Le cahier du vieux

En descendant du bus; Mishastaa failli tomber jusqu'à ce qu'un jeune homme; d'une beauté envoûtante à point d'être extraordinaire la capte de justesse. La couleur légèrement grisâtre de ses yeux fait qu'elle n'est arrivée à détourner son regard des siens et celui-ci l'ayant remarqué se met à rire. -Ça va? Dans sa timidité ; la jeune fille hoche simplement la tête et le remercie brièvement en se ressaisissant et en reprenant son sac pour partir mais dès qu'elle eut le dos tourné; le jeune homme reprend: -Mishastaa c'est ça? Surprise car le garçon venait de l'interpeler par son pseudonyme de w*****d que bien peu de gens connaissent; elle regarde son portable pensant que c'est parceque le garçon l'a vu sur celui-ci et voyant que son cellulaire était toujours dans sa poche; elle se retourne vers lui; les sourcils froncés.  -Pardon? Lui demande t-elle pensant alors que c'est son imagination qui lui joue des tours. Le garçon rit à nouveau avant de s'approcher: -Tu m'as décris comme un vieux tout moche dans ton œuvre "damnation âme fugitives" et c'est justement pour te prouver que je n'ai pas toujours été ainsi que je suis là devant toi! Mishastaa sourit alors; se disant que c'était une blague. Elle tourne à nouveau des talons pour s'éloigner mais le jeune garçon reprend: -est ce comme ça que tu m'imaginais jeune dame? Elle se retourne à nouveau pour tomber sur le vieux: comme elle se l'imaginait lorsqu'elle le décrivait dans son livre. Là; elle regarde dans tous les sens : où est le jeune homme de tout à l'heure se demande t-elle. Et au vieux de lui sourire à nouveau avec ses dents jaunies : -Je suis là ! Dit-il comme s'il avait lu dans ses pensées et se transforme sous ses yeux au jeune homme qu'elle venait de rencontrer.  Là; elle eut tellement peur qu'elle laisse par terre son sac et se met à courir aussi rapidement qu'il lui a été permis.  Elle courut jusqu'à ne plus avoir de souffle; prise de panique. En un moment donné; elle perdit l'équilibre et tomba par terre. Là; elle se met à pleurer de frayeur et c'est juste à ce moment là que le vieux se présente à nouveau devant elle: -Misha! Tu me connais assez pour savoir que je me téléporte alors pourquoi te donner tant de peine pour courir! -p****n JE NE TE CONNAIS PAS! TU N'EXISTE MEME PAS!  Crie t-elle en pleurant de toutes ses forces: tellement elle a peur qu'elle cru halluciner; ou même qu'il s'agit d'un cauchemars. -Mais si Misha! Tu me connais! Tu m'as présenté à tes lecteurs dans damnation âmes fugitives! -BORDEL CE N'ETAIT QUE LE FRUIT DE MON IMAGINATION! FOUTS-MOI LA PAIX! -Oui mais parfois la réalité se trouve dans l'imagination jeune fille! -AU SECOURS! AIDEZ MOI JE DEVIENS FOLLE! Crie t-elle de toutes ses forces à l'encontre des passants qui ne lui accordent même pas un regard: -Ne te fatigues pas petite! Personne ne t'entends ! Elle l'ignore tout de même et continue à crier jusqu'à se fatiguer. Elle reste plus d'une heure à pleurer et fini par se lasser: se disant que s'il s'agissait réellement du vieux dont elle parlait dans son livre; là; elle était fichue. D'une voix cassée; elle lui demande; -Tu me veux quoi alors?! Celui-ci s'assois à même le sol pour lui faire face et de son éternel sourire; lui réponds : -Voilà ce par quoi fallait commencer! Tu as parlé des vies de Oumou et Leyla; je veux que tu parles de la mienne! -Mais à quelle fin? -Ils ont tous peur de moi alors qu'ils ne me connaissement même pas!  -Mais tu n'existes même pas! Il se met à rire: -Alors je fais quoi là; devant toi? Elle ne dit rien un moment avant de souffler:. -Tu veux que j'écrive un livre dans lequel je chante tes éloges? -Non! Je veux que tu écoutes mon histoire et que tu la retransmette à tes lecteurs! La jeune fille hoche la tête et il reprend: -je vais commencer par te narrer l'histoire de Ndeye Anta qui est en rapport direct avec la mienne.... Flash back P.d.v. de Ndeye Anta Soumaré J'étais de garde hier et aujourd'hui je me sens obligée de retourner à l'hôpital à cause de ce nouveau patient. Il faut que je le surveille de très près car l'état de sa santé est assez inquiétante  Dès que je sors de ma chambre; je tombe sur Papi; mon mari qui est en train de petit déjeuner avec la petite famille; sa mère; sa sœur ainsi que sa nouvelle femme Awa. Depuis qu'elle est ici; je n'existe presque plus. J'admets qu'on ne boxe pas dans la même catégorie elle et moi. Elle est belle et a tout le charme qu'une femme puisse avoir. Elle est gentille; adorable et très ouverte; tout mon contraire.  -Bonjour! Dis-je en dépassant le petit groupe et en me dirigeant vers la porte; sac à la main.  -Hey? Fo dieum? Questionne mon mari à mon encontre. Je me retourne vers lui pour lui répondre: -Tu ne vois pas? Lui répondis-je en mettant en évidence ma blouse dans le sac. Il retient un rire sarcastique en lançant un regard à sa mère qui se contente de manger en silence.  -Anta; tu viens d'arriver di! En revenant de la mosquée je t'ai vu rentrer. Tu n'as même pas assez de temps pour ton fils et je ne parle même pas de moi  -Oui mais j'ai un patient très malade dont je dois m'occuper! Il secoue la tête.  -Tu ne bougeras pas d'ici. Tu m'entends? A la fin ce n'est plus un travail mais plutôt du vagabondage! m***e! -Papi; mon métier implique certaines sacrifices. Il s'agit de vies humaines donc comprends moi s'il te plaît! -Tu vas arrêter de me répéter ce satané discours? Tu ne bougeras pas d'un yota tu m'as compris? -Désolée nak mais je dois y aller car je n'accepterai pas que cette personne meurs juste à cause des caprices de monsieur.  -p****n JE SUIS TON MARI! -Et alors? Ça te donne le droit d'être aussi égoïste? Un malade risque de mourir si je ne prends pas soin de lui... -NDEYE ANTA DOUL! LA VIE DE CETTE PERSONNE N'EST PAS ENTRE TES MAINS ET SI ELLE DOIT MOURIR CE NE SERA PAS TOI QUI VA L'EN EMPECHER! JE T'ORDONNE DE RETOURNER DANS TA CHAMBRE TOUT DE SUITE... -Bébé calme toi... Essaie de la calmer son autre femme alors que moi je reste debout devant eux telle qu'une statuette à les suivre. -NON AWA! JE VEUX QUE CETTE VAGABONDE COMPRENNE QUE JE SUIS SON MARI! POURQUOI NE PRENDS-ELLE PAS EXEMPLE SUR TOI? LE MONDE ENTIER EST ENTRAIN D'AVOIR RAISON SUR ELLE ET MOI. DEPUIS LE DEBUT ON M'A DIT QUE NOS DIFFÉRENCES DE NIVEAU SOCIAUX SE SENTIRAIENT. QUE TOT OU TARD ELLE ME MONTRERA QU'ELLE EST MEDECIN ET MOI MECANICIEN. MA MERE SI PRESENTE M'AVAIS PREVENU; TOUT LE MONDE M'A PREVENU MAIS JE LUI AI LAISSÉ LE BENEFICE DU DOUTE. JE ME SUIS MOI MEME DÉMENÉ POUR QU'ELLE CONTINUE SES ETUDES ET REGARDE OU ON EN EST AUJOURD'HUI ? ELLE DEFIE MON AUTORITÉ PARCE QU'ELLE SE SENT POUSSER DES AILES! J'EN AI MARRE BORDEL! TU RETOURNES IMMÉDIATEMENT DANS TA CHAMBRE! Je le regarde à bords des larmes et lui demande d'une voix tremblante: -En restant je te suis de quel utilité ? Ce n'est même pas mon tour aujourd'hui... -m***e NDEYE ANTA! DANS TA CHAMBRE JE TE DIS! Là; je me contente d'essuyer mes larmes et de le dépasser pour aller m'engouffrer dans ma voiture sous ses cris hystériques dont je préfère faire comme si je n'avais pas entendu. C'est mon mari mais là; franchement je ne peux pas laisser cet homme dans son état. J'ai fait le serment et ma conscience non plus ne me permet pas de laisser une personne mourir à cause de moi. Tout en conduisant je m'essuie les larmes de temps à autres. Je ne suis plus heureuse; je ne me soucie même plus du bonheur. Je préfère me focaliser dans ce qui est mon boulot pour noyer mon chagrin; oublier ou juste faire semblant de le faire.  