Chapitre 1
Aujourd'hui, les Hommes savent qu'ils ne sont plus seuls. Les surnaturels se sont révélés au monde. Les fées ont étés les premières. Peut-être parce qu'elles étaient les êtres les plus similaire à l'Homme. Et simplement car l'idée de violence et d'agressivité qu'avait l'opinion publique était plus difficilement transposable à l'image qu'elles avaient. Et pourtant ces êtres sournois et vaniteux ne sont pas en reste. Puis vint le tour des sorcières. Cette arrivée sur la scène publique fut davantage modérée. Les histoires de chasses à la sorcière furent dépoussiérées et certains groupuscules naquirent contre cette communauté à l'image controversée. Les vampires et les loups garous mirent longtemps avant de se faire connaitre. Le monde les attendait plus ou moins, préparées par tous les récits et autres productions mettant en scène des représentations de ces créatures. Mais je dois l'avouer, entre croiser une fée, qu'elle soit une peste ou non parait moins risqué que de croiser un vampire ou un loup garou qui potentiellement, peut finir avec une dent dans votre mollet.
Aujourd'hui encore, plusieurs races sont restées discrètes ou officieuses. Après tout, se faire connaitre du grand public est un risque à prendre. Le risque d'être la cible de l'homme ou de devenir le bouc émissaire de leurs maux est élevé. La cohabitation se fait aujourd'hui, non sans quelques problèmes il faut l'avouer. Cette cohabitation est tout de même régie par les limites et codes de chaque race, faisant barrière à la mixité, que ce soit entre espèces magiques ou avec les humains. Il est rare de trouver une fée faisant du copinage avec un loup garou ou un humain faisant ami-ami avec une sorcière. Afin de faire reconnaitre l'existence de ces êtres mais avant tout de les contrôler un tant soit peu, un code a alors été créé. Dans l'espoir de réguler ces peuples aux cultures et pratiques si éloignées, des règles ont étés inscrites.
Des représentants de chaque espèce dévoilée sont arrivés à se réunir, à grand effort de médiation et d'intimidation pour pondre une centaine de closes. J'en connais que quelques-unes, qui font toutes appel au bon sens du petit manuel de survie dans le monde humain et surnaturel. La première étant; tout homicide inter ou extra espèce sera jugé et condamné par une cellule crée pour l'occasion. Mettez différentes espèces dans un même espace et cela dérapera forcément à un moment donné, du moins à mon humble avis. C'est pourquoi une milice a vu le jour : la Cellule d'Investigation et de Sanction des Crimes liées au Surnaturel. Un vampire a approché d'un peu trop près la jugulaire d'une ado en rut, vous pouvez être sûr que la CISCS va lui tomber dessus. Nous appelons ces agents dans le jargon surnaturel; les traqueurs. Cela donne une bonne idée de la peur que peut insuffler cette autorité je trouve. Les traqueurs sont des chasseurs et des extorqueurs de preuves. Ce sont en grande majorité des humains, suréquipés avec des entrainements sur la gestion de situations et d'êtres surnaturels. Imaginez les men in black venus arrêter votre copain sorcier qui a vendu au noir des substances magiques un peu trop dangereuses.
Enfin bref, tout cela ne me concerne pas, enfin si mais de loin. Pour l'instant du moins.
Il convient de me présenter avant de commencer cette histoire qu'est la mienne. Je m'appelle Elana Morgenshtein. Je crois bien que c'est polonais. Je suis une sorcière qui arrive tout doucement vers le quart de siècle. Pas d'entourloupe, j'ai pour l'instant que 24 ans et pas un cheveu blanc. Comme toute espèces surnaturelles, il existe différentes castes chez les sorcières. Un peu comme le loup alpha dans une meute qui règne avec ses loups betas et omégas. Chez les sorcières, il faut croire que c'est plus complexe. Cela se traduit davantage par les pouvoirs et d'où nous tirons notre magie. Mais cela ne sert à rien de se lancer sur l'Histoire des sorcière et sur la mienne en filigrane, nous y reviendrons plus tard. Ou pas, j'aime bien garder le mystère autour de moi. Un peu comme ce mec ténébreux aux regard charbonneux, mais en nana et en imaginant que c'est moi ! e*****z à cela, le charisme, la grande taille, les muscles, l'élégance aussi, pour avoir une vague image de moi. Si je devais me décrire, je dirais plus que mes yeux sont marrons tout ce qu'il y a de plus banale. Mes cheveux auburn ont la particularité de faire leur vie sur ma tête, aucun peigne ne vient à bout de leur caractère indomptable. Mon visage est constellé de taches de rousseurs et pour finir je ne peux pas dire être un mannequin d'1m80. Juste moi et mon ambitieux 1m65 !
