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2154 Words
j'attache mes cheveux en chignon puis les décoiffe et me regarde à travers le miroir. Pourquoi je ne suis pas comme les autres filles ? Après l'incident d'hier, je suis directement venue à la maison. J'aurais pu riposter quand Vicky m'a humiliée mais je ne l'ai pas fait. Je déteste cette fille de tout mon coeur et je pèse mes mots. Je ne suis pas du genre à juger les gens encore moins les populaires après tout ils ne sont pas méchants, ils ont juste besoin de s'affirmer et quoi de mieux que de s'en prendre aux plus faibles ? Mais cette fille est tout sauf gentille, et depuis que ma soeur est partie à la fac, je suis devenue son souffre douleur, le pire est qu'elle y prend un réel plaisir. Puis d'un coup le visage de l'inconnu me revient, il est tellement charmant que pendant un instant, je me suis surprise à rougir devant lui. Un instant j'ai oublié que je n'étais rien d'autre qu'une pauvre fille sans classe ni repère, je ne suis pas dure avec ma personne, juste véridique. Le laisser seul alors qu'il était venu me demander comment j'allais n'était pas gentille de ma part, mais ce n'est pas facile pour moi de faire confiance aux autres. La dernière fois que je l'ai fait, j'ai encore ce goût amer d'humiliation. Je me suis rapprochée d'une fille, je lui ai parlé de mes problèmes, mon mal être et le lendemain elle était avec Vicky. Elle l'avait tout racontée et c'est après que j'ai compris qu'elle ne voulait pas être mon amie, mais plutôt une suiveuse de Vicky. C'est pour cela que je ne fais plus confiance à personne. Je finis par me préparer et rejoins ma sœur, comme d'habitude c'est elle qui m'accompagne à l'école. je resserre ma prise sur mon manteau et presse le pas en traversant le hall de l'école. Je me rends directement dans ma salle de cours. Une fois assise dans la classe, je relâche tout l'air bloqué dans ma cage thoracique. Traverser la cour est un calvaire surtout quand tous les regards se portent sur toi. Je fais sortir mes effets de mon sac alors que le cours viens de commencer. Franchement je me demande ce que je fais encore ici parce que le prof ne m'apprend rien de nouveau. Il parle encore des dernières actualités au lieu d'expliquer ce pourquoi il est là. Étant assise derrière, je branche mes écouteurs et commence à fredonner sur "blood" de Shawn Mendes. Je ne crains rien, le professeur ne remarque même pas ma présence tellement je suis insignifiante. Pourtant il le fait toujours quand il s'agit de poser une question. Mon coeur fait un bon, quand mon oreillette gauche m'est soudainement retirée, mon Dieu je suis dans un sale pétrin. Je ne veux pas avoir de problème avec la direction. Mon père ne sera pas du tout content d'être à nouveau convoqué. Alors que je m'apprête consciencieusement à subir les foudres du professeur, quand je relève les yeux c'est deux noisettes qui me fixent, je fronce alors des sourcils, qu'est ce qu'il me veut encore ? -Tu sais que c'est interdit d'écouter la musique pendant les cours, un manque de respect envers le professeur qui se tue à nous faire comprendre... chuchote-t-il pour ne pas attirer l'attention. Je n'écoute plus ce qu'il dit, je ne vois que ses lèvres remuées, une bouffée de chaleur me monte aux joue. J'abaisse les yeux, je ne savais pas qu'il était intelligent et discipliné puisqu'il semble attentif au cours ; cela me surprend. Je ne dirai pas que les populaires sont tous écervelés mais Vicky n'est pas un exemple non plus, même si ses amis ne se débrouillent plutôt pas mal. -Est-ce que tu m'écoutes ? Sa voix me sort brutalement de mes pensées. Je fais oui de la tête, il sourit satisfait puis se reconcentre sur la leçon. Je n'ai absolument rien retenue de ce qu'il a dit. Dès que la cloche sonne, tous se précipitent dehors dans un brouhaha habituel, sauf mon voisin. Il reste assit à me scruter sans vergogne, je prends un livre et fais mine de le lire. -Tu es vraiment muette ? Me demande-t-il soudain. Ça ne semble pas être une insulte ni