Chapitre 4

1471 Words
Elle était sérieuse. Entièrement. — D’accord. Mais à une seule condition : tu viens travailler. Pour de vrai. Pas question que tu joues à la princesse capricieuse. Tu bosses comme une vraie femme. — J’y compte bien. Ces dix pour cent, c’est le quart de ce que je veux prendre dans cette boîte. Il sourit. Un vrai sourire, franc. Ce qu’elle venait de dire, ce ton, cette ambition... Ça lui plaisait. Elle le faisait vibrer, cette fille. — Je peux rentrer maintenant ? demanda-t-elle, impassible. — Tu n’étais même pas censée sortir, répondit-il, le regard glissant sur sa silhouette. Zaynab bégaya légèrement, prise de court. Mourad en profita pour l’attirer brusquement contre lui, ses mains autour de sa taille. — Tu voulais juste me provoquer avec cette tenue, hein ? Il n’attendit pas de réponse. Il l’embrassa. Et cette fois, Zaynab ne résista pas. Elle répondit à son b****r, avec la même intensité. Ils avaient fini allongés sur le canapé. Zaynab, blottie contre lui, la tête posée sur le torse de Mourad. Aucun mot n’avait été échangé depuis leur dernier b****r. Le silence régnait, paisible, presque irréel. Et sans même s’en rendre compte, Zaynab s’était endormie contre lui. Il était environ trois heures du matin quand elle se réveilla. Encore à moitié dans ses songes, elle redressa doucement la tête, réalisant qu’elle s’était profondément endormie sur lui. Mourad ouvrit les yeux en même temps qu’elle bougeait. — Tu vas où ? demanda-t-il d’une voix rauque. Zaynab le fixa, surprise. — Je rentre chez mes parents. Il est tard. Mourad se redressa à son tour. — Ici, c’est chez toi. Tu n’as pas besoin de rentrer. Elle le regarda, choquée. Avait-il vraiment dit ça ? — Il va bientôt faire jour... Tu aurais dû me réveiller. — Je voulais pas te déranger, répondit-il simplement. Elle soupira, à bout, les nerfs à vif. — Donne-moi les clés de la Range Rover. Sans rien dire, il se leva, alla chercher les clés, puis les lui tendit. Elle les prit sans un mot de plus. Ils sortirent ensemble, chacun monta dans sa voiture. Mourad la suivit jusqu’à la villa des Al Zarqawi. Il attendit dans sa voiture, les phares éteints, jusqu’à ce qu’elle passe le portail. Une fois certaine à l’intérieur, il fit demi-tour. Arrivé chez lui, il trouva sa mère qui l’attendait, debout devant la porte d’entrée. Elle portait une longue robe de nuit beige et un châle posé sur les épaules. — Où étais-tu ? demanda Mara, d’un ton sec. — J’ai plus dix ans, maman. — Justement. Tu n’as plus dix ans. Tu es marié, maintenant. Mourad la fixa un instant, fatigué, le regard dur. — C’est toi qui m’as mis la pression. Alors débrouille-toi. Parce que Khoudia... je ne la considère pas comme ma femme. Puis il monta directement dans sa chambre et claqua la porte. De son côté, Khoudia sortit enfin de la sienne. Elle marcha lentement jusqu’au salon où Mara s’était assise. Elle s’approcha sans un mot. Mara releva la tête, esquissa un sourire crispé. — Ne t’inquiète pas, tout va bien se passer. Il est juste... fatigué. Khoudia hocha doucement la tête, mais son regard, lui, disait autre chose. De son côté, en rentrant chez elle, Zaynab trouva sa mère assise dans le salon, les bras croisés, le regard dur. Samira l’attendait, visiblement réveillée depuis un moment déjà. — Tu rentres à cette heure ? Tu sais qu’il va faire jour, Zaynab ? demanda-t-elle sans détour. Zaynab soupira en posant son sac sur le meuble de l’entrée. — Maman, j’ai pas envie de me disputer ce soir. Mais Samira ne lâcha pas. — Je t’ai vue arriver. Et j’ai très bien vu une voiture te suivre. Cette Range Rover... elle appartient à qui ? Zaynab se retourna, agacée. — Ma Range, c’est la mienne. Oui, quelqu’un m’a raccompagnée. Et alors ? Tu veux quoi maintenant ? Le ton monta légèrement, les regards se croisèrent avec tension. — Je ne te reconnais plus, souffla Samira. Tu n’es plus la même. — Peut-être parce que je ne te supporte plus, répondit Zaynab du tac au tac. Elle monta les escaliers sans un mot de plus, ses talons claquant sur les marches. Arrivée dans sa chambre, elle ferma la porte violemment et s’y enferma. Le silence qui suivit dans la maison était presque aussi lourd que les vérités échappées trop vite. Le lendemain matin, Zaynab se réveilla plus tôt que d’habitude. Après s’être douchée et préparée, elle enfila une tenue soigneusement choisie : un crop top rose pâle au décolleté profond, moulant juste ce qu’il faut, un jean bleu clair taille haute parfaitement ajusté à ses courbes, une paire de sandales blanches à talons compensés, et pour compléter le tout, un petit sac bleu ciel qu’elle tenait du bout des doigts avec assurance.  