En tant que sorcière, j'ai fait partie de ce qu'on appelle un coven. Les sorcières, à la différence des sorciers qui vivent en solitaire, se réunissent au sein d'un coven où elles évoluent et apprennent entres elles. Le mien était le coven de Goldin. Était car me voilà en solitaire depuis environ 1 an après m'être rendue compte et d'avoir décidé d'agir à la vue de certains problèmes non négligeables. Et je pensais moi-même représenter un problème non négligeable parmi elles. Si je l'aborde d'un ton léger, c'est pour me rassurer. En effet, il n'est pas normal de quitter son coven pour une sorcière. Celles qui ont dû faire leur route seules sont soit folles, en fuite ou bannies. J'aime me dire que je fais un peut partie de ces trois catégories. Je fais depuis profil bas, évitant de croiser des sœurs sorcières ou tout autre surnaturel. Mais sœurs me cherchent, et je ne suis pas prête à les accueillir.
Chapitre 1
Hhhmmm, ce n'était pas censé bruler ce truc. Un regard lancé à ma préparation qui tournait au désastre d'après les murs noircis par la fumée me suffit à tout jeter. Ça ne sera pas la première fois que je rate une décoction.
Après tout je ne suis qu'une sorcière, pas une faiseuse de miracles. Sur cette idée légèrement agaçante, je me jetais sur mon canapé. Je me passais une main sur le visage. Plusieurs soupires plus tard et j'étais toujours parmi mes coussins. Je levais à un moment les yeux vers le plafond de mon petit studio de Ashland. Plutôt pas terrible. Le plafond, pas la ville. Cela faisait plusieurs mois que j'avais trouvé ce petit appartement dans un vieille immeuble et y avais posé mes maigres affaires. A mon image, ce chez moi se composait d'un joyeux fatras de meubles et d'objets en tout genre. Impossible de mettre un mot sur ce style. Un petit bout de pleins de chose qui créait un ensemble haut en couleur. Pas très grand, cet appartement me convenait tout à fait et il avait l'avantage d'être à moi et non à la communauté sorcière. Je tournais et retournais dans ma tête ma vie. Jusqu'ici tout n'avait pas été très rose mais depuis mon arrivée en ville, j'avais pu rencontrer de belles personnes et commencer un métier qui me passionnait. Très vite je m'arrêtais dans mes réflexions qui me ramenaient souvent au passé. Certaines choses méritaient de rester enfouies plutôt que dépoussiérées.
- Aller Elana on se bouge, maugréais-je.
Mon vieux T-shirt à l'effigie de Bob Dylan, suffirait pour me montrer au petit monde de Ashland. Prenant ce qui me restait de motivation, je me levais, pris mes clefs au passage et sortis. Avant de rentrer pour mettre un pantalon et ressortir.
Il était déjà le soir lorsque je respirai l'air frais de la ville. Le temps n'avait plus vraiment d'emprises sur moi. C'était parfois effrayant d'ouvrir les yeux le matin sans savoir quel jour j'étais. Le syndrome de l'enferment sans doute. Dehors, un petit flux de personnes se croisait dans les rues bordées de platanes. Les mains dans les poches, j'avançais, la tête basse. Mauvaise habitude de sorcière planquée, me dis-je.
Direction le Brown's, mon repère à moi où le café et les serveurs étaient à la hauteur selon moi. Après quelques minutes de marche, à frôler les passants, à observer d'un œil suspicieux les pigeons volant bas et à apprécier le bal des feuilles volantes, j'arrivais devants la petite terrasse.
- Ma chérie, contente de te voir ce soir !!
Un sourire traversa mon visage, en voyant Lili, serveuse du Brown's au caractère flamboyant et au sourire communicatif. C'était la première personne qui m'avait adressée la parole à mon arrivée ici. Désespérée de trouver un logement, elle avait pris le temps de m'écouter et de me donner des pistes dans mes recherches alors qu'elle assurait son service. Je pouvais dire avec bonheur que Lili était sans doute ma première amie.
- Salut ma vieille, t'as du temps pour me servir un petit remontant ? lui lançai-je.
- Journée compliquée ? fit-elle les sourcils froncés.
-Bof non pas plus que d'habitude, j'avais juste envie de voir autre chose que mon papier peint qui tire la gueule, riais-je.
- Ça marche, je te lance ça alors !
Je pris le temps de m'asseoir, de souffler et d'apprécier le monde qui continuait de s'agiter autour de moi.
