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3515 Words
Brianna Comme prévu, le trajet jusqu'à New York se fait assez rapidement et heureusement d'ailleurs. A peine arrivée à l'intérieur de la ville c'est différent. La circulation est si dense, qu'une fois sortie des bouchons je me gare et vais m'acheter un Macchiato Caramel. J'en profite pour finir mon trajet à pied afin de gérer le stress qui commence à s'emparer de moi. Au bout de dix bonnes minutes de marche, j'arrive devant un imposant immeuble en verre. Une grande enseigne Stanford Édition est accrochée juste au-dessus de l'entrée. J'inspire et expire un grand coup tentant de calmer le léger tremblement de mes mains. Ça y est. J'y suis. Je m'empresse de finir mon Macchiato et jette mon gobelet à la poubelle. Je passe une dernière fois mes mains sur ma robe tout en montant rapidement les marches de l'imposant immeuble. Un sentiment d'intimidation s'empare de moi tandis que je franchis les portes vitrées. Mon regard se pose sur le bureau d'accueil situé au centre du hall vers lequel je me dirige d'un pas aussi assuré que possible. L'hôtesse m'accueille avec un sourire aux lèvres. - Bonjour, bienvenue chez Stanford Édition, comment puis-je vous aider ? - Bonjour, j'ai rendez-vous pour une demande de stage. - Ah oui, mademoiselle Andrews, c'est bien cela ? J'acquiesce. - Enchantée, je suis Elena, se présente-t-elle en me tendant la main. Je lui serre en murmurant un « enchantée » un peu timide. Woaw. Bien que cela pique de l'admettre, mes amis ont raison. Il faut impérativement que j'essaie de me décoincer. - Je vais appeler ma collègue Lola. C'est elle qui va vous recevoir en premier. - D'accord, merci. Elle attrape son téléphone et se rassoit. Je jette un coup d'œil autour de moi. Curieuse, j'arpente la pièce d'un pas distrait, mes chaussures à petits talons résonnant contre le carrelage du hall spacieux et lumineux. Sol propre. Murs blancs. Canapés en cuir dispersés à plusieurs endroits de la pièce accompagnés de tables basses en verre. Machine à café et bien évidemment le bureau d'accueil. Les ascenseurs sont juste derrière. Les portes de celui de droite s'ouvrent pour laisser place à une jeune femme de grande taille, rousse, les cheveux attachés en un chignon. Elle arbore un tailleur gris avec des escarpins assortis. Elle s'avance vers moi, professionnelle mais souriante. - Mademoiselle Andrews enchantée, je suis Lola. - Enchantée. Nous échangeons une poignée de main. - Avez-vous votre candidature ? - Oui. Je sors rapidement mon CV, ainsi qu'un dossier que j'ai préparé pour l'occasion et les lui donne. - Merci. Un petit silence s'installe tandis qu'elle y jette un coup d'œil furtif. Je sens les battements de mon cœur tambouriner fortement dans ma poitrine dans l'attente de sa réaction. - Nous allons nous installer dans mon bureau. Sur ce, elle fait demi-tour en direction des ascenseurs m'invitant à la suivre. - Bonne chance, me souhaite Elena. Je la remercie d'un sourire puis rentre dans l'ascenseur dont les portes se referment derrière moi. Nous montons jusqu'au dernier étage du bâtiment. A la sortie de l'ascenseur il y a un couloir sur la gauche et un autre sur la droite, mais nous continuons tout droit. Nous arrivons devant une grande porte foncée en bois massif noir avec de longues poignées brillantes. A droite et à gauche de cette porte, se trouvent deux portes moins imposantes mais de la même couleur. Lola ouvre celle sur la gauche. Je me demande à quoi peut bien ressembler le bureau qui se cache derrière cette porte en bois massif ainsi que la personne qui l'occupe. J'ai certes déjà eu l'occasion de voir des photos du patron dans la presse, mais cela remonte à quelques années. - Par ici, me dit Lola. Je secoue la tête subitement rappelée à la réalité et la suis jusqu'à un petit bureau moderne et confortable. - Je vous en prie, asseyez-vous. Je m'exécute sans broncher, un peu comme une sorte d'automate. Elle ferme la porte et vient s'asseoir en face de moi. - Vous habitez New York ? - Non j'habite