Chapitre 2 : Oncle Tom-1

2121 Words
Chapitre 2 : Oncle TomJe lève les yeux et reste scotchée, tout comme Peter, qui lui aussi observe les terres devant nous. L’île est verte, presque entièrement recouverte de verdure et c’est plutôt joli. Le bateau se dirige vers un petit ponton de bois où une magnifique plage se situe derrière lui. Il a fallu presque trente minutes de navigation et pourtant vu d’ici j’aurais bien stoppé la navette pour admirer encore plus longtemps le paysage. Mais en quelques minutes le bateau se stabilise et je descends sur le ponton de bois. La plage sur laquelle il est situé est d’une beauté spectaculaire. Le sable est d’un blanc presque aveuglant et les vaguelettes d’un bleu limpide vous appellent avec insistance. Tout est splendide. En levant les yeux, j’aperçois le bâtiment qui doit être l’hôtel. Il a l’air magnifique lui aussi mais je n’en distingue pas grand-chose d’ici. Je remarque que la plupart des villageois partent sur ma gauche en direction d’une route où un bus les attend. –Allez venez je vais vous présenter l’Alpinia ! lance Simon en soulevant l’un de mes sacs. Je ne peux détacher mes yeux de la plage à ma droite, elle est si belle. Simon nous fait contourner un petit bosquet pour arriver sur un chemin pavé et c’est lorsque mes pieds touchent cette surface que mes yeux quittent les flots pour regarder face à moi. L’allée entourée de palmiers est d’une splendeur exceptionnelle. Elle mène tout droit à un bâtiment luxueux. Celui-ci est en bois et il se confond dans le paysage luxuriant couvert de palmiers, bananiers et autres plantes fleuries. Sur deux étages, il est soutenu de chaque côté par des poutres qui font ressortir une magnifique terrasse en bois qui se prolonge sur la plage. Je suis Simon sur ce sentier qui doit faire cent cinquante mètres à première vue. J’ai l’impression d’être dans l’allée princière d’un palace. Au-dessus de l’appentis que forme le hall d’entrée, est inscrit en lettres de bois le nom de « L’Alpinia ». Les rayons du soleil qui parviennent à traverser le feuillage donnent une lumière verte magique et irréaliste au lieu. C’est magnifique. –Alors qu’en penses-tu ? me demande Simon à quelques pas devant moi en me jetant un regard amusé. Je ne lui réponds pas, vu son amusement il se fout déjà de mon air ébahi. Il sait très bien que son hôtel est un bijou brut. Les oiseaux chantent au-dessus de moi et le vent qui provient de la plage où les vagues s’écrasent avec fracas m’hypnotise, mais une voix me ramène à la réalité. –Salut ! Je donne un coup d’œil à l’entrée et un jeune garçon descend les trois marches du perron à toute vitesse pour venir se jeter devant moi. Il est blond, des yeux bleus et la peau dorée par le soleil. Je n’ai pas à chercher bien loin pour reconnaître cette voix. C’est la voix douce et enjouée du réceptionniste qui m’a indiqué que Simon serait notre chauffeur lorsque j’étais à l’aéroport. Eh bah plutôt sexy comme réceptionniste d’ailleurs ! Son sourire est aussi contagieux que celui de Simon et je l’aime tout de suite. –Bah alors t’as fini par le trouver ! –Euh oui merci ! –Oh excuse-moi, donne ton sac je vais le prendre ! Je m’appelle Hugo, je suis ravi de faire ta connaissance ! –Oui moi aussi, je m’appelle Jud… –Judith, oui je sais ! Peter et Simon marchent devant moi pendant que mon nouvel ami se place à mes côtés. –Je tiens à te présenter toutes mes condoléances pour ta… –Merci, c’est gentil ! Je lui ai coupé la parole mais je n’ai aucune envie d’entendre ça d’une personne qui ne connaît rien de ma famille. On pénètre dans l’hôtel et je ne peux que constater que l’intérieur est aussi magnifique que l’extérieur. Tout est en bois et si lumineux que le tout donne une impression rustique, simple et réconfortante à la fois. Le hall d’entrée est plutôt vaste et j’ai le temps de remarquer rapidement plusieurs ouvertures qui donnent sur la salle de restaurant, sur la terrasse, d’autres sur les cuisines sans doute et à ma gauche un grand escalier de bois se distingue des différents couloirs où doivent se dissimuler les multiples chambres. Simon revient du comptoir avec des paires de clés et nous entraîne à l’étage. Je débarque dans un couloir réservé aux employés de L’Alpinia. J’apprends par Hugo que tous ceux qui vivent ici, logent dans ce couloir, y compris Tom et Simon. p****n c’est pas cool ça. Simon