une remarque blessante néanmoins je suis blessée, pourquoi ils pensent tous que je suis muette ? Et maintenant il s'y met aussi. -Désolé, qu'est ce que je suis bête ! Bien sûr que non, tu sais parler n'est-ce pas ? Je le regarde et hoche faiblement de la tête, il reprend : -Comment tu t'appelles ? Je peux bien me renseigner mais je préfère que tu me le dise, alors.. ? Il veut décidément connaitre mon prénom mais à quoi bon ? Nous ne nous connaissons que par pur hasard et cela à peine un jour. S'il est vraiment le petit ami de Vicky, il ne devrait pas me vouer une quelconque attention. Bon Dieu il ne se fatigue jamais de parler ou c'est moi qui suis habituée au silence ? Je prends une profonde respiration pour lui répondre. Quand enfin je me décide de parler, Steven me coupe en arrivant puis s'arrête à notre niveau. -Henry qu'est ce que tu fais là ? Henry ? Il s'appelle donc Henry, en plus d'être beau son nom l'est également. Reprends toi Annabelle, m'admonesté-je intérieurement. J'ai beaucoup trop de fiction en tête. -Je devais terminer cette partie mais on peut y aller. Reprend Henry en rangeant son cahier dans son sac. Steven nous regarde tour à tour puis croise les bras. J'ai vraiment eu de la chance que se soit lui et non une autre personne. Je n'ose imaginer la réaction de Vicky si elle me trouvait seule avec son petit ami, dans une classe déserte. -Quelle partie ? -Oh depuis quand tu es devenu détective ? Dit-il en me regardant puis il reprend ; allons-y. Il me fait un clin d'œil puis s'en va avec son ami. Je réprime quelques rougeurs et respire un grand coup quand ils franchissent la porte. Si Steven ne nous avait pas interrompu, je l'aurais dit mon prénom. Henry... je souris et me remets à lire le roman. Après les cours, comme à mon habitude j'attends que tout le monde soit dehors pour sortir à mon tour. Je referme mon casier après avoir déposé le livre. Je baisse la tête et me dirige vers la sortie. Mais alors que je m'y attendais pas, je suis propulsée par terre. Le silence règne dans l'allée alors que je suis sous le choc. Je me masse les coudes, relève la tête pour rencontrer une paire d'iris qui me foudroie. Je suis vraiment un sac à poisse, pourquoi je n'ai jamais de chance ? -Tu ne pouvais pas regarder où tu mets les pieds petite sotte ! Ignorant complètement sa voix aiguë, je tente de me relever mais elle s'abaisse à mon niveau. Elle me pousse en arrière puis me pointe du doigt. -Si jamais je te revois en travers de mon chemin je n'hésiterais pas à t'écraser ; fit-elle d'un ton menaçant. Elle me fouette le visage avec ses cheveux puis se relève satisfaite. Je ravale mes larmes, voici ce à quoi ressemble ma routine, être la proie des autres. Les gens comme toujours curieux me regardent, certains ressentent de la compassion pour moi et d'autres de la pitié. Une main se matérialise devant moi, je regarde la personne qui me la tendue, une fille, elle me sourit amicalement. J'hésite quelques secondes puis finis par m'en saisir pour me relever. Une fois debout, je relâche sa main mais elle me la retend aussitôt, je la regarde alors incrédule. -Alexandra, enchantée. Je tique un instant avant de m'en saisir de nouveau. -Je... -Annabelle je sais, allez viens les gens ne font que nous dévorer du regard. Elle se retourne vers ces derniers et crie : -Allez tous vous faire foutre b***e de crétins ! Elle me regarde ensuite en souriant puis m'entraîne dehors sous mon regard ébahi.. Elle m'a aidée, elle connait mon nom, ensuite son comportement.. il n'y a aucun doute : elle est folle. Je m'assois sur le banc pour attendre ma soeur. Elle se glisse également près de moi, que veut-elle ? Un blanc de cinq minutes s'installe avant qu'elle ne me tende une barre de chocolat, j'hésite encore avant de la prendre et de la porter à mes lèvres. -Pourquoi tu te laisses faire ? Sa voix me parvient faiblement comme si elle hésitait. Elle a un léger accent, je sais de quoi elle parle et pour toute réponse je hausse des épaules. Elle change finalement de sujet voyant