Spring Valley avec ma mère et mon beau-père, mais mon père habite New York, je réponds m'humectant les lèvres. Jeez. Je suis tellement nerveuse. Si ma candidature passe j'aurais vraiment de la chance. - Vous êtes scolarisée au Spring Valley High School ? - Oui. - Une de mes cousines y a passé deux ans. (Elle me jette un coup d'œil furtif avant de baisser une fois de plus son regard sur ma candidature). Votre candidature me semble tout à fait correcte, je vais donc la transmettre à Mr. Stanford Cependant j'aimerais vous poser deux petites questions avant. Je me redresse légèrement dans mon fauteuil et prends une petite inspiration. - Je vous écoute. - Quelles sont vos motivations pour postuler chez Stanford Édition ? - Mon amour pour la littérature, je réponds en toute franchise, quand j'ai du temps libre je passe beaucoup de temps à lire aussi bien des classiques que des livres plus récents. De plus ça me plairait beaucoup soit de travailler pour une maison d'édition, soit d'ouvrir ma propre boutique de livres. Elle approuve ma réponse d'un signe de tête, sourire aux lèvres. - Et quels sont vos classiques ou livres préférés ? - Pour le moment j'ai surtout lu les livres de Jane Austen. Parmi ses œuvres, mes préférées sont Orgueils et Préjugés, Raisons et Sentiments et Mansfield Park. J'ai aussi lu les Hauts de Hurlevent d'Emily Brontë, Jane Eyre de Charlotte Brontë, Le Grand Gatsby qui m'a fait pleurer. En ce moment, je dois relire certaines de ces œuvres pour le lycée, mais après ça j'aimerais beaucoup lire les œuvres de Thomas Hardy et Bram Stocker. Je m'interromps quelques minutes le temps de reprendre mon souffle. - J'ai aussi lu plusieurs œuvres françaises. Une Vie et Bel-Ami de Guy de Maupassant, Don Juan et Les Fourberies de Scapin de Molière, Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire et Madame Bovary de Gustave Flaubert que j'ai trouvés un peu...Particulier. J'en ai lu beaucoup d'autres mais la liste est longue. Les noms que je vous ai donnés sont ceux des œuvres que j'ai lues le plus récemment. - Très bien. Je la regarde rassembler mon dossier tout en se levant. Je m'apprête à en faire de même, me disant que l'entretien est fini et que je n'ai probablement pas fait l'affaire, mais elle m'invite à me rasseoir. - Je vais voir Mr. Stanford et je reviens. Il y a des machines à café au fond du couloir si vous voulez. - D'accord merci. Lola sort de la pièce. J'en profite pour jeter un coup d'œil à son bureau. Oui je sais j'inspecte beaucoup l'organisation des pièces et la façon dont sont disposés les meubles. Mais j'aime beaucoup faire ça. Bizarrement ça me donne l'impression d'en découvrir un peu plus sur les nouveaux endroits dans lesquels je me trouve. En ce qui concerne ce bureau, il est assez spacieux. Le sol est constitué d'une moquette couleur crème et les murs sont recouverts d'un papier peint de la même couleur. Le bureau est en bois beige et les fauteuils en cuir. Derrière le bureau se trouve une grande baie vitrée qui donne vue sur la ville. Et contre le mur de la porte, un canapé en cuir ainsi que deux bibliothèques en verre remplies de livres et de bibelots. Je me lève, sourire aux lèvres, et me rapproche de la baie vitrée profitant de la vue panoramique sur une bonne partie de la ville. Un rire discret et joyeux s'échappe de mes lèvres. New York. Majestueuse et impressionnante New York. ** Hari Une dernière signature. C'est bon ! Enfin fini. Je pose mon stylo sur mon bureau et me laisse aller en arrière dans mon fauteuil tout en me massant les tempes. S'il y a une chose que je déteste par-dessus tout c'est la paperasse. C'est long à faire et pénible surtout. Mais à peine je pense pouvoir prendre le temps de souffler un peu, qu'un coup ferme retentit contre la porte de mon bureau. - Entrez ! je m'exclame en me redressant sur mon siège. Bordel. Vraiment pas une minute à moi. Enfin, c'est ça d'être à la tête d'une des entreprises les plus importantes dans le monde de l'édition à seulement vingt-sept ans. La porte de mon bureau s'ouvre sur