D'un mariage forcé à une passion imprévu

Chapitre14

Une fois la crème appliquée avec soin, Julian laissa tomber le tube sur la table. « Très bien. Assure-toi de l’utiliser trois fois par jour, seule, après ça. »

« D’accord », répondit Susan, la voix douce et mesurée.

Julian renifla avec méfiance. « Je parie que c’est le personnel de la bijouterie qui a monté tout ça. Aucun employé n’aurait osé te tendre un piège. Non… c’est forcément Mandy Ainsley. La famille Ainsley… humph ! » Son sourire s’assombrit, froid et tranchant. Il n’avait rien infligé à qui que ce soit depuis longtemps, et certains semblaient avoir oublié son impitoyabilité naturelle.

Susan intervint doucement : « Peut-être que ce n’était pas Mandy… »

Julian se tourna vers elle, le regard sévère, presque méprisant. « Es-tu de son côté ? Elle t’a privé de Luke Jenkins, tu te rends compte ? »

Un rire amer s’échappa des lèvres de Susan. « Je ne peux blâmer personne pour ce qui est arrivé avec Luke. C’est le destin qui a joué son rôle. Maintenant, il est heureux avec Mandy, et je leur souhaite sincèrement du bonheur. »

Julian plissa les yeux, impressionné malgré lui par sa générosité. « Tu es vraiment altruiste », murmura-t-il, d’un ton à la fois sérieux et amusé.

« Eh bien… il a Mandy, et moi, je t’ai toi », ajouta Susan naturellement, comme si cette phrase ne portait aucune lourdeur implicite.

« Moi… je t’ai… » pensa Julian, tandis qu’un léger sourire traversait ses lèvres malgré la rigidité de son expression. Il prit soin de masquer la satisfaction qui brillait dans ses yeux derrière une façade de froideur.

Susan sentit immédiatement que ses paroles avaient dépassé sa pensée, et elle se hâta de clarifier, sa voix trébuchant légèrement : « Je… je ne voulais pas dire ça ainsi. Je sais que notre mariage n’est qu’un accord. Je voulais simplement exprimer ma gratitude… Je… » Elle se perdit dans des mots confus, cherchant à corriger sa maladresse.

Julian s’approcha subitement d’elle, son ton devenu doux mais ferme. « Femme, tu as le droit d’éprouver cet intérêt. »

« Hein ? » Susan cligna des yeux, surprise. « Quel intérêt ? »

Il haussa un sourcil, presque amusé. « Après tout, je suis bien meilleur que ce prétendu Luke Jenkins. Il est normal que tu m’admires un peu. »

Susan resta sans voix, incapable de répondre. Julian, dans une humeur légèrement taquine, ajouta : « En général, tu as un goût irréprochable. »

« Oui, bien sûr », répondit-elle avec un sourire timide. Au début, elle avait perçu Julian comme un homme imposant et intimidant, presque impossible à approcher. Mais après avoir passé du temps avec lui, elle avait compris que sous cette armure, il n’était pas si insensible. Même si leur union n’existait que sur le papier, c’était agréable d’avoir un allié à ses côtés.

Profitant de l’humeur clémente de Julian, Susan glissa prudemment : « Les 10 millions de dollars… 1-1 ne les a pas dépensés. » Elle sortit la carte noire de son sac et la lui tendit.

Julian haussa un sourcil et la reprit. « Garde-la. En tant que Mme Shaw, apprendre à gérer de telles sommes fait partie de ton éducation. Tu peux rester chez toi aujourd’hui, mais ces 10 millions ne doivent pas rester longtemps sur ta carte. Tu n’as pas besoin de sortir pour acheter des bijoux ou des vêtements. J’ai informé les fournisseurs : ils te livreront directement. J’ai également engagé une styliste pour t’aider à choisir et assortir tes tenues. Tout sera à ma charge. Une seule règle : ne jamais compromettre l’identité de Mme Shaw. »

« D’accord », répondit Susan, soulagée. Elle n’aimait pas faire du shopping, et cette organisation lui convenait parfaitement.

