Chapitre 8

656 Words
Shelby SABA — Bonjour. Je salue le chauffeur en montant dans le taxi. Le véhicule démarre. Je tends le cou et utilise le rétroviseur intérieur pour m’admirer. Mon maquillage est impeccable, mais ma perruque est tout sauf bien coiffée. J’enfonce la main dans mon sac à main à la recherche de ma brosse à cheveux. Rien. Je finis par vider le contenu du sac sur le siège et, enfin, je la trouve. Tout en me coiffant, je croise le regard du chauffeur. — Je vais tout remettre dans le sac, le rassuré-je avec un sourire éclatant. Il détourne les yeux sans répondre. Tant pis. J'ai loué le taxi pour moi seule, je peux bien en profiter. Je termine ma mise en beauté et repose la brosse. Je fouille dans le bazar étalé sur le siège et mets la main sur l'une de mes boucles d'oreilles, que j'accroche aussitôt. Je passe du baume à lèvres pour hydrater mes lèvres naturellement sèches. Je cherche ensuite une montre ou un bracelet, mais ne trouve rien. Pourtant, je suis certaine d’en avoir glissé dans mon sac. Je secoue celui-ci, mais aucun bijou ne tombe. Après une fouille plus minutieuse, je découvre finalement une montre dans une poche arrière et pousse un soupir de soulagement en la mettant. Je me mire une dernière fois et croise à nouveau le regard du chauffeur. — On est encore loin ? — Un peu, répond-il du bout des lèvres. Pourquoi fait-il cette tête ? Je lui ai dit que je rangerais tout, c'est bien ce que je fais, non ? Je remarque la pâleur de mes doigts et sors ma petite boîte de pommade pour m’hydrater la peau. Une fois tout remis dans le sac, je me détends enfin, fermant les yeux pour savourer un instant de calme. Une secousse me fait sursauter. Je redresse la tête et constate que nous ne sommes plus sur la bonne route. — Euh... On est où, là ? — J'ai pris une déviation, la route principale est bloquée. — Mais on est en dehors de la ville ! m'exclamé-je en reconnaissant un panneau. — Regardez devant et derrière, d’autres taxis suivent. Je ne suis pas en train de vous kidnapper. On arrivera plus vite comme ça. — D’accord, dis-je, peu convaincue. Je serre mon sac contre moi et me redresse sur mon siège, nerveuse. — Grrrr ! J’écarquille les yeux. Ce bruit venait-il vraiment de mon ventre ? — Grourourourour ! Oh non ! Ne me dites pas que c’est maintenant, juste avant mon premier entretien d’embauche prometteur, que la tisane de ma mère décide de prouver son efficacité ! — Grourourourour ! La douleur s’intensifie, accompagnée d’un gargouillement sonore. Le chauffeur me lance des coups d’œil dégoûtés. Non mais il pense que je suis à l’aise avec ça ? Seigneur, faites que ça s’arrête avant d’arriver ! Je serre les fesses et ferme les yeux, priant de toutes mes forces. Je retiens tant bien que mal cette envie pressante, consciente que je ne peux pas me permettre un arrêt en pleine campagne. La sensation s’apaise doucement. Je relâche un soupir de soulagement. — Grourourourour ! Je me crispe à nouveau. Cette fois, c'est urgent. — Arrêtez-vous ! Vite ! criai-je presque. Avant même que le taxi ne se gare sur le bas-côté, j’ouvre la portière. Impossible de me retenir davantage. Je jette des regards affolés autour de moi : des résidences et de la broussaille, rien d'autre. Je me résigne à courir vers la végétation, les fesses serrées, quand un grincement métallique retentit. Je me retourne et vois un portail s’ouvrir. Sans réfléchir, je change de direction et fonce vers la maison. Une voiture sort et se gare devant la résidence. Je fais de grands gestes au conducteur pour qu’il ralentisse et me laisse passer. Un homme descend du véhicule et retourne à l’intérieur. Je traverse la chaussée en courant, la sueur coulant à grosses gouttes.
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