Chapitre 1

2378 Words
P.d.v. de Ngoné Aïssata Mare Le réveil m'indique qu'il est  l'heure de me préparer pour aller au boulot.  J'enlève mes habits de prière pour prendre de mon armoire un pagne et un grand tee-shirt. Je noue mes cheveux dans un foulard; enfile mes sandales et prend les quelques pièces que j'avais posé sur le chevet la veille. Je ferme ma chambre à clef et sors prendre un car rapide puis un "Ndiaga Ndiaye": la navette quotidienne qui me mène devant les somptueuses et gigantesques bâtiments. J'arrive à destination et vais dans la salle de nettoyage où sont rangés tous les matériaux dont j'aurai besoin.  -Bonjour monsieur! Salué-je notre supérieur monsieur Sall. J'ai commencé à travailler par ici depuis la semaine dernière et c'est un des amis de Hamza qui m'a aidé à décrocher ce poste.  -Ah! Ngoné! Tu es en retard aujourd'hui ! -Désolé monsieur. Mon réveil n'a pas sonné! -Hunh! Tu risques de nous créer des ennuis avec le chef! Il n'est jamais de bonne humeur et comme je ne m'étais pas vite aperçu de ton retard; personne ne s'est occupé de son bureau. Vas y vite avant qu'il n'arrive. -D'accord! Lui dis-je un peu appeurée.  Je prends le seau; la serpillère ainsi que le balai et les détergents et me dirige vers la cinquième; là où je dois m'occuper! Une fois dans l'ascenseur; je me regarde dans le miroir et lance un petit sourire triste. Je ne m'étais jamais imaginée que le jour où je travaillerai pour la première fois dans une entreprise; ç'aurait été en tant que ménagère...                    ∆∆∆∆∆ Ma vie était parfaite. Je vivais avec mes parents: un père directeur de banque et une mère professeur en langue arabe et en même temps qui enseignait l'éducation islamique. Ce qui traduisait une famille aisée où j'étais dans de très bonne condition et où l'éducation que ce soit sociale ou islamique ne manquait pas. Il y avait aussi mon petit frère Cheikh et ma grande sœur Alima qui est désormais marié à un célèbre architecte de renommé.  Bref! Tout allait bien jusqu'à ce fameux jour où ma vie à basculé: pour le mauvais côté selon mes proches mais pour le meilleur d'après moi. Tout allait bien: c'était le soir de ma remise de diplômes et mon père avait fait usage de ses contacts et j'avais un potentiel poste. Il ne me restait plus qu'à trouver le prince charmant et le tout devait être joué mais...le destin m'avait bien trompé; car je devais dévier ce chemin pour un tout autre. Je revenais de chez la coiffeuse toute excitée. Je me souviens de chaque détail de ce fameux jour; de ce lapse de temps; quand je marchais dans les rues désertes de notre quartier ; discutant au téléphone avec ma sœur qui me donnait les détails de ma tenue qu'elle était partie chercher et dont j'étais trop pressée de voir.  Je me souviens de cette voix qui m'avait interpelé par mon prénom. Je me souviens m'être retournée pour voir mon interlocuteur et faillir tomber ; apeurée et surprise d'apercevoir deux gros gaillards en cagoule. Avant même que je n'eu le temps de comprendre: l'un m'avait immobilisé et l'autre administrer quelque chose dans mes yeux. Je me souviens qu'ils avaient fugués je ne sais où : me laissant seule; les yeux piquants et à partir de ce jour; j'avais perdu la vue. J'ignore quelle était cette solution; qui était derrière tout ça; un ennemi; de sur; mais un ennemi de qui? De mon père? De ma mère? Car je ne me souvenais pas avoir un jour fait du mal à quelqu'un pour qu'il puisse m'en vouloir à ce point.  Hélas! J'étais devenue aveugle; je ne voyais plus! Pas besoin de dire combien ce fut douloureux pour moi: imaginez voir toute sa vie se réduire au néant du jour au lendemain. Mes parents n'avaient ménagé aucun effort pour me soigner; hélas! Personne ne comprenait cette pathologie; ce truc que j'avais. Les testes ne révélaient rien; je me devais de me résigner; de tout abandonner et me faire à l'idée que je devais rester dans le noir; à tout jamais... Je suis restée ainsi pendant plus d'une année: celle que je croyais être la pire de mon existance.  C'est durant cette année que j'ai rencontré mon prince charmant; qui m'a accepté malgré que je me disais être invalide.  A l'époque; notre maison était en reconstruction: et il faisait parti des maçons qui menaient ces travaux.  A chaque fois que je m'installais dans la cours de notre demeure; c'est lui qui m'aidait. Il plaisantait toujours avec moi et arrivait à me faire rire. Je ne connaissais de lui que sa voix et son prénom: Hamza! Et c'est au fur et à mesure que l'on se connaissait de mieux en mieux.  