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4336 Words
" À la semaine prochaine. Salua le professeur en rangeant ses cours. Rentrez bien chez vous et révisez bien pour le contrôle de demain." Et ce fut sur cette phrase que Min Soo rangea sa trousse, son bloc-note et son ordinateur. Aujourd'hui, il n'avait pas eu beaucoup de cours, seulement deux heures dans le grand amphithéâtre où se réunissait une bonne centaine d'étudiants. Chacun prenait ses notes ; ici, c'était du chacun pour soi. Heureusement, Min Soo s'en sortait merveilleusement bien, et même avec les cours en plus de Wendy. Il avait même prit soin de noter quelques explications, jusqu'à tout décrire sur une feuille blanche à part, décorée de nombreux schémas. Et il se releva de sa place habituelle, c'est-à-dire, dernière rangée au fond, et mit toutes ses affaires dans son sac. Il ne pouvait pas s'attarder, car il était déjà bientôt dix-neuf heures et il devait se rendre au restaurant de son père à l'heure qui suivait. Soit, dans une petite heure et quelque. Le grisâtre partit rapidement de l'immense salle, et se dirigea vers la sortie sans plus attendre. Mais quelle fût sa surprise lorsqu'il vit l'énorme foule dans le couloir principal. Des dizaines et des dizaines de corps s'agglutinaient, et visiblement, ça n'arrêtait pas de se pousser et de se crier dessus. Vive le monde, pensa-t-il. Le regard de Min Soo dévisagea tout le monde, et il essaya d'apercevoir ce qui gênait tant la "circulation" en se levant sur la pointe des pieds. Il n'aperçut rien, à part des gens, des gens et encore des gens. Il fallait bien, malheureusement pour lui, qu'il se jette dans la marée humaine pour rentrer chez lui rapidement. C'est après un soupire d'appréhension qu'il s'ajouta à la foule ; bon sang, mais depuis quand il y avait autant de monde dans cette université ? Si seulement il pouvait se téléporter. Un coup brusque le fit tanguer en avant, il jura en sentant une douleur vive au niveau de son cœur. Il grimaça et posa sa paume contre sa chemise blanche, comme pour canaliser la gêne dans sa poitrine. Min Soo soupira, son corps était soudainement moins compressé, il comprit alors qu'il ne lui restait qu'une vingtaine de mètres avant d'atteindre la sortie. Les deux filles devant lui attirèrent son attention. " Tu crois que les urgences et la police sont arrivées ? Lança la brune à son amie. - Je pense que oui.. les gens devant avancent plus vite." Leur discussion perturba légèrement le grisâtre, il fronça les sourcils. Que diable s'était-il passé pour qu'il y ait un embouteillage ? Les autres étudiants qui se trouvaient devant s'arrêtèrent à nouveau, et, une fille sortit soudainement de la gauche, tenue par deux vigiles. La foule s'était tut en regardant la scène. " Je vous dit que je l'ai vu ! Elle criait. Je l'ai vu ! Il était à l'entrée ! Je l'ai vu !" La jeune fille se débattait violemment, mais la force des hommes était bien plus supérieure à elle. " Il l'a brûlé ! Je l'ai vu !" Elle se fit emmener loin devant, et le grisâtre la perdu de vue. Un immense brouhaha s'éleva rapidement, et l'agitation reprit d'un coup. Le jeune garçon, bloqué entre les corps des autres, était curieux. Il tapota l'épaule de la brunette devant lui, qui avait énoncé des faits un peu plus tôt " Excuse-moi.." Elle se tourna vers lui, et sursauta presque. " Oh.. Hum, oui ? - Que s'est-il passé ? Je n'ai pas suivi l'histoire. Demanda-t-il en observant aussi son amie. - Ce n'est pas très joyeux.. Rit-elle nerveusement, et replaça une mèche derrière son oreille en baissant la tête. Un corps a