Demain nous allons déménager à Mbacké dans notre nouvelle maison. papa nous a demandé de ranger les bagages le matin car le camion viendra les transporter la nuit. C'est pas facile de quitter un quartier où on a grandit pour un autre. Mais c'est la volonté de Dieu.
Ce matin nous nous sommes levés de bonne heure pour que les gens du quartier ne nous voient pas. Le 7 place que nous devons prendre est déjà la.
Avant 9h nous somme déjà à Mbacké. Le véhicule s'est arrêté devant une maison entourée de zinc, la cour est composée de trois pièces en chaume. Les deux sont des chambres à coucher et l'autre la cuisine. Derrière les deux premières pièces il y'a une toilette en zinc.
Les habitants de ce quartier ne sont pas si riches que ça. Mais notre maison demeure la seule et unique maison faite en chaume. C'est la raison pour laquelle nos cohabitants ne nous ont pas bien accueilli dans le quartier. Ils ne ratent jamais l'occasion de nous montrer que nous ne sommes pas les bienvenues. Ils ne répondaient même pas à nos salutations et continuent toujours à verser des eaux salées devant la porte de la maison. Il nous considèrent comme des moins que rien tout en ignorant que cela nous importe peu car, ce sont les personnes de même sang qui sont les premières à nous traiter comme des bâtards.
Les trois mois de vacances vient d'être écoulés. On m'a transféré dans un CEM publique du département de Mbacké. Je viens d'y subir tout ce que je craignais dans les écoles publiques:Des classes surchargés ; certains élèves indisciplinés, non seulement ils ne veulent pas travailler mais ils empêchent les autres de le faire. Je me demande souvent là où ils ont passé pour réussir aux examens. Ils perturbent et fuient incessamment les cours. On dirais même qu'on leur a forcé l'école mais leurs ambitions sont loin des études. N'empêche les cours se déroulent régulièrement. Les professeurs expliquent bien les leçons. Je m'accroche bien. Comme d'habitude, je participe à l'animation des cours, j'ai aussi de bonnes notes aux devoirs à l'exception des mathématiques mais je n'en ai jamais eu une note inférieure à 10 je le dépasse même parfois. Papa me dit souvent que je peux avoir plus que ça mais moi qui refuse de s'exercer. Mon passe temps favori est de lire des Romans. La bibliothécaire de l'école est mon amie. Elle s'appelle DIOR elle a environ 23ans. pour elle, c'est difficile de voir un élève de sixième qui fréquente la Bibliothèque au jour le jour. C'est pour quoi elle m'admire. Dior me reproche souvent de lire certaines ouvrages car j'ai pas encore atteins à ce niveau. On se converse toujours en français car pour elle on ne peut comprendre une langue sans faire la communication orale.
Ma relation avec mes camarades de classe est compliquée. Je ne suis pas hautain, car c'est pas humain mais les gens qui ont été emportés par la crise des valeurs ne méritent pas d'être fréquenté. C'est le cas d'une b***e de la classe appelé KAKK YI. Ils me disent souvent que je suis hautain alors que je passe la nuit dans une chambre en paille. Les autres élèves qui sont hors de cette b***e ne me disent pas du mal mais il y'a un p'tit blocage entre nous. Je sais que c'est a cause de ma situation sociale. Au début, j'essayais de forcer l'amitié mais à la fin je me suis dit que c'est pas la peine. On ne force pas les relations on les laisse venir naturellement. Pour l'instant Dior la bibliothécaire reste ma seule et unique amie dans toute l'étendue de l'établissement. Elle me suffit largement.
Mes 3 frères (ouseynou et assane les jumeaux de 9ans et Matar 7ans) continuent leurs études coraniques dans un autre Darra du quartier pendant que ma sœur (Ramatoulaye 11 ans) est à l'école primaire, elle fait la classe de CM¹.
Maman vend des légumes au marché pour participer aux dépenses quotidiennes de la famille. Papa est à Diourbel, il est embauché par une industrie mais les week-end il le passe en famille.