Je n'avais pas encore posé les yeux sur lui au par avant mais je l'ai tout de même aimé.  Quelqu'un d'exceptionnel; un ami; un confident et surtout; un divertissement. Je ne sentais jamais le temps filer avec lui. Mes longues journées étaient bien remplie par sa présence même s'il ne faisait que parler; je pouvais sentir quelque chose de spécial en lui. Peut être était ce cette éloquence? Cette assurance qu'il voulait me transmettre ?  Je commençais à nouer des sentiments pour lui et je m'en rendait compte petit à petit comme quand les Dimanches il ne venait pas travailler. La crainte me hantait alors car j'étais presque sûre qu'il ne voudrait pas de moi; mais j'étais surprise de constater que tel n'était pas le cas.  Lorsque ma sœur s'est marié; ma solitude s'était accentuée et je m'étais beaucoup plus accroché à lui et le pire dans tout c'était que je m'étais rendue compte du fait que j'étais condamnée à rester chez mes parents toute ma vie; seule; sans mari...mais! Quand il m'a demandé en mariage! Mon Dieu! Ce fut la plus belle et la plus surprenante nouvelle de ma vie car non seulement je ne m'étais pas douté du fait qu'il voudrait de moi; mais en même temps; je ne m'étais pas fait à l'idée que je me marierai un jour. J'ai sauté sur l'occasion malgré l'hostilité de mes parents qui s'inquiétaient pour mon état; mais aussi et surtout pour mon confort. Ma mère m'a clairement dit qu'il ne pouvait pas prendre soin de moi à cause de ses faibles revenus et mon père; était catégorique sur le fait que je n'irai pas à kolda pour ce "stupide mariage!" comme il le qualifiait. Il disait que je me précipitait à cause de mon handicap et en même temps à cause du mariage récent de Alima; que j'irai mieux et que je le regretterai. Ah! Qu'est ce qu'il avait tort! Je l'aime mon Hamza Ba; et je l'aimerai toujours même s'il n'est plus a mes côtés. Je leur ai tenu tête et finalement c'est un oncle qui a scelé notre union; j'étais aidé par Alima qui avait fini par leur convaincre et ils ont fini par s'y faire.  Hamza voulait lui aussi m'aider à recouvrir la vue; sa famille ne voulait pas de moi car d'après elle je ne leur servait à rien. Il a préféré quitter Dakar pour rester au bercail: kolda avec moi; me soutenir; m'aider; me tenir compagnie. Il refusait le coup de pousse que lui proposait mon père. Il voulait lui montrer combien il était digne; qu'il m'aimait et il allait le lui lui prouver en m'aidant à guerrir. Contrairement à mes parents; il s'est tourné vers la médecine traditionnelle lorsque je lui ai fait comprendre que celle moderne n'avait pas de solution à mon égard. Et ça a marché! Il m'a sauvé! J'avais recouvert la vue: j'étais à nouveau épanouie: heureuse. La vie avait à nouveau un sens à mes yeux et mon bonheur s'était accentué en apprenant que j'allais être mère. Tout allait bien mis à part le fait que sa famille ne m'aimait pas et que je m'étais éloignée de la mienne parce qu'en ayant apprise que j'allais mieux ; elle a voulu que je le quitte et pour moi c'était hors de question. J'étais comblée jusqu'à ce fameux jour de mon anniversaire où nous sommes parti voir son ami.... En cours de route on s'était encore fait agressé et je suis presque sur qu'il s'agit de ce même individu qui s'acharne sur moi. Il m'a d'abord arraché la vue puis mon mari et mon enfant. Quand je me suis réveillée à l'hôpital; le ventre plat; ce que j'ai ressenti... Il me le payera ce type! Qui qu'il soit; où qu'il soit; ça c'est sûr...                     ∆∆∆∆∆∆ Une fois à l'étage; je me dirige vers la salle. J'ouvre la porte et...oups! J'ai failli tomber des nus car je pensais que le patron n'est pas encore venu alors qu'il est bien présent. Il avait l'air ailleurs; les pieds croisés sur la table; adossé au dossier.  -B..bonjour... Bredouillé-je en baissant la tête; un peu intimidée par son regard foudroyant. -T'es qui toi ? Me demande t-il et le ton qu'il a employé me montre que je suis bien dans des ennuis. -Je suis chargée de nettoyer votre bureau monsieur ! Il jette un bref regard à sa montre avant de me répondre: -Pareille heure? En plus on ne t'a pas apprise à toquer aux portes? Hors de ma vue; tu es virée! Dit-il en se saisissant du combiné pour parler à Sall alors que je suis restée figée sur place; surprise par ce qu'il vient de dire.  