💋 Chapitre 1 — La plus grande addiction

1070 Words
Le claquement sec de ses talons sur le marbre attira tous les regards. Nora entra dans le hall, vêtue d’un tailleur noir sur mesure et d’une chemise blanche délicatement entrouverte. Son parfum, subtil mélange d’ambre et de vanille, la précédait toujours. Les conversations s’interrompirent aussitôt. Les hommes la suivaient du regard, fascinés. Les femmes la détaillaient, jalouses, incapables de comprendre comment une seule femme pouvait concentrer autant d’assurance, de beauté et de pouvoir. Nora Morel. L’employée préférée du patron, l’arme secrète de l’entreprise. Celle qu’on envoyait pour conclure les contrats impossibles. Elle entra dans le bureau de M. Lenoir, son supérieur direct. — Ah, Nora ! Parfait, j’espérais vous voir. Voilà le prochain contrat que vous devrez signer avec le PDG de Valmore Industries. — Considérez que c’est déjà fait, répondit-elle avec un sourire tranquille. Elle saisit les dossiers, les rangea dans sa mallette et quitta la pièce d’un pas ferme. Aucun doute, aucune hésitation. Elle ne ratait jamais sa cible. Six ans plus tôt… La pluie tombait drue ce soir-là. Une voiture, des rires, une famille. Puis, en une fraction de seconde, le bruit du métal, les cris, le choc. Quand Nora ouvrit les yeux à l’hôpital, tout était fini. Ses parents étaient morts sur le coup. À ses côtés, sa petite sœur Élina pleurait, le regard vide. Vide, parce qu’elle ne voyait plus rien. Le médecin lui avait dit d’une voix grave : — Votre sœur a perdu la vue. Définitivement. Ce soir-là, tout ce que Nora avait de tendre mourut avec eux. Elle avait vingt ans, presque diplômée en négociation et stratégie commerciale. Élina n’en avait que seize. Trop jeune pour la nuit, trop fragile pour la solitude. Les jours suivants furent une guerre silencieuse. Les pleurs d’Élina chaque soir, les lettres de refus d’emploi, la douleur de la perte… Nora s’effondrait souvent en cachette. Mais à chaque chute, elle se relevait, plus forte, plus déterminée, elle devait s'occuper de sa petite sœur et les factures n'allaient pas se payer toutes seules. Elle décida qu’elle ne serait plus jamais une victime. Puisqu’on ne lui laissait aucune place, elle s’en créerait une. Elle observa le monde autour d’elle et comprit vite une chose : le pouvoir, ici, parlait une seule langue — celle du désir. Elle se façonna alors comme une œuvre d’art. Des mois d’entraînement, de régime, de contrôle. Elle sculpta son corps comme une arme, son regard comme un piège. Elle étudia l’homme dans les moindres détails : sa psychologie, ses faiblesses, ses désirs inavoués. Elle apprit à charmer, à convaincre, à séduire sans jamais se donner ou presque. Chaque geste, chaque sourire, chaque mot devint calculé. Et un jour, elle réussit. Elle gagna son premier grand contrat. Puis un autre. Et un autre encore. Très vite, on ne parlait plus de **Nora Morel**, mais de « la plus grande addiction » — la femme qu’aucun homme ne pouvait oublier, et que toute entreprise rêvait d’avoir de son côté. Retour au présent Le PDG de Valmore, Henri Delcourt, l’accueillit dans son bureau d’un ton faussement détaché : — Quelle agréable surprise… Que me vaut l’honneur d’une visite aussi délicieuse ? — Toujours un plaisir de vous voir, monsieur Delcourt, répondit-elle, en refermant la porte derrière elle. Il la regardait avec une intensité presque dévorante. — Si seulement tu acceptais d’être à moi, Nora… Je ne te mérite pas ? Elle esquissa un sourire. — Vous êtes un homme charmant, monsieur. Mais certaines limites sont nécessaires. Il faut bien se tenir loin du feu pour ne pas se brûler. Il posa une boîte sur la table et l'ouvrit. — Peut-être que ceci te fera changer d’avis. Des clés de voiture. — Une BMW ? Vous pouvez faire mieux. Elle rit doucement. — Vous savez, ils sont nombreux à m’en offrir. Honnêtement, venant de vous, je m’attendais à bien plus. — Et que veux-tu ? — Simple. Signez ce contrat, et on en reparle. Il la regarda longuement, troublé par sa présence. Elle s’assit sur le bord du bureau, croisa ses jambes, ses yeux plantés dans les siens. Elle savait exactement ce qu’elle faisait. Lui, non. — Vous savez, monsieur Delcourt, il y a des territoires que vous ignorez encore, murmura-t-elle. il la tira brusquepent et la fit asseoir sur lui. — Montrez les moi alors dit-il en murmurant à son oreille, puis posa une main sur ses seins essaya d'avancer doucement pour faufiller dans sa chemise entrouverte, mais Nora enleva sa main, Puis elle s’écarta doucement, ajoutant : — Chaque chose a un prix. Signez, et vous aurez ce que vous désirez le plus. — Essayez vous de me charmer ? il dit il en la regardant dans les yeux, elle détourna le regard toujours en souriant, l'air amusé. — Voyons monsieur je n'ai pas le niveau pour ça.Nos rapports restent purement proffessionnels. Il attrapa un stylo et signa sans même lire. Elle rangea les papiers, et le regarda avec un sourire. — Ce sera un plaisir de collaborer avec vous. — Dois-je passer vous chercher ce soir ? — Patience, monsieur Delcourt. Payez d’abord le prix. En sortant, elle sentit les regards, les murmures. Certains l’admiraient, d’autres la jugeaient. Mais tous la regardaient. Et elle, elle aimait ça. Sur le chemin du retour chez elle, elle décida d'aller quelques courses pour la maison. Au supermarché, quelques heures plus tard, elle réalisa à la caisse qu’elle avait oublié sa carte. — Vous maintenez la commande, madame ? demanda la caissière. Trois voix masculines s’élevèrent en chœur derrière elle : — Je paie pour la dame. Elle sourit. Toujours. Chez elle, la porte s’ouvrit sur la douce voix d’Élina. — Je suis rentrée, petite sœur ! J’ai fait quelques courses. — Super ! J’ai fait à manger pour toi, répondit la jeune fille. — Quoi ? Des spaghettis ? s’exclama Nora, ravie. — Oui. C’est ma façon à moi de t’aider. Je ne peux pas te laisser tout faire seule. Nora la prit dans ses bras. — Franchement, tu m’épates. Ton professeur particulier va être fier de toi. — Oh, vraiment ? — Oui. Si tu te débrouillais aussi bien en maths qu’en cuisine, tu aurais déjà un prix Nobel ! Elles rirent ensemble, complices, loin des regards, loin des masques. Et pendant un instant, Nora redevint simplement **une grande sœur qui aimait** — avant de redevenir, dès le lendemain, **la plus grande addiction.**
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