J’avance vers nos invités. Je regarde toutes ces personnes qui sont venues nous témoigner leur affection et leurs félicitations. Je vois Tricia en grande conversation avec James. J’aperçois aussi Barbara et Jonelle, deux amies formidables. Je continue de marcher parmi nos convives et certains me saluent, et me disent qu’ils sont heureux d’être là. Je leur souris en les remerciant. J’avance toujours, jusqu’à apercevoir au fond de la salle Steven en compagnie de ses amis Tyler et Joseph. Je me stoppe, figée sur place. Il tourne la tête dans ma direction et nos yeux se croisent.
“Allez, c’est reparti pour les papillons dans le ventre.”
C’est incroyable même après tant d’années, de ressentir autant de frissons voire même plus que la première fois. On se fixe et automatiquement, je replonge dans mes souvenirs. Je me revois à cette soirée quand j’ai fait la rencontre de Monsieur et Madame Daniel’s, les parents de Tricia et de Steven. C’était…
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- Joyeux anniversaire, Tricia, crie tout le monde.
Je regarde mon amie, elle a 18 ans aujourd’hui, dans quelques mois ce sera mon tour. Contrairement à elle, je serai seule comme à chaque fois. Bien sûr, Lydia et Alfred seront là pour me le souhaiter, mais je serai une recluse dans ma chambre pour la soirée. Malgré ça, j’ai hâte d’y être pour dire bye bye à cette famille de cinglée.
“Ça suffit Éléonore, arrête de penser à eux et profite de la fête, amuse-toi.”
Je me dirige vers le buffet pour me resservir à boire, lorsque j’entends qu’on m’appelle. Je tourne la tête et vois les parents de Tricia.
- Éléonore, c’est bien ça ?
- Oui Madame Daniel’s.
Je lui tends la main et ajoute.
- Je suis ravie de faire vos connaissances Madame et Monsieur Daniel’s.
La mère de Tricia sourit à ma remarque et me dit.
- Nous aussi Éléonore.
Elle me serre la main, ainsi que Monsieur Daniel’s.
- Depuis le temps que Tricia nous parle de toi. J’ai l’impression de te connaître depuis longtemps. Du coup, je pense qu’il est plus simple qu’on se tutoie.
Je fais un oui de la tête.
- Je m’appelle Frédérique et ce grand monsieur à côté de moi, c’est William.
Je regarde le père de ma meilleure amie et je comprends d’où viennent la beauté et la carrure de Steven. Il me fixe sans aucun sourire. Et sa froideur aussi.
- Bon, je te l’accorde, lorsque tu le vois pour la première fois, comme ce soir, il fait un peu peur. Mais je te jure qu’il ne mord pas, il est même très gentil.
Face à la simplicité de Frédérique, j’arrive à me détendre et à rire à sa remarque.
- Frédérique ! Que va penser notre jeune amie ?
- Rien du tout Monsieur Daniel’s.
- Tu vois, dit-il en me montrant du doigt. Par ta faute, elle a peur de moi, et m’appelle Monsieur Daniel’s.
- Non pas…
Je n’ai pas le temps de finir ma phrase que Frédérique réplique aussitôt.
- Ma faute ! J’espère que tu plaisantes.
Mon regard passe de l’un à l’autre, comme dans un match de tennis.
- Depuis le début de la soirée, tu fais une tête de chien, car les Yankees ont perdu contre les Red Sox.
C'est vrai que William est New-Yorkais et qu’avec Frédérique, ils vivent là-bas. Ils sont venus pour les 18 ans de leur fille. Lorsque nous avons fait connaissance avec Tricia, elle m’avait expliqué que ces parents avaient laissé à Steven leur cabinet d’avocats à Nice. Ils souhaitaient gérer celui de New York. Une voix, qui me fait frissonner à chaque fois, me sort de mes pensées.
- Allons, maman qu’est-ce qui se passe ici ?
- Steven, dis à ton père d’arrêter de faire la tête à cause de son équipe de baseball.
Steven observe son père.
- N’importe quoi ! Steven, dis à ta mère d’arrêter de me présenter comme une personne froide. Elle a fait peur à notre jeune amie Éléonore.
Steven pose son regard noir sur moi. Je le fixe en retour. Je me permets par la même occasion de l’admirer sous toutes les coutures.
“Mon Dieu, ce n’est pas permis d’être aussi beau. Regardez-moi, c’est beau yeux marrons, cette bouche si sensuelle et puis ce corps… Mais pourquoi a-t-il fallu qu’il soit débile ?”
- Mademoiselle Dupont, est-ce que vous allez bien ?