Julian, déjà prêt à partir pour le bureau, écarta doucement les cheveux de Susan. « Je dois m’occuper de quelque chose. Reste à la maison. »

« Hmm », murmura-t-elle, légèrement rassurée par sa présence.

Il sortit et composa un numéro sur son téléphone. « Donnez une leçon à la famille Ainsley, mais veillez à la subtilité. N’entravez pas le mariage entre les Ainsley et les Jenkins. Je veux que leur union se déroule sans accroc. » Après avoir calmement donné ses instructions, il raccrocha, et une lueur glaciale passa dans ses yeux. Toute intimidation envers sa femme aurait des conséquences.

Pendant ce temps, Susan patientait tranquillement à la maison. Peu après, de nombreux colis de vêtements de marque et de bijoux précieux furent livrés. Elle sentit un pincement au cœur en voyant les prix, préférant se fier aux choix de la styliste plutôt que de décider elle-même.

La styliste avait bien compris l’instruction de Julian et sélectionné les articles avec un soin presque obsessionnel, combinant chaque vêtement avec les accessoires parfaits. Susan découvrit une armoire désormais pleine à craquer, chaque pièce soigneusement assortie pour un look complet et harmonieux. Même les pyjamas étaient soigneusement pensés, plus de trente modèles disposés avec minutie.

Elle s’abstint de calculer le coût de cette garde-robe somptueuse et, après avoir remercié la styliste, s’effondra sur le lit, épuisée par une journée si chargée.

À la résidence Jenkins, Luke revenait plus tôt que prévu.

« Luke, pourquoi es-tu rentré si tôt ? Tu avais dit que tu allais choisir les bijoux pour ton mariage », demanda Mme Jenkins, souriante.

« J’ai terminé et renvoyé Mandy chez elle », répondit-il, le ton calme mais légèrement tendu.

Mme Jenkins sourit, heureuse. « C’est merveilleux. Mandy est une fille exceptionnelle. Quand tu as eu cet accident, elle a veillé sur toi nuit et jour. Ne la laisse jamais tomber. »

Luke sentit un mélange de gratitude et de responsabilité peser sur lui. Depuis son réveil, Mandy avait été à ses côtés en toutes circonstances. Issue d’une famille prestigieuse, elle avait mis sa position de côté pour prendre soin de lui, et il se sentait redevable. Il s’était promis de la protéger, de la chérir, et même, un jour, de l’épouser.

Pourtant, la présence de Susan avait laissé une ombre. Pourquoi Mandy avait-elle ciblé Susan ? Pourquoi Susan avait-elle autant de pouvoir sur ses émotions, un effet que Mandy n’avait jamais provoqué ?

Il prit une profonde inspiration. « Maman, savez-vous quelque chose sur Susan Shelby ? »

Mme Jenkins, surprise par le nom, posa immédiatement sa tasse de thé.

Luke insista, fronçant les sourcils. « Et toi ? Tu sais quelque chose ? »

« Non », répondit-elle prudemment, reprenant sa gorgée de thé.

« La connais-je ? Avons-nous déjà eu un lien ? » continua-t-il, l’inquiétude montant en lui.

Le cœur de Mme Jenkins se serra, mais elle laissa échapper un petit rire doux. « Comment est-ce possible ? Qui te l’a dit ? » pensa-t-elle, se demandant si Susan n’aurait pas pu rompre un accord quelconque.

« Personne ne m’a rien dit », murmura Luke. « C’est juste une impression… »

« Tu l’as ressentie toi-même ? » demanda Mme Jenkins avec un soupir de soulagement, un sourire sur les lèvres. « Tu es probablement fatigué par les préparatifs du mariage. Susan Shelby n’existe pas dans ce contexte. »

« Vraiment ? » Luke la fixa intensément.

« Bien sûr. Je suis ta mère, je ne te causerais jamais de problèmes. Ton mariage est dans un mois. Concentre-toi sur ton bonheur. Ta sœur arrive demain, pense à aller la chercher à l’aéroport », dit-elle gentiment.

« Bien sûr », acquiesça-t-il faiblement. Malgré tout, la question persistait dans son esprit, s’insinuant dans chaque recoin de ses pensées.

Susan Shelby… qui es-tu vraiment ? Quelle est ta vérité ?