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1739 Words
Vingt minutes plus tard, installés à une table à une table offrant une vue sur le port de pêche, tenant chacun une bière fraîche, Patrick observait son neveu avec le plus grand intérêt. Avec son pantalon gris, sa chemise et sa veste blanche, il était très chic et très élégant. Sans son teint halé et ses cheveux décolorés, on oublierait presqu’il était surfeur. Danny en faisait de même en observant cet homme qui malgré ses années sans l’avoir revu, ne lui semblait absolument pas être un étranger. Il avait vieilli, il le voyait et les rides et les cheveux blancs lui allaient bien. − Daniel Weatherly, waouh ! Je n’arrive pas encore à y croire. D’abord ta sœur et maintenant toi ici. T’es devenu un homme ! Comme le temps passe, dit-il sur un ton nostalgique en avalant une gorgée de sa bière. Alors, qu’est-ce qui t’amène ici ? Tu viens voir un peu ton investissement ? − Un peu de ça, dit-il en haussant les épaules. J’avais besoin de changer un peu d’air. D’un break. Une escapade loin de mon monde, dit-il d’un ton assez triste. Danny avala une lampée de sa bière après ses mots, en scrutant un bateau de pêche. Il avait encore du mal à se faire à l’idée d’avoir dû abandonner le reste de la saison compétition, mais il n’avait pas eu d’autre choix. Même s’il avait remporté la compétition d’Hawaï, il avait écopé lors de sa dernière démonstration en plus d’un trauma crânien, d’une blessure au genou qui lui avait fallu de se faire opérer. Les médecins lui avaient donné quelques semaines pour s’en remettre. Ou pas. Entre la rééducation et l’arrêt de ses activités, il avait eu le temps de réfléchir à l’hôpital. Sa blessure pourrait l’obliger à prendre sa retraite plus tôt que prévue. À plus de vingt-huit ans, il commençait à se lasser de la compétition même s’il adorait toujours autant surfer. Grâce à sa sœur, il avait commencé à réinvestir son argent. La vérité est qu’il avait passé des jours à se reposer et à s’ennuyer à Hawaï avant d’avoir l’idée de venir dans les Hampton. La curiosité de voir l’endroit où sa sœur avait passé autrefois ses fameuses vacances géniales et également rencontré son fiancé, plus que de voir de ses propres yeux son bar, l’avait poussé à venir rendre visite à cet oncle presqu’oublié. Et, c’était mieux que d’aller − comme sa mère lui avait si gentiment et si désintéressement exposé − rendre visite à elle et son père à Seattle. Depuis l’annonce de leur réconciliation, où ils avaient demandé à eux trois d’être présent, sauf Lukas qui était en mission humanitaire, mais qui avait participé par vidéo, il évitait de s’y rendre. Il regrettait d’ailleurs de s’y être rendu en coup de vent, entre deux compétitions, les voir en coup de vent. Il s’était rendu compte que les dits de Lilah sur le fait qu’ils vivaient le parfait amour n’était pas exagérée. Ils étaient même pires que lorsqu’ils étaient encore enfants. Ses parents coulèrent des jours heureux, ils roucoulèrent carrément et c'en était presqu’écœurant. Comment un homme et une femme qui s’étaient séparés avec orages et disputes pouvaient s’être remis ensemble après dix ans de séparations ? Cela était encore un mystère pour lui autant que pour sa sœur et son frère aîné. Peut-être qu’il devrait réfléchir aux paroles qu’il lui avait dites sur trouver sa raison de vivre. Il ricana en avalant une autre lampée. Il devait avouer que c’était agréable de boire une bière fraîche, à cette heure de la journée. − Eh bien, je te souhaite la bienvenue à Montauk dans les Hampton. Les soudains mots de son oncle le sortir de ses pensées et il tourna la tête vers lui. − Que c’est bon de revoir la famille ! Je suis très heureux de te revoir, Danny après toutes ses années. Après Lilah, c’est toi qui viens me voir. J’en suis tout ému. J’ai l’impression que le destin essaye de me dire un truc. Danny rit et avala une autre rasade de bière. − Lilah avait raison. Ton bar est génial et la vue incroyable. Je crois avoir bien fait d’investir. − En effet. Il est rouvert depuis à peine trois mois et déjà est rentable. Il eut un silence pendant lequel Patrick observa le bar. − Je ne te remercierai jamais assez d’avoir fait ce que tu as fait. Rembourser la dette, en plus d’investir dans la rénovation du bar d’un oncle que tu as à peine connu depuis ta naissance m’a beaucoup ému. − Remercie ma chère petite sœur. Elle a su me convaincre et je pense avoir bien fait de l’écouter. − Lili a toujours eu de bonnes idées, dit Patrick avec un sourire plein d’affection, montrant son sentiment pour sa nièce. Au fait, tu as des nouvelles d’elle ? − Oui. Elle a quitté il y a quelques jours avec Travers le Connecticut où ils rendaient visite à la famille de son fiancé. Ils sont maintenant à Los Angeles où elle doit régler des trucs avant leur mariage. J’ai encore du mal à croire que ma petite sœur va