Lola, l'une de mes secrétaires et assistantes d'édition. Elle s'approche de mon bureau sans prendre la peine de refermer la porte derrière elle. Tant mieux. Cela veut dire qu'elle n'en a pas pour longtemps. - Je vous apporte le dossier de Mademoiselle Andrews, m'informe-t-elle. Je la regarde d'un air interrogateur. Le dossier de Mademoiselle Andrews ? Suis-je supposé la connaître ? Si je m'en fie à l'expression de son visage oui. Pourtant j'ai beau me répéter le nom en boucle, rien n'y fait. Andrews... Cela ne me dit absolument rien. - La jeune fille qui avait appelé pour une demande de stage. - Ah oui, je dis faisant mine de me rappeler. En toute honnêteté, les coups de fil ont beau être filtrés au maximum, j'en reçois tout de même suffisamment pour que la moitié d'entre eux me passent par-dessus la tête. - Merci, je lui dis en attrapant le dossier. Je me racle légèrement la gorge et y jette un coup d'œil furtif, tout de même intrigué. Je me demande qui peut bien être cette jeune fille prête à se jeter dans la gueule du loup. Mon regard s'arrête sur son CV. Brianna Andrews. Je dois reconnaître qu'elle est assez mignonne. Dix-huit ans, élève au lycée de Spring Valley. Elle doit probablement connaître mon ami Jacob Paine. Il travaille là-bas. Je feuillette une dernière fois le dossier, le referme et le pose sur un coin de mon bureau. Je croise les bras sur ma poitrine et me laisse retomber en arrière dans mon fauteuil, mon regard rivé sur ma secrétaire. - Que pensez-vous de cette jeune fille ? je lui demande curieux. - C'est une jeune fille calme, sérieuse, visiblement bien élevée et très studieuse d'après ses professeurs. Je lui ai posé des questions sur les livres qu'elle a lus ainsi que sur ses motivations pour la demande de stage au sein de votre entreprise. - D'accord et... ? - Et ses réponses étaient satisfaisantes, se contente-t-elle d'ajouter. J'acquiesce tout en regardant rapidement ma montre. Il est encore tôt et je n'ai plus d'obligations urgentes pour le moment. Cela ne peut pas me faire de mal de prendre un peu de temps pour la recevoir, histoire de voir ce que ça donne. - C'est bon, vous pouvez la faire entrer. - Bien Monsieur. Elle m'adresse un signe de tête et sort de mon bureau. Je la suis du regard, un sourire intrigué prenant place sur mon visage tandis que la porte se referme derrière elle. A nous deux Mademoiselle Andrews. ** Brianna - Mr. Stanford est prêt à vous recevoir. Je sursaute, surprise. J'étais tellement absorbée dans ma contemplation de la ville et mes pensées que je n'ai pas entendu Lola revenir dans la pièce. - Merci beaucoup. Je regagne ma place et récupère mes affaires à la va vite. - Vous avez une vue vraiment magnifique, j'ajoute. - Merci. Mais vous verrez qu'il y a des bureaux avec une vue encore plus belle que celle-ci. Elle m'escorte jusqu'à la porte du bureau de son patron. - Bonne chance. Nous échangeons une poignée de main, puis elle retourne dans son bureau. La porte refermée derrière elle, je prends quelques secondes pour inspirer et expirer un grand coup. Tout va bien. Ça va le faire. Ma nervosité maîtrisée, je donne un coup net et ferme contre la porte. Mon cœur bat tellement vite dans ma poitrine que j'ai le sentiment qu'il pourrait en jaillir à tout moment. Bon sang. Calme Bree. On reste calme. - Entrez ! Je ne me le fais pas dire deux fois et referme la porte presque aussi vite que je l'ai ouverte. Je parcours la pièce du regard, émerveillée par le majestueux bureau dans lequel je viens tout juste de mettre les pieds. Lola avait raison. Il y a des bureaux infiniment mieux que le sien et celui-ci en fait visiblement partie. L'un des nombreux avantages à être le PDG d'une boîte aussi importante, en l'occurrence. - Mademoiselle Andrews ? Je tourne la tête. La surprise s'empare de moi tandis que mon regard croise celui du jeune homme en face de moi. Mr. Hari Stanford. Plus jeune que ce à quoi je m'attendais. Plus jeune et vraiment canon, soyons honnêtes. Je sens le rouge me monter instantanément aux joues suite à cette pensée. Bravo