VI Le Normant d’Étioles Dans son impatience, Henri Le Normant d’Étioles a ordonné à son cocher de brûler le pavé ; et les chevaux, deux bêtes superbes de vigueur, fouaillés à tour de bras, bondissent sur la chaussée du roi. Le financier est nerveux, agité, inquiet. C’est que la partie qu’il va jouer est formidable. Un mot, un geste, un clin d’œil mal calculé ou mal interprété, peut la lui faire perdre. Et cette partie perdue, c’est l’anéantissement de tous ses rêves. Avec l’écroulement d’un plan habilement conçu, laborieusement échafaudé, mené à bien avec une lente et implacable ténacité, ce peut être la ruine complète et absolue. Une faute, une simple distraction peut lui coûter la vie, la liberté... Car il va s’attaquer au roi, – c’est-à-dire à la toute-puissance –, lui chétif, s

