LE DONJONLui non plus n’avait pas volé son surnom. Pourtant nous ne songions guère à parler par antiphrase, Fèvre surtout, que ce seul mot eût fait rêver : toujours parmi les derniers à l’école, il aimait mieux le jeudi tuer des moineaux à coups de lance-pierres qu’apprendre ses leçons pour le lendemain. Mais pour donner des sobriquets il n’avait pas son pareil. Dans notre manuel d’Histoire de France, au chapitre du Moyen-Age, une gravure représentait un château et une chaumière, avec cet intitulé : « Le donjon et la cabane du serf. » Si la cabane se faisait humble, le donjon, cela va sans dire, se dressait superbe sous la voûte du ciel dont il semblait être un des piliers. Fèvre regardait plus les dessins qu’il ne lisait les textes. Il avait le temps de réfléchir, de trouver des assoc