Bree. Bien joué. Il tend sa main vers moi. Je m'en empare presque automatiquement faisant tout mon possible pour rester professionnelle et sérieuse, malgré cette sensation étrange qui me donne l'impression que la température de la pièce vient d'augmenter de quelques degrés. - Enchantée Monsieur. Son regard intense, sérieux et intimidant s'ancre au mien. - De même Mademoiselle, me dit-il d'une voix rauque avec un léger accent. Je sens un drôle de frisson me parcourir le corps et mon ventre se contracter. Hé oh ! Les hormones on se calme ! Il relâche ma main, son regard toujours plongé dans le mien. - Allons-nous asseoir. J'acquiesce et le suis jusqu'à son bureau. - Vous avez fait une bonne impression à ma secrétaire, dit-il tout en s'installant derrière le grand meuble en verre. Je prends une rapide inspiration et m'assois en face de lui tout en posant mes affaires au pied du second fauteuil. - Elle m'a apporté votre dossier que j'ai lu et il est vrai que vous semblez tout à fait apte à être stagiaire chez nous. Elle m'a également dit que vous aimiez beaucoup la littérature, ajoute-t-il, ce qui je dois dire change de certaines des candidatures que nous avons l'habitude de recevoir. - Ces demandes sont si nombreuses que ça ? je demande surprise. - Oh oui. Il se penche légèrement en avant croisant les mains devant lui. - La plupart des jeunes candidatent plus pour la notoriété de mon entreprise que pour autre chose. Cela fait toujours plus sérieux de pouvoir inscrire le nom de mon entreprise sur leur CV. - Je vois. Son regard émeraude à la fois hypnotisant et intriguant plonge à nouveau dans le mien et rebelote. Simple contact visuel et pourtant je ressens à nouveau cette drôle de sensation, telle une sorte de courant électrique. Je me racle légèrement la gorge et me redresse un peu. Concentrée. Je dois rester concentrée. Ce n'est pas le moment de perdre la tête. - Pour ma part, ce n'est pas tant la notoriété de votre entreprise que ma passion pour la littérature qui m'ont mené à candidater pour mon stage, j'ajoute en toute franchise. L'ombre d'un sourire passe sur son visage. - Romans, principalement je présume ? J'acquiesce. - Classiques ou contemporains ? - Les deux. Principalement des classiques dernièrement mais il m'est déjà arrivé de lire des livres plus récents. - Et qu'aimeriez-vous faire après vos études ? Travailler dans l'édition, je présume ? - Si possible oui ou bien ouvrir ma propre librairie. Tout me va tant que cela est en lien avec la littérature. Il acquiesce, les sourcils légèrement froncés comme en pleine réflexion. Je me demande ce qui peut bien lui passer par la tête. - J'ai lu dans votre dossier que vous habitiez à Spring Valley. Avez-vous une possibilité d'hébergement sur New York ? - Oui. Mon père habite New York et il est prêt à m'héberger pendant les deux semaines de stage. - D'accord. Son regard ne lâche pas le mien un instant tandis qu'il s'enfonce un peu plus dans son fauteuil. La lueur de ses yeux me donne l'impression qu'il réussit à lire en moi comme dans un livre ouvert. Ce qui m'intrigue et me met mal à l'aise à la fois. Mon cœur s'emballe d'impatience et d'appréhension dans ma poitrine tandis que j'attends son verdict quant à ma demande de stage. Faîtes qu'il dise oui, faîtes qu'il dise oui. Les secondes s'écoulent. Une minute, puis deux. Le silence qui règne entre nous me semble durer une éternité. Alors que je commence à me préparer mentalement au fait que ma candidature puisse être rejetée, il reprend la parole : - Si vous êtes sûre, la place est à vous. Je souffle discrètement, l'air que je retenais jusqu'alors s'échappant lentement de mes poumons. Le sourire discret sur son visage me laisse supposer qu'il devine aisément mon soulagement, malgré mes vaines tentatives pour rester calme. - Vous semblez être une personne sérieuse, ajoute-t-il, et cela s'entend que vous aimez vraiment la littérature. - Merci Monsieur. - Étant donné que votre stage commence lundi, je vous propose que nous nous retrouvions ici à huit heures pour signer