été retrouvé proche de l'université, et à ce qu'on a pu entendre, la tête était brûlée." Min Soo retint une grimace. " Oui.. Ajouta la deuxième fille. La police est venue et ils demandent à quelques élèves s'ils étaient témoins, mais personne n'était vraiment sur les lieux. - À part la fille qu'ils viennent d'embarquer. Reprit la brune. - D'accord, merci." Les deux étudiantes lui sourirent et se retournèrent en s'échangeant un regard presque enjoué. Sans doute parce qu'elles avaient parlé à "Kim Min Soo". Ce dernier ne leur porta pas plus d'attention. Il releva son regard vers les portes du bâtiment où surgissait la lumière du soleil, et aperçut l'horloge au-dessus de celles-ci. 19h13. Il souffla et sa main passa nerveusement dans sa chevelure. Il allait être en retard, c'était sûr et certain. La foule se remit à avancer, ses espoirs revenaient. Il regardait avec envie l'extérieur au loin, et, enfin, il sortit une petite minute plus tard. Une grande bouffée d'air frais lui frappa le visage, et ses yeux s'écarquillèrent devant le nombre impressionnant d'urgentistes. En effet, il y avait plusieurs dizaines de véhicules, mélangeant ceux des hôpitaux aux forces de l'ordre. Plus d'une trentaine, voire quarantaine d'agents semblaient inspecter les lieux, quelques étudiants parlaient et, répondaient à des questions qu'ils leurs posaient. Pourtant, aucun journaliste à l'horizon, et cela étonna Min Soo. Une tension se ressentait, décidément, il y avait du mouvement dans son quotidien, et c'était loin de lui plaire. [...] " Bonjour, excusez-moi d'être en retard !" Min Soo ferma précipitamment la porte du restaurant, et courut jusqu'au bar. Il prit quand même le temps et la politesse de s'incliner devant les clients. " Min Soo, on t'attend au service !" S'écria son père des cuisines. Habillé de son éternel uniforme de serveur, il s'empressa d'attraper son plateau et son bloc-note qu'il accrocha à sa ceinture. Il salua brièvement Youngjae et repartit en salle. Le jeune garçon vint à une table où étaient trois jeunes filles ; il reconnut d'ailleurs une de sa fac, et leur sourit. " Bonsoir. Avez-vous choisi votre commande ?" C'était le début de son service habituel. Cette fois-ci, il n'y avait pas tant de monde. En quatre heures. Min Soo avait servi une centaine de clients. Ça ne représentait pas grand chose par rapport à hier, mais au moins, il ne courait pas comme s'il était fourré dans un marathon. Alors, pour occuper le temps et servir à quelque chose, le grisâtre nettoyait les vitres de la devanture du restaurant. Ses mouvements étaient las, et sans motivation ; en clair, il n'était pas au top de sa forme. Non, car même s'il n'avait pas eu beaucoup de cours aujourd'hui, une lourde fatigue pesait sur ses épaules. Sa nuit avait été des plus désastreuses et épouvantables. Ses poumons, sans qu'il se comprenne pourquoi, lui avaient horriblement gêné, une trop grande bouffée d'oxygène instaurait une terrible brûlure au niveau de sa cage thoracique. Il avait eu la drôle sensation d'être contrôlé, enfermé par quelque chose d'invisible, oppressé de l'intérieur. Au final, il n'avait pas vraiment beaucoup dormi, et s'était réveillé à sept heure tapante. Min Soo décida de prendre l'air, un peu. Quelque chose n'allait vraiment pas ces temps-ci, son instinct ne se trompait jamais en plus, ce qui l'inquiétait un peu. Il se méfiait de son entourage, et de tout ce qu'il pouvait arriver. Il se dirigea alors vers le bar et entra dans la salle de cuisine à l'arrière pour trouver son père. Les bruits imposants des casseroles, machines ou du personnel