Chapitre 4

2416 Words
Le premier coup parti. Mon cerveau se connecta à nouveau avec mes membres à ce moment-là, me permettant de me jeter au sol. La balle siffla près de mon oreille, me faisant grogner. J'entrai mes griffes sur le côté du banc, faisant craquer le bois. D’un geste rapide, je levai ma jambe dans les airs, donnant un coup de pied sur la main de mon assaillant. J’entendis un craquement, signe que mon coup ne lui avait pas seulement fait lâcher prise sur son arme.  -Merde !  L’homme grogna de douleur, ramenant sa main contre lui. La présence de ma louve se vit dans mes yeux, dans mes gestes. En faisant tomber les barreaux dans ma tête, elle m’avait rendue plus vulnérable, étant donné que je n’avais plus le contrôle sur mes protections mentales. Me trouvant partiellement transformée, je perdais beaucoup plus d’énergie rapidement.  -J’avais oublié ce détail, dit-il en faisant un rire amer. Vos sens sont beaucoup plus développés quand vous êtes partiellement transformée. Brave décision de ta louve, ma jolie !  Je grondai, lui montrant les crocs. Bordel, ça me faisait mal de l’admettre, mais il avait raison sur ce point. J’ai été dans un moment de vulnérabilité, ma louve aurait pu émerger sans aucune résistance de ma part. Mais même si elle voulait enfoncer ses crocs dans le cou de cet homme, la petite futée s’était contentée d’une simple transformation partielle, me partageant sa force et sa vitesse. Si elle avait décidé de se transformer, cette balle nous aurait atteintes toutes les deux.  Je reniflai, cherchant des odeurs qui m'étaient familières. Aussitôt, je fixai mes prunelles dorées sur le chasseur.  -Traître !  Ma voix se fit plus grave et malgré les crocs qui me déformaient la bouche, je réussi à lancer l’insulte. Cet enfoiré était un loup-garou ! Un sourire carnassier déforma ses lèvres, donnant un aspect sauvage à son visage. Ses yeux de glace me renvoient mon reflet, perplexe.  -Je ne suis pas un traître, cracha-t-il dans ma direction. Je n’ai jamais été des vôtres !  Il se pencha à une vitesse phénoménale, attrapa son arme et la pointa devant mon visage. Cet homme était peut-être un métamorphe, mais j’étais beaucoup plus rapide. J’eus seulement le temps d’encercler le canon d’une main et de le lever lorsque le second coup parti. Le poing qu’il m’envoya droit au visage me fit pencher sur le côté, l’esquivant. Il poussa un grognement typiquement bestial alors que le chasseur tenta de m’attraper par la gorge.  De mon autre main, je lui plantai mes griffes dans sa chair. Un petit cri de douleur le traversa. Une colère palpable se dessina sur son visage.  -s****e !  Ayant une main autour de l’arme et une autre toujours plantée dans sa main, il abaissa sa tête directement dans le creux de mon épaule, y plantant ses crocs. La douleur fut immédiate. J’avais l’impression de sentir des lames creuser dans ma chair, se frayant un chemin jusqu’à l’os. Il grogna contre moi quand je retirai mes griffes, faisant résonner sa plainte dans mon corps entier. Bordel, c’était extrêmement douloureux !  J’attrapai sa tête entre mes mains, me servant d’appui. J’entourai mes jambes autour de ses hanches, m’accrochant à lui comme un enfant le ferait autour de la jambe de sa mère.  Le geste me fit monter les larmes aux yeux. Merde !  Ignorant les milliers de petits chocs qui me passèrent à travers tout le corps, je donnai un coup de hanche sur le côté, lui faisant perdre l’équilibre. Je gémis de douleur alors que je sentis ses crocs lâcher prise, partant tout de même avec une partie de ma peau.  Je fis une roulade rapide sur le côté, mettant mon bras autours de moi-même afin d’éviter d’amortir ma chute. J’entendis un bruit sourd. Le chasseur se cogna la tête sur le sol, me faisant fermer les yeux. Ce son, c’était de la musique à mes oreilles !  Le cœur battant, ma louve haleta malgré elle, m’avertissant qu’elle perdait plus rapidement de l’énergie à cause de la blessure. Je jetai un coup d’œil à mon côté droit et ce que je vis me fit grimacer. Mon chandail blanc était imbibé de sang, enfin, ce qui restait du tissu autour de l’énorme plaie béante. Des morceaux de chair pendaient et je cru même voir le début de ma clavicule. Génial !  L’adrénaline coulant à flot dans mes veines, je fis un pas dans la direction du chasseur au sol, sonné. Le choc de mon pied sur le carrelage vibra dans tout mon corps jusqu’à atteindre mon épaule. Je me mordis la joue, m’empêchant de crier de douleur. J’aimais mieux mourir que lui donner cette satisfaction !  