Fratern'elle

Chapitre 2

P.d.v. de Ngoné Aïssata Mare

Je jubile intérieurement du fait que l'on me charge d'une toute autre tache. Peut être qu'après ça; le patron se décidera à ne plus me renvoyer: il est vraiment stricte.

Je retourne voir monsieur Sall qui me met en rapport avec le chauffeur. 

Celui-ci me conduit jusqu'à la demeure où je dois m'occuper et je commence le travail sans perdre de temps. 

C'est vrai que la maison n'est pas très grande mais tout de même; demander à une seule personne de faire le ménage! D'autant plus qu'elle est très poussiéreuse ce qui montre qu'elle n'est pas habitée. Je me demande comment ça se fait qu'au moment où des gens dorment dans les rues : sans abrits; d'autres se permettent de fermer toute une demeure meublée. Avec juste un peu de solidarité ; le monde serait bien meilleur hélas mais bon! Il est fait ainsi depuis des lustres et c'est bien dommage.

Au bout d'environ trois heures de temps j'ai terminé avec les trois chambres et leur salles de bains : il ne me restait plus que la salle de sejour et la cours et j'étais rejoins par d'autres personnes qui se chargeaient du jardin; de la piscine et autres...

Je passais l'aspirateur sur la moquette de la pièce quand j'entends les voix de deux enfants accompagnés de cris.

Je relève la tête pour voir une jeune fille portant un petit se chamaillant avec un garçon. Ils sont bien mignons tous les trois. A vrai dire j'adore les enfants et quand je pense que j'aurai pu porter le mien dans mes bras un jour; et que quelqu'un m'en en a empêché...

Ils sont accompagnés d'un homme qui doit bien connaître les lieux car il a porté les valises qu'il tenait dans l'une des chambres.

Le petit semble inconsolable et c'est pourquoi je vais à leur encontre.

-Salut charmante demoiselle!

Me sourit le garçon qui doit avoir entre neuf et dix ans. Je souris à sa petite blague alors que la fille; trop occupée à faire taire le bambin lui lance un regard noir.

-Salut! Pourquoi pleure t-il?

Demandé-je à la fille en tendant les bras pour qu'elle me le donne. Elle semble réfléchir mais sûrement agacée par ses cris; elle me le tend:

-Je ne sais pas! Il chiale depuis ce matin! Je lui ai donné son biberon mais il n'en veut pas!

Je prend le petit; il est tellement mignon dans ses habits que je ne peux m'empêcher de rire doucement.

Je tente de le bercer mais il pleure toujours. Supposant qu'il a sommeil; je le porte sur mon dos en l'attachant avec mon foulards que j'avais sur la tête: il est assez grand pour le soutenir. 

Avec deux allez retour entre les deux coins de la pièce; en chantonnant ; il se calme alors que les deux autres me fixent; sûrement épaté par le fait qu'il se soit tu.

-Alors? Vous êtes ?

Leur demandé-je tout en continuant de bercer le bébé:

-Moi c'est Ahmadou Bamba Ndour mais tu peux m'appeler Ahmad et elle c'est ma sœur Fatima...

-Vous êtes les enfants de monsieur Ndour?

Deviné-je car ayant entendu dire qu'il avait déjà trois enfants.

-Bien deviné !

Sourit le gamin avec un clin d'œil ce qui me pousse à sourire comme lui.

-On a faim; t'as préparé quoi?

Me demande la fille pas aussi serviable que son frère.

-Je suis là uniquement pour nettoyer; aucune idée de ce que vous allez manger!

Lui dis-je en me retournant pour reprendre ce que j'ai commencé; une fois le bébé endormi.

Elle va dans la salle où sont rangés leurs affaires alors que son frère me propose:

-Je t'aide avec ça?!

Me dit-il en alignant parole et gestes et prenant l'aspirateur. Je profite de ce moment pour passer l'éponge sur les meubles et remarque enfin quelques photos de la petite famille. 

Je m'arrête sur celle d'une jeune dame très belle et élégante:



-C'est votre mère?

Demandé-je à Ahmad qui regarde la photo brièvement avant de se reconcentrer sur son nettoyage;

-Oui! 

-Elle est vraiment très belle! Je suppose qu'elle est en route?

-Elle est morte!

Me sort-il; toujours concentré.

-Oh...je suis désolée...

-Y'a pas de quoi! Elle a voulu nous abandonner; le karma l'a rattrapé en cours de route et elle a eu un accident!