enfonce la clé dans l’une des portes en bois et je suis Peter dans la pièce. La chambre n’est pas grande mais très bien aménagée. Un lit, une armoire et un bureau. Une fenêtre donne droit sur la plage et j’imagine que tout le monde n’a pas cette vue-là. Je découvre une seconde porte qui mène à une petite salle de bain, avec douche, miroir et toilette. C’est une bonne nouvelle, je n’ai jamais eu de salle de bain à moi. –Voici ta chambre Peter ! Ce n’est pas très grand mais tu t’y plairas. La tienne Judith est juste à côté. Bien je vous laisse vous installer et moi je vais m’occuper de mes clients ! à plus tard. –Merci Simon ! Hugo me dépose les sacs sur le lit et me précise : –Ta chambre est identique, et je vais vous laisser mais si tu as besoin Judith n’hésite pas je suis en bas ou dans les parages ! Je le remercie d’un signe de tête et d’un sourire il disparaît dans le couloir. Peter se jette sur le lit et se met à sauter dessus au moment où j’ouvre la commode pour en sortir des draps. –J’ai une idée ! Peter lève ses petits yeux marron vers moi. Dernièrement ils étaient plus souvent bouffis et rouges de larmes mais là je me plonge de nouveau dans le regard innocent de mon frère. –Si tu mettais ton maillot de bain on pourrait aller se baigner ! J’ai le droit à un grand sourire et un gros câlin. En peu de temps je me retrouve sur le sable de cette magnifique plage à voir mon petit frère sauter dans les vagues. Je ne peux m’empêcher de sourire en le voyant plonger la tête et ressortir trempé en riant aux éclats. –Il a l’air de se plaire ! me lance la voix d’Hugo dans mon dos. Je me retourne, mais lui lance un sourire douloureux comme réponse. Il s’avance vers moi et je lui demande : –Tu travailles ici ? Il est vraiment mignon avec son regard turquoise qui me dévisage tendrement. –Oui j’aide ton oncle et mon père ! –Ton père ? Simon est ton père ? –Oui mon père adoptif pour être exact. Mes parents sont morts quand j’avais 6 ans et Simon était le meilleur ami de mon père, il m’a pris sous son aile depuis ce temps. –Je suis désolé. –De quoi ? Tu ne pouvais pas savoir mais je dois t’avouer que j’étais ravi d’apprendre que Tom acceptait de vous prendre en charge tous les deux. Ton oncle m’a expliqué l’accident et j’avoue que savoir que je ne serai plus le seul, ça m’a donné envie de t’aider… enfin le prend pas mal hein ! Je ne dis pas que je suis ravi que tes parents ne soient plus... mais juste que… Oh la la je m’enfonce non ? Je lui souris, amusée. Je suis surprise de sa franchise et j’ai l’impression de m’être déjà fait un super ami. –Je peux te poser une question? –Oui je t’en prie ! –Comment sont morts tes parents ? –Ils ont été assassinés ! –Oh ! Mince, je ne m’attendais pas à cette réponse. –Oui ils sont morts tous les deux dans des conditions plutôt étranges. Nous dormions quand je me rappelle avoir entendu mes parents hurler de frayeur. Je me suis jeté sous mon lit et j’ai vu une sorte d’ombre gigantesque parcourir toute ma chambre et le couloir. Tout à coup, j’ai eu très froid, très peur. J’ai couru dans la chambre de mes parents et ils étaient tous deux allongés sur le lit. Je n’oublierai jamais leur expression, ils avaient l’air terrifiés et ils étaient livides. Les médecins n’ont pas pu donner d’explication mais j’ai réussi après des années de recherches à découvrir des meurtres similaires. Son histoire est affreuse, mais après ce qui m’est arrivé, je ne ressens aucune gêne pour lui poser d’autres questions sur son passé. Je sais que ma curiosité est malpolie, mais son regard et son sourire me font comprendre que je n’ai pas à avoir peur de demander. –Tu es sûr que ce sont des meurtres ? Ça ne peut pas être des crises cardiaques ou des cas médicaux spectaculaires ? –On dirait Simon ! Il m’a répété je ne sais combien de fois les mêmes propos que toi ! –Je ne veux pas te manquer de respect. –Oh non ! Ne t’en fais pas je comprends tout à fait que ça puisse sembler... bizarre… mais je sais ce que j’ai vu et ressenti. –Je comprends, mais c’est juste que je n’ai jamais aimé le paranormal ! –C’est vrai que comparé à moi, toi c’est un accident de voiture qui a tué tes parents, c’est ça ? –Oui tout ce qu’il y a de plus banal et destructeur. Ils étaient partis faire des courses et ils ont croisé un camionneur saoul. Mon père n’a pas pu éviter la collision. La voiture a explosé, ils