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1986 Words
Adrian Je rattrape Elena dans le jardin. Elle est en larmes, son mascara dévale ses joues. Sans hésiter, je retire ma veste et la lui attache autour de la taille. Puis, je me tiens droit devant elle, cherchant les justes mots pour la consoler. J'ouvre la bouche, mais rien ne sort. J'ignore quoi dire, pour la soulager. ___ « Je suis désolé, Elena. » ___ « Ce n'est pas de ta faute » ; réplique t'elle en reniflant. Elle essuie ses larmes, souffle en levant les yeux au ciel. Elle tente de se calmer tandis qu'un pincement atroce me serre la poitrine. La voir dans cet état, vulnérable et humiliée, me transperce le cœur. J'aimerais pouvoir lui venir en aide, mais j'ignore comment. Je fais un pas en avant, vers elle. Elle n'ose pas me regarder dans les yeux, et je comprends. ___ « Je viens d'être humiliée... encore une fois de plus. » Sa voix étouffée par ses pleurs, me peine énormément. Je contracte la mâchoire, me maudissant intérieurement de ne pouvoir rien faire pour l'aider. ___ « Qu'est-ce qui s'est vraiment passé ? Comment cela a pu arrivé ? » articulé-je avec peine. ___ « Il y'avait de la colle sur la chaise où j'étais assise... » Elle lâche un sanglot et je fronce les sourcils de curiosité mêlé de doute. ___ « Quand j'ai dû me lever pour apporter le bijou, ma robe s'est déchirée et je ne l'ai même pas remarqué » ; rajoute t'elle en se remettant à pleurer. De la colle sur la chaise ? Mais qui aurait bien pu faire ça ? Était-ce pour saboter sa robe ou juste un simple geste d'inattention d'un responsable ? ___ « Demain....demain, je serai le sujet principal au bureau et c'est... » ___ « Shutt ! » Je me rapproche encore plus d'elle et la prends dans mes bras. Elle n'essaie même pas de me repousser, elle se laisse faire et repose sa tête contre mon torse. Je la serre fort, comme si ma vie en dépendait. Elle continue de renifler dans mes bras, pendant que mon cerveau tourne sans cesse. Je veux comprendre ce qui s'est vraiment passé. ___« Personne ne parlera de toi au bureau, je m'en charge. » ; lui promets-je. ___ « Merci, Adrian » ; dit Elena d'une petite voix. Nous restons ainsi, ma main caressant ses cheveux pour la calmer. Puis, j'entends des pas derrière moi et je tourne légèrement ma tête derrière moi et avise Louise, qui nous observe calmement. Je ravale ma salive de gêne et me détache d'Elena avec délicatesse. Lorsque celle-ci constate la présence de mon fiancée, elle baisse ses yeux et ramène quelques mèches de cheveux derrière son oreille. Je me dirige vers Louise, qui ne semble pas fâchée de nous avoir surpris dans cette position. Au contraire, elle arbore un petit sourire quand j'arrive à son niveau. Au même moment, Louis Rey ainsi qu'Anna nous rejoignent. Ils se dirigent directement vers Elena, nous laissant tous les deux. ___ « Je crois qu'il est préférable qu'Elena rentre à la maison » ; me suggère t'elle d'une voix bienveillante. ___ « Tu as raison. » Elle jette un coup d'œil à Elena et lui sourit gentiment. Mon cœur se serre subitement de culpabilité. Même si Louise essaie de cacher ce qu'elle ressent, je sais qu'elle est blessée de voir Elena dans mes bras. Surtout que nous avions eu une histoire dans le passé et je n'aimerai pas qu'elle se fasse des idées là-dessus. Je fais passer une main dans mes cheveux, puis me gratte l'arrière de la tête et balbutie quelques mots : ___ « Euh, ce n'est pas ce que tu crois... Elle...Elle était pas vraiment bien, et... et j'ai voulu lui réconforter quoi... » Un simple sourire étire ses lèvres, me rendant perplexe. Louise me prend les