Je me rendis jusqu’à lui, l’attrapant de ma main gauche par la gorge et le leva du sol. Je sentais la transpiration me couler dans le dos et mon souffle se faisant beaucoup plus court. Si seulement je pouvais avoir un contact avec la nature ! Mon bras trembla sous le poids de l’homme. Zut !  Il ne tenta pas de se débattre sous ma prise, au contraire. Ses yeux sans étincelles de vie étaient fixés sur les miens. Un petit sourire étirait ses lèvres, me faisant plisser les yeux.  -Je pourrais te casser le cou, grognais-je.  Faux.  J’étais de plus en plus faible, je pouvais le sentir. Si cet homme avait été un simple humain, j’aurais pu en avoir la force. Mais malheureusement, les loups-garous avaient les os beaucoup plus solides. Mais cela, il n’était pas obligé de le savoir.  -Tu sais, dit-il d’une petite voix. Je t’ai sous-estimée.  Sans blague !  -Pourtant, je connais ton espèce sur le bout de mes doigts ! J’ai dû oublier pendant un instant que tu faisais parti de la deuxième génération. Mais tu sais quoi ? Je sais aussi que ta force est aussi ta faiblesse.  Sa voix se fit plus rauque, son regard plus intense.  -Tu voulais savoir qui je suis, pas vrai ? Regardes dans mon âme sale monstre !  Ma louve poussa un hurlement, tentant de m’avertir. Mais il était déjà trop tard. Les yeux bleus du chasseur changèrent de couleur, faisant part de la présence de son loup. La bête, blessée, m’appela de toutes ses forces. Je n’eus pas le temps de résister que je me retrouvai à patauger dans ses plus sombres secrets.                                                                                            **                                                                                         ****                                                                                        ****** Merde.    Je bâillonnais des paupières, la respiration lourde. Mon épaule me faisait toujours autant un mal de chien et vu la fatigue que je ressentais parcourir chaque cellule de mon corps, j’en conclus que mon état n’était pas en mon avantage !    -Papa !    Je me figeai. Les yeux scintillants du chasseur me revinrent à l’esprit, me faisant gémir. Cet enfoiré m’avait prise par surprise ! Ma gorge se noua alors que je regardais autour de moi, consciente que je me retrouvais dans les souvenirs de l’homme loup. Un frisson me parcourut tout le corps malgré moi. Je me retrouvai en fusion totale avec l’animal. En 23 ans de vécu, c’était la deuxième fois que cela m’arrivait. Pour être franche, j’étais effrayée !  D’habitude, quand je décidais de m’aventurer dans les failles de l’esprit du loup, je ne voyais que des brèves images, comme une b***e vidéo qu’on avait découpée. C’était beaucoup moins douloureux et cela prenait beaucoup moins d’énergie. Mais en fusion totale, je me retrouvais à assister à toutes les scènes, à ressentir les émotions. Cela m’épuisait autant mentalement que physiquement. Il m’était alors difficile d’aider qui que ce soit.  -Papa !  Je fus tirée de mes pensées par la voix stridente. Je jetai un coup d’œil autour de moi. J’étais dans un salon spacieux, très moderne. J’observai la cheminée ou les flammes crépitent. Je sentais la chaleur flotter jusqu’à moi, faisant doubler les gouttelettes partout sur mon corps. Comme si j’avais besoin de ça !   Soudainement, une silhouette passa devant moi en vitesse, me faisant faire un pas vers l’arrière. Le bambin à la tignasse foncée trébucha dans le tapis, tombant sur les fesses dans un bruit sourd. Le regard plein de larmes, ses yeux bleus étaient fixés sur un point devant lui.  -Papa, arrête !  La voix qui résonna était beaucoup plus grave, ne pouvant pas appartenir au bambin qui se trouvait au sol. Je tournai la tête. Aussitôt, mes poings se serrèrent en voyant l’homme à la cicatrice, le visage déformé par la colère. Une bouteille d’alcool se trouvait dans sa main droite, alors que de l’autre, il tenait un garçon. Celui-ci était presque aussi grand que le chasseur, ses minces épaules étaient prises de soubresauts sous l’assaut acharné de l’homme.  -Lâches-moi !  D’un simple coup de bras, il l’envoya voltiger sur le sol. Un grognement sourd sortit de la bouche de l’adolescent alors qu’un craquement se fit entendre.  -Toi, dit-il en pointant le bambin. Tu crois être plus fort que moi !?  D’un bond, le jeune homme se plaça devant l’enfant, les bras écartés. Aussitôt, le petit vint s’accrocher au chandail de son protecteur, crispant les poings.  -Je peux le sentir, dit-il en poussant un grognement. Ta satané bête veut me dominer !  