bientôt se marier. − Moi aussi, dit-il avec un sourire. Qui aurait cru qu’elle se serait entichée de Travers. Danny fronça les sourcils, intrigué. Il était curieux de cet homme qui avait réussi à faire succomber le cœur de sa sœur et qui serait d’ici peu son beau-frère. − Il paraîtrait que tu le connais ce Travers Davenport-Reed et que tu te portes garant de lui ? − Absolument ! dit Patrick avec un large sourire. Travers est un chic type et un excellent peintre. Il m’a offert deux tableaux pour la rénovation de mon bar, dit-il en indiquant du bas de sa bouteille un tableau installé sur un mur près de l’aquarium qu’il avait à peine observé. Il l’observa un moment et dut reconnaître qu’il était très beau. − Ouais. Il semble avoir du talent. Il rit et tourna la tête vers la petite scène. − Alors, tu comptes rester un moment ici ? Lui demanda Patrick après un moment de silence. − Sais pas encore, dit-il en poussant un soupir. Je viens de l’aéroport. Je bouge tellement à cause des compétitions et de la poursuite de la vague parfaite que je n’ai pas vraiment de pied à terre quelque part. J’aurais pu rester à Hawaï, mais j’avais envie de changement d’air et de voir aussi la famille. Mais, je n’avais aucune envie de rester près de mes parents qui à mon avis sont bien mieux heureux sans nous, leurs enfants. Patrick rit soudain. − Toi aussi, tu as du mal à accepter la réconciliation de tes parents, à ce que je vois. − Après un divorce houleux et une séparation de dix ans, ouais j’ai du mal à accepter tout ça. Même si Lilah semble si être fait, mais elle, elle est sur son nuage, alors. Patrick eut un autre rire. − Si comme tu dis, tu as besoin de changer d’air, reste ici. J’ai une chambre d’ami à la maison et en plus tu pourras voir comment marche le bar. Et, tu pourras reposer ton genou. Les sourcils froncés, Danny scruta son oncle perplexe. − J’ai remarqué ta démarche, dit-il en pointant avec sa bouteille sa jambe. J’en ai vu des gens avec ce genre de blessure et je sais le reconnaître. Tu fais de la réduc ? − Oui. J’en ai encore pour sept semaines au moins. − Aïe ! Dit-il avec une moue. − Ouais. J’ai dû abandonner toutes les autres compétitions et la semaine prochaine les médias annonceront cela. Patrick grimaça en secouant la tête. − Encore plus l’occasion de d’installer ici un moment, dit-il en le regardant. Personne ne te connaît ici, et y a franchement peu de mordus de surf dans le coin en ce moment surtout avec l’approche de l’hiver. En fait, à part les locaux et ceux-là, faut pas trop les ennuyés, dit-il dans un rire. Tu seras tranquille pour reposer ton genou. Et cela me fera plaisir. On apprendra à se connaître un peu plus, associé, dit-il en entrechoquant leur bouteille. Danny eut un petit rire. Jetant un regard autour de lui, il se mit à réfléchir. Pourquoi ne pas rester un petit moment par ici au lieu d’une visite en coup de vent ? Loin de la compétition, des médias, des sponsors un peu trop pressants et des groupies un peu trop collantes. Pas qu’il déteste être admiré par les femmes et même être séduit par elles, mais parfois on avait besoin de faire un break. Il n’avait pas arrêté depuis qu’il avait commencé sa carrière neuf ans plus tôt. Pour être au sommet, il fallait prendre des risques et être toujours prêt. Il ne regrettait pas ses neuf dernières années et les quelques blessures en cours de route. Mais, cette fois, il devrait peut-être revoir un peu ses priorités et penser à l’avenir. Le discours d’une heure de sa mère sur sa vie et ce qu’il voulait faire après le surf lorsqu’il était allé leur voir lui revint. Il avait été heureux de revoir son père qui s’en sortait bien avec sa nouvelle entreprise. Il n’avait jamais pensé faire du surf toute sa vie à la différence de bien des surfeurs et surfeuses professionnelle. Après tout, il avait commencé à surfer pour se soustraire aux mauvaises fréquentations et surtout pour oublier sa vie qu’il trouvait pénible et minable et le divorce de ses parents. Sa mère avait quitté Seattle pour se rendre à San Diego avec sa jeune sœur, son frère était à l’université et lui chez ses grands-parents. Il avait eu besoin d’un exécutoire pour oublier et le surf s’était présenté simplement à lui. Et neuf ans plus tard, il avait ses photos placardées sur les murs de jeunes gens et dans les plus grands magazines spécialisés dans son milieu. Oui, il avait une belle vie et avait récupéré tout ce que la vie lui avait ôté avec en surplus la gloire et le prestige. Il eut un petit rire de dérision. Les Hampton ne représentaient-ils pas le haut lieu de prestige des États-Unis ? Et New York qui offrait tant d’opportunités. Il trouverait peut-être où investir son argent tout en farniente. − Ouais ! Pourquoi ne pas rester un temps dans le coin, finit-il par dire en buvant une autre gorgée de sa bière.
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