Je sors de mes pensées et lui réponds.
- Oui, bien sûr. Pourquoi ?
- Je ne sais pas à cause de votre air ahuri.
“Je ne dirais rien, il n’attend que ça.”
- Dupont ! Tu es la fille d’André ? me demande William.
Je fais un simple oui de la tête, car je ne souhaite pas avoir une conversation sur mon géniteur.
- Incroyable ! Tu es la fille de notre associé. C’est surprenant ça.
-
“Ça pour être surprenant, c’est surprenant. Deux ans que je connais Tricia, que je côtoie régulièrement Steven, et pas un mot sur cette association.”
- Pourquoi, tu n’as rien dit ? demande William à son fils.
- Je ne vois pas en quoi cela aurait été utile de savoir que, Mademoiselle Dupont Éléonore, soit la fille d’André.
“Il faut que je parte sinon, je vais exploser et dire des choses vulgaires.”
Frédérique se joint à la conversation pour dire à son garçon sa façon de penser.
- Steven ! Je crois que tu manques de respect à Éléonore, fait lui des excuses. Et puis pourquoi ce ton solennel, avec tes Mademoiselle Dupont ? Tu ne peux pas l’appeler par son prénom ?
“J’adore cette femme. Allez prends toi ça dans les dents.”
- Maman ! Je….
- Je ne veux rien savoir, excuse-toi.
Steven me fixe pendant que sa mère lui fait un sermon.
“Même avec ce regard glacial, je le trouve juste magnifique. J’aime qu’il me regarde ainsi, même si je sais qu’il a envie de me tuer. J’aimerais tant qu’il me prenne dans ses bras…”
- Mademoiselle Du….
La mère de Steven donne un coup dans l’épaule de son fils pour lui faire comprendre d’arrêter avec les Mademoiselle.
- Pardon ! Éléonore, je te présente mes excuses.
“Je rêve où il vient de dire Éléonore.”
Je le regarde et lui prononce un simple merci. Je me tourne en direction de Frédérique et déclare.
- Tu sais ça ne, me dérange pas, c’est un petit jeu entre nous. Il m’appelle Mademoiselle Dupont et en retour je l’appelle Monsieur Daniel’s.
Je fixe Steven lorsque je lâche Monsieur Daniel’s. Il me regarde toujours avec ce regard froid. J’essaye de lui faire un petit sourire, mais rien n’y fait.
- Vous avez de drôles de jeux, dit Frédérique.
- Sans doute, mais tellement amusant, n’est-ce pas Steven.
Je vois à son regard, qu’il aimerait bien me fusiller avec.
- Oui effectivement, répond-il. Excusez-moi, mais je dois passer un coup de fil important, on se voit plus tard, ajoute-t-il à ses parents.
Je profite de sa fuite pour faire exactement pareil.
- Frédérique et William, je suis ravie d’avoir fait votre connaissance et j’espère vous revoir bientôt.
- Nous aussi Éléonore. Mais j’y pense. Pourquoi ne pas rester dormir à la maison ? Tricia serait heureuse de t’avoir avec elle et puis ça nous permettrait de faire un peu plus connaissance.
Steve s’arrête d’un coup et se retourne face à nous.
- Merci beaucoup, Frédérique, mais je ne voudrais pas vous déranger.
- Oui et puis ses parents ne sont pas au courant maman, réplique aussitôt le jeune homme.
“Il ne veut vraiment pas que je reste ici…”
- Toi mon garçon, occupe-toi de tes affaires. Va passer ton coup de fil et puis par la même occasion, appelle les parents d’Éléonore pour les prévenir qu’elle dort ici. Ajoute également que tu la ramèneras demain dans la journée.
Je vois la tête de Steven se décomposer au fur et à mesure que Frédérique lui annonce les choses.
- Et toi ma petite, va t’amuser. On se voit après.
Je remercie Madame et Monsieur Daniel’s et pars rejoindre mes amis. J’approche de ma meilleure amie. Elle me voit arriver et ouvre grand les bras pour me faire un immense câlin. Je lui apprends que ce soir, je dors ici. Tricia est folle de joie et projette plein de choses pour la nuit. Je crois que nous n’allons pas beaucoup dormir. Le DJ met la chanson Party Rock Anthem de LMFAO et l’on devient comme des dingues. On saute dans tous les sens. On finit par reproduire la chorégraphie du clip. Cela fait tellement longtemps que je n’ai pas passé une soirée à m’amuser ainsi, que j’avais oublié le bien que cela pouvait faire. La chanson se termine et j’entends ça :
“If you ever leave me baby,
Si un jour tu me quittes bébé
Leave some morphine at my door
Laisse un peu de morphine sur le pas de ma porte
'Cause it would take a whole lot of medication
Parce que j’aurais besoin de beaucoup de médicaments
To realize what we used to have,
Pour réaliser que ce que nous avions l’habitude d’avoir
We don't have it anymore.
