LE PACTE

785 Words
Grâce passa près d’une heure à se préparer. Elle ouvrit son armoire, sortit une robe simple mais élégante, couleur bordeaux, qui mettait en valeur sa peau caramel. Ses mains tremblaient encore à cause des révélations de l’hôpital, mais elle se maquilla légèrement pour cacher ses yeux gonflés de larmes. Devant le miroir, elle inspira profondément. — C’est juste un dîner… calme-toi. Elle ne savait pas ce qu’Alex voulait lui dire, mais une partie d’elle espérait une aide… ou au moins une distraction après cette journée infernale. À 19 heures, elle arriva à l’adresse qu’il avait envoyée : un restaurant luxueux, feutré, éclairé par des chandelles, avec une musique douce flottant dans l’air. Alex l’attendait à l’entrée. Quand ses yeux se posèrent sur Grâce, son regard changea. — Waouh… Tu es magnifique, dit-il en souriant. Grâce sourit timidement. — Merci. Toi aussi tu es très élégant. Ils s’installèrent à une table dans un coin intime du restaurant. Ils échangèrent quelques banalités, parlèrent du travail, du retour d’Alex au pays, de la soirée de fiançailles de la veille… Puis, après le dîner, alors que les assiettes venaient d’être retirées, Alex s’éclaircit la gorge. C’était le moment. — Grâce… j’ai quelque chose à te dire. Grâce sentit son cœur s’arrêter une seconde. — Quoi ? demanda-t-elle doucement. Alex posa ses coudes sur la table, joignant ses mains comme pour se donner du courage. — Ne pense pas que je te manque de respect… ou que je te prends pour n’importe qui. Il souffla. — C’est… un accord. Un arrangement. Grâce fronça les sourcils. Alex continua : — Je veux… que tu portes mon enfant. Elle ouvrit grand les yeux, figée. — Par injection… ou par contact direct… c’est toi qui choisis, précisa-t-il. — En échange… tu auras l’argent que tu voudras. Et ne t’inquiète pas, je ne suis pas pressé. Tu peux réfléchir… prendre ton temps… Mais Grâce ne prit aucun temps. Elle baissa les yeux quelques secondes, et cette vision lui revint : sa mère allongée sur un lit d’hôpital, pâle comme la mort, ayant besoin d’un rein et de soins urgents. Le médecin annonçant deux millions. Les larmes, la panique, la peur de perdre la seule famille qu’il lui restait. Alors, en relevant les yeux, elle dit : — J’accepte. Alex resta interdit. Grâce enchaîna, d’une voix calme mais ferme : — Et je veux… deux millions cinq cent mille dollars. Alex cligna des yeux, surpris par sa précision et sa rapidité. — Deux millions cinq cents… tout de suite ? Elle hocha la tête. — Oui. Et je voudrais l’argent maintenant. Alex se redressa sur sa chaise. — Je peux te donner la moitié… et l’autre moitié quand tu seras enceinte. C’est plus logique, dit-il. Mais Grâce secoua la tête. — Non. Donne-moi deux millions d’abord. Tu n’as pas à t’inquiéter pour moi. Je tiendrai ma parole. Il la regarda longuement. Elle ne tremblait pas. Elle ne négociait pas. Elle affirmait. Et dans ses yeux, il y avait quelque chose de différent : la détermination d’une femme prête à tout pour sauver sa mère. Alex soupira, impressionné malgré lui. — D’accord. On se voit demain matin, je t’apporterai l’argent. Grâce hocha la tête, le cœur battant. Ils se dirent au revoir devant le restaurant. Alex embrassa sa main, sourire charmeur. — À demain, Grâce. Elle partit sans se retourner. --- Le Retour à l’Hôpital Le taxi filait dans la nuit, la ville défilant en lumières floues derrière la vitre. Grâce, seule, serrait son sac contre elle, incapable de penser à autre chose qu’à sa mère. Elle n’avait rien dit à Alex. Ni l’hospitalisation. Ni les deux millions pour la greffe. Il ne savait rien. Et c’était mieux ainsi. Quand elle entra dans l’hôpital, l’odeur du désinfectant lui brûla la gorge. Elle marcha rapidement jusqu’à la chambre, où sa mère dormait, fragile, les machines bipant à intervalle régulier. Grâce s’assit à côté d’elle et prit sa main. — Maman… je vais te sauver. Je te le promets. Une larme roula sur sa joue. --- Du côté d’Alex Pendant ce temps, Alex rentra chez lui en sifflotant, l’air satisfait. Il retira sa veste, alluma un verre de whisky, puis se laissa tomber sur son fauteuil en cuir. — Enfin… souffla-t-il. Enfin il touchait son objectif. En donnant un héritier à la famille, il deviendrait officiellement l’héritier de son père et de son grand-père. Des milliards en jeu. Un empire. Un nom. Et dans son esprit, une seule phrase tournait : — Je le mérite. Je travaille bien. Bientôt… tout sera à moi. Il sourit, convaincu que demain serait le début de sa victoire. Sans savoir que, pour Grâce… demain déciderait de la vie ou de la mort.
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