qui criait les commandes lui montèrent rapidement à la tête, son cerveau bourdonnait. Son père, de loin, le remarqua. Il dit une dernière phrase à un employé et vint à lui, son front était recouvert de perles de sueurs. " Qu'est-ce qu'il y a, Min Soo ? Sa voix était rauque. - Est-ce que je peux aller prendre l'air ? J'ai la tête qui tourne." Avoua-t-il. L'homme se tut quelques instants, et reprit ses esprits. " Oui oui, bien sûr, mais... Bon, fais attention à ne pas attraper froid." Le jeune garçon hocha la tête, et ne perdit pas plus de temps pour partir des cuisines. Un immense soulagement au niveau de son crâne le fit soupirer, il traversa la salle de restauration, puis, poussa la porte de ses deux mains ; enfin, il était dehors. Les bruits s'étaient vivement estompés, les bourdonnements s'arrêtèrent. Il ferma les yeux, les mains posées sur la chute de ses reins, et, lorsqu'il releva le visage en ouvrant les paupières, il aperçut le ciel sombre, où brillaient la lune et les étoiles. Ses yeux les fixaient, ils les admiraient. La nuit était belle, ce soir. Le temps, froid, mais les astres resplendissaient. Busan était une citée magnifique, surtout la nuit. Min Soo se trouvait en pleine contemplation, la tête rivée vers le haut. Il en oubliait presque où il était, son corps tenait à peine sur ses deux jambes, son point d'équilibre n'était pas très immobile ; son buste vacillait, mais il ne fit rien. Actuellement, tout son attention était sur ces petits points qui brillaient, rien d'autre. Jusqu'à ce que la porte derrière lui s'ouvrit. Le grisâtre se tourna alors vers le nouveau venu. " Min Soo, ça va ? Il reconnut YoungJae. - Oui, je voulais juste prendre l'air. Sourit-il. - Oui, ton père me l'ai dit y'a tout juste une minute. Il rit. Il m'a aussi demandé de te prévenir que tu pouvais rentrer chez toi. - Maintenant ? Questionna Min Soo, surpris. - Oui, tu peux y aller. Mais il me semble qu'il veut te parler juste avant. On se revoit demain." YoungJae partit en reculons, puis rentra dans le restaurant. L'étudiant vit à travers la vitre son paternel lui faire signe. Alors, il enfourna ses mains dans ses poches, et vérifia au passage s'il n'avait rien oublié. Son téléphone et ses clés étaient bien là. Il entendit la porte se rouvrir. " Avant que tu t'en ailles, allume le chauffage dès que tu arrives à la maison. - Oh, euh.. oui, d'accord. Répondit alors son fils. Mais ça va aller ? Il reste encore quelques clients, tu es sûr que je peux rentrer ? - Oui, de toute façon, il n'y a pas grand monde. Rentre bien avant une heure du matin. À demain, mon garçon." Min Soo fixa son père quelques secondes, et juste avant que sa silhouette disparaisse, il lança. " Papa, tu es sûr que ça va ?" Il ne se retourna pas. Sa main était contre la vitre de la porte, il ne bougeait pas mais pourtant, il lui répondit. " Bien sûr." Ses sourcils s'arquèrent vers le bas, il resta bloqué, là, devant le restaurant. Son père était rentré à l'intérieur du bâtiment, le grisâtre se retrouvait seul dans la rue. Il revint à lui-même, ses jambes reprirent alors la direction de sa maison. C'était étrange. La sensation d'un mauvais pressentiment avait fait surface lorsque son géniteur avait prononcé sa phrase. Et puis, que signifiait "avant une heure du matin" ? Un drôle de frisson le traversa, ses poils se hérissèrent soudainement. Ce n'était pas vraiment la chair de poule, plutôt, une sorte d'appréhension, presque de l'adrénaline. Ça le perturba un peu, d'ailleurs. Et puis, pourquoi son père semblait si tendu ? Ça y est, cela recommençait. Le manque de