Nous ne l’avons plus désormais”
La voix de Bruno Mars m’emporte et je comprends que le moment tendresse de la soirée commence. Je décide de quitter la piste avec Tricia quand nous voyons Steven venir à son tour sur le dancefloor en compagnie d’une jeune femme sublime. Je regarde mon amie.
– C’est une collègue, me dit-elle
“There's no religion that could save me
Aucune religion ne pourrait me sauver
No matter how long my knees are on the floor
Peu importe combien de temps mes genoux restent à terre
Ooh so keep in mind all the sacrifices I'm makin'.
Alors garde bien en tête que les sacrifices que je fais
Will keep you by my side
te garderons à mes côtés
Will keep you from walkin' out the door.
et t’éviterons de prendre la porte”
Je vois Steven prendre dans ses bras cette fameuse collègue, et je ne peux m’empêcher de ressentir une énorme pointe de jalousie.
“Espèce de grosse…”
Je ne peux pas terminer de l’insulter dans ma tête, car je sens des doigts se poser sur mon épaule. Je m’arrête, me retourne pour voir le garçon le plus populaire du lycée.
- Salut Tristan. Ça va ?
Il m’attrape la main et me répond.
- Oui, merci. Éléonore, tu veux bien venir, danser avec moi ?
Je suis complètement surprise. Je regarde Tricia, qui d’un signe de tête me fait comprendre d’y aller.
“Allez, vas-y ce n’est que Tristan.”
Je tends la main à Tristan et nous partons rejoindre les autres danseurs. Il me prend dans ses bras. Je pose mes mains sur ses épaules et lance un regard en direction de Steven. Celui-ci me fixe également. Je sens la main de Tristan descendre dans mon dos. Quand elle arrive au creux de mes reins, je sens une légère pression pour me rapprocher un peu plus de lui. Je suis assez surprise, car je suis quand même une très bonne amie de sa copine. Il nous fait quoi là ?
- Éléonore, je suis très content de pouvoir passer un moment avec toi.
- Merci Tristan. Moi aussi, je suis ravie. Mais où est Jonelle ?
Je n’entends même pas la réponse du jeune homme, car mon cerveau est complètement déconnecté. Je n’arrête pas de regarder en direction du couple Steven et sa collègue. Et cette musique de Bruno Mars qui me déchire le cœur.
“'Cause there'll be no sunlight
Parce qu’il n’y aura plus de rayons de soleil
If I lose you, baby
Si je te perds mon bébé
There'll be no clear skies
Il n’y aura plus de ciel dégagé
If I lose you, baby
Si je te perds mon bébé
Just like the clouds
Et comme les nuages
My eyes will do the same, if you walk away
Mes yeux feront pareil si tu t’en vas
Everyday it will rain
Chaque jour il pleuvra”
“Il faut que je sorte d’ici. Je n’arrive plus à prendre sur moi. Il faut que je sorte.”
J’arrête de danser, Tristan surpris m’interroge du regard. J’enlève les mains de ses épaules et pars sans dire un mot. Je passe devant le couple Steven et la sublime collègue et ne peux m’empêcher de les regarder. Le frère de Tricia me fixe également. Lorsque je passe derrière la créature, la main de Steven m’attrape au niveau du poignet et me retourne pour être face à lui.
- Tout va bien, Mademoiselle Dupont ?
“C’est reparti pour les Mademoiselle. Remarque je préfère…”
- Oui, Monsieur Daniel’s.
Malgré ma réponse, le jeune homme ne me lâche pas et continue à me fixer. J’aime quand il me regarde de cette façon. Son regard est beaucoup plus doux. On pourrait jurer qu’il y a de la tendresse.
“Tu es complètement folle ma fille, Steven ! Avoir de la tendresse pour toi…”
Totalement hypnotisée par ses yeux magnifiques, je m’avance vers lui. Steven soutient mon regard. J’approche toujours dangereusement vers lui. Je n’ose pas détourner le regard ou tout simplement cligner des yeux, de peur de rompre le charme.
- Steven, tout va bien ?
La sublime collègue interrompt la magie de ce moment. Steven tourne la tête pour regarder son amie et lâche ma main.
- Oui, désoler Elsa.
