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1210 Words
Un nuage de vapeur s'élève devant moi. Je ne suis plus dans le cercueil de verre, je suis couchée sur un lit blanc. Une lumière aveuglante me fait fermer les yeux. J'accroche de ma main droite une barre du lit de toutes mes forces et celle-ci me reste dans la main. - Oula doucement, me fait une voix d'homme. Je le regarde approcher vers moi. Je vois flou mais tout devient soudain plus net. C'est l'homme à lunettes et il semble aussi excité que terrifié. - Tout va bien, me dit-il sur un ton qui se veut rassurant. Cela ne me rassure pas. - Je vais juste regarder que tout aille bien et on t'emmènera dans ta chambre. Je le laisse faire. Il semble nerveux. Je le suis du regard pendant tous ses faits et gestes. - Test oculaire, dit-il en plantant une lumière aveuglante dans chacun de mes yeux.  Il se retourne et griffonne quelque chose dans son carnet. - Test auditif, dit-il ensuite en claquant des doigts devant chacune de mes oreilles.  Il regriffonne quelque chose. Il me fait plusieurs autres tests pendant dix minutes puis me fait asseoir sur le lit. La pièce est blanche et un grand miroir me fait face. Je distingue à travers, les ombres d'une douzaine de personnes qui me regardent. Je ne dis rien mais m'exécute. Le bruit d'un néon au plafond me fait tourner la tête et tout à coup, je suis prise de vertige. Je suis allée trop vite. L'homme le remarque. - Tout va bien ? J'ai honte, je ne veux surtout pas montrer un signe de faiblesse de ma part. Je le regarde sans ciller et ne réponds pas. Il déglutit et se tourne vers un micro sur une table dans un coin de la pièce. Il appelle deux agents et deux minutes plus tard, deux hommes en costume noir font leur entré. Ils se ressemblent et ne trahissent aucune émotion, ils ne semblent pas du tout terrifiés par ma présence. Mais en y regardant mieux, ils portent tous deux des armes à feu à leur ceintures. Donc ils sont tout de même sur leurs gardes. - Vous pouvez l'emmener. Comme toute bonne personne qui se respecte, j'aurais demandé « m'emmener où ? », mais en fait, sérieusement, je m'en fous. Les deux hommes s'approchent de moi et me menottent les mains. Bizarre. Mais franchement, je doute que les menottes résistent si je tire dessus. Je ne le fais pas, et je me lève pour les suivre.  Mes muscles se tendent et ce réveil au contact du sol en marbre. Je suis pieds nus, mes cheveux sont mouillés et je porte un habit bizarre, une sorte de b***e noire moulante m'entoure le corps jusqu'à mes genoux, laissant ma peau apparaître à certains endroits. Certainement fait exprès pour tous leurs tests bizarres.  Les hommes en noir me prennent les bras et m'emportent avec eux. Ils sont grands et je dois courir à côté d'eux pour garder le même rythme. Je m'en sors bien et je garde la tête haute. Je ne sais pas trop pourquoi je fais ça.  Je les suis pendant dix bonnes minutes dans un labyrinthe de couloirs. On arrive ensuite dans une salle au plafond haut où plusieurs cellules vides s'entassent. On traverse le tout et arrivé vers le fond, l'un des agents me tire vers la gauche et ouvre la porte d'une des cellules. - Numéros Treize, voici ta chambre. - Chambre ça ? Dis-je d'une voix enrouée du fait de ne pas avoir parlé depuis, sans doute, longtemps. Cellule oui. Ils ne me répondent pas. M'enferme et s'en vont.  La chambre/cellule est blanche comme tout le reste que j'ai vu jusqu'à maintenant. Elle comporte un petit lit dans un coin de la pièce, un miroir et un lavabo de l'autre côté. J'ouvre un petit compartiment et je découvre des toilettes minuscules. Je m'assieds par terre. Le sol est froid quand je pause mes fesses, mais je suis aussi froide que le reste. Je m'allonge et regarde les néons au plafond scintiller. Je reste comme ça pendant une journée, voire deux. Je ne sais pas. Les cellules à côté de la mienne se remplissent peu à peu. J'en déduis que des personnes qui me ressemblent sont en train de passer les mêmes tests que les miens, pour ensuite venir s'entasser dans les cellules. Certains font du bruit en rentrant dans la leur, d'autres posent des questions à tout va sans interruption. - Qu'est-ce qu'on fait ici ? - Où est mon père ? Je soupire d'agacement et lève mon bras en l'air pour m'étirer. Je remarque soudain un tatouage de lierre autour de mon poignet. Aller savoir comment je me souviens de cette plante au feuille pointu. Il est fin, rouge et vert. Il entoure mon poignet comme un serpent et part vers ma main et vers le haut de mon bras. Je n'y comprends rien... Pourquoi ai-je se motif sur moi ? De toute façon, je m'en fiche. Les autres personnes comme moi posent encore des questions... des questions où aucun homme en noir ne répond et ils ne répondront certainement jamais. Moi, je m'en fous.  Un peu plus tard, un homme me glisse un plateau chargé de nourriture. Je me contorsionne pour l'atteindre sans me mettre debout, je l'attrape et j'en inspecte le contenu. Une genre de grosse pâte cuite et beige repose dans une assiette et un morceau jaune avec des trous est posé à côté. Un verre avec de l'eau juste derrière. Oui, l'eau, je me souviens de ce que c'est. Mais le reste... je prends la pâte et croque dedans à pleines dents. Je n'ai pas faim, mais je mange pour passer le temps. Je n'ai même pas la sensation du goût. Je me remets sur le dos et mâche le morceau jaune en contemplant les néons au plafond. Un bruit de pas me parvient du côté gauche de ma cellule. Je regarde le bas du mur qui se termine en barreaux et remarque que des hommes en noir ont enfermé quelqu'un dans la cellule à côté de la mienne. Je distingue juste un pantalon noir et des pieds nus. Il marche, fait le tour de sa cellule et disparaît sur son lit.  Je me remets à contempler les néons au plafond. Des personnes hurlent leur détresse tandis que d'autres balancent des phrases d'injures dans tous les sens. Une personne face à ma cellule pleure de toutes ses larmes et hurle qu'elle veut retrouver sa famille. Elle m'exaspère. Je me mets debout et vois le miroir au-dessus du lavabo. Je le décroche du mur et me contemple dedans. J'ai un visage long, des sourcils épais et noirs et des cheveux noirs. Sur le bout de mon nez, des petites taches de rousseur rendent mon teint effrayant plus délicat, mais, mes yeux d'un bleu profond cerclés de noir et d'un diamètre plus grand que la moyenne rendent mon visage bestial et inquiétant. Je crois que j'aime bien l'image que je donne. J'esquisse un sourire. Je suis d'une beauté catégorisée effrayante. Je comprends finalement les regards inquiets de l'homme à lunettes quand je suis seule avec lui. Je m'assieds sur le lit, m'installe confortablement et me laisse aller dans un sommeil semi-profond.
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