Première partie

539 Words
Première partie Juin 2009. Dans Pemberley, une visiteuse seule marchait doucement de salle en salle. En vérité le droit d’entrée lui avait paru un peu cher mais après quelques instants, elle se dit qu’elle aurait volontiers payé plus. Les vacances n’étant pas encore commencées, les touristes n’étaient pas trop nombreux et la magie pouvait opérer. Elle aurait aimé franchir les cordons interdisant de flâner entre les meubles, elle aurait aimé jouer sur le pianoforte, feuilleter les livres de la magnifique bibliothèque. De chaque fenêtre, la vue sur le parc, les collines, le lac était différente. Dans l’immense salle à manger, le couvert était mis et semblait attendre… mais attendre qui ? Elle avait lu que les propriétaires de la maison venaient rarement occuper les appartements privés et cette splendeur, n’était plus dorénavant qu’un musée. On pouvait même, moyennant finances bien sûr, y organiser un mariage, un concert ou autre réunion mondaine. Elle aperçut une vieille dame qui, placidement assise, surveillait les barbares et s’approcha d’elle. — Comment se fait-il que les propriétaires d’une si belle maison n’y habitent plus ? — Oh vous savez Lady Darcy n’aime pas beaucoup la campagne et Lord Darcy a un poste important à la City. Ils habitent Londres, dans une maison qui appartient à la famille depuis plus de 200 ans. Je crois en outre qu’ils n’aiment pas beaucoup voir la maison pleine de touristes ; ils ne s’y sentent plus vraiment chez eux. — Cela n’a rien d’étonnant. — Dans la galerie des portraits vous verrez près de la porte une vue de Grosvenor Square au début du XIXe siècle et on y voit leur maison de Londres. En fait, elle a été divisée en appartements et ils n’en occupent qu’une partie. — Cette demeure est exquise. Ses anciens habitants devaient être des personnes de goût. — Vous verrez leurs portraits dans la galerie. La dame se dirigea doucement vers la galerie des portraits. Elle était extraordinairement longue et inondée de soleil. Au centre, un tableau représentait l’actuel propriétaire en tenue de chasse et il était entouré de part et d’autre de ses ancêtres. Ceux des périodes les plus reculées portaient des perruques poudrées, d’autres étaient des jeunes gens, parfois fort beaux, il y avait même un jeune homme en uniforme de la Royal Air Force. Puis la dame s’arrêta devant deux des tableaux : Le premier représentait un bel homme en habit, brun, aux yeux sombres et qui souriait avec un peu de condescendance, lui sembla-t-il. L’autre était le portrait d’une jeune femme, plus charmante que réellement jolie, et qui elle arborait un sourire malicieux. Se penchant sur les plaques de bronze elle lut : Fitzwilliam Darcy, Elizabeth Darcy. Elle demanda au vieux monsieur assis là si ces personnes étaient frères et sœurs. « Oh non, Madame ! Ils étaient mari et femme et l’on dit qu’ils s’adoraient. Vous savez, leurs fantômes parcourent encore cette maison. » La dame sourit. Elle ne croyait pas aux fantômes mais elle aimait imaginer ce couple se promenant main dans la main au bord du lac. Puis elle s’approcha du petit tableau de Grosvenor Square au début du XIXe siècle. Il représentait une charmante scène de rue : des calèches, une toute jeune marchande de fleurs son panier au bras offrait des bouquets aux dames élégantes et aux messieurs en haut-de-forme. Derrière eux, la façade d’une belle maison londonienne. La dame connaissait l’endroit et ne pouvait imaginer qu’on puisse le préférer à cette splendeur. Même la pluie devait être belle ici, alors qu’à Londres elle était sinistre.
Free reading for new users
Scan code to download app
Facebookexpand_more
  • author-avatar
    Writer
  • chap_listContents
  • likeADD