Il me regarde à nouveau, mais cette fois-ci son regard est dur.
- Bonne soirée, Mademoiselle Dupont.
- Ouais c’est ça, bonne soirée Monsieur Daniel’s.
Je commence à partir, mais avant j’ajoute.
- Ou plutôt Monsieur c*****d.
Je pars sur des ho surpris de la collègue et sur les Mademoiselle Dupont de Steven.
“Rien à battre, je ne veux plus les voir, de vrais abrutis…”
Je sors de la maison et avance dans le jardin des Daniel’s. Je vois au fond, un banc en béton blanc. Je m’y assois et regarde en face de moi. Une vue magnifique. J’aime regarder les montagnes qui sont en face de moi. Surtout la nuit, quand tout est éclairé. Je déteste ceux qui m’ont donné la vie, mais j’aime l’endroit où je vis. Rien que le nom Les Condamines est génial. C’est le nom de la montagne où je vis et puis j’adore dire que j’habite au Condamines à Saint-Martin-du-Var. Un petit village provençal… J’entends du bruit derrière moi.
“p****n, il commence vraiment à me prendre la tête. Il ne peut pas rester avec sa pouffe…”
Je me tourne légèrement pour lui dire.
- Steven pas ce soir, retourne…
Je me tais, car ce n’est pas le frère de Tricia, mais Tristan.
- Pardon Tristan. J’ai cru que c’était une autre personne.
- Oui, j’ai vu ça, dit-il avec un sourire
Il avance vers moi.
- Je peux m’asseoir avec toi ?
- Bien sûr, dis-je en lui faisant une place.
- Je suis là, car je me suis inquiété en te voyant partir ainsi.
“Tristan, inquiet pour moi ? J’ai dû louper un épisode. Ok on se parle, mais jamais on n’a eu un tête-à-tête comme ça. C’est juste le petit copain d’une amie.”
Le jeune homme glisse sur le banc, afin d’être plus près de moi.
“Mais il me fait quoi là ?”
- Éléonore, plus je te vois et plus je me dis que c’est avec toi que j’aurai dû sortir, dit-il en me touchant l’épaule.
“Je dois rêver. Ce n’est pas possible…”
Il commence à me prendre dans ses bras.
“Non je ne rêve pas.”
Je le repousse, mais il insiste. Je finis par me dégager, me lève du banc, lui aussi. Je recule avec le bras tendu et la main levée
- Tristan stop ! Je ne sais ce qui se passe avec Jonelle, mais sache que pour moi tu es juste un ami.
- Juste un ami ! Tu plaisantes j’espère. Toute la soirée tu m’as excité avec tes danses et maintenant, tu oses me dire que je ne suis qu’un ami.
Je vois qu’il approche dangereusement et son regard ne présage rien de bon.
“p****n je suis dans la merde.”
- Tristan calme-toi et…
Je n’ai pas le temps de finir ma phrase, qu’il me saute dessus. Il me colle contre lui pour essayer de m’embrasser. Je tourne la tête de gauche à droite afin d’éviter ses lèvres. Je lui hurle après, mais il renforce sa pression sur moi. J’ai peur et pense que je suis perdue.
- Lâche-la immédiatement.
“Merci mon dieu”,
Tristan me lâche et commence à s’excuser auprès de mon sauveur.
- Éléonore, viens me rejoindre.
Je tourne la tête pour voir la personne qui me parle et je découvre Steven me tendre la main. Je pars dans sa direction et je sens qu’il m’attrape par le bras pour me coller contre sa hanche.
- Monsieur Daniel’s, je vous jure que c’est elle qui m’a aguiché.
- Je te conseille de te taire et de partir sur le champ. Ne t’approche surtout plus d’elle ainsi que de ma sœur. Ce soir, je suis gentil, mais la prochaine fois ça sera autre chose.
Les larmes aux yeux, je vois Tristan disparaître.
- Éléonore, est-ce que tout va bien ? Il ne t’a fait aucun mal ?
Je n’arrive à prononcer aucun mot. Je suis complètement submergée par les émotions. Émotions de peur à cause de Tristan et puis émotions de bien-être, car je suis dans les bras de Steven.
- Éléonore, tu vas me répondre, me dit-il.
Je vois son visage se rapprocher du mien. Je sens mon cœur tambouriner dans ma poitrine. Ses lèvres se rapprochent de plus en plus.
- Je vais bien, Steven. Merci beaucoup.
- Merci mon dieu.
Avec un plaisir immense et sans vraiment comprendre ce qu'il se passe, je sens les lèvres de Steven se poser délicatement sur les miennes.