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1994 Words
Ce matin, à peine réveillée que je débarque dans la cuisine en trombe espérant trouver mon père avant qu'il ne parte au travail. Effectivement, je le retrouve de dos, adossé au plan de travail. Il n'a plus reparlé depuis hier et cela me chiffonne d'habitude il ne reste pas en colère si longtemps. Je me racle la gorge pour signaler ma présence, il se retourne puis dépose sa tasse de café sur la table. -Bonjour... papa, je dis hésitante afin de lancer une conversation. -Bonjour. Il me tend une assiette de viennoiseries que je m'empresse de prendre il s'assoit en face de moi tandis-que je baisse les yeux sur mon assiette, incapable de manger. -Tu as bien dormi chérie ? Enfin j'ai cru qu'il n'allait jamais me le demander je relève la tête et réponds : -Je n'ai pas pu sachant que tu es fâché contre moi. -Je ne suis pas fâché... Dit-il d'une voix calme. -Alors pourquoi tu n'as rien dit depuis hier ? Tu étais censé me crier dessus ou quelque chose du genre. Je lui demande car je n'arrive pas à comprendre son silence, au lieu de me répondre il en pose une autre. -Pourquoi tu ne m'as jamais rien dit ? Demande-t-il sans prendre en compte ce que je dis. Je m'attendais à ce qu'il me demande cela, mais pas de sitôt, j'inspire imperceptiblement puis déclare : -Parce que tu as assez de problèmes ainsi je ne voulais pas en rajouter. -Chérie tu ne devrais pas penser de la sorte, ta soeur et toi, êtes mes priorités tout ce que je fais c'est pour vous rendre heureuse. Il marque une pose avant de reprendre : -Tu ne me fais pas assez confiance pour me parler de tes problèmes ? Finit-il d'une voix abattue. Hâtivement, je secoue la tête négativement. -Non.. non papa, mais qu'est-ce qui te fait penser ceci... -C'est de ma faute, me coupe-t-il en levant sa main. -Papa ne commence pas. Je sais où il veut en venir, alors je tente de l'arrêter mais il secoue de la tête. -Si, je n'ai pas été le meilleur père pour vous, je n'ai pas penser à votre bien-être, je vous ai délaissé... Je me déplace pour le prendre dans mes bras, il n'a pas à se sentir mal pour moi. Il dépose un b****r sur ma tête puis se détache de moi, toujours avec cet air coupable. -Et si tu suivais des cours à domicile ? J'en ai brièvement parlé avec le professeur hier... -Je ne veux pas papa, je veux suivre des cours normaux comme tout le monde. Il acquiesce doucement avant de poser une main sur ma joue. -Nous sommes une famille, on doit se soutenir les uns les autres... plus de secret. -Plus de secret, répété-je en serrant la main qu'il m'a tendue. Le déjeuner continu dans une bonne ambiance, mon père est très compréhensible malgré son jeune âge. À trente-huit ans il a beaucoup vécu, plus de malheurs que de bonheurs. Malgré son travail, ses horaires chargées et ses voyages fréquents, il a toujours trouvé du temps à nous consacrer. C'est pour ainsi dire qu'il est l'homme le plus merveilleux sur terre. Je porte un pantalon bleu, une chemise rose et un gilet multicolore, je peigne mes cheveux et laisse le vent les sécher. Je prends mon téléphone et mon sac puis descends rejoindre ma soeur à l'entrée. C'est elle qui me dépose chaque jour. Dix minutes après, je descends de la voiture et rentre dans le hall, les écouteurs aux oreilles, ainsi le passage sera rapide. Une fois devant mon casier, j'insère le code, récupère mes livres, le referme et pars en direction des classes. Je suis tellement captivée par mon téléphone que je rentre dans un casier ouvert. Résultat, je m'écroule par terre avec mes affaires. Je souffle d'exaspération alors que des rires s'élèvent dans le couloir, ils se moquent tous de moi. La cloche retentit