-moi, Yannick, insisté-je.
— Je ne voulais pas que tu te disputes avec ta copine. Écoute, Mayah, je n’ai vraiment pas envie que vous vous embrouilliez à cause de moi.
— C’est elle qui crée des histoires là où il n’y en a pas ! Elle m’a bloquée, tu te rends compte ? dis-je, vexée.
— Elle m’a déjà tout expliqué, répond Yannick.
— Ah ouais ? je demande, surprise.
— Écoute… Arrête de vouloir tout contrôler, Mayah. Si elle veut vraiment le faire, alors lâche-lui la veste. Tu n’as pas à t’en mêler.
Il ne comprend toujours pas que j’essaie d’aider Naelle, pas de la contrôler.
— Qu’elle ne s’inquiète plus, de toute façon je ne vais plus m’en mêler. J’ai déjà pris ma décision, dis-je.
Yannick me fixe, sans comprendre. Khalis lève les yeux de son téléphone et dit :
— Ah bon ? Laquelle ?
— Si tu dois épouser quelqu’un, ce sera moi, dis-je.
Ils me regardent tous les deux, choqués.
— Tu veux dire que… tu acceptes d’épouser Yannick ? demande Khalis.
Je hoche la tête. Yannick prend la parole :
— Tu ne fais pas ça juste…
Mais je le coupe :
— Non. Donc arrange-toi avec Jasmina.
Il me fixe sans un mot.
— Pourquoi tu me regardes comme ça ? je lui demande.
— Jasmina n’y verra pas d’inconvénient. D’ailleurs, c’est toi qu’elle voulait que je choisisse.
— Tant mieux alors. Je suis la seule personne qui correspond à tes critères de recherche.
— Jalouse, va, réplique Khalis.
— Pourquoi tu m’attaques, toi ? je lui demande, étonnée.
— Je m’en doutais que tu ne laisserais personne faire ça. Tu aimes Yannick comme une folle. J’ai du mal à croire que vous n’ayez jamais essayé de… vous envoyer, lance Khalis avec un humour déplacé.
— Tu es gênant ! dis-je, agacée.
Il réplique :
— On verra bien...
Je le regarde de travers. Khalis m’énerve avec ses sous-entendus. Il est vrai que Yannick et moi avons une relation très fusionnelle. On se fait souvent des câlins, parfois même des bisous ou des baisers (qu’on a arrêtés depuis qu’il est en couple). Mais ce n’est rien de sérieux. Yannick, c’est comme un frère. Je ne ressens rien de plus, et à mon avis, c’est pareil pour lui.
À suivre…