L'AUBE DE SACRIFICE

786 Words
La nuit était tombée depuis longtemps lorsque Grâce, incapable de dormir, se leva de sa chaise d’hôpital. Les lumières blanches du couloir lui faisaient mal aux yeux, mais elle n’avait pas le choix : elle devait parler au médecin tout de suite. Elle marcha jusqu’au bureau de garde et frappa doucement. — Entrez, répondit une voix fatiguée. Grâce poussa la porte. Le docteur, encore en blouse, révisait un dossier. — Docteur, excusez-moi… c’est urgent. Sa voix tremblait légèrement. — Mademoiselle Grâce ? Tout va bien ? — Écoutez… dit-elle en serrant ses doigts. Pour ma mère… le rein. Je vous demande de faire tout ce qu’il faut pour en trouver un. L’argent… sera disponible demain, à 11h. Le docteur fronça les sourcils. — Vous êtes sûre de pouvoir payer les deux millions ? Grâce hocha la tête avec assurance, même si son cœur battait trop vite. — Oui. Je vous en supplie, commencez les recherches. Et si possible… qu’elle soit opérée demain. Sa vie dépend de vous. Le docteur soupira, mais accepta. — Très bien. Je vais lancer la procédure dans la nuit. Votre mère a besoin d’une intervention rapide. Nous ferons notre maximum. Grâce murmura un « merci » avant de sortir. --- La nuit dans la chambre Elle retourna dans la chambre de sa mère, où seul le bip régulier des machines rompait le silence. Elle s’allongea sur le lit d’appoint et sortit son téléphone. Elle écrivit rapidement : Grâce → Alex : Je suis déjà à la maison. Bonne nuit. Quelques secondes plus tard, il répondit : Alex : D’accord ma belle. Moi aussi je suis déjà au lit. Bonne nuit. Grâce verrouilla son téléphone et soupira. Elle ferma les yeux… priant pour que demain ne soit pas trop tard. --- Pendant ce temps — Chez Alex Alex fixait le plafond de sa chambre. Impossible de dormir. Il repensait à la somme que Grâce lui avait demandée. — Deux millions… et moi j’ai deux millions cinq cent mille en tout. Il se gratta la tête. Son père avait arrêté de lui envoyer de l’argent depuis qu’il était devenu « adulte ». Et comme Alex venait juste de rentrer au pays, sans travail stable… ce compte était tout ce qu’il lui restait. — Si mon père apprend que je fais un retrait aussi gros… il va poser des questions. Puis il haussa les épaules. — Bah… il ne sait même pas que j’ai ce compte-là. Il sourit en coin. — Au pire… c’est un investissement. Après tout, je vais devenir l’héritier. Je le mérite, je travaille bien… Il se retourna dans son lit, enfin serein. Demain, il deviendrait plus proche de son rêve. --- Le matin — 7h30 Anne entra dans l’hôpital en courant presque. Elle n’avait pas dormi longtemps, mais elle s’était levée avec une boule au ventre. Elle voulait voir Grâce et sa mère avant son rendez-vous avec Jordan. Elle traversa le couloir, salua une infirmière, puis trouva Grâce devant la chambre. — Grâce ! Elle s’approcha, essoufflée. — Comment va maman Christel ce matin ? Grâce haussa les épaules, les yeux marqués par la fatigue. — Elle dort… et les médecins lancent les recherches pour un rein. On attend. Anne entra doucement dans la chambre, toucha la main froide de maman Christel et murmura une petite prière. De retour dans le couloir, elle fouilla dans son sac et sortit une enveloppe. — Tiens, dit-elle en la tendant à Grâce. Grâce ouvrit la bouche, surprise. — Anne… non. Tu as déjà fait beaucoup. — Prends. Anne força un sourire. — Ce n’est pas grand-chose, mais ça aide pour les soins. Je n’ai plus mon contrat, tu sais, je fais juste des petits travaux journaliers… mais ce que j’ai, je partage. Les yeux de Grâce se remplirent de larmes. — Merci, Anne… tu n’imagines pas ce que ça représente pour moi… Anne prit sa main et la serra doucement. — On est des sœurs de cœur, non ? On se laisse pas tomber. Jamais. Grâce hocha la tête, émue. Anne regarda l’heure. — Je dois filer… Jordan m’attend. On a un rendez-vous chez ses parents. — D’accord… allez-y. Et merci encore. Anne lui fit un signe de la main avant de partir. --- Chez Jordan La maison de ses parents était grande et chaleureuse. Jordan l’attendait devant le portail, un sourire éclatant sur le visage. — Ma fiancée ! dit-il en la prenant dans ses bras. Anne sourit malgré sa fatigue et ses préoccupations. — Mon amour… tu m’as manqué. — Toi aussi, dit-il en la guidant vers l’intérieur. — Viens, on doit parler de quelques choses importantes aujourd’hui. Anne sentit son cœur se serrer. Elle espérait que ce soit une bonne nouvelle.
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