mettant fin aux railleries ; alors que j'entends des vas et viens signe que les élèves rejoignent leurs classes mais je ne bouge toujours pas. Je ferme les yeux et reste ainsi jusqu'à ce que le calme ne revienne, chose tout à fait stupide puisque je dois avoir l'air d'une imbécile. Sentant une présence au dessus de moi, j'ouvre les yeux et je suis immédiatement captivée par de beaux yeux noisettes, des cheveux d'un noir de jais. Je reste là à dévisager ce visage qui m'est jusqu'ici inconnu, ses yeux m'attirent irrésistiblement, son nez bien taillé, sa bouche ciselée et légèrement rosie, quel goût a-t-elle ? Il est d'une beauté à damner. Son souffle chaud qui me caresse le visage me donne des frissons tout au long du corps. Quant à moi, je le dévisage encore bouche ouverte. -Tu m'écoutes ? Sa voix rauque me sort de mes pensées tordues. Je cligne des yeux pour revenir à la réalité. -Tu comptes rester ici encore longtemps ? Voyant que je ne bouge pas, il me tend une main que j'ignore. Je me relève à l'aide de mes coudes, honteuse d'être dans une telle situation. Je pivote sur moi même pour prendre la fuite mais sa voix me stoppe dans mon élan. -Je présume que ce ne sont pas tes affaires ? Dit-il avec sarcasme. J'ignore son ton moqueur et reviens sur mes pas pour ramasser mes affaires. Mon sac, mes livres, mon écouteur... il ne manque que le téléphone. -C'est ça que tu cherches ? Il me le balance sous le nez. Je me relève et l'arrache des mains, je presse le pas pour rejoindre ma salle pendant que je l'entend pester derrière moi. -Un merci serait bien vue, lance-t-il avec ironie. Je me fais violence pour ne pas me retourner. J'arrive en classe et m'assois derrière, encore secouée par ce qui vient de se passer. Je dispose mes affaires sur la table et commence à prendre note. Le silence règne pendant une minute, j'entends des pas se rapprocher, je ne relève pas le nez du livre. Cette personne tire une chaise et s'assoit à mes côtés. Je sens un regard intense sur moi mais n'y prête pas attention. La personne me pique mon crayon alors je relève la tête prête à le récupérer lorsque je l'aperçois. Lui, qu'est-ce qu'il fiche ici ? Aussitôt mon visage s'empourpre de honte et les mêmes frissons me parcourent. -Comme on se retrouve. Souffle-t-il. L'inconnu aux beaux yeux me regarde, j'ignore son visage d'ange qui m'attire énormément et essaye de récupérer mon crayon mais il l'écarte de moi. -Tu pourrais me remercier pour tout à l'heure ? Il semble agacer mais tant pis, je ne l'ai pas obligé à m'aider. Je hausse mes épaules et sort un autre crayon de mon sac, je l'entend souffler. Je me sens soudainement mal à l'aise, il est le seul qui m'ait témoignée un semblant d'intérêt, le seul à m'avoir adressé la parole. Peut-être c'est parce qu'il est nouveau, quand il se rendra compte de qui je suis, il va me rejeter comme les autres, de ce fait autant s'en méfier. Quand se fut la pause, je pars dans le réfectoire, me sers des pâtes et balaye la salle du regard à la recherche d'une place disponible. Dès que j'en vois une, je pars m'asseoir et entreprends de manger, seule, sans personne. Le silence règne à nouveau inutile de lever la tête pour savoir que Vicky, Tyson, Amélia, Steven et Camille sont dans la place. Je lève quand même les yeux pour confirmer mes dires et c'est sans surprise que je les découvre tous. Mais alors que je ne m'y attendais pas, mes yeux rentrent en collision avec les siens. J'abaisse le regard et le scrute de bas en haut non sans rougir. il porte un jean et un t-shirt noir ce qui le rend plus sexy, mon dieu même Tyson qui est le plus beau n'est rien à ses côtés. Il est digne d'un futur acteur de Hollywood s'il ne l'est déjà. Je