savoir. Oh, qu'est-ce que cela l'agaçait. Min Soo avait presque envie de retourner au restaurant pour lui soutirer des explications, parce que sa réponse n'avait pas vraiment été des plus convaincantes. Ça n'avait qu'accroît ses questionnements. Le jeune homme souffla d'énervement, sa mâchoire se crispait et ses sourcils se froncèrent plusieurs fois. Il décida alors, pour se calmer un peu, d'écouter de la musique. Il chercha ses écouteurs et sortit de son autre main son téléphone, puis les brancha à la va-vite. Il tapota sur son écran avant de le remettre dans sa poche, et, de ses deux mains, il plaça les oreillettes dans ses oreilles. Il releva alors le regard devant lui, et s'appuya, comme à son habitude, au poteau à sa droite. Son attention revint au trottoir d'en face, et ses yeux s'écarquillèrent brusquement, son souffle se coupa lorsqu'il vit un type en noir se tenir en face. Il manqua presque de tomber tellement il avait eu peur, ses jambes semblaient soudainement si molles qu'il se retint au poteau. Mais à la seconde où il cligna des yeux, la silhouette avait déjà disparue. Plus rien. Son cerveau s'était à nouveau complètement déconnecté, ses lèvres, entrouvertes par la surprise et l'incompréhension. Non, non. Il pouvait jurer avoir vu quelqu'un en face. Se tenir droit. Les mains dans les poches. Le visage caché par un masque et une casquette noir. Comme hier. Son regard demeurait bloqué en face. Il n'en revenait pas. Non, c'était impossible. Quelqu'un ne pouvait pas disparaître comme ça. Mais pourtant, personne ne semblait avoir remarqué quelque chose. Comme hier. Comme hier. Tout se passait comme hier. Lorsqu'il vit la lumière du feu des piétons tourner au rouge, d'un coup, il se remémora les paroles de son père, comme si celles-ci venaient de prendre une soudaine importance. Un v*****t frisson défila sa colonne vertébrale, il bugua un instant avant de s'élancer en courant sur la route. Si soudainement qu'un de ses écouteurs tomba de son oreille, mais il ne s'en préoccupa pas plus que ça et rejoignit l'autre côté de la route, juste avant que les voitures ne redémarrèrent. Min Soo s'arrêta par la suite, effrayé par quelque chose d'invisible, d'immatériel, presque inexistant. Et il courut jusqu'à chez lui. Le silence régnait dans sa maison. Ou du moins, s'entendait la respiration saccadée du jeune garçon. Il était là, debout, droit comme un piquet sur le tapis à l'intérieur de chez lui, ses yeux fixaient la poignée de la porte en même temps que son torse se soulevait à chaque souffle. Et il soupira. Le silence qui planait lui paraissait beaucoup trop lourd. Quelque chose pesait sur ses épaules, un mélange entre le stresse et la frayeur. Min Soo était effrayé. Ses doigts lâchèrent, las, la poignée, et il se retourna après avoir vérifié plusieurs fois si sa maison était bien verrouillée. Sa main retomba le long de son corps, il prit une grande inspiration. Son cerveau avait l'air vide tellement les questions affluaient. Oui, le grisâtre ne savait même plus sur quoi se concentrer, ni où donner de la tête. Il était perdu. Lorsqu'il fit face au salon plongé dans le noir, il se sentit si petit à cet instant, comme si dans les ténèbres et l'obscurité qui occupaient sa maison, quelque chose était là. Quelque chose l'épiait. Mais quoi ? Qu'est-ce qui pouvait se cacher, là ? Qu'est-ce qui pouvait être ici ? De l'air ? Le vide ? Le sombre ? Non, rien de matériel. Rien. Il n'y avait rien. Le son de son souffle résonna. Plus aucun bruits. " Bon, aller." Min Soo se baissa et se déchaussa rapidement. Il en avait assez de