Je reste bouche bée face au ton qu'il vient d'utiliser; un si jeune gamin qui parle de karma ; de la mort et avec tant d'impassibilité ! Il doit avoir nourri de la haine envers cette femme; ce doit être très difficile pour eux...pauvres gamins...

-Me regarde pas comme ça! Comment tu trouves?

Me demande t-il faisant allusion au travail qu'il vient de terminer et avec un large sourire. Ils doivent être vraiment matures malgré leur jeune âge; j'ai pitié...

-Et toi? Tu t'appelles comment? Laisse moi deviner...Halima? C'est le seul prénom féminin que je connais qui commence par H

Je me mets à rire sachant qu'il a vu mon collier avec la lettre H.

-Non c'est Ngoné

Lui répondis-je.

P.d.v. de Tamsir

Cet idiot qui me sert de frère n'arrête pas de fantasmer sur cette fille qu'il vient à peine de voir. Je pense que je l'amènerai de force voir un psy car là; ça commence à devenir grave. Il a toujours été comme ça; un tombeur qui drague tout ce qui bouge et qui refuse catégoriquement de se caser. Ma mésaventure avec Déguène l'a dégoûté de toute relations en plus d'autres déceptions qu'il a eu à vivre. Il est un adepte de la célèbre expression: "elles sont toutes les mêmes" du coup; il les voit toutes comme des jouets.

Je ne suis pas du même avis que lui; du moins pas à cent pourcent car contrairement à lui; moi j'ai connu l'amour; le vrai avec mon ex-femme.

On s'est connu à l'Université ; à l'époque elle était à sa première année et moi; ayant terminé mes études à l'extérieur; je suis allé voir mon ami Hamza qui logeait au campus de Dakar. 

Je l'ai aimé dés que je l'ai vu et après cette rencontre j'ai pris son contact; on a noué une relation qui s'est terminé en un mariage.

J'aimais tout en elle; absolument tout; sa timidité; son élégance; son éloquence... Bref! Pour moi ma femme était la meilleur.

Mais en un moment donné ; j'ai été tenté de commettre une erreur. Je ne sais pas ce qui m'a pris; peut être était ce parce que je voulais me prouver que j'étais toujours attirant? Que je voulais me mesurer à mon frère ? Que je commençais à me sentir vieux et que ma femme aussi était de plus en plus prise par son boulot bien' qu'elle se tuait pour être la parfaite épouse malgré son travail;... Je me demande toujours ce qui m'a pris d'être tombé dans les filets de ma secrétaire et...ainsi être pris en flagrant délit par Déguène. 

Fort heureusement elle a appris par la suite qu'elle était enceinte même si elle jurait qu'elle allait avorter et me quitter définitivement ; elle est finalement resté; mais pas pour longtemps hélas car elle ne m'aimait déjà plus.

Je l'aurai compris si elle m'avait quitté moi mais nos enfants n'ont rien à voir avec cette histoire et les abandonner ainsi est ignoble de sa part.

-Est ce que tu m'écoutes au moins ?

-Chérif doyna! Si cette fille t'enchante autant épouses la et qu'on en finisse!

Lui dis-je énervé en me levant le laissant surpris par mon saut d'humeur si rapide. C'est qu'il est un peu chiant lui aussi!

Je vais à mon bureau prendre ma veste; annule mes rendez-vous avant de partir rejoindre les enfants.

J'arrive à destination quelques minutes plus tard. Ça fait des lustres depuis que je n'ai plus posés les pieds dans cette demeure. Hélas! Il faut savoir tourner le dos au passé et aller de l'avant.

Une fois dans la maison; j'avance d'à peu près deux pas et suis accueilli par des rires que j'entends depuis la salle de séjour. Je reconnai bien la voix de Ahmad qui est en train de se moquer de moi; ki mane lay dieuw? Pour pouvoir le prendre en flagrant délit; je me cache derrière la porte pour l'écouter dire que je suis méchant et raconter les fois où je les ai engueulés; sa sœur et lui. Le ton qu'il emploi m'arrache un petit rire: on dirait Chérif en plus petit: de vrais farceurs.

-Mais t'inquiète il n'y saura rien...

Termine t-il son monologue qui m'a presque échappé. Je profite de ce moment pour me faufiler dans la pièce...

-Et puis-je savoir ce qu'on me cache par ici??

Demandé-je en entrant. 

Il laisse tomber la vase qu'il tenait; pris de panique alors que son interlocutrice se tord de rire.

Je m'attarde un peu sur elle; et cru halluciner: je rêve ou quoi?

Je fronce les sourcils en marchant vers elle, et prise de panique et d'angoisse; elle arrête de rire sous les regards de Ahmad.

