Emprise sur notre ville et sur nos âmes...

1507 Words
    Je m'appelle Eva Printemps, je fais un mètre soixante-dix, soixante-cinq kilos, j'ai les cheveux longs bouclés noires, les yeux bleus très clairs et je déteste les humanoïdes et encore plus le gouvernement ! Ce calvaire que je subi non-stop, c'est entièrement leur faute ! J'étais en plein milieu de la ville ce jour-là, il y a dix ans, pendant cette guerre, à errer parmi les décombres et les morts.      J'étais chez mes parents, à prendre le thé quand soudain, du jour au lendemain, sans raison apparente, leur maison est rayée de la carte en un instant. Un gigantesque rayon X sorti de nulle part, est venu s'abattre avec fracas sur le toit de ces innocents, ma famille ! J'ai l'impression que le ciel me tombe littéralement sur la tête, et que le sol s'effondre sous mes pieds !      J'ai énormément de chance de m'en sortir vivante à cet instant précis, que je ne sois pas broyée par les éboulis de la bâtisse ou brûlée vivante. Malheureusement, mes parents n'ont pas cette chance, je ne sais même pas comment j'ai fait pour sortir de ces décombres vivante.      Les médecins me l'apprenne bien plus tard, pendant mon examen médical à l'hôpital, car j'ai une jambe cassée et un poumon perforé. Je suis alitée pendant plusieurs jours avant de reprendre le travail. Je n'ai aucun souvenir des évènements de ce jour-là, le trou noir complet, tout ce dont je me souviens, c'est de cette odeur de chair carbonisée et les cadavres dans les rues, ainsi que les structures effondrées.      Je ne sais pas comment je me suis retrouvée là, tout ce que je sais c'est que je suis en vie. Et c'est tout ce qui compte à mes yeux...C'est un épisode sombre de ma vie dont je ne souhaite clairement pas me souvenir. J'enfoui ce moment profondément en moi, aussi loin que possible. C'est trop traumatisant pour moi d'affronter cette réalité-là.      Du coup, la nuit, je fais souvent de terribles cauchemars, où je vois mes parents se faire massacrer par ces extraterrestres qui me tétanise. Des pointeurs lasers qui détruisent tout sur leur passage, et un effroi sans nom qui me pousse à m'enfuir en abandonnant les miens, sans culpabilité aucune. Les corps et les bâtisses qui s'empilent, avec un feu aussi immense que leurs vaisseaux dans le ciel. Tout est rougeâtre de sang et de haine, même l'horizon n'est que fureur et destruction et aussi pourpre que l'hémoglobine. Puis, je me réveille de terreur en sursaut, pleine de sueur et essoufflée, ayant du mal à respirer et priant que ce ne soit pas réel, mais ça l'est.       Et je mets un bon bout de temps avant de comprendre que j'ai encore fais un cauchemar et me rendormir juste après. Je dors très peu depuis ce fameux jour, il y a dix ans. Je suis très souvent épuisée, car dès que je ferme les yeux je vois ce spectacle horrible se passer à chaque fois devant moi... Ce traumatisme est présent à chaque seconde, chaque minute de mon existence mais je dois garder la tête haute, ne serait-ce que pour faire honneur à mes parents et aux bons souvenirs que j'ai de nous, tous ensemble.      Je fais avec, car la vie continue et que je ne peux pas me laisser abattre ni maintenant ni jamais, car j'ai des enfants et un ex-mari qui sont là pour moi et sur qui je peux compter. Pour eux je ne peux pas faiblir... J'ai deux filles, de seize et dix-neuf ans. Elles sont les petits miracles de ma vie, sans elles je ne sais pas ce que je ferais ou ce que je deviendrais.     Au bout de dix ans, ils ont grandement reconstruit Paris, mais cette fois grâce à leur technologie alien, tous les bâtiments sont immenses, plus grands qu'aucun ne l'est de la main de l'homme. Ils sont transparents en verre trempé, fabriqués à partir d'un alliage ultra résistant et plus dur que le diamant. On ne voit que des baies vitrées à perte de vue, sans structures ni fondation. La lumière intense du soleil, fait briller cette gigantesque cité de mille feux d'une façon incroyablement forte, on croit du coup qu’elle est fabriquée en or pur.      Elle est rutilante comme un sou neuf. Tout tient debout tout seul, comme des murs imbriqués entre eux sans ciment, grâce à d'énormes aimants invisibles à l’œil nu intégrés eux-mêmes aux fenêtres. Les moyens de transports sont eux aussi translucides et peuvent aller à la vitesse de l’éclair, par simple contrôle d'esprit, rien de mécanique ne compose l'ensemble.      