Aujourd’hui était un jour différent. Elle allait officiellement commencer à travailler chez Al Fayed Capital Group. Mourad lui remettrait ses parts. Dix pour cent. Tout se passait exactement comme elle le voulait. Et elle comptait bien faire ses preuves. Lorsqu’elle descendit dans le salon, toute sa famille était déjà installée autour de la table du petit-déjeuner. Elle les salua avec un sourire calme et s’assit à sa place. — Tu es ravissante ce matin, dit son père en relevant les yeux de son café. — Magnifique, ajouta Camélia, un sourire en coin. — Merci, répondit simplement Zaynab. — Tu vas où comme ça ? demanda Iyad en fronçant les sourcils, intrigué par sa tenue et son air confiant. — Travailler, répondit-elle en se servant un verre de jus d’orange. Samira se retourna aussitôt vers elle, les sourcils arqués. — Où ça, exactement ? Zaynab leva les yeux vers sa mère, impassible. — On en parlera à mon retour. Elle but une longue gorgée de son jus, reposa le verre, se leva sans un mot de plus, prit son sac et quitta la maison. Une fois installée dans sa Range Rover, elle démarra calmement et prit la direction des bureaux des Al Fayed. Le début d’une nouvelle ère. En arrivant dans les locaux de l’entreprise Al Fayed, Zaynab fut accueillie par une secrétaire au sourire crispé. — Bonjour, je peux vous aider ? — Je suis venue voir Monsieur Al Fayed. La secrétaire hésita un instant avant de répondre, visiblement gênée. — Monsieur Al Fayed est en réunion, madame. Une réunion très importante. Il y est déjà. À peine eut-elle fini sa phrase qu’un homme entra dans le hall, tiré à quatre épingles, allure assurée et regard vif. Rashid Al Fayed, le cousin de Mourad. Le seul avec qui Mourad entretenait une vraie complicité. En apercevant Zaynab, il s’arrêta aussitôt, surpris mais amusé. — Zaynab ? Mais qu’est-ce que tu fais ici ? — Je suis venue voir Mourad. Rashid la fixa une seconde, comme pour s'assurer qu’il avait bien entendu, puis hocha lentement la tête. — Il est en réunion... mais je peux t’installer dans son bureau en attendant. — Non. Je veux aller dans la salle de réunion. Il la dévisagea, encore plus étonné. — Tu es sérieuse ? Zaynab croisa les bras et le regarda droit dans les yeux. — Très sérieuse. Rashid esquissa un sourire discret, haussa les épaules, puis fit un signe de la main. — Très bien. Suis-moi. Ils empruntèrent un couloir vitré qui menait directement à la grande salle de réunion. Rashid ouvrit la porte. Et tout s’arrêta. Tous les regards se tournèrent vers elle. Les employés de haut niveau, quelques partenaires, et surtout… Mourad. Il la regarda longuement, son expression difficile à lire. À sa droite se tenaient Saran et Bella Dior. Les deux sœurs d’Al Fayed. L’une stupéfaite. L’autre... presque attendrie. Mourad se leva. — Approche. Zaynab marcha lentement jusqu’à lui, sans jamais baisser les yeux. Il se tourna ensuite vers l’assemblée. — Voici la nouvelle associée dont je vous parlais. Un silence pesant tomba. Saran se leva brusquement, furieuse. — Tu plaisantes, j’espère ? Zaynab, un sourire tranquille sur les lèvres, répondit à sa place. — Pas du tout. Elle se tourna ensuite vers Mourad. — Où sont les papiers prouvant que je possède mes 10 % ? Saran resta figée. — Dix pour cent ?! Comment tu peux faire ça pour elle ? Même moi, ta sœur, je n’ai pas 10 % ! Bella Dior, elle, ne disait rien. Elle observait la scène, un sourire fin accroché au coin des lèvres. Zaynab était son choix depuis le début. Elle le savait. Mourad allait finir par céder à cette fille-là. Mourad jeta un coup d’œil à l’assemblée, puis annonça : — La réunion est terminée. Il se tourna ensuite vers Rashid. — Amène-la dans mon bureau. Rashid s’exécuta. Zaynab le suivit sans se retourner. Et derrière elle, le silence parlait plus fort que tous les cris. A suivre
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