-J'ose espérer que ce n'est pas mon fils que tu portes ainsi?

Lui demandé-je. Ne sachant quoi faire ou dire; elle hoche la tête ; toujours paniquant. 

Ki amna diom?

-Yaw déjà tu es toute sale; degoulinante de sueur et mieux tu es sous cette poussière; may wakh tu oses porter mon fils et...NON MAIS AHMAD NE ME DIT PAS QUE C'EST TOI QUI BALAYAIS...

-pap...

Tente Ahmad mais je l'arrête.

-LA FERME! TOI DONNE MOI MON FILS ET DEGAGE D'ICI; HORS DE MA VUE; NON MAIS T'AS AUCUNE CIVILISATION TOI! 

ÇA SE VOIT QUE TU N'AS REÇU AUCUNE ÉDUCATION SINON TU SAURAIS QUE LA POUSSIÈRE N'EST PAS BIEN POUR LES ENFANTS?! DONNE MOI MON FILS ET DEGAGE D'ICI! 

Lui crié-je. Sans broncher; elle détache a*s qui elle portait sur son dos pour me le tendre avant de poser le balai et sortir sans demander son reste.

P.d.v. de Chérif

Non mais pourquoi est ce que Tamsir aime engueuler les gens? Sheuuut! Il est vraiment chiant lui!

C'est mon grand frère; d'accord; il est comme mon père; d'accord aussi car moi et le daron; de son vivant on ne s'entendait pas; chose que je regrette maintenant qu'il est parti car ce n'est qu'à ce moment précis que j'ai compris ses réprimandes. A chaque fois qu'on se disputait c'était Tamsir et ma mère qui nous réconciliaient. Celle-ci demeure ma meilleure amie: je suis attaché à elle comme ma sœur Ndiémé était attaché à notre père. Le seul enfant solitaire qui faisait le responsable : c'est Tamsir. Ça a du lui monter par la tête car aujourd'hui il est devenu invivable! Je ne pense pas qu'un jour il trouvera une remplaçante pour la vipère qui lui servait d'épouse.

En parlant de lui; il a oublié son cellulaire dans la salle de reunion où il travaillait. Il n'a plus toute sa tête; il est parti en rogne juste parce que je lui parlais de cette beauté ménagère. 

Cette fille; elle est juste...magnifique. Elle est vraiment bonne même sous ses vêtements pas très présentable...je l'aurai; ce sera un jeu d'enfant vu le milieu auquel elle doit appartenir: elle ne dirait pas non à son patron je suppose...

Je suis passé voir Sall et il m'a donné et son prénom et son numéro. Elle s'appelle Ngoné et apparemment elle est célibataire, moi qui craignait qu'elle soit mariée! C'est déjà un bon début. 

Je décide d'aller rendre à Tamsir son cellulaire avant de faire un tour à la maison voir la darone comme il est presque l'heure de la pause et que je n'ai presque rien à faire. Mon frère est devenu comme un robot; il travaille tellement qu'à la fin je me dis qu'il est infatigable.

En me garant devant sa demeure; j'ai failli percuter une jeune femme. Très rapidement je suis descendu et ainsi m'apercevoir qu'il s'agit de la jolie ménagère de ce matin et...elle pleure? Tamsir! 

-Ça va? Je ne vous ai pas fait mal?

-Non! Ça va!

Me répond t-elle s'apprêtant à y aller mais je la retiens par le bras:

-C'est Tamsir pas vrai?!

Lui demandé-je et là; elle lève ses yeux rougis vers moi; waw!

-E..excuse le; il soufre dernièrement ; il faut le comprendre...

-Il n'est pas le seul à soufrir hélas! Alors n'essaye pas de lui trouver des excuses...

Sur ce; elle se défait de ma main et cours presque me laissant seul...

Cette fille est très dangereuse pour moi. En cette courte échange ; je...non! Rien! En tout cas je ferais mieux d'abandonner mon opération séduction car je risque fort bien de tomber avec elle.

Toutefois il est plus que temps qu'on parle à Tamsir! Il a***e le gars!

Je me précipite dans la maison et le trouve assis de dos dans la salle de séjour; a*s dans ses bras:

-Qu'as tu fais à Ngoné? Hein Tamsir?!

Demandé-je en entrant dans la pièce. 

-Et c'est qui cette Ngoné?

Demande la voix qui est à l'autre bout du combiné qui est sous haut parleur et en appel vidéo. Reconnaissant cette voix: je jette un coup d'œil à la tablette pour voir...DÉGUÉNE ? Elle n'est pas sensée être morte elle?