Les fondations des édifices et des véhicules sont en apesanteur, grâce à la gravité zéro des forces aliens. Ils sont suspendus dans les airs, grâce à cette énergie électromagnétique présente dans l'air et dans la terre. Pour eux, c'est une simple manipulation des ondes magnétiques environnantes.      Et un champ de force protège la ville entière. Personne ne peut nous attaquer, ni rentrer ou sortir à sa guise. Un protocole planétaire est imposé à l'entrée de la ville, militaires, policiers et gardes de sécurité envahissent la zone. Personne ne peut rentrer, ni sortir sans autorisation ou carte d'accès. Et il y a contrôle d'identité pour chaque personne à l'aide des implants, par simple contrôle électromagnétique ils  leurs demande leurs papiers.      Le gouvernement contrôle tout, et domine ce qui avant l'arrivée de ces forces supérieures, était un havre de paix. Le moindre de nos fais et gestes est surveillé, épié, scruté à la loupe et décortiqué en détail. Le moindre écart de conduite qui ne respecte par la loi est très sévèrement puni ici, sans procès équitable sur la place publique. Le plus simple et le plus petit opposant à la loi où à ce régime dictatorial, se fait exécuter devant tout le monde. Nous ne vivons plus, nous survivons seulement....     Dans cette dictature où loi rime avec effroi, je tente de m'intégrer tant bien que mal à ce nouveau monde. Un pays perturbant et perturbé, certes, mais également menaçant. Car je fais partie des rares résistants, de ceux qui ne souhaitent pas de cette vie éternelle factice. Tout le monde gobe cette incroyable connerie, tous sauf moi, et un quart de la planète restant. Je veux conserver mon humanité et cette part de moi qui veut se voir vieillir, et mourir auprès des êtres que j'aime le plus au monde.      Depuis dix ans, je voyais les autres demeurer beaux et jeunes sans aucune ride entachant leur visage. J'avais trente ans quand tout cela s'est passé, maintenant j'en ai quarante. Et si c’est à refaire et que je dois de nouveau choisir, je le ferais encore sans hésitation aucune... Tous les gens autour de moi excellent aussi bien dans leurs études, que dans leur travail. Physiquement, ils sont capables de prouesses extraordinaires que l'humanité n'a jamais pu rêver depuis toujours. Tandis que psychiquement, ils sont tous surdoués et dotés de dons et de connaissances hors-du-commun des mortels.     Mais depuis quelques temps, j'ai l'impression qu'on me suit à la trace, et qu'on me surveille de très près. Sûrement pour que je ne fasse pas de vagues, sans doute. Les gens autour de moi me dévisagent comme si je ressemble à une bête de foire. Même mes proches commencent, depuis quelques mois à me tourner le dos, j'ai l'impression de les dégoûter. Je me demande bien ce qu'il se passe ici en tout état de cause, mais je ne comprends pas encore dans quelle situation délicate je me suis fourrée... Pour moi, tout ça est parfaitement injustifié.     Un soir en rentrant de mon travail, marchant sous une pluie torrentielle je n'y vois pas à plus d'un mètre de distance. D'un coup d’un seul, un homme m'agrippe par derrière et me couvre la bouche avec sa main imposante pour ne pas que je crie ! Il me traîne de force et contre mon gré, sous un vieux pont en ruine désaffecté. J'ai beau me débattre il est plus fort que moi ! Je me demande si je vais mourir et si j'allais l'être de cette façon ? Avant même d'avoir pu vieillir aux côtés de mes proches ?      Même si, dorénavant, ils se détachent de moi. Je les aime plus que tout au monde, et pour eux je ferais n'importe quoi ! Ils sont toute ma vie ! Même si mes enfants feignent l'indifférence auprès de moi, je ne veux pas mourir ici, comme ça et de cette façon ! Cela en est hors de question ! Au moment où il relâche un peu son emprise sur moi, je suis prête à courir de toutes mes forces et à m'enfuir pour sauver ma vie.      Quand soudain, il me réempoigne par le bras, et me plaque contre le mur de ce pont. Face à face, les yeux dans les yeux, sa main toujours sur ma bouche j'aperçois enfin ce qui plus tôt ne m'a pas sauté aux yeux en le voyant, à cause de l'obscurité de la nuit et de la pluie battante...
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