Je tenais vraiment beaucoup à ce travail pour des raisons financières et... Il raccroche et avant qu'il ne dise quoi que ce soit; je m'appretais à sortir mais il m'interpelle: -Hey?! Tu vas où? Fais ton travail... -Mais vous venez de dire que je suis virée... -Oui mais avant tu t'occupes d'ici! Me sort-il avant de se lever et de me dépasser pour sortir; un pil de document entre les mains. Un salaire doit se mériter donc je peux bien travailler aujourd'hui même si c'est mon dernier jour. Je demanderai à Habib; celui qui m'avait engagé de me trouver une solution car je ne peux pas rester ainsi; j'ai des charges qui ne se résoudront pas tout seul.  J'ai longtemps entendu dire que monsieur Ndour est très grincheux et désagréable: j'en ai la preuve maintenant mais bon! Je n'ai pas besoin de m'inquiéter. P.d.v. de Tamsir  Je sors de mon bureau pour la salle de réunion. Je me demande comment est ce qu'une personne peut manquer autant de professionnalisme; neuf heures et tu te pointes dans mon bureau; prétextant nettoyer! Et si j'avais des gens à recevoir? Je me concentre à fond sur mes croquis. Le travail est devenu pour moi un moyen pour ne pas plonger dans les pensées ou stresser. Je me dois d'être fort; pour moi et pour mes enfants.  Le départ de Déguène... Non! Je ne veux même plus y penser bien que c'est difficile de se défaire ainsi d'une personne avec qui on a passé plus de dix années.  Je me demande toujours ce qui a bien pu lui traverser l'esprit. Hors mis le fait qu'elle m'ait quitté moi son mari; comment a t-elle pu ainsi abandonner un nourisson? Un nourrisson! Pour un stupide travail comme si elle était dans le besoin ou quelque chose du genre! Elle n'a jamais été comme ça! Jamais! C'était une femme soumise; douce...et je suis tellement en colère contre elle! Vraiment trop en colère. La porte s'ouvre sur Chérif; mon petit frère; je pense qu'on lui a interdit de toquer aux portes lui.   Il me regarde longuement avant de secouer la tête. -Frangin! Arrête de souffrir pour rien et oublie cette folle! Elle ne le mérite pas! -J'ai l'air de souffrir? Lui demandé-je sur la défensive et légèrement agacé. Il lève les deux mains pour s'innocenter : -Désolé si je t'ai offensé! Ce n'est pas la peine de hausser la voix! Sans lui répondre; je prend mon portable qui sonne à l'instant: c'est un appel de Fatima; ma fille aînée. -Papa? T'avais dit qu'aujourd'hui on passe la journée à l'autre maison t'as oublié? -Oui mais ça peut s'arranger. J'envoie le chauffeur vous chercher après. Préparez-vous. -D'accord! Répond-elle euphorique avant de raccrocher.  Nous sommes en période de fin des vacances et je leur avais promis de passer un bon séjour dans ma maison à Ngor. Mes enfants sont devenus ma priorité: tout ce que j'aime et je me consacre à eux entièrement. Je ne veux pas qu'ils ressentent l'absence d'une quelconque mère et je veux être présent pour eux... On toque enfin à la porte et c'est chérif qui demande à la personne d'entrer tout en restant concentré sur mes croquis qu'il regarde attentionnément. -Bonjour... Dit encore la demoiselle de tout à l'heure: la ménagère. -Bonjour! Ça va ? Lui sourit Chérif en la dévorant des yeux. Oui j'ai oublié de préciser: il est comme ça lui : il saute sur tout ce qui met une jupe. Je secoue la tête; exaspéré avant qu'une idée ne m'effleure l'esprit; pour le moment tous ceux du service de propreté doivent être rentré et comme j'avais oublié pour la randonnée avec les enfants; je n'ai pas pris la peine de demander à ce que la maison soit nettoyée.  -Mademoiselle; j'ai un service pour toi. Elle semble surprise car c'est moi même qui l'ait renvoyée: chose que je maintien mais il lui reste tout de même cette journée à bosser et de toute façon elle sera payée pour.  Je ne tolère pas les retards. Avant ils travaillaient le soir à la descente mais comme il n'y a presque que des femmes et le fait de les laisser rentrer tard ne me plaisais pas du tout et j'ai voulu qu'ils viennent la matinée mais de très bonne heure et surtout pas de retard. Je lui explique sa tâche et lui demande d'aller voir le chauffeur que je compte contacter pour qu'il la conduise.  -Je nettoie d'abord cette salle? -Non! Vas y tout de suite. -Je l'accompagne! Sourit chérif en se alignant parole et geste.  -Toi tu restes ici! Lui ordonné-je et à l'autre de disparaître sur le champ.  Elle a l'air calme et docile ; j'aime bien ce caractère.
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