que je ne veux pas répondre. -Oh je suis bête je devrais commencer par me présenter totalement. C'est ce que devrait faire toute personne normale car je parie que tu me prends pour une chtarbée. Alors je suis Alexandra Walter, italienne de mère et américaine de père. J'ai grandi à Seattle et je viens juste d'emménager à los Angeles, même si juste n'est pas à sa place puisque ça fait maintenant un mois que je suis là... J'enregistre toutes ces informations, à force d'être neutre, je ne remarque même pas la présence des nouveaux à l'école. Je ne suis jamais au courant de rien. Sa facilité à parler m'émerveille, elle a l'air d'être gentille, elle me regarde dans l'attente d'une réponse. J'inspire et expire puis me lance ; -A..Annabelle Hamilton, dis-je d'une petite voix. Quand je plonge mes yeux dans les siens, je ne vois aucune lueur de moquerie. Seulement de la surprise, elle ne s'entendait pas à ce que je parle. -Merci, dit-elle en posant une main sur la mienne. Je fronce des sourcils avant qu'elle ne reprenne : -De m'avoir parler, les gens de cette école ne sont pas sympathiques. De toute façon, je ne veux pas d'une fausse amitié par contre toi, je t'ai longtemps observé et tu es gentille même si je n'approuve pas que tu les laisses t'humilier. Sa déclaration me réchauffe le coeur, je ne sais pourquoi mais je me sens bien avec elle. Je ne ressens aucune envie de me méfier. -Merci... toi. Becky vient de se garer, elle me fait un signe de main en abaissant la vitre. Je me lève, Alexandra en fait de même. -M...ma soeur est là...je.. elle.. peut te déposer. -Non ça ira, j'attends mon frère, tiens. Elle me tend un papier que je regarde. -..c'est mon numéro, on pourrait parler enfin si tu le veux bien sûr. Je fais oui de la tête avant d'entrer dans la voiture sous le regard de ma soeur. -C'était qui elle ? Elle me demande tout en démarrant. -J'ai fait sa connaissance aujourd'hui, elle m'a aidée quand Vicky s'en est prise à moi. Je me tais regrettant mes dernières paroles. -Quoi, comment ça, pourquoi tu n'as pas commencer par ça ? S'écrie-t-elle en faisant des gestes avec une main. -Ce n'est rien de grave Becky, la rassuré-je. -Bien sûr que si, elle s'en est prise à toi et ça, ce n'est pas rien ! -Je ne suis pas en sucre, je peux me débrouiller seule. -Et tu t'en sors parfaitement bien ! Dit-elle avec ironie. Je lève les yeux au ciel pendant qu'elle fulmine de colère. Voilà pourquoi je ne lui dis pas tout, elle serait capable de débarquer à l'école et de taper un énorme scandale. Et c'est moi qui devrait payer les conséquences. -Bon c'est qui cette fille ? me demande-t-elle de nouveau. -Tu es calmée ? -Oui mais pas pour autant.. -La fille en question s'appelle Alexandra comme je le disais avant que tu ne me coupe. Elle m'a aidée puis elle est venue s'asseoir avec moi, elle m'a aussi parlée et a fini par me donner son numéro. Finis-je d'un ton enjoué. -Tu vas l'appeler ? -Je ne sais pas, j'ai peur qu'elle se moque de moi. -Je ne pense qu'elle le ferait sinon pourquoi t'aurait-elle défendue ? Pour toute réponse je me tais, elle avait l'air gentille mais en fin de compte, ce n'est qu'une inconnue à mes yeux. Je dois rester sur mes gardes pour ne pas être une fois de plus à la risée de tout le monde. -C'est ce que je me disais bien... Reprit-elle. Arrivée à la maison, je vais dans la cuisine, prends siège sur un tabouret pendant que Becky s'affaire pour sortir les ustensiles de cuisine. -Pourquoi ne pas commander ? Elle me regarde puis hausse négligemment des épaules. -Sans doute parce que je veux préparer... Ratatouille ? -Miam miam. Je me l***e la lèvre inférieure, s'il y a un domaine où ma soeur est douée, c'est la cuisine. En ce qui me concerne, je me débrouille un peu bien. Je me lave les mains, prends une planche et commence à découper les oignons. Mon père vient s'y mettre également. Ces moments partagés avec ma famille, je ne les échangerais pour rien au monde puisque c'est ce qui fait notre force.
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