L'URGENCE

589 Words
La soirée de la veille s’était terminée dans la joie, mais le réveil du lendemain avait une toute autre couleur. Il est 8 heures du matin quand Anne descend de sa voiture et frappe à la porte de Grâce. Elle est venue prendre des nouvelles de maman Christel, la mère de Grâce, dont l’état de santé l’inquiétait depuis quelques jours. Grâce ouvre, les yeux fatigués, les cheveux attachés à la hâte. — Entre… dit-elle d’une voix basse. Anne avance dans le petit salon… et s’arrête net. Sur le canapé, maman Christel est allongée, très pâle, respirant difficilement. Son regard est flou, perdu, presque absent. Anne porte la main à sa bouche, choquée. — Grâce ! Elle se tourne vers elle, incrédule. — Comment tu as pu attendre jusqu’à ce point ? Pourquoi tu ne l’as pas amenée à l’hôpital ? Grâce baisse les yeux, honteuse, les doigts tremblants. — Tu sais que je ne travaille pas… murmure-t-elle. Je n’ai rien… absolument rien. Hier je t’ai même demandé si je pouvais emprunter un peu d’argent pour l’hôpital… mais on était en pleine fête, et je… je n’ai pas voulu insister… Anne ferme les yeux une seconde, submergée par la culpabilité. Elle n’avait pas compris que la situation était si grave. — Ne perdons pas de temps. Elle attrape une couverture, enveloppe maman Christel, puis appelle un taxi immédiatement. --- À l’hôpital — L’attente Le taxi roule vite, presque trop vite, mais chaque seconde compte. Grâce serre la main de sa mère, les larmes aux yeux, tandis qu’Anne donne les directives au chauffeur. Arrivées à l’hôpital, Anne prend les devants. Elle remplit les formulaires, contacte l’infirmière, explique la situation, paie le premier soin. Grâce, incapable de tenir debout, s’assied sur une chaise en plastique et prie en silence. Après plusieurs heures d’examens, un médecin les appelle dans une petite salle blanche. Son visage sérieux dit déjà tout. — Les résultats sont là… Grâce se lève d’un bond, le souffle court. — Docteur, dites-nous… maman va s’en sortir, n’est-ce pas ? Le médecin soupire. — Elle a un rein complètement endommagé. Le second fonctionne très faiblement. Il faudra envisager une greffe. Et avant même d’en arriver là… elle a besoin d’un suivi psychologique intensif. Le coût total du traitement… tourne autour de deux millions. Grâce s’écroule au sol, les mains sur le visage. — Deux… millions ? répète-t-elle, la voix brisée. — Comment je vais trouver ça ? Où ? Avec quoi ? Anne se précipite pour la soutenir, mais Grâce tremble, paniquée. — Je n’ai personne… personne ! crie-t-elle presque. Je vais perdre ma mère… Anne la serre contre elle. — On va trouver une solution. Je te laisse pas. --- À 18h — Un message inattendu La journée s’étire, lourde, interminable. Grâce ne parle plus. Elle fixe le sol, le visage ravagé. À 18h, en plein silence, son téléphone vibre. Elle le prend machinalement. Un message. Alex : « Prépare-toi pour 19h. À cette adresse. — A » Il joint une localisation. Grâce sursaute, déstabilisée. Elle relit le message trois fois. Anne la regarde. — Alex ? Qu’est-ce qu’il dit ? Grâce lui montre l’écran sans un mot. Anne esquisse un sourire doux. — Peut-être qu’il veut t’aider. Peut-être que ce n’est pas un hasard qu’il soit revenu. Grâce essuie ses larmes, respire profondément. Pour la première fois de la journée, une petite lueur d’espoir traverse ses yeux. — D’accord… je vais me préparer. Mais au fond d’elle… elle sait que ce rendez-vous pourrait changer le destin de sa mère.
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