Comme j'en ai l'habitude; j'ai encore fait la grasse matinée. Hier j'ai passé une merveilleuse soirée avec Makhou. A croire que passer du temps avec lui est toujours fabuleux.
Je vais prendre une douche rapidement et me dirige vers le dressing. Comme je compte sortir; je mets juste une robe simple serrée m'arrivant presque au genoux de couleur noir avec un léger chemisier assez long rose qui me sert de gilet. Je mets ensuite mes talons hauts et réarrange mes cheveux brésiliennes. Je me maquille légèrement; prend mon sac à main et descend trouver Nany dans la cuisine comme d'habitude.
-MachAllah ma fille! Tu es très belle!
-Merci Nany!
-Tu vas où?
-Je veux juste faire quelque courses.
-hunh! Ces temps ci tu sors un peu trop j'espère juste que tu n'as pas repris tes vielles habitudes!
-Mo! Quelles vielles habitudes ?
-Pas de bêtises daal!
-Compte sur moi! Mon petit dej je dois partir là !
Elle me sert mon repas qui est un délice comme d'AB. Je termine vite fait et le lève
-Bon! J'y vais!
-Attends...tu ne demande pas à Baba de te déposer?
Me propose t-elle. Baba non! Je préfère prendre un taxi.
-pas grave!
-comme tu veux. Rentre vite!
-D'accord Nany.
Je prend un taxi qui me dépose devant la maison. Je trouve Maty assise seule dans la cours en train de laver le linge. Je la salue et demande après Omar. Elle me demande de l'attendre dans le salon et j'y vais.
Je m'installe; croisant les jambes et m'adossant au fauteuil; je prends la télécommande; Dieu seul sait combien de fois j'ai rêvé la tenir ainsi. Avant c'était Bousso qui zappait et je me contentais de ce qu'elle voulait regarder car je n'osais pas lui demander de laisser un programme.
Omar entre et souris en me voyant. Il à l'air heureux de me voir. Dommage qu'à partir d'aujourd'hui il doive me détester mais je n'y peux rien. Dans la vie il faut savoir faire des choix et assumer les conséquence. Je suis prête à renoncer à lui pour parvenir à mes fins.
Après nous être salué; il a commencé la discussion alors que moi; j'attends patiemment Momar.
Ce dernier se pointe quelques minutes après moi.
Il nous rejoins dans le salon et nous salue. Il demande ensuite à Omar de lui appeler mon oncle mais je lui demande d'appeler tout le monde par la même occasion.
D'abord surpris, il finit par exécuter sans broncher. En moins d'une minute; tout le monde est là: et je fus surprise de voir ma mère accompagnée de Kiné; ma demie sœur.
Des qu'elle me vois; elle se met à gueuler:
-QUE FAIS CETTE FEMME PAR ICI?
-Quoi? Tu la connais?
Lui demande Omar surpris.
-comment ne pas connaitre cette s*****e qui a brisé mon ménage?
Oh! Super bonne nouvelle! Dame maman a divorcé!!! Je souris satisfaite ce qui l'irrite davantage.
-SORS D'ICI ESPECE DE...
-Hey! Boury tu te calmes d'accord!
Lui demande mon oncle sous les regards de toute l'assistance.
-NON JE NE VAIS PAS ME CALMER TANT QUE CETTE EFFRONTÉ EST LÀ!
-BOURY ASSIEDS TOI! DOO DÉG?
Crie Momar qui sait qu'elle ne doit pas m'énerver là. Elle s'assois après m'avoir lancé un de ces regards!
J'ignore si c'est dû au fait qu'il soit l'ami de mon oncle ou simplement parce qu'il est le proprio de cette maison que Momar est si respecté.
-Momar qu'y a t-il?
Demande mon oncle. Momar se racle la gorge avant de lui dire:
-Je voulais juste te dire que j'ai vendu la maison.
-QUOI?
S'étrangle mon oncle. Mane daal les gens m'exaspèrent quoi! Une personne qui vend sa maison et tu oses lui demander en tant que simple locataire pourquoi elle a vendu sa maison! Tamitt!
Je vous explique l'indignation de mon oncle: primo il sait qu'à part son ami Momar; je ne pense pas qu'il existe une autre personne capable de lui pardonner sans broncher ses retards dans le payement du loyer.
Je m'explique : cette maison est normalement au nom de mon oncle. Pourquoi: elle appartenait à mon grand père qui l'a laissé à ses deux enfants uniques.
Hors mon oncle avait un très grand magasin jadis. Et comme vous le savez bien; il existe des hommes de son genre qui; dés que la fortune commence à se faire sentir; ils se retournent vers les minettes.
Le pauvre a eu la malchance de tomber sur une mbaraneuse professionnelle qui s'est assuré de bien le foutre dans la pauvreté. Hors les magasins; c'est les magasins; pas d'argent pas de marchandise et pas de marchandise ; pas d'affaire.
