Chapitre 2

2116 Words
L'infirmière me regarde bizarrement: comme si j'étais une folle et ce n'est que là que je me dirige vers mon bureau. L'air exaspérée. Dire que j'ai défié Papi pour passer une journée pareille!  Pour le moment je n'ose pas rentrer à la maison. Je sais qu'il va piquer une crise ou m'engueuler davantage. Le mieux que je puisse faire c'est attendre juste quelques minutes le temps de m'assurer qu'il est bien au garage comme ça je ne cours pas le risque de le rencontrer. Peut être qu'à sa descente il se sera calmé. On frappe à la porte et je demande paresseusement à la personne d'entrer et elle s'exécute: il s'agit de Nazir; le directeur. -Bonjour Anta! Déjà que je suis surprise de le voir ici. Je ne savais même pas s'il connaissait mon prénom ou même s'il se souvenait de l'emplacement de mon bureau: à moins qu'il se soit trompé de chemin. -Bonjour!  Finis-je par dire. -Ça va? J'ai cru comprendre que tu étais de garde hier soir alors ça m'a surpris de te voir tout à l'heure pénétrer dans ton bureau! Où est Viviane ? Viviane est mon collègue; c'est elle qui doit passer les consultations aujourd'hui. Je suppose qu'elle ne va pas tarder à débarquer sur ses talons de petite minette et sa gueule de petite ange que tout le monde trouve sympathique. Je la hais cette fille! Je jurerai même que c'est elle qu'est venu voir Nazir et ayant vu que c'est moi qui suis présente; il se sent obligé de me faire la conversation.  -On m'a informé que le patient 4 de la salle B était réveillé c'est pourquoi je suis revenu. Dis-je fermement m'attendant à ce qu'il reparte juste après.  -Patient 4? Mais...il n'y a pas de patient 4 à la salle B Anta! Ou bien tu parles de la salle A? Je le regarde sans lui répondre; décidément! Je pense que je vais perdre la tête m***e! Je me suis moi même tout le temps occupé de ce patient de la salle B sur le lit 4 depuis son admission dans cet hôpital et depuis plus d'un mois encore m***e! Je ne suis pas folle bordel! En même temps je ne prendrai même pas le temps de m'expliquer ou dire quoi que ce soit à qui que ce soit. De nature je ne parle que pour le nécessaire! J'ai trop la flemme de blablater.  Je souffle simplement en ramenant les mains sur ma face et je l'entends prendre place.  -Anta? Est ce que tu n'aurais pas des problèmes par hasard? Sa voix compatissante est empli d'affection ; ce qui semble être une première depuis que je suis ici. Je suis persuadée que mes gens oublient même mon existence des fois et je leur facilite la tâche en ne m'occupant que de ce qui me regarde. Je ne sais pas ce qui lui arrive à m'adresser la parole mais bon! Je vais devoir noter que j'ai une journée bizarre qui s'annonce alors tout est permis! -Quelques troubles dans mon ménage! Mais ça va s'arranger ! Finis-je par lâcher après quelques minutes de silence. -Tu en es sûre? Si tu veux on peut en parler autour d'un petit déjeuner; c'est moi qui invite! Fit-il d'un sourire digne d'une pub de dentifrice. Qu'est ce que je disais? Aujourd'hui mom c'est une journée à l'envers qui s'annonce. Je l'épie pour voir s'il est vraiment sérieux ou s'il ne s'est pas trompé. Mais il semble serain. Tant pis! Ce n'est pas à lui que je vais déballer ma vie; s'il veut d'une perruche pour animer son repas il n'a qu'à en chercher ailleurs mais ce ne sera pas moi. -Non! Je rentre! Lui dis-je en prenant mes clefs ainsi que mon sac sous son regard indescriptible ; de toute façon je ne me soucie pas de ce qu'il peut ressentir actuellement; surprise ou choc je m'en fiche. Je sors rapidement du bureau le laissant toujours sur la même position. En sortant il fermera; de toute façon j'aperçois Viviane arriver. Sans la saluer; je la dépasse pour me diriger vers ma voiture et je fonce directement chez moi.  