cette journée ; presque rien de normal s'était produit, mise à part son professeur à l’université. L'université.. Le garçon tenait du bout de sa main son sac, ses jambes enjambaient deux à deux les marches de l'escalier. Il arriva rapidement à l'étage, puis dans sa chambre ; il balança son sac vers son bureau une fois avoir refermé sa porte. Min Soo s'écroula sur son lit. La flemme l'envahit, une douche s'imposait néanmoins, mais bon sang, à cet instant précis, la salle de bain lui paraissait être à plus d'une dizaine de kilomètres. Ses yeux se mirent à fixer la porte. Il soupira intérieurement en se relevant, et prit à la va-vite son pyjama afin de se doucher et de se coucher au plus vite. La serviette de bain en main, il s'y dirigea sans réelle motivation, et s'enferma. Le grisâtre déposa ses affaires sur le rebord du meuble, et fit couler l'eau dans la douche. Il se déshabilla, puis, une fois à bonne température, mit son corps sous le jet bouillant. Ses yeux se fermèrent, il dût d'ailleurs lutter contre le sommeil à cet instant précis. Cette journée l'avait vraiment lessivé. Entre la nuit, les cours, le stress, le restaurant et le pyromane, rien ne laissait son esprit tranquille. Il avait d'ailleurs l'impression que sa vie se compliquait ces temps-ci. Ses pensées retournèrent à l'université. Et dire qu'un meurtre s'était produit tout proche. Étrangement, cela lui semblait presque en lien avec le garçon en noir. C'est vrai ? Il ne l'avait rencontré qu'hier, enfin, vu qu'hier. Son esprit fusa et un flash passa ; le garçon bouillonnait, était-ce en rapport avec le meurtre commis ? Oh, mon dieu. Ce ne pouvait pas être réel, c'était tout bonnement impossible à imaginer. Mais s'il s'agissait de ça ? De lui ? Et puis, l'avait-il vraiment croisé tout à l'heure ou alors son esprit lui faisait des siennes ? Arrg.. Min Soo tapa sa tête contre les carreaux de la douche. Il n'en pouvait plus, ces événements ne faisaient qu'empirer les choses en embrouillant son esprit. Un long soupir s'échappa de sa bouche, il coupa l'eau après quelques minutes. Une fois sorti, il attrapa sa serviette et se sécha n'importe comment, il n'avait qu'une seule envie, celle de dormir et de passer une meilleure nuit que celle d'hier. Il avait horriblement besoin de sommeil. Et, il voulait surtout revoir Wendy, car bon sang, elle lui manquait déjà. Il remonta son regard vers le miroir, et son cœur s'arrêta en sentant une main se poser sur son épaule. Le jeune homme sursauta si violemment qu'il tomba sur les fesses, ses yeux s'étaient fermés de peur et ses bras se mirent devant lui pour se protéger la tête. Et il cru faire une crise cardiaque quand il entendit un rire. Son visage se releva, mais avec choc et totale incompréhension, il n'y avait personne. Son corps entier tremblait sur le carrelage froid et humide de la salle de bain. Son regard, rivé devant lui où il n'y avait visiblement rien. Sa voix s'était bloquée dans sa gorge sous le choc, son organe vitale tambourinait si fort dans sa poitrine qu'il crut qu'il allait en sortir. " C'est pas vrai.." Min Soo se releva sur ses jambes tremblantes, il s'appuya avec ses deux mains pour s'aider à se remettre debout. Et, avec frayeur encore une fois, il vit quelqu'un, là, dans le reflet du miroir. Mais seulement dans le reflet du miroir, puisque lorsqu'il regarda à côté de lui, il n'y avait personne. Malgré la courte rencontre avec le garçon aux yeux rouges, Min Soo remarqua que ce n'était pas lui. Un autre homme. " Je deviens fou.." Lança-t-il. Tout lui était semblable à un film d'horreur. Dans sa tête, divers