Cette ville a du charme tout de même, me dis-je. Que ce soit par les pavés des rues ou les vieilles façades d'immeubles au style romantique, si l'architecture pouvait être romantique. Elle était assez grande pour qu'on puisse y passer inaperçue et assez petite pour connaitre la plupart des rues et routes.
-Alors qu'est-ce que t'as à me raconter ? me questionna Lili, revenant avec mon verre habituel de rhum arrangé, fait maison s'il vous plait.
- Laisse-moi réfléchir, la chose la plus palpitante de ma journée c'était sans doute quand j'ai découvert qu'ils avaient changés le packaging de mes céréales. Ou peut-être quand j'ai entendu ma voisine criée contre son chien incontinent. Tu savais qu'il existait des couches pour les chiens toi ? fis-je en prenant un air sérieux.
-Surprenant, enfin je crois ! laisse-moi plutôt te dire ce que j'ai vue aujourd'hui, lance-t-elle d'un air excité, ne m'écoutant déjà plus.
-Quoi tu as vu des couches pour les chats aussi ? badinai-je
Survolant ma connerie, elle se pencha vers moi en prenant un air conspirateur.
- Ce matin, à ma pause, j'ai vue descendre d'une bagnole le gang le plus canon de gars que j'ai jamais vu !
-Un gang, relevai-je d'un air blasé.
-Oui enfin peut être, en tout cas c'était l'impression qu'ils donnaient. Ils étaient là à se donner des directives pour retrouver quelqu'un. Tous des grands gabarits, avec des airs à faire peur. Les gens changeaient carrément de trottoir en les apercevant !
- Et quoi alors, c'est toi qu'ils cherchaient, t'as toujours pas réglé ta note du restau asiat' ?
- Arrête t'es c*n, rigola-t-elle. Sérieusement, c'était hors du commun. Ils se sont tous séparés avec un air déterminé, ça ressemblait à une scène de film d'action.
- Hmm Hmm, fascinant lui fis-je en savourant mon verre, mon attention déjà attirée vers autre chose, entre autres la petite vieille du coin qui peinait à tenir en équilibre sur sa canne.
- C'est quand même mieux que ton histoire de voisine incontinente non ? me rabroua-t-elle.
- Le chien, pas la voisine ! Ils l'ont retrouvé au moins leur quelqu'un ?
- Nan je ne crois pas, ils étaient le même nombre en rentrant après quelques heures, fit-elle pensive.
- Bambi est encore en liberté alors, lui lançais-je, en déposant un billet sur la table et en faisant mine de partir.
- T'as intérêt de me ramener des ragots plus sexy la prochaine fois ! me cria-t-elle alors que je partais.
Un signe de la main et je m'éloignais déjà. Aller un petit tour et je me rentre. La tête légère, je poussai la chansonnette. Aller une ruelle étroite et sombre, pour le panache pensais-je un sourire débile sur les lèvres. Je m'avançai en laissant derrière moi l'agitation du soir pour me retrouver au calme. Manque plus qu'un rat déboule et l'ambiance glauque est là. Seule le bruit de mes pas se faisait entendre. Autour de moi, les ombres semblaient m'observer et se refermer sur mes pas, lorsqu'un frisson me parcourut. Jamais bon ça. Mon instinct m'avait souvent sorti de méchantes embrouilles et là clairement, l'aiguille commençait à s'affoler. Comme pour me confirmer mes pensées, j'entendis un bruit ressemblant étrangement à un cri étouffé. Ce que je pris d'abord pour le cri d'un rat, ressemblait maintenant à un râle humain. Je m'arrêtai et tournait la tête pour voir si quelque chose se détachait du noir. Rien. J'attendis encore quelques secondes avant de retourner sur mes pas et quitter cette maudite rue. Le bruit retentit de nouveau, plus distinctement cette fois ci. m***e, je ne pouvais définitivement pas me carapater comme ça, je n'en dormirais pas. Remontant la rue, j'essayais de me guider par les bruits que je pouvais percevoir. Je débouchais bientôt sur une impasse plongée dans la pénombre. C'est là que je le vis. Mes yeux s'écarquillèrent lorsque je vis une forme humaine recroquevillée sur le sol. Sol qui était taché de son sang.
-Mince, soufflais-je en me précipitant vers ce qui se révélait être un jeune garçon. Celui-ci ouvrit les yeux m'entendant arriver et grogna. Ses yeux semblaient vouloir me faire reculer en un regard noir mais je ne voyais pas les choses comme ça. A vrai dire la balafre qui s'étalait sur son ventre m'inquiétait davantage que son évidente mauvaise humeur.