Une fois garrée devant ma demeure; je descend; et franchit la porte; sûre qu'il n'y a ni Papi ni mon fils Aly dont ça fait deux jours maintenant que je n'ai plus revue la petite face. Hier quand je suis rentrée; il était déjà endormi dans la chambre de sa grand-mère qu'il aime plus que moi de sûr. Actuellement il doit être à l'école et son père au boulot. J'aperçois Awa sortir de la cuisine; revenant sûrement du marché et sans trop m'attarder sur autre chose; j'entre dans ma chambre.  Je dépose mon sac et me déshabille pour me relaxer sous la douche mais en rangeant les vêtements que je viens d'enlever; je vois à travers le miroir la silhouette du même jeune homme: le patient 4B; debout contre le mur; un sourire au coin. Automatiquement je lance un cri aigu en me retournant pour tomber sur ses yeux gris. -Calme toi! -QU'EST CE QUE TU FOUS DANS MA CHAMBRE! Fis-je de stupeur face à son rire amusé. La porte s'ouvre hâtivement sur Awa qui semble alertée par mon cri: -Anta? Qu'y a t-il? Me demande t-elle alors que d'une main tremblante et avec le visage baigné de larmes je lui montre le jeune homme qui garde son calme et son air amusé. Elle regarde en sa direction; les sourcils froncés; elle se retourne vers moi: -Quoi? Je ne vois pas de quoi tu parles! Me répond-elle l'air inquiète: -Il n'y a que toi qui puisse me voir ou m'entendre Ndeye Anta! Arrête de te ridiculiser! Réplique le jeune homme. -m***e! DEGAGE D'ICI! JE NE SUIS PAS FOLLE! HORS DE MA VUE! Dis-je en gardant les yeux fermés et les mains bouchant les oreilles comme pour me protéger de sa voix et de son image. Mon Dieu que m'arrive t-il!  Dans ma tête je récite tous ce que je pense pouvoir me protéger de cet esprit mal sain! Au fond de moi; je suis gagnée par la peur. Depuis toute jeune on me le répétais: que tôt ou tard j'allais devenir folle; que je l'étais déjà à cause de mon comportement bizarre: que j'allais perdre la tête...cette fois ça y est! Ils ont eu raison sur moi: je suis devenue folle! Ils ont eu raison! J'ai perdu la tête!  J'ignore à quel moment ma belle mère a été alerté par Awa. Elle est vite accouru pour me prendre dans ses bras; essayer de me calmer de mes cris comme le ferai ma mère; me serrant et récitant des sourates et des incantations.  -Bismillah diam! Anta? Anta que se passe t-il qu'as tu vu? Je continue de pleurer; gardant fermement les yeux fermés et la tête entre les mains; toujours accroupi par terre; face à là où cet être étrange était debout.  -Awa! Cherche dans son sac des somnifères ! Elle en a tout le temps! Celle-ci s'exécute et difficilement; elles arrivent à me donner les comprimés que je bu et qui ne tardent pas à faire effet. A mon réveil; je lance un coup d'œil dans la pièce et arrive difficilement à déceler l'image de Papi qui est assis sur une chaise; en face de moi; chapelet à la main. Il semblait concentré dessus et s'apercevant que je suis bien réveillée; il s'approche de moi et prends ma main délicatement: -Tu vas bien? Demande t-il doucement et je hoche la tête pour dire oui.  Il pose alors ma tête sur son épaule comme pour que je me calme davantage: -Je vais te chercher quelque chose à manger; ensuite tu vas me dire ce qu'il s'est passé! -Non! Non s'il te plait ne me laisse pas seule dans cette chambre; j'ai peur ! Il fronce les sourcils et me force à le regarder:  -De quoi as-tu peur? Tu as vu quelque chose? Je hoche la tête en pleurant et il reprend; -calme toi! Arrête de pleurer et dis moi ce que tu as vu!  -J...je ne veux pas en parler! J'ai trop peur! Avoué-je de crainte de leur dire et de paraitre plus folle que j'en ai déjà l'air. Il souffle exaspéré avant de reprendre: -J'ai appelé tes parents! Ils sont là; on attendait ton réveil pour appeler ton oncle pour qu'il t'amène dans une clinique... -UNE QUOI?! PAPI JE NE SUIS PAS FOLLE! JE TE LE JURE... -Hey! Calme toi! Je n'ai jamais dit que tu étais folle! On va juste t'amener voir des spécialiste... -VOUS ALLEZ M'INTERNER; PAPI JE T'EN SUPPLIE NE LES LAISSE PAS FAIRE!  