mains et plonge son regard plein de confiance dans le mien. ___ « Je sais, Adrian. Tu es un vrai gentleman, tu sais ? » Je serre les sourcils, sidéré. À la place d'une autre femme, elle serait entrain de s'enflammer. ___ « Tu as bien fait. Tout vrai homme aurait agit de cette manière, même si elle est ton ex, cela ne signifie pas qu'elle est ton ennemie. En plus, elle vient de subir une humiliation et la réconforter est un geste normal. » Elle pose sa main sur ma joue et rapproche son visage du mien. ___ « Je ne suis pas en colère, ne t'en fais pas. » Louise a toujours été douce et surtout compréhensible. C'est d'ailleurs pour cela que nous nous attendions très bien. Elle n'oserait faire du mal à personne, même pas à une mouche. Depuis qu'on s'est rencontré, elle n'a jamais haussé le ton sur qui que ce soit. Je ne l'ai jamais vu se disputer violemment avec quelqu'un. Elle pose doucement ses lèvres sur les miennes et m'embrasse passionnément alors que sa main se glisse derrière ma nuque. Je réponds entièrement à son b****r, puis la repousse avec soin, pour ne pas embarasser les autres. Elle se détache de moi, et je fuis ses yeux. J'ignore ce qui m'arrive, mais j'ai souvent l'impression d'avoir commis une grosse erreur en sortant avec elle. Je ne la mérite pas et je me dis qu'on aurait dû rester de simples amis, sans vraiment aller loin. C'est dur de l'accepter, mais je l'aime comme une amie et rien de plus. Putain ! Nous rejoignons les autres, ils sont entrain de parler. ___ « Je crois qu'il est mieux que tu rentres. Nous allons terminer la vente aux enchères. » ___ « Et le responsable, il ne doit pas répondre de ses actes ? » me questionne Anna, d'un ton impulsif. ___ « Anna, c'est bon. » Elle se tourne vers Elena d'un geste furieux et lui lance un regard reprobateur. ___ « Quoi ? Tu ne veux pas connaître la personne qui t'a fait ça ? Comment ça, c'est bon ? Je te rappelle qu'une personne a voulu se moquer de toi. » Je ne connais pas vraiment l'amie d'Elena, mais je peux dire qu'elle a du caractère et un tempérament. Exactement comme Elena, sauf qu'elle vacille parfois entre la douceur et l'impulsivité. ___ « C'était un accident,voyons ! Que gagnerait cette personne en mettant expressément de la colle sur ma chaise ? » rétorque Elena, d'un ton posé. Anna laisse échapper un soupir d'irritation et ancre ses yeux dans le sien. ___ « Que gagnerait aussi ton agresseur de la dernière fois ? » Je fronce les sourcils d'incompréhension. Si Anna a abordé ce sujet, c'est qu'il y'a peut-être un lien entre ces deux histoires : l'agression et l'incident de cette soirée. ___ « Agression ? » répètent ma fiancée et Louis Rey, en même temps. Elena rougit, mal à l'aise qu'on aborde ce sujet. Elle jette un regard accusateur à son amie avant de détourner ses yeux de nous. ___ « C'est une vieille histoire. » ment-elle. ___ « Tu t'es faite agressée ? Quand ? » s'inquiète Louise, en se rapprochant d'elle. ___ « Ce n'est rien, Louise. Je t'assure. » Je sonde tous les moindres faits et gestes d'Elena et je trouve vraiment étrange qu'elle devient nerveuse qu'on parle de cette agression. Pourquoi évite t'elle autant ce sujet ? ___ « Allez, je vous ramène. » lance Louis Rey. Je hausse les sourcils de surprise. Mon regard s'accroche à celui d'Elena, je lui interroge du regard et elle détourne tout simplement ses yeux de moi. ___ « C'est toi qui les raccompagnes ? » demandé-je, lentement. ___ « Oui. J'en profiterai pour avoir son adresse et... » ___ « Enfin, elles sont venues avec leurs voitures ? » l’interrompts-je en essayant de cacher mon irritation. Je n'apprécie pas cette idée