les papiers. Nous fixerons vos horaires à ce moment-là. - C'est parfait. J'accompagne ma réponse d'un sourire calme et sincère. Aussi rassurée et excitée que je puisse être, je prends tout de même sur moi pour me contrôler le plus possible. Mais intérieurement, c'est le feu d'artifice. Jeez. Je viens d'être acceptée pour un stage dans l'une des plus grandes maisons d'édition. Supercalifragilisticexpialidocious topissime. Oui bon, cela ne veut rien dire mais je m'en moque. Ce n'est pas tous les jours que l'on peut se vanter d'avoir une telle chance. - Bien, je vais vous raccompagner. Je cligne rapidement des yeux. Il se lève, j'en fais de même. J'attrape mes affaires à la hâte et sors de la pièce, Hari Stanford sur mes talons. Il referme la porte et me rejoint. Nous regagnons les ascenseurs côte à côte. Je peux sentir mon cœur cogner contre ma poitrine et mon ventre se contracter sous l'effet de notre soudaine proximité. Je décide de ne pas y prêter attention et faire comme si de rien n'était, me contentant de le remercier pour le temps qu'il m'a accordé ainsi que pour la chance qu'il me donne. Une chance innée pour quelqu'un comme moi. - Je vous en prie, me dit-il toujours de cette voix rauque avec ce léger accent, tout le plaisir est pour moi. Il me tend la main. Je m'en empare mon regard une fois de plus captivé par le sien. Le hall dans lequel nous nous trouvons disparaît autour de nous. Il se rapproche un peu de moi. Mon souffle s'accélère. Mon cœur crie au coup de foudre. Mon visage se rapproche légèrement du sien... Les portes de l'ascenseur s'ouvrent. Le bruit incessant des téléphones qui sonnent, des doigts qui tapent à toute vitesse sur les claviers des ordinateurs et des voix des employés qui vont et viennent dans les couloirs me parviennent à nouveau, comme si je venais de me réveiller d'un rêve. Je secoue rapidement la tête, les joues en feu. - Brianna, me salue-t-il. Je frissonne. - Monsieur Stanford... Il relâche ma main, m'adresse un signe de tête et fait demi-tour direction son bureau devant la porte duquel il s'arrête, hésitant. Je peux sentir son regard brûlant rivé sur moi tandis que je monte dans l'ascenseur. Prenant une petite inspiration, j'appuie sur le bouton RDC et me tourne une dernière fois, juste à temps pour que nos regards se croisent. Les portes de l'ascenseur se referment entre nous. Je m'appuie contre le mur du fond et souffle un grand coup. Woaw...Un rire nerveux s'échappe de mes lèvres. C'était...Étrange. Agréablement étrange. Je secoue légèrement la tête et sors mon portable de mon sac afin d'envoyer un message rapide à mes amis et ma mère pour leur dire que tout s'est bien passé. J'inspire et expire un grand coup, forçant mon esprit à se détacher des événements de ces dernières minutes et notamment de ce jeune homme mystérieux. Assez pensé à lui pour le moment. De nouveau dans le hall d'entrée, je salue discrètement Elena qui est au téléphone et regagne l'extérieur d'un pas rapide. Je dévale les marches en marbre, heureuse de retrouver l'air frais hivernal. J'attrape mon téléphone juste à temps pour voir le nom « Paps » s'afficher sur l'écran. Je réponds, sourire aux lèvres, tout en me dirigeant vers ma voiture garée à quelques rues d'ici. - Alors, cet entretien ? - C'était super, je réponds d'une voix calme mais enthousiaste. - Tu es prise ? - Oui ! - Yes ! Bravo ma puce ! Je ris discrètement, lève les yeux au ciel. Sacré papa. - Je peux passer vous voir avant de rentrer à Spring Valley ? - Bien sûr, quelle question ! - D'accord, je serai là d'ici un quart d'heure. - Nous t'attendons ! A tout de suite ! - A tout de suite papa. Je raccroche et glisse rapidement mon portable dans mon sac. Je mets mes mains dans les poches de ma veste en jean et enfouis mon menton dans mon écharpe. Un sourire vient étirer mes lèvres tandis que je finis par céder aux images qui émergent dans mon esprit, dominé par l'entretien et le drôle d'échange avec l'intriguant Mr. Stanford. Vivement lundi. ** **
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