me reprends pour ne pas qu'on me choppe mais trop tard Vicky alias la reine du lycée se dirige vers moi alors là ça sent pas bon du tout. Je fais mine d'être intéressée par mes pâtes en la voyant arriver. -Tu as fini de mater mon copain ou tu as besoin de verres c******e ? Dit elle d'une voix hautaine. Je l'ignore et mâche nerveusement ma nourriture, tout ce que je déteste est entrain de se passer actuellement : être le centre d'attention. -Hé ho je te parle, oh j'oubliais en plus d'être muette, tu deviens sourde. Réponds moi espèce de cruche ! Elle balance la chaise d'en face à l'autre bout de la salle, ce qui me vaut un sursaut. Les gens qui se moquaient jusqu'ici se taisent tous. -Arrête Vicky, laisse la tranquille, tente Camille. Elle se retourne pour foudroyer cette dernière du regard. -Et toi la muette j'attends une réponse, m'intime t-elle. Je ne pipe pas un mot. Au bout de quelques minutes, elle prend ma boisson et la renverse sur moi. J'entends des ''oh'' s'élever. Je serre les poings prête à rétorquer mais me ravise au dernier moment. Je prends mes affaires et fais comme d'habitude, c'est à dire accourir dans les toilettes. Je me nettoie tandis que des larmes roulent sur ma joue. Je me regarde dans le miroir et me maudis intérieurement, pourquoi je ne me suis pas défendue ? Pourquoi je l'ai laissée m'humilier ainsi ? Je me passe l'eau sur le visage et décide de rester enfermée ici peut être qu'on me laissera en paix. Pdv Henry : J'ai suivi la scène des yeux, voir la brune se faire humiliée de la sorte ne m'a guère plu. J'ai cru qu'elle allait se défendre mais au lieu de ça, elle a subi sans agir. Je la vois se lever et courir vers la porte. Je me lève à mon tour et pars à l'encontre de Vicky qui arrive avec sa démarche de fille hautaine. -C'était quoi ça ? Je lance quand elle fut à mon niveau, elle feint l'incompréhension. -De quoi tu parles ? Demande-t-elle en regardant sa manucure. -Pourquoi tu l'as humiliée devant tout ce monde, elle ne t'a rien fait à ce que je sache ! M'exclamé-je un peu fort mais elle ne se démonte pas. -Elle n'a que ce qu'elle mérite, d'ailleurs pourquoi tu prends sa défense ? S'enquit-elle en fronçant des sourcils. Je l'ignore et pars en direction des toilettes bien décidé à la rattraper. Ça fait deux mois que je l'observe et à chaque fois, elle part s'y réfugier. Non je ne suis pas psychopathe, j'ai juste un œil observateur. Je rentre dans les toilettes des filles, c'est interdit aux garçons mais à l'heure actuelle il n'y a personne. J'ouvre les cabines une à une jusqu'à ce que j'entends des sanglots et des reniflements. Je m'approche et m'arrête devant la cabine en question. Je frappe quelques coups et patiente, au bout d'une interminable minute, elle ouvre. Sa tête est baissée ce qui m'empêche de voir son visage, quand elle la relève enfin, elle semble choquer par ma présence. Ses yeux sont encore humides signe qu'elle a pleuré. Son visage ou ses yeux angéliques je ne saurais dire ce qui me captive le plus. -Est-ce que ça va ? Je lui demande sans trop savoir pourquoi. Elle rougit légèrement avant de hocher la tête. -Tu sais, je suis désolé du comportement de Vicky elle... Elle ne me laisse pas finir qu'elle s'en va en courant. Encore ! Je me passe une main dans les cheveux et hausse négligemment des épaule, c'est clair qu'elle ne veut pas me parler. Cependant, il y a quelque chose chez elle qui m'attire. Sa beauté, son côté mystérieux ou timide ? Je n'en sais rien mais ce qui est sûr est que cette fille est intrigante. Je souris devant son comportement enfantin puis pars à mon prochain cours avec un peu de chance, je la reverrai.
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