sont morts sur le coup. Tout s’est passé si vite et ça a été si brutal que j’ai encore du mal à réaliser mais je dois m’occuper de lui ! dis-je en fixant Peter. –C’est normal de ressentir ce que tu ressens mais ne garde pas tes sentiments pour toi ! Parle avec ton oncle, tu verras ça te fera du bien. Je ricane de nouveau. Mais qu’est-ce qu’ils ont tous à vouloir que je parle à Tom ? –Ce n’est sûrement pas Tom qui va comprendre ce que je ressens ! –Détrompe-toi, il est vraiment surprenant et il est très apprécié ici ! –Peut-être, mais moi je ne le connais pas ! Tu sais où il est d’ailleurs ? Je viens de réaliser que ne pas venir nous chercher est un fait, mais depuis que je suis là il aurait au moins pu venir nous voir non ? –Il est parti ce matin avec les jeunes de la Trinite ! –La Trinite ? –Oui, c’est le nom d’une plage et on l’a donné aussi à un petit groupe d’ados de notre âge. Tout simplement parce qu’ils en ont pris possession. Si tu veux demain je pourrais te faire visiter Wanouk et t’expliquer un peu son histoire ? –Oh oui avec plaisir j’aimerais beaucoup ! Mais dis-moi je ne sais pas où tu habites ? –Juste derrière l’hôtel. Comme toi j’habite ici ! Mais ne t’en fais pas, je serai ton guide et ton ami pendant autant de temps que tu le veux. –Merci Hugo, j’avoue que ça fait du bien ! –Je t’expliquerai comment fonctionnent l’hôtel et l’île demain. Mais maintenant prends un peu de temps pour toi, va avec lui, tu verras elle est bonne ! Je lui souris, et suis ses conseils. Il a raison l’eau est bleue, limpide, tiède et magnifique, bref c’est vrai que cette île est paradisiaque. Je me rue sur Peter et il hurle de rire. On s’amuse tous les deux pendant presque deux heures. Je n’ai pas vu la soirée passer et je me retrouve très vite à lire une histoire à mon petit frère pour l’aider à s’endormir. On a fait la connaissance avec tout le reste de l’hôtel. Hugo nous a accompagnés sur une petite terrasse à côté des cuisines afin de retrouver les salariés de l’hôtel et partager un délicieux repas fait par la cuisinière en chef Tina. Il faut vraiment que je retourne la voir car ses plats sont des délices. La fatigue emporte rapidement Peter et en même temps j’aurais été surprise du contraire car la journée a été bien remplie. Je suis tout aussi vannée mais j’ai vraiment peur de dormir. Je jette mon sac sur mon propre lit. Il est tard mais je dois ranger mes affaires. La faible lueur de la lampe de chevet diffuse une douce lumière rougeâtre magnifique. Vu le peu d’affaires que j’ai, c’est plutôt du rapide. Va vraiment falloir que je me rachète des vêtements ainsi qu’à Peter. Et aussi que je trouve un job pour gagner de l’argent. Peut-être qu’Hugo aura une idée ! Je souffle un grand coup. Je n’aime pas rester seule en ce moment ou du moins je déteste rester inactive, je réfléchis trop. Une boule chargée d’émotion se loge dans ma gorge mais je n’ai pas réellement le temps de craquer car des voix me ramènent à la réalité. Il y a du monde dehors car j’entends plusieurs sons et des pas sous ma fenêtre. Je me lève et tire doucement sur les rideaux. La faible lumière de la pièce me permet d’être discrète et de ne pas être vue par les individus à l’extérieur. Sur le sentier extérieur devant le hall, se trouvent six personnes qui discutent avec enthousiasme. Et mon sang se met à bouillir quand je reconnais la silhouette de mon oncle. Les cinq autres silhouettes sont des ados, deux filles et trois garçons. Je dirais qu’ils ont sans doute mon âge, mais d’ici j’en suis pas certaine. L’une des filles est de couleur noire, l’autre blanche et quant aux garçons il y a un blanc plutôt de petite taille, un jeune homme noir et l’autre est métis ou très bronzé mais là encore je n’en suis pas sûre. Ma curiosité est piquée quand je me rends compte qu’ils sont tous dans un état pitoyable. Leurs vêtements sont déchirés ou dégueulasses et leurs visages sont dans le même état. Je pense même qu’il y a du sang sur le front du garçon blanc. C’est quoi ce bordel ? Ils discutent tous avec beaucoup d’entrain et chacun a l’air de vouloir faire valoir son opinion mais je n’entends rien d’ici. Il faut que je me rapproche et que j’ouvre la fenêtre mais au moment où je fais un pas en avant ils se stoppent tous sauf Tom qui continue de parler et de faire de grands signes.
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