Chapitre 14 — L’histoire continue

1010 Words
— Et c’est ainsi que finit notre histoire, dit la maman en refermant le livre d’un geste tendre, le bout des doigts glissant encore un instant sur la couverture comme pour garder vivante la magie des mots. Allez, mes amours, il est l’heure d’aller dormir. Les deux enfants, installés l’un contre l’autre sous la couette aux motifs de lunes et de loups, levèrent vers elle deux paires d’yeux brillants. Cette lueur-là, mélange d’innocence, de curiosité et d’un soupçon de malice, la faisait fondre à chaque fois. — Mais alors… ils ont pas eu beaucoup de bébés ? demanda la petite Neïl, les yeux ronds comme des pierres de cristal. La mère échangea un regard amusé avec le père, qui, appuyé contre l’encadrement de la porte, observait la scène comme un homme goûtant au bonheur simple. — Ça, ma chérie, maman l’ignore, répondit-il en s’avançant, un sourire doux accroché au coin des lèvres. Mais s’ils en avaient eu, je suis sûr qu’ils auraient été aussi adorables que toi, ma princesse. La petite Neïl gloussa, sa petite bouche en cœur se tordant en un sourire fier. Elle tira sur sa couverture, comme pour se donner l’air encore plus digne. — Moi, quand je serai grand, je serai comme Damian ! Grand et fort, pour protéger Neïl et maman, comme toi, papa ! s’exclama le petit garçon, la poitrine bombée, les mains sur les hanches, imitant l’attitude héroïque de ses personnages préférés. La maman sourit, attendrie, et s’assit au bord du lit. Elle déposa un b****r sur le front de chacun, caressant leurs cheveux doucement, du bout des doigts. — Je suis sûre que tu seras un vrai petit héros, dit-elle doucement. Mais souviens-toi : être fort, c’est aussi savoir protéger avec le cœur. Pas seulement avec les muscles. Le garçon plissa les yeux, réfléchi, comme si cette vérité nouvelle venait d’être gravée dans son esprit. Il hocha ensuite la tête avec sérieux, ce qui fit rire sa petite sœur. — Et toi, papa ? demanda la petite Neïl en tirant sur la manche de son père, cherchant son regard comme elle cherchait toujours la lumière. — Moi ? répondit-il en la soulevant dans ses bras avec facilité, sa petite main perdue dans la sienne. Moi, je serai toujours là pour vous. Peu importe votre âge. Toujours. Elle l’embrassa sur la joue avant de se lover de nouveau sous la couverture, réconfortée par cette promesse aussi solide qu’un rocher. Les enfants se blottirent contre leurs oreillers, leurs corps miniatures se rapprochant inconsciemment l’un de l’autre. Leurs yeux mi-clos papillonnaient encore, oscillant entre l’éveil et le doux appel des rêves. La chaleur du foyer les enveloppa comme une étreinte, et leurs respirations se synchronisèrent peu à peu. La nuit, derrière la fenêtre, étendait son voile. Une nuit paisible, tranquille, qui semblait veiller sur eux. Le monde pouvait attendre, se faire oublier. Ce soir, seuls comptaient l’amour, la sécurité et les rêves à venir. — Bonne nuit, mes amours, murmura la maman en éteignant la petite lampe en forme de lune. — Bonne nuit… chuchotèrent-ils en chœur, leurs voix déjà étouffées par le sommeil. La porte se referma presque complètement, mais pas tout à fait. Toujours un petit espace, juste assez pour laisser passer un fil de lumière et rassurer deux cœurs d’enfants. Pourtant, sous les couvertures, leurs yeux pétillaient encore, brillants comme deux braises dans l’obscurité. — Dæmon, chuchota la petite Neïl, la voix pleine d’un enthousiasme qu’elle tentait maladroitement de cacher. Tu crois qu’on pourra, nous aussi, vivre des aventures comme dans l’histoire ? Il se tourna vers elle, un sourire tendre — malgré son jeune âge — faisant danser une fossette au coin de sa joue. — Bien sûr, répondit-il en la serrant contre lui, ses bras frêles mais déterminés. Mais nos aventures, ce sera nous qui les inventerons. Avec maman et papa, on pourra affronter n’importe quoi. Cette certitude, dite avec la pure innocence de l’enfance, réchauffa la petite Neïl plus que leur couverture. Elle éclata de rire, un rire clair, lumineux, presque musical. Elle glissa sa petite main dans la sienne. Leurs doigts s’entrelacèrent, promesse silencieuse d’un futur à bâtir ensemble. Et leurs yeux, enfin, se fermèrent. --- Dans la chambre des parents, un peu plus loin dans le couloir, la mère observait le plafond, le sourire un peu nostalgique peignant son visage de douceur. — Ils grandissent si vite… murmura-t-elle, ses doigts dessinant des cercles distraits sur les draps. J’ai peur de rater un seul instant de leur vie. Le père se tourna vers elle, glissa une main derrière sa nuque et l’embrassa sur le front. — Ne t’en fais pas, dit-il calmement. Ils savent que nous sommes là. Aujourd’hui, demain, dans dix ans… toujours. Elle soupira doucement, sans tristesse, juste avec ce mélange étrange de bonheur et de mélancolie qu’éprouvent les parents lorsqu’ils réalisent que le temps leur file entre les doigts. — Parfois, j’aimerais pouvoir ralentir le temps, confia-t-elle. Juste un peu. Pour savourer chaque sourire, chaque éclat de rire, chaque maladresse, chaque câlin qui disparaîtra peut-être un jour. Il la prit contre lui, l’attirant près de sa poitrine. Le battement de son cœur résonna dans ses oreilles, lent, rassurant. — Alors faisons-le, répondit-il. Profitons. Maintenant. Chaque instant compte. Et chaque instant, on le vivra ensemble. Elle ferma les yeux, apaisée par la chaleur de son étreinte. Ils restèrent ainsi de longues minutes, enlacés, goûtant au silence tendre de leur foyer. Les bruits du monde extérieur semblaient lointains, insignifiants. Dans la pièce voisine, les enfants dormaient enfin, leurs respirations calmes formant une mélodie délicate que seuls les parents percevaient. Une mélodie qui disait : Nous sommes là. Nous sommes en sécurité. Nous sommes aimés. Sans se douter un instant de ce que l’avenir leur réservait, ils restèrent là, enlacés, écoutant les respirations calmes de leurs enfants endormis, savourant la douceur fragile d’un moment qui, déjà, appartenait au passé. L’avenir pouvait bien frapper à leur porte : pour l’instant, tout ce qui comptait était ce foyer, chaud et rassurant, où l’amour écrivait silencieusement chaque page de leur vie.
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