Une fois arrivée à l'hôpital; je vais dans mon bureau en vitesse pour ne pas croiser des regards susceptible de déceler les traces de mes larmes. Je vais juste me debarbouiller pour me rafraichir un peu. Je ne suis pas du genre à me cacher derrière un maquillage: je n'ai même pas ce temps. Je n'accorde pas trop d'importance à mon physique. On dit souvent que je suis bizarre: j'admets être une fille à part... Je sors de mon bureau pour me diriger vers la salle de mon patient. J'ignore qui il est; s'il est bon ou mauvais; s'il vaut ou pas la peine que je me sois disputé avec mon époux;et pourtant je ne m'en soucis pas. Dans mon métier je fais preuve d'une objectivité spectaculaire. Je ne fais pas de différence entre l'ange et le démon; tout ce qui m'importe; c'est qu'ils soient en parfait santé. Je me dirige vers lui: effectivement: ce n'était pas du bluff; il est bien réveillé.  Je ne m'attarde même pas a le regarder;je me dépêche de prendre ses constantes moi-même et ce n'est qu'en regardant la dilatation de ses pupilles que je pu me rendre compte qu'il avait de magnifiques paires gris persants. Ce qui est assez bizarre. De quel anomalie peut-il s'agir? Résulte t-il de son accident? -Pourquoi au lieu d'apprécier leur beauté tu te trottine l'esprit à en chercher la cause? Me demande t-il. Je suppose qu'il doit être en plain délire. Je note dans mon carnet tout ce que je trouve de pas net en lui et il reprend: -Ndeye Anta? -Oui? Lui répondis-je sans le regarder ou être surprise qu'il connaisse mon nom vue que je suppose qu'il sait lire car c'est inscrit sur ma blouse. -Tu ne t'es pas disputé avec Papi uniquement pour... Je n'ai pas écouté la suite de sa phrase. Comment est-il au courant lui? Je me lève automatiquement; prise de crainte:  -N'aie pas peur ; où est mon cahier?  -p...pardon? Réussis-je à dire dans ma stupeur. Il sourit et se lève automatiquement comme s'il n'était pas malade; comme si ce n'était pas lui qui était plongé dans le coma depuis plus de deux mois et qui s'est à peine réveillé hier soir. -Mon carnet noir; celui que j'avais quand j'étais admis ici? Anh! Je sais! C'est celui dont tu as pris la liberté de garder chez toi.  Je n'arrive toujours pas à parler. Je reste figée sur place. Comment il sait tout ça lui ? Est ce un djinn? -J'étais humain comme toi et non pas un djinn. Veux tu savoir ce qui m'est arrivé ? -Oui! Dis-je avec pleine de conviction. Il sourit; -Tu es vraiment corriace. Mais répond à ma question et je répondrai à la mienne: je sais que tu n'es pas heureuse: tu ne l'a jamais été. Jusqu'où serais-tu allée pour trouver le bonheur? Je me plonge dans ses yeux: incapable de lui répondre. L'ayant sûrement deviné ; il reprend: -Je ne veux pas que tu me répondes: je veux que tu me montres! -Et comment? -Mon cahier: celui que tu gardes si tu y inscris le nom d'une personne: celle-ci meurs!  OK! Je vois; ce type est un malade mental. Je note ses déficits sur mon carnet pour pouvoir faire un transfert au niveau de l'hôpital psychiatrique.  -Ndeye Anta; je ne blague pas. Dans peu de temps j'aurai ma réponse; je reviendrai et tu auras la tienne sur celui que je suis.  -D'accord! Lui répondis-je simplement avant de me retourner vers l'une des infirmières passagères afin de lui demander de lui administrer un somnifère.  Mais quand je me retourne vers lui; il n'était plus là.  Surprise de chez surprise; je n'arrive même plus à respirer correctement. Où diable peut-il bien être? Où est il passé? Je regarde dans tous les sens: je ne le vois pas. -Il est...où? Dis-je à l'encontre de l'infirmière qui fronce les sourcils: -De qui parlez-vous madame? -Du patient 16! L'homme avec qui je parlais là! Tout de suite... -vous ne parliez à personne madame! Me répond-elle l'air un peu inquiète. Mais? Il s'est passé quoi là?