Il était en faillite et il lui fallait beaucoup d'argent. Il a fini par s'endetter et n'ayant pas eu le choix il a hypothéqué la maison à son dit meilleur ami. Comme les bons comptes font les bons amis; il a mis la propriété en son nom et depuis lors il est réduit en locataire. C'est pour cette raison qu'il lui pardonne parfois les retards de payement et autres.
Depuis cette histoire mon oncle a vu son amour croitre pour les billets: il était en quête perpétuel d'argent pour récupérer la maison et sa situation financière d'avant. C'est sûrement pour cela qu'il a voulu me vendre wayé douko déffati.
-Yaw Momar comment as tu pu me faire ça?
-GOGNE ça fait des années maintenant depuis que je te demande mon argent. J'en ai besoin!
Lui répond il! Évidemment il a raison!
-Mais je t'avais dit que j'allais trouver l'argent très rapidement !
La j'active le magnétophone de mon portable avant d'intervenir;
-Khana c'est l'argent qu'on t'avait payé contre Oumou ?
-QUOI?
Me demande t-il surpris que je dois au courant. Je souris tandis que tous les regards son braqués sur moi. Omar me crie presque.
-Leyla de quoi parles tu?
-Demande le à ton père!
Lui dis-je simplement.
-Gogne de quoi parles t-elle?
Demande YAMA. Mdr...donc on se souciait de mon bien être dans cette maison?
Mon oncle; le visage crispé me regarde et je lis de la crainte dans ses yeux. J'adore leur inspirer ce sentiment d'autant plus que c'est une première tout ça. J'arque un sourcil en perçant son regard
-Gogne explique leur que tu as trouvé des gens qui t'ont payé une fortune en échange de ta nièce.
-GOGNE?
S'indigne ma mère. Il s'apprêtait à gnier et là; comme par réflexe je me lève du fauteuil et le toise.
-Ose gnier que tu as voulu vendre Oumou. Que le jour même de sa mort tu voulais la donner comme une vulgaire marchandise. Que la pauvre était prise de panique car elle allait être torturée et probablement tuée pour des sacrifices; que toi même tu le savais. Qu'elle t'a imploré; qu'elle a pleuré; que la pauvre sans défense a même tenté de s'enfuir mais que toi tu as voulu la forcer jusqu'à la pousser pour qu'elle tombe ici même et qu'elle en meurt à l'instant. Explique leur qu'apres ton acte ignoble comme le lâche que tu es tu as fuis! Vas y ! Parle!
-QUOI?
S'indigne à la fois tout le monde. J'ai les larmes aux yeux; tellement je suis en colère.
-GOGNE YA BONE!
Crie sa femme.
Ma mère se lève à son tour et l'attrape par la colle;
-GOGNE DIS MOI QUE C'EST PAS VRAI! DIS MOI QU'ELLE MENT!
Elle parle en pleurant et en le secouant dans tous les sens tandis qu'il se laisse faire.
-Je...je ne voulais pas...
-DONC C'EST VRAI? AY GOGNE...
-YAW LA FERMES!
Criais-je à ma mère hors de moi même ne pouvant plus supporter tant d'hypocrisie. Elle me fixe avec ses yeux larmoyants; surprise par ma réaction et j'enchaîne:
-DONC TU SAVAIS QU'ELLE ETAIT TA FILLE? TU AS PREFERE L'IGNORER: FAIRE COMME SI ELLE N'EXISTAIT PAS JUSTE POUR UN HOMME! TU T'OCCUPAIS DE l'enfant D'AUTRUI TANDIS QUE LE TIEN SOUFFRAIS LE MARTYR DANS CETTE MAISON! SAIS TU QUE TA FILLE RESTAIT PARFOIS DES JOURS SANS SE LAVER ET ELLE RESTAIT DES JOURNEES ENTIERE SANS MANGER JUSTE PARCEQUE MATY N'ETAIT PAS D'HUMEUR POUR S'OCCUPER D'ELLE? SAIS TU QUE YAMA CI-PRESENTE N'HESITAIT PAS A LA BATTRE TOUT EN SACHANT QUE LA PAUVRE ETAIT SANS DEFENSE ET NE POUVAIT S'ECHAPPER? AS TU IDEE DU NOMBRE DE FOIS OU ELLE A ETE MARGINALISEE; TRAITEE DE BONNE A RIEN; DE FILLE FADE? TU L'AS ABANDONNÉ ICI A SON SORS ALORS QU'ELLE T'AIMAIS TELLEMENT! ELLE T'ADMIRAIS; ELLE RESTAIT DES HEURES A TE FIXER EN CACHETTE QUAND TU VENAIS DANS CETTE MAISON et...et tu ne demandais presque jamais après elle...