scénarios défilaient, il pensait même qu'il s'agissait de ses derniers instants, là, maintenant. Le grisâtre entendait son cœur jusqu'à son cerveau, son sang affluait si vite dans ses veines que s'en était douloureux. Son rythme cardiaque partait en fusion. " Qui e-es-tu ?" L'homme dans le miroir ne bougeait pas. Min Soo se sentait presque intimidé, en plus, il n'était seulement couvert d'une serviette, son corps s'exposait à lui. Soudain, l'attention du jeune étudiant se porta à ses doigts. Le garçon dans le miroir leva son bras droit lentement, ses doigts s'étaient formés en flingue. Le cœur du grisâtre loupa un battement, son angoisse augmentait encore plus au moment où, le type le visa à travers le reflet. Il recula, son dos toucha le meuble à savon juste derrière lui. Sa respiration s'emballait de plus en plus, il fixait avec horreur ce reflet qui visait sa tête. Min Soo posa sa main sur l'armoire, il tâta la surface avec d'attraper ce qui lui semblait d'être un porte-savon relativement solide. Un silence. 《Pan》 Il hurla en jetant l'objet sur le miroir et se baissa la seconde, ses mains bouchèrent ses oreilles. D'immenses sueurs froides prenaient tout son corps aux tripes, la nausée remonta le long de son œsophage. Des coups retentirent sur la porte, il cru mourir à cet instant précis, accroupi à côté de la douche. " Min Soo, tu vas bien ?!" C'était sa mère, et il la reconnu. Ses jambes fébriles se tendirent pour élancer son corps vers la sortie de la salle de bain, il ouvra la porte maladroitement et se jeta sur elle. " Min Soo?! S'écria-t-elle. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?!" Ses bras la serraient, c'était mentir s'il disait ne pas avoir eu la peur de sa vie. Elle lui murmura de se calmer en même temps de caresser doucement son dos nu, ce qui ne tarda pas à ralentir sa respiration et son cœur. Sa mère, quant à elle, était perdue. Son fils tremblait contre elle, rare était le nombre de fois où il avait été ainsi. Ses yeux se baladèrent alors sur la porte de la salle de bain, puis, elle remarqua des morceaux de verres éparpillés sur le sol de la salle de bain. " Min Soo, tout va bien, je suis là." Elle chuchota. Il desserra son emprise, ses yeux s'ouvrirent un peu ; son visage paraissait horrifié, ses lèvres étaient presque devenues bleues. Elle caressa ses joues de ses pouces, puis, passa à côté de lui pour entrer dans la pièce. Avec stupeur, elle vit le miroir brisé, les lavabos presque remplis de bout brillants. La jeune femme ne s'avança pas plus ; elle n'était qu'habillée d'une simple nuisette, recouverte par un peignoir gris clair. Elle n'avait rien mis à ses pieds. " Maman.. Il appela. - Viens, on va aller dans la cuisine. Je nettoierai plus tard, ce n'est pas grave." Il hocha faiblement la tête, sa main droite vint s'accrocher à son propre bras gauche. Sa mère s'approcha de lui en enlevant son peignoir, et le mit sur ses épaules. Min Soo l'enfila à la suite, l'odeur maternel parvint à ses narines. La douce main de sa génitrice se posa sur le bas de son dos, il fut alors forcé d'avancer vers les escaliers. Une fois la lumière éteinte, ils descendirent ensemble jusqu'au salon, où, il partirent ensuite vers la cuisine. La mère chercha deux tasses, et, de gestes presque habitués, elle fit chauffer du lait dans une casserole. Elle revint à lui, assis sur une des chaises de l'îlot central. " Min Soo s'il-te-plaît, raconte moi ce qu'il s'est passé." Le jeune garçon frotta ses deux mains entre elles, résigné à devoir lui raconter tout depuis le début. L'épisode du pyromane au passage