Nous venons de faire six mois dans le quartier. Le regard des cohabitants vis à vis de nous n'a point changer. «Les déshérités du quartier». Ils ne mettent pas leurs pieds dans la maison si ce n'est pas pour acheter un truc de cuisine chez maman
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La suprême injure qui ne se presse pas, ne se lasse pas, n'oublie pas, s'appelle la mort. Elle a emporté Maman, oui maman.
Une mère brave, courageuse vient de quitter le monde. une mère dont sa bonheur est celle de ses enfant nous a quitté. une mère qui a toujours soutenu son mari rend l'âme à son seigneur à L'Aurore suite d'une maladie de trois jours .
La nouvelle se répand rapidement. Une atmosphère de deuil enveloppa tout le quartier. Nos cohabitants ont rempli la maison. De temps en temps, le silence était déchiré par des pleurs et des lamentations.
C'est ensuite un va-et-vient ininterrompue entre la maison et les maisons voisines. Chacun voulait se rendre utile dans le deuil de la femme qu'ils sous-estimaient .Walahi Hypocrisie c'est sénégalais. Des nattes furent étalées dans la cour et des chaises disposées tout autour. Alerté trop tôt le matin, nos parents et amis des autres régions commencent à arriver par vagues successives . vers dix heures, la maison est pleine de monde et les derniers venus furent reçu chez les voisins. De temps en temps, un sanglot mal étouffé trouble le silence, malgré le sermon de l'imam qui a interdit cette façon d'exprimer sa douleur.
Le cerfeuil est ensuite placé dans la cour ; et l'on entend des témoignages sur la vie exemplaire de maman. Une foule nombreuse est là, pour accompagner maman dans sa dernière demeure.
Soudain un cri aigu vient de rompre le silence de la foule qui s'était résignée . A la vue du cercueil que l'on sort de la maison, Tante Fátima la sœur cadette de maman ne peut se retenir. Elle hurle comme une possédée, entraînant dans son désespoir les autres femmes. Le marabout a du mal à leur faire entendre raison.
A la fin de la prière mortuaire, le cortège funèbre s'ébranla vers le cimetière.
Moi et mes 3 frères ont assisté l'enterrement. Ma sœur Ramatoulaye n'est pas là car dans la religion m*******e les femmes n'assistent pas l'enterrement. Même si la religion le permettait aux femmes elle n'allait pas venir car actuellement elle est inconsolables.
Mes frère n'ont pas versés de larmes mais leurs visages sont qu'en même déformés.
Quand à moi, j'ai pas droit à pleurer car je dois servir d'exemple à mes frères qui sont devenues maintenant mes enfants.
Papa a porté des lunettes noires fumées je pense que c'est pour cacher ses larmes car il a pas l'habitude de porter ces genre de lunettes.
L'amour qui existait entre papa et maman était incommensurable. Dans la b***e de ses amis et sa famille il demeure le seul homme qui n'a pas pris une seconde épouse. Il disait souvent qu'il n'aura jamais une épouse comme THIANÉ. Ils ont fait 15 ans de mariage sans conflit ni un malentendu qui a conduit maman chez ses parents comme le fait la plupart des couples de notre société. OHH LA MORT.
Papa à fait de bons témoignages à l'endroit de sa défunte épouse durant l'enterrement.
Selon la coutume, on nous a présenté les condoléances. Devant tante Fátima il y'a un van où l'on déposait des monnaies et des billets de banc. cette argent et les autres donation ont assuré l'achat du bœuf de la cérémonie du troisième jour et certaines dépenses.
Mes oncles qui nous avaient chassés de la maison à Diourbel ont voulu acheter le bœuf de la cérémonie mais papa a refusé. Notre société marche comme ça. C'est le jour du décès qu'ils veulent être un parent .
A cette occasion le coran sera lu pour le repos de l'âme de ma défunte mère.
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Tante Fátima la sœur de maman et Mame Khoudia une de ses tantes sont restées avec nous pendant trois mois après les funérailles. Pour qu'on ne se sentent pas seule.
Il y avais une grande dispute entre papa et tante Fátima le jour où cette dernière devait rentrez à Dakar. Elle voulait emmené ma sœur Ramatoulaye avec elle et papa n'était pas du même avis. Finalement c'est Mame Khoudia qui avait convaincu papa de laisser Ramatoulaye avec Tante Fátima puisqu'un homme ne peut pas élever une fille.