Titre

686 Words
Angel Arekin Le Porteur de Mort Tome 4 Poursuite (Roman) « Le bonheur, c’est la poursuite d’objectifs réalisables. » CITATION ANONYME Seuls les hommes qui ne penseront pas comme toi T’appelleront Traître. Prologue Le Soleil cogne au-dessus de ma tête. Blanc, lumineux, il brûle tout sur son passage. L’horizon est flou dans l’arène. La lumière se reflète dans le sable blanc et crée des mirages de poussière sous mes yeux. J’ai l’impression d’avoir atterri dans l’entre-deux monde en punition de mes péchés. La sueur coule le long de mon bras et picote mes chairs déchirées. Ma main est moite et brûlante sur la poignée de Trompe-la-mort. Les rayons meurtriers cuisent ma peau et blessent mes rétines, tant l’astre semble proche de la terre, au point que tout autour de l’arène est mort, stérile, des amas de pierrailles à l’infini. Je déglutis difficilement. Je n’ai plus de salive. Je soupire et songe à tout ce qui m’a conduit ici, à ce moment précis, presque inévitable, sous ce cagnard, dans cette arène, au milieu du grand nulle part. Les cris résonnent autour de moi : « À mort ! À mort ! À mort ! » Voici les jeux du cirque d’une population décadente et barbare. Pour moi, ce n’est pas un jeu. Je ne peux pas mourir ici. C’est impossible, pas maintenant. Si je meurs, Rayne sera vendu à des hommes plus pourris encore. Je ne peux pas l’accepter, peu importe les erreurs que j’ai commises, il ne doit pas en payer le prix. Je n’ai pas fini ce que j’avais à réaliser. Et Naïs est là. Elle m’observe avec ce regard à fendre un mur. Ils ne savent pas que, quoi qu’il lui arrive, quoi qu’il lui fasse endurer, elle survivra. Rayne est différent. Rayne n’est pas tout à fait humain, mais pas tout à fait… autre chose non plus. Je ne peux pas perdre. Les mirages dansent sous mes yeux. Le vent soulève le sable en rouleaux et balaie la lice. Mon bras droit me fait souffrir. Du sang coule abondamment de la plaie et goutte sur le sol en de longs filaments. Le sable est rouge à mes pieds. Cela n’a pas d’importance. Je ne peux pas perdre. Concentre-toi. Je n’en ai pas fini. La mort m’entoure. L’odeur du sang empoisonne l’air. Rayne a besoin de moi. Je ne peux pas l’abandonner après l’avoir jeté sur les routes comme un mendiant. Je ne peux pas perdre. La trompe hurle. Les cris redoublent dans l’arène. Je me sens minuscule au milieu des colonnes de schiste, sous ce Soleil de plomb qui détruit tout. Mes doigts sont crispés et douloureux. Une douleur familière. Une douleur que j’ai appris à chérir, à désirer. Trompe-la-mort est prête. La lame brille, du sang perle de la pointe. Elle n’en a pas assez bu ; il lui en faut davantage. Il m’en faut davantage. Je n’ai pas le choix. Trompe-la-mort doit hurler son chant. Et moi le mien. Elle va tout détruire et je perdrai un peu plus de moi-même. Les acclamations du public excitent mes sens. Trompe-la-mort remonte le long de ma cuisse. Je la tiens prête à frapper. J’inspire, relâche mes poumons. Je lève les yeux au-delà des colonnes et je regarde Naïs au bout de la lice, enchaînée au bras du grand seigneur d’Al-Sina, son visage aussi dur qu’un mur de pierres. Elle ne pleure pas, pourtant, c’est comme si je pouvais voir, au-delà de ses iris d’obsidienne, les larmes ruisseler. Je ne peux pas perdre. Derrière les pilastres, une silhouette familière se détache. Je suis parcouru d’un frisson désagréable. Je ne pensais plus le ressentir. Me battre contre mes frères. L’homme avance, son torse maculé de sang ; sa barbe luit sous les rais et dissimule à peine les traits tirés et furieux de son visage. Ses biceps sont gonflés et trempés de sueur. Les années l’ont façonné comme une machine de guerre, imprenable et mécanique. Son cimeterre brille sous les rais et j’y entrevois les filets de sang. De mon sang. Il tend les bras en croix, lève la tête vers ce foutu Soleil et pousse un long cri de guerre. Un cri qui m’est destiné : « Tenshin !... » Les hurlements du public résonnent en écho, emplissent l’arène et me transpercent. Je ne peux pas perdre. Je ferme les paupières, puis lentement, je perçois les bruits de ses pas dans le sable, le sifflement de la lame dans l’air. J’ouvre les yeux. Son épée s’abat sur Trompe-la-mort et un flot de sang explose entre nous. Je ne peux pas perdre.
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