piéton, jusqu'ici. Mais il ne pouvait pas. Il ne voulait pas. Aucunement, il voulait que sa maman s'inquiète et encore moins pour lui. Il n'était pas question de fierté, non, mais plus de protection envers elle, car elle était déjà assez stressée envers son travail, il ne pouvait se permettre d'en rajouter une couche. " Min Soo. Sa voix s'était raffermie. - J'ai cru voir quelqu'un dans le miroir.. Je dois être fatigué. Avoua-t-il. Excuse-moi de t'avoir inquiété maman, je t'assure que je n'ai pas fait exprès." Sa mère ne répondit rien. Elle se retourna pour continuer de préparer les deux chocolats chauds, et revint à lui une petite minute plus tard, tasses fumantes à la main. Elle en déposa une devant lui, et s'appuya sur ses avant-bras, le visage penché vers son fils. " J'ai cru que tu téléphonais à quelqu'un au départ, je t'ai entendu parlé. Continua-t-elle. J'ai eu très peur, j'ai pensé que tu t'étais fait mal. - Je suis désolé.. Je crois que je commence à avoir des hallucinations. Il dit dans un soupir. - Ton père rentre dans une heure au moins. Tu veux qu'on regarde la télé pour te changer les idées ?" Proposa la femme après avoir bu une gorgée. Il regarda le liquide brun clair dans son récipient entouré de ses deux mains, et ferma les yeux. " Non, je vais aller nettoyer la salle de bain et me coucher. Mes cours sont à 10h demain et j'ai un contrôle, il faut que je me repose. Et toi aussi. Affirma Min Soo. - D'accord. On en reparlera demain avec Papa." Elle ajoute. Il acquiesça silencieusement, avant de finir auprès de sa mère son chocolat chaud. Elle déposa par la suite les deux tasses dans l'évier, et ils remontèrent à l'étage après avoir éteint les lumières. Min Soo soupira lorsqu'il vit l'état de la salle de bain. Il attrapa tout de même un balai et une petite pelle, et rassembla sur la pointe des pieds tous les bouts plus ou moins gros de miroir qui traînaient sur le sol blanc. Sa génitrice, quant à elle, resta devant la pièce, surveillant son fils au moindre faits et gestes, comme si à tout instant il pouvait tomber dans les pommes. Une fois tout nettoyé, il ramassa ses affaires et enleva le peignoir. Le grisâtre le tendit à sa mère. " Tu es sûr que ça va aller ? Demanda-t-elle. - Oui, désolé de t'avoir dérangé. Va te recoucher Maman, je t'assure que ça va mieux maintenant. Elle hocha la tête. Et merci." Il retourna dans sa chambre, et referma la porte rapidement derrière lui. " p****n de merde.." Jura-t-il en passant une main sur son visage. Une horrible sensation descendit jusqu'à ses pieds, suivie de sueurs froides. Il soupira bruyamment et se vêtit d'un simple caleçon, car, étrangement, il avait vraiment chaud. Il balança le reste de ses affaires au pied de son lit, puis s'écroula dessus. Il se sentait pris par la peur. Min Soo était effrayé. Mais par quoi ? Qu'est-ce que c'était, dans la salle de bain ? Une chose était vraiment sûre ; il n'avait pas rêvé. Non, là, c'était à la limite du foutage de gueule. De nombreuses fois Min Soo avait été fatigué au point d'en avoir des hallucinations et des vertiges, mais là, là, c'était tout autre chose. Le visage du gars, il l'avait encore dans la tête. Sa peau blanche, terriblement blanche. Il n'avait pas de masque, non, juste une casquette noire. Ses vêtements l'étaient autant, d'ailleurs. Min Soo demeurait persuadé qu'il ne s'agissait pas du même gars qu'il avait croisé hier, non. Lui, il avait les yeux gris. L'autre les avait rouges. Le jeune étudiant s'efforça de fermer les yeux. Et l'autre garçon sourit.
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