Chapitre 2

629 Words
Chapitre 2Matthias Longjean prit la direction de la vieille ville, longea Cours de Rive puis monta en direction du collège Calvin. À l’extrémité de l’esplanade Théodorede-Bèze, il tourna à droite, passa devant le Musée d’art et d’histoire et longea la rue jusqu’au square de la rue Le-Fort. Il prit ensuite la rue Saint-Victor jusqu’au n° 2 où se trouvait le Musée archéologique de l’Université de Genève, logé dans un hôtel particulier du Second Empire, selon les plans de l’architecte César-Auguste Pompée. On lui avait annoncé par téléphone un vol au musée. Un vol dans un musée. C’était sa première fois. L’excitation et l’anxiété se disputaient en lui. Arrivé à destination, il rejoignit les inspecteurs Muller et Castiglioni qui conversaient avec une femme. – Bonjour, on a quoi ? – Bonjour Matthias. Vol avec agression, répondit l’inspectrice Jeanne Muller, la voix tendue. Une seule victime, bien amochée et dans le coma. Un collègue l’a trouvée dans le dépôt gisant, dans une mare de sang. La porte n’a pas été forcée. Plusieurs caisses en bois qui contenaient des objets archéologiques sont ouvertes. Les employés installaient les pièces dans les vitrines en prévision d’une nouvelle exposition. Difficile pour l’instant d’estimer l’ampleur du vol. – J’ai déjà pu voir qu’il en manquait une, l’interrompit la femme qui accompagnait les inspecteurs, et une autre se trouvait à côté de Michael, brisée… Vous êtes… ? – Matthias Longjean, police de la Brigade des vols et effractions. Je vous retourne la question. – Laurianne Jaccard, conservatrice du musée. – Bien. Je vais faire le tour des lieux. Madame Jaccard, veuillez me fournir, s’il vous plaît, la liste détaillée des pièces que vous possédez dans le dépôt. – Je vous la donne immédiatement. Mon Dieu, j’espère qu’il n’y a pas trop de dégâts. Puis-je me joindre à vos hommes ? Je voudrais vérifier par moi-même l’étendue du désastre. – Je ne préfère pas, mais je veux bien l’inventaire. – Très bien, répondit la conservatrice, piquée. Si vous voulez bien m’accompagner jusqu’à mon bureau. Longjean la suivit et prit le temps de l’observer. Blonde, les cheveux retenus dans une coiffure sophistiquée, elle portait un tailleur à la dernière mode à la fois strict et élégant qui mettait parfaitement en valeur ses jambes interminables. Lui qui avait toujours cru que les conservateurs de musée étaient des personnes sans âge qui sentaient la poussière et la naphtaline. Il respira son parfum délicat et enivrant. Une bouffée de désir l’envahit. Une demi-heure plus tard, le policier avait rassemblé une dizaine de personnes dans la petite salle de conférences au deuxième étage du musée. C’était la première fois qu’il se trouvait impliqué dans une enquête de cette envergure. Nerveux, il se racla la gorge et se tint bien droit pour dissimuler son manque d’assurance. Il n’avait pas le droit à l’erreur. Les premières heures étaient cruciales. – Comme vous le savez tous, un vol doublé d’une agression a été commis dans la salle de dépôt. Laurianne Jaccard, ici présente, m’a transmis un inventaire des pièces répertoriées dans cette salle. Aucune pièce maîtresse n’a été volée. Par contre, après un premier constat, nous soupçonnons la disparition de quatre objets et la détérioration d’un cinquième. Nous continuons à fouiller le dépôt pour identifier d’éventuelles pertes supplémentaires. En attendant, il me faut tous les enregistrements vidéo d’hier et d’aujourd’hui, dit-il en se tournant vers le gardien-chef. – Vous n’obtiendrez pas grand-chose, répondit celui-ci mal à l’aise. Nous avons eu quelques soucis avec les caméras. – Je vois… Rassemblez tout de même tout ce que vous avez. Madame Jaccard, il me faudrait la documentation complète des antiquités manquantes pour les douanes, l’ICOM et INTERPOL : photographies, fiches techniques, expertise, numéros d’assurance. Bruno, contacte le courtier en assurances qui est chargé du contrat pour les pièces en question. – Je veux me rendre dans la salle de dépôt, insista la conservatrice. Je connais ses moindres recoins, je suis la mieux placée pour savoir s’il manque d’autres pièces. Marion, mon assistante, se chargera de rassembler le dossier complet des pièces volées. – Merci… répondit Matthias, ne sachant s’il était ravi ou non de l’avoir dans les pattes. – Nous, on s’occupe de l’agression, continua l’inspectrice Muller. J’espère que la victime sortira rapidement du coma. Avec un peu de chance, il pourra nous faire une description du cambrioleur.
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