Chapitre 4

465 Words
Irène SABA — Prends soin d’elle pour moi, s’il te plaît. — Ne t’inquiète pas, maman. Ta poussine est entre de bonnes mains. — Si Jeffrey appelle ton mari pour lui demander de faire sortir Carène, prends ton téléphone et appelle-moi immédiatement. — Maman, je n’aime pas cette colère et cette agressivité dans tes paroles. Ce n’est pas la première fois que papa traite tes enfants différemment des autres. — Seulement, cette fois, nous allons régler ça autrement. — Tu connais papa. Laisse tomber. — Pas cette fois. Toute la famille SABA entendra parler de moi. — Qu’est-ce que tu veux faire ? — Vous le saurez bientôt. — Maman, reviens ici ! — J’ai des affaires urgentes à régler. Je quitte le salon sous son regard inquiet. Il est peut-être tard, mais Jeffrey va me sentir passer. Cette fois-ci, c’est moi qui gagnerai cette bataille. En tant que mère, je connais les forces et les faiblesses de chacun de mes enfants. Saraï et Carène sont très différentes de leur petite sœur. Ma cadette ne supporte pas la pression. Elle ne survivra pas à ce que son père s’apprête à lui imposer. Si je suis restée silencieuse pour les deux aînées, c’est parce que je savais, au fond de moi, qu’elles relèveraient le défi, même si l’angoisse de les savoir hors de la maison, loin de moi, me dévorait. Saraï a dû habiter chez ma sœur pendant des mois avant de prendre un appartement. Il m’interdisait de les aider financièrement. Mon mari est autoritaire : sa décision est toujours la dernière. Quand il a exigé que Shelby quitte la maison à ses 22 ans, je me suis opposée. Je l’ai installée dans la chambre d’amis, juste en face de la nôtre, persuadée qu’il ne s’en apercevrait pas. Mais je me trompais. S’il n’interdisait pas aux recruteurs d’embaucher nos enfants, elles n’auraient pas à quitter la maison, en pleurs, avec ce sentiment de n’avoir pour père que le plus insensible des hommes. Il les force à enchaîner les petits boulots, attendant des mois avant de permettre à une entreprise de leur offrir un poste stable. Je comprends qu’il veuille les endurcir, comme il me le répète sans cesse, mais il pourrait le faire autrement. Aujourd’hui, ma fille est hors de la maison. Aucun SABA ne vivra plus sous mon toit. Ils sortiront tous, ou c’est moi qui partirai. Il m’a toujours interdit de travailler, un conflit permanent entre nous. Je n’ai jamais manqué de rien ; mes comptes en banque sont bien garnis, mais j’ai toujours obéi. Incapable d’aider financièrement mes filles dans leurs moments de détresse, je respectais ses règles à la lettre. Mais cette fois, je soutiendrai ma fille jusqu’à ce que son père lui accorde enfin ce qu’elle mérite : un emploi stable.
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