Au moment où il se rua sur eux, je fermai les yeux, sentant un énorme mal de tête apparaître.  -Je n’en reviens pas, entendais-je. Tu as tenté de dominer ton propre fils !? Il n’a que 14 ans merde !  Dès que j’ouvris les yeux à nouveau, une femme magnifique se tenait dans le centre du salon, les poings sur les hanches. Son beau visage était crispé par la colère. Ses longs cheveux pâles lui tombaient en cascade dans le dos, me rappelant une sirène. Elle se tenait devant le chasseur, qui, la mine exaspérée, lui faisait face. Une barbe de plusieurs jours lui recouvrait le visage, lui donnant un air plus sombre.  -Ce petit merdeux veut me dominer, je te dis Léa !  La concernée l’observa, abasourdis.  -Tu est malade. Tu as besoin de te faire soigner Trevor, dit-elle avec un ton plus doux. Je connais quelqu’un qui… -La ferme, cria-t-il, la faisant sursauter.  Il grogna de douleur en prenant sa tête entre ses mains. D’un geste rageur, il envoya valdinguer une lampe qui éclata en morceau.  -Stupide bête !  J’attrapai ma tête entre mes mains, sentant un courant électrique passer entre mes tempes. Je gémissai de douleur. Je posai un genou au sol, le souffle court.  -Tu n’es qu’une sale p**e !  Je levai les yeux. Les images se firent plus embrouillées, semblable à une télévision qui n’arrivait pas capter un signal. Je vis une jeune femme, les cheveux de la même couleur que la première que j’avais aperçu, Léa si je me rappelais bien. Mais son gabarit était différent, beaucoup plus frêle.  -Lâche moi !  Son poignet était captif entre la main de Trevor, qui les yeux injectés de sang, lui secouait sans ménagement. Je n’aurais pas été étonnée d’entendre l’os de son poignet céder sous les secousses répétées.  -Tu as osé copuler avec ce monstre ! C’est dégoûtant, tu es dégoutante !  Il leva l’autre main, s’apprêtant à l’abaisser. Soudainement, il poussa un hurlement de douleur, lâchant la jeune femme en même temps. Quand il releva la tête, ses yeux orageux avaient disparus, laissant place à deux billes flamboyantes.  -Sors de ma tête sale monstre !  Il leva soudainement la tête, plongeant ses yeux sur elle.  -C’est de ta faute ! Vas en enfer !  La porte s’ouvrit dans un fracas, venant défoncer le mur en arrière de celle-ci. Deux garçons pénétrèrent dans la pièce. Celui avec les cheveux bruns, le moins costaud des deux attrapa la fille dans ses bras, lui murmurant des mots doux à l’oreille. Le plus musclé attrapa la gorge de l’homme d’une seule main, puis l'encercle en étau. Un rictus sauvage lui déforma la bouche. Je me figeai, clignant des yeux à plusieurs reprise.  Ce visage… -Hayden !  Cette fois-ci, la douleur fut insoutenable. Je criai, fermant les yeux de toutes mes forces. Derrière mes paupières closes, des images brèves surgirent. Et l’une d’elle vint m’écorcher le cœur. Le visage de ma mère apparut, les yeux écarquillés de surprise. Ses cheveux bruns s'affaissent autour de ses épaules alors qu’elle baissa la tête, observant le couteau planté dans son abdomen.  Je criai, poussant d’énormes hurlements silencieux. Je pouvais sentir les larmes couler le long de mes joues sans vraiment le voir. Alors que je croyais sombrer dans la folie, ma louve poussa un énorme hurlement, m’aidant de toute ses forces à remettre les barrières. Quand le dernier barreau se mit en place, la dernière chose que je vis fut des yeux bleus à glacer le sang.  -Alison !  Je me sentis tomber vers l’arrière, les jambes trop faibles pour supporter mon poids. Quelque chose de dur me rattrapa, me faisant grogner de douleur malgré moi. Mon corps était tellement douloureux… -Il s’est enfui, entendais-je.  Une voix jura. Il sembla très proche de mon oreille, me donnant un frisson. Merde, même à moitié dans les vapes, elle me faisait un effet hallucinant. Complétement débile !  -Je vais m’occuper des choses ici, tu peux t’occuper d’elle ?  Cette voix ! Mon cœur bondit dans ma poitrine à l’entente de mon paternel. Il était fatigué, mais je n’arrivais pas à savoir s’il était blessé avec l’odeur de mon propre sang qui imbibait mes vêtements.    Je fus soudainement soulevée du sol. Je sentis ma tête partir sur le côté, trouvant refuge sur quelque chose de solide. Un torse peut-être ?  -J’en avais l’intention, dit-il en poussant un petit grognement.  Je tentai d’ouvrir les yeux. Mes paupières étaient tellement lourdes… -Merci beaucoup.  Mon chevalier à l’odeur extrêmement aguichante se mit en marche.  -Tu veux que je la porte ?  Nouveau grognement.  -Tu es blessé, reprit-il en soupirant.  -Rayan nous attend