Chez Grâce et Alex – Le contrat de l’ombre
Le salon d’Alex était silencieux, trop silencieux.
Grâce avait entre les mains les feuilles du contrat qu’il lui avait donné.
Son cœur battait à toute vitesse, mais elle resta concentrée, ligne par ligne.
Alex, assis en face d’elle, la regardait avec un calme presque dérangeant.
— Tu as bien tout lu ? demanda-t-il doucement.
Grâce prit une dernière inspiration et posa le document.
— Oui… j’ai tout lu.
— Et tu acceptes ? insista Alex, les yeux rivés sur elle.
Elle hésita, mais finit par hocher la tête.
— Je signe.
Elle prit le stylo, ses doigts tremblants, et apposa sa signature à la dernière page.
Alex sourit, un sourire lent, satisfait.
— Parfait.
Il se leva, ouvrit un tiroir, sortit une enveloppe épaisse et la tendit à Grâce.
— Voici l’argent. L’intégralité.
Grâce prit l’enveloppe avec émotion.
— Merci… Alex… tu n’imagines pas ce que ça signifie pour moi.
— Je sais, répondit-il froidement.
— Et n’oublie pas : dans deux semaines.
Grâce rougit légèrement, baissant les yeux.
— Oui… j’ai choisi… le contact direct.
— Mais je suis… au règles. Je ne peux rien faire maintenant.
Alex hocha la tête.
— Dans deux semaines, alors.
Il s’approcha d’elle.
— Je t’enverrai l’adresse exacte. On fera ça proprement… sans que personne ne sache.
Elle se leva.
— Je dois aller.
— Très bien. On se revoit bientôt, Grâce.
Elle sortit… le cœur lourd, mais déterminée à sauver sa mère, quoi qu’il lui en coûte.
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À 10h – À l’hôpital
Grâce arriva essoufflée au bureau administratif de l’hôpital, l’enveloppe serrée dans la main.
Elle déposa l’argent sur le comptoir.
— Bonjour… je viens déposer la somme pour l’intervention de ma maman, Christel Mbala.
L’agent comptable compta rapidement, tamponna un reçu et lui tendit.
— Merci. Vous pouvez aller voir le docteur Kamanda, il vous attend.
Grâce courut presque.
Dans le bureau du docteur, l’air était sérieux mais pas sombre.
— Docteur, j’ai tout apporté, dit Grâce en reprenant son souffle.
— L’argent… pour les soins.
Le docteur la regarda longuement.
— Vous avez fait vite. C’est bien.
— J’ai une nouvelle importante.
Grâce sentit son cœur bondir.
— Docteur… dites-moi…
— Le rein sera disponible demain à 7h.
Les yeux de Grâce s’ouvrirent largement.
— Demain ? Déjà ?!
— Oui.
Le médecin se pencha légèrement vers elle.
— Il s’agit d’une femme atteinte d’un cancer du sein en stade très avancé. Elle sait qu’elle n’a plus beaucoup de temps… et elle veut donner ses organes pour sauver d’autres vies.
Grâce porta une main à sa bouche, émue.
— C’est… c’est incroyable.
— Elle donne tout ça gratuitement ?
— Gracieusement, oui.
Mais comme elle a une famille, l’hôpital prévoit un geste symbolique : un million doit être donné à sa famille.
Grâce ouvrit grand les yeux.
— Mais… ça veut dire que…
— L’opération peut se faire demain à 7h, confirma le docteur.
Grâce se leva, les larmes aux yeux.
— Merci docteur. Merci… vous n’imaginez pas ce que vous venez de dire là. Je… je vais préparer maman.
— Revenez ce soir pour les derniers papiers, dit le docteur avec un sourire chaleureux.
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Chez Anne – Une annonce inattendue
Anne, de son côté, venait d’arriver chez ses parents.
Elle entra dans le salon où sa mère préparait du thé et où son père lisait son journal.
— Maman… papa… je dois vous dire quelque chose.
Sa mère leva la tête immédiatement.
— Anne ? Tu me fais peur. Qu’est-ce qui se passe ?
Anne inspira profondément.
— Jordan… veut m’épouser.
Un silence.
Puis sa mère lâcha la tasse qu’elle tenait.
— Quoi ?!
Son père posa son journal, bouche ouverte.
— Répète un peu ce que tu viens de dire ?
Anne se mit à sourire.
— Il m’a demandé en mariage… et… j’ai accepté.
Sa mère porta une main à son cœur.
— Seigneur ! Enfin !
Elle embrassa sa fille.
— Mon Dieu, je suis trop heureuse !
Son père se leva, les bras ouverts.
— Anne, ma fille, tu sais combien on aime Jordan. Il est pauvre mais il est honnête. Tu as bien choisi.
Anne sourit encore plus.
— Mais il veut qu’on se marie… le 9 août.
Nouveau silence.
— Le 9 août ?!
— Mais c’est dans trois semaines ! s’exclama sa mère.
— Oui justement… on n’a pas beaucoup de temps.
Son père ouvrit un tiroir et sortit son téléphone.
— Il faut annoncer ça à la famille ! Aux oncles, aux tantes, à tout le monde !
— On doit commencer les préparatifs dès aujourd’hui !
Sa mère sautillait presque de joie.
— On va faire ce mariage, ma fille. Même si c’est simple, ça sera beau.
Anne sourit, le cœur rempli d’amour et d’un léger stress.
Mais au fond d’elle… elle sentit une petite inquiétude.
Jordan avait perdu son travail depuis un mois…
Et maintenant, un mariage précipité…
Quelque chose n’était pas clair.