de voir cet homme de la quarantaine, se rapprocher de mon assistante. Et puis, pourquoi veut-il connaître son adresse ? C'est quoi son problème ? ___ « Ça te dérange que je les raccompagne ? » Tous les yeux sont figés sur moi. Ma gorge se noue, je reste bée. Elena me scrute, comme si elle attend ma réponse. ___ « Euh... non. Pourquoi ça me dérangerait ? » réplique-je avec un petit rire ; « Je trouve que tu devrais rester pour la cérémonie. E-Elles peuvent se débrouiller, je crois. » Je fixe discrètement Elena et elle se pince tristement la lèvre. Mon regard la supplie d'intervenir et de ne pas laisser mon collaborateur leur accompagner. Putain, pourquoi ça te dérange autant qu'il les accompagne ? Elle a le droit de sortir avec qui elle veut, après tout. Cesse de te comporter comme un enfant, Adrian. Elena et toi, c'est du passé. ___ « Je vais récupérer nos affaires. » lâche Anna, comme pour briser l'atmosphère. ___ « Et moi, je retourne à l'intérieur pour rassurer les gens. » ajoute Louise. Elle dépose un doux b****r sur mes lèvres, puis s'en va. Je lance un regard noir à Louis Rey et celui-ci racle sa gorge en me sondant. ___ « Je ne sais pas à quoi tu joues, mais tu risques de te brûler les mains. » me chuchote t'il avant de nous laisser seuls. Je me retrouve encore seul avec Elena. Elle lâche un gros soupir en se retournant pour m'éviter. ___ « Pourquoi tu le laisses vous accompagner ? » Je n'ai pas pu m'en empêcher. ___ « Ça ne te regarde pas. » répond t'elle sèchement. Je saisis de son bras et l'oblige à se mettre face à moi. Elle me fusille du regard, comme si elle m'en veut aussi. ___ « Lâche moi, quelqu'un pourrait nous voir. » peste t'elle. ___ « Réponds moi ! » Elle se dégage de moi et continue de me jauger méchamment. ___ « C'est quoi ton problème ? Tu as le droit de refaire ta vie, sans me donner des explications. Mais à mon tour, je te dois des explications. Mais pour qui tu te prends ? » Je reste muet ___ « Ce que je fais de ma vie, ne te regarde pas. » ___ « Tu te trompes. Et puis, je ne permettrai pas que tu refasses ta vie avec un vieil homme comme lui. » Elle fronce ses sourcils et fait un rire jaune. ___ « Tu te fous de moi, hein ? Tu te fous de moi, Adrian ? » s'enflamme t'elle. Je serre la mâchoire. ___ « Louise, elle t'embrasse quand et où elle veut. Je t'ai déjà fait des reproches sur ça ? Non, mais c'est l'hôpital qui se fout de la charité. » Quand elle est en colère, elle s'agite et quelques mèches rebelles retombent sur son front. Elle est encore plus belle, quand elle se laisse emporter par la colère. Sans y réfléchir, je brise la distance de sécurité et prend son visage en coupe. Elle se débat pour que je la relâche, en vain. Elle finit par se résigner et nos regards se heurtent. Nos souffles chauds s'entremêlent et caressent nos visages. ___ « Tu ne peux pas partir avec Louis Rey. » murmure je désespérément. ___ « Pourquoi tu fais ça, Adrian ? Pourquoi tu me laisses pas tranquille ? » Sa voix basse, teintée de chagrin me pince le cœur. Mon cœur bat comme un tambour et mes muscles sont tendus. L'envie de l'embrasser me submerge mais je ne peux pas, je n'ai pas le droit. Je colle mon front au sien et ferme les yeux. Je lutte désespérément contre cette envie de lui voler un b****r. ___ « Je ne sais pas, Elena. » Elle soupire et se détache de moi. J'ouvre péniblement les yeux, le cœur qui saigne. Elle me lance un dernier regard teinté de tristesse et de colère, puis me tourne le dos et s'en va. Je la regarde s'éloigner de moi, pendant qu'un feu me consume de l'intérieur.
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