Sangloté-je. Mes cris ont dûrent alerter les autres: aussi vite mes parents et ma belle-mère font leur entrée et je m'agripe davantage à la chemise de Papi. Celui-ci me lance un regard plein de compassion avant de se tourner vers mon père: -Elle ne veut pas! On ne va pas la forcer! Lui dit-il fermement et à ma mère de répondre: -Papi; on savait tous que tôt ou tard ça allait arriver; elle a toujours montré des signes ! -JE VAIS BIEN MAMAN! -Non chérie! Tu ne vas pas bien et on ne va pas attendre que ton cas s'aggrave pour songer à te soigner! -Ma tante s'il vous plait! Essaye d'intervenir Papi mais mon père lui fait signe de le suivre dehors et ils y vont tous me laissant seule à nouveau en train de pleurer toute seule dans la chambre. Ils pensent que je suis folle.  Dès que la porte se ferme sur eux; sûrement pour que je ne les entende pas;  je me laisse effondrer à nouveau ; le regard vide fixant le plafond. -Ils vont t'interner dans un hôpital pour folle durant toute ta vie; ils vont détruire ta vie ainsi que la brillante carrière qui s'annonçait à toi! Entendus-je dans un rire étouffé. Je sursaute du lit; reconnaissant la voix de ce même homme qui est justement en train de détruire ma vie. Je me bouche les oreilles à nouveau; prête à crier: -Ndeye Anta! N'agrave pas ton cas! Si tu cries ils auront davantage la conviction que tu es folle. J'abandonne alors! Lasse! Sanglotant.  -Ton oncle va arriver dans exactement trois minutes. Il va franchir cette porte; avec ton père ils vont te forcer à les suivre; ils vont t'enfermer dans un endroit infernal; où tu n'auras plus la possibilité de voir ceux que tu aimes ni de faire la seule chose qui te rends heureuse: travailler. Papi va ensuite t'oublier; aimer davantage Awa. Ton fils de même; même si ça ne t'affectera pas car il faut l'admettre Ndeye Anta; tu n'aime personne; pas même ta propre personne. Le jour de ton mariage; tu n'as même pas laissé échapper un sourire ; tout comme à la naissance de ton fils; tu ne laisse échapper aucune gaieté en toi; tu es trop bizarre c'est bien pour ça que tout le monde est convaincu jeune dame que tu es folle!  Je fixe cet être étrange qui ne m'inspire plus de la crainte; mais qui plutôt attise ma curiosité. J'essuye mes larmes tout en défiant son regard. -Moi je sais que tu veux être heureuse. Tu n'y arrives simplement pas! Et crois moi; si tu me fais confiance; je peux t'aider et le jour où tu m'imposeras une limite; je saurais jusqu'où tu peux aller à la quête du bonheur et je te promets que ce jour là; je te dirais qui moi; je suis. Alors? J'écoute son monologue; tout en fixant la porte; essayant d'entendre ce qui se dit dehors. -Ton oncle arrive dans deux minutes!  -p****n TU VEUX QUOI TOI! -Que tu acceptes mon aide! -J'ACCEPTE m***e! Crié-je à nouveau; marre! Lasse! Sûrement je suis en plein cauchemar: c'est la seule chose qui donnerai un sens à ce fichu bordel! Je le vois ouvrir mon tiroir et en sortir le cahier que j'avais pris de ses affaires le jour même où il a été admis à l'hôpital. Il me le lance ainsi qu'un stylo que j'avais posé sur le placard. -Ton oncle Souleymane Soumaré aura une crise cardiaque en plein volant et va avoir un accident; ça fera assez de boucan pour qu'un oublie ta supposée maladie mentale et qu'on ne te parle plus jamais d'hôpital psychiatrique. Ça te va? Je le regarde toujours sans dire mot. -Pour ce faire; écris son prénom au complet dessus tout en gardant en tête son visage. Essaye pour voir! Je m'exécute sur le champ sans prêter attention à ce que je fais. J'inscris le prénom de mon oncle et me laisse tomber à nouveau sur le lit: reste à voir ce qu'il va se passer après.
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