Je m'agenouillai près de lui, mes mains s'agitant au-dessus de lui s'en savoir quoi faire.
- Vous m'entendez, qu'est ce qui est arrivé ? lui demandai-je affolée en le voyant refermer les yeux et grimacer de douleur. Comment peut-il être encore vivant avec toute cette quantité de sang perdue me demandais je dans un brouillard de panique. Enlevant ma veste, je me chargeais de lui faire un garrot de fortune autour du ventre afin de contenir pitoyablement le saignement. Je l'entendais jurer et marmonner en expirant de douleur.
- Je vais appeler le SAMU, jusque-là tacher de rester en vie !! Lui dis-je en saisissant mon téléphone de mes mains tremblantes.
- Non, ... non pas l'hôpital, ... je ne peux pas, l'entendis je dire tout en levant une main qui se rabattu sur mon bras.
- Mais vous aller y rester si r... Ses yeux s'écarquillèrent de peur lorsqu'un bruit de pas et de voix retentirent plus loin dans la rue.
Mon cerveau se connecta alors. Ce gars ne s'était pas fait ça tout seul. Il s'était sans doute fait attaquer. Et la peur dans ses yeux à l'entente des voix me disait même que c'était peut-être ces personnes-là qui le cherchaient et se dirigeaient vers nous. Ce n'était pas une maigrichonette comme moi qui allait défendre ce gars-là. Retenant ma respiration de peur, je tournais la tête dans tous les sens avec comme seule solution de fuir. Revenir sur nos pas nous ferait forcément tomber sur eux. J'avisais alors les conteneurs à poubelles.
- Ecoutez, il va falloir se lever, je ne vais pas pouvoir vous porter toute seule, on va se cacher derrière ces poubelles. La peur donne des ailes, dans ce cas-là c'est plutôt la peur donne de quoi se lever et se cacher. En étouffant ses gémissements, il se releva sur ses mains et je l'aidais plus ou moins à se trainer derrière les poubelles. Les pas et les voix se rapprochaient. Je pouvais à présent distinguer ce qu'elles se disaient.
- ... son sang. Il ne peut pas être loin
- Si on ne le ramène pas, on se fera tuer c'est sûr. Quelle m***e de pas l'avoir attaché.
Mon sang ne fit qu'un tour. Ok le danger se rapprochait et nous n'avions aucune échappatoire. Notre salut reposait sur notre capacité à se faire invisible et à tenir le temps qu'ils partent.
-p****n ! Étouffais-je en avisant le sang qu'avait laisser mon acolyte de galère sur les pavés. Réfléchissant à toute pompe, je saisissais un sac poubelle trainant à nos coté, et le poussais vers la flaque de sang pour recouvrir un minimum les preuves de notre présence. Je priais intérieurement pour ne pas avoir été entendue. Je saisis le bras du gars qui semblais tourner de plus en plus de l'œil, afin de le réveiller et de ne pas être seule si les autres tarés nous trouvaient. En penchant mon oreille vers lui je l'entendais murmurer ou plutôt supplier de ne pas l'emmener à l'hôpital. Dans quelle m***e je m'étais fourré me dis-je, tandis que mon corps se crispaient à l'entente des pas se rapprochant. Qu'est ce qui m'a pris de quitter mon appartement pour venir me faire trancher la gorge dans une rue toute pourrie et pour sauver les fesses de je ne sais pas qui.
- Ca ne sert à rien, il n'est pas là, il a dû se trainer plus loin.
Les deux agresseurs étaient devant les poubelles qui nous cachaient compris-je. Un reniflement insistant retentit dans l'air.
-Ca sent le sang par-là, fit l'un.
- Tout ce que je sens c'est le moisit et les déchets, grogna l'autre. Cassons-nous et cherchons ailleurs.
Mon dieu oui, partez, s'il vous plait ! psalmodiais-je dans ma tête. A côté de moi, le jeune homme qui devais avoisiner la vingtaine s'était évanouis. Bon au moins il fera moins de bruit, tentais-je de me rassurer. Heureusement, la nuit était tombée, nous fondant encore plus dans les ombres.
Après d'interminables secondes, leurs pas s'éloignèrent, poussant leurs recherches ailleurs. J'attendis dix minutes afin d'être sûr qu'ils soient loin, très loin, s'ils pouvaient même quitter l'Etat, je leur en serai reconnaissante. Je m'activais alors à faire quelque chose du garçon qui allait se transformer en cadavre si je le laissais là. Bon pas l'hôpital si j'ai bien compris, il va falloir se débrouiller toute seule donc.