Terminé-je par dire; la voix cassée. Tout en parlant je pleurais: des larmes de colères, oui je suis en colère. A chaque fois que je me souviens de ces atrocités qu'ils me faisaient vivre juste parce que j'étais différente ; j'ai mal au cœur et cette envie farouche de les étrangler me gagne.
Ils me fixent comme si j'étais un fantôme; je suis un fantôme car pour eux je suis mort et me voilà de retour pour leur faire payer tout le mal qu'ils m'ont fait subir avant de me concentrer sur ma nouvelle vie: être heureuse.
Ma mère qui n'a pas bougé d'une semelle depuis le temps que je parles et qui me fixe avec le visage baigné de larmes me demande d'une voix cassée.
-Mais...qui es tu...
-Qui je suis?!
Ris-je sarcastiquement. Après tout ce que j'ai dit c'est tout ce qu'elle trouve à me répondre? Je me retourne pour prendre mon sac à main tandis que Omar et ses sœurs me fixent avec une expression indéchiffrable; surtout Maty.
Je regarde ma mère; déjà prête à partir; je mets mes lunettes de soleil pour cacher mes yeux bouffis par mes pleurs; ils ne méritent pas de voir mes larmes; la Oumou meurtrie; ils l'ont tués.
-Si tu avais un cœur; tu serais plus intéressé par tes remords: méditer sur le sors que tu as choisi pour ta fille. Elle ne méritait pas tout ça; tout ce qu'elle voulait; c'était d'affection mais comme ma personne semble tant t'intéresser; vois moi comme le fantôme de ta fille qui es revenue pour vous faire payer! Et vous allez commencer par foutre le camp de ma maison. Des demain j'envoie des hommes pour qu'ils viennent s'assurer que vous êtes bien dehors!
-Aÿ ma fille s'il te plait ne nous fait pas ça;
Me supplie tante Yama en s'accroupissant devant moi. La vergogne et l'amour propre; elle ne les a jamais eu. Ses supplications ne font qu'empirer la situation car ils m'ont rappelés quand elle me donnait des coups de tiges de cerisier sur mon dos et que j'implorais son pardon dans le néant.
Je la regarde et je suis tellement énervée que les larmes me remontent aux yeux.
-Lima deff ni sakh damako khép! Ne croyez pas que j'en ai terminé avec vous! Et je parle pour toi!
Dis-je en m'adressant à mon oncle qui semble toujours confus .
Sur ce; je sors les laissant seuls.
C'est comme si on venait m'enlever un sacré poids. Même en marchant vers la route pour avoir un taxi; je continue de pleurer à cause des souvenirs.
Je compte faire inculper mon oncle avec cet enregistrement que j'ai fait. Quand je disais qu'il allait me le payer je parlais du prix fort.
Je m'arrête et attends patiemment pour une voiture quand une voix me fait sursauter:
-Es tu heureuse maintenant ?
Je regarde à ma gauche pour m'apercevoir qu'il s'agit du vieux de l'autre jour; dans sa même tenue mais debout cette fois-ci. Normalement je devais courir mais avec toute la vague de choses bizarres qui me sont arrivés dernièrement; il ne me fait plus peur.
-Je suis soulagée!
Il accentue son rire effrayant.
-Quand je t'ai dit que les choses ne sont pas ce qu'elles semblent être on dirait que tu ne m'as pas compris!
Pour vous dire je n'ai rien capté de ce qu'il m'avait dit la dernière fois. Comme si il lisait dans mes pensée ; il me réponds
-la prochaine fois qu'on se reverra je te dirais quelque chose qui te feras regretter ce que tu viens de faire!
-je ne pense pas qu'il existe quelque chose en ce monde qui puisse me faire regretter quoi que ce soit!
-Oumou Kalsoum...ce qui est beau dans le passé est qu'il intervient dans tous les autres temps!
-justement! C'est à cause de mon passé qu'ils vont souffrir!
-et c'est à cause de leur passé à eux que toi tu soufriras pour les avoir fait souffrir!
Je fronce les sourcils.
-je ne comprends pas !
Lui dis-je innocemment prise d'une pincée de panique.
-Qui vivra verra!
Me dit il simplement avant de se retourner prêt à s'en aller. Sa démarche nonchalente; aidée par un grand bâton lui servant de canne me distrait pendant un bon moment.
Un klaxon me fait me retourner pour voir Baba avec ma voiture. Sachant que c'est lui je jette un dernier regard en direction du vieillard; je ne le vois plus. Il a disparu encore.
Je rejoins Baba.
Qu'a bien voulu dire le vieux? Toujours aussi énigmatique! Toutefois je suis sûre à cent pourcent que je ne regretterais pas car pour regretter il fait que je leur pardonne hors ce qu'ils m'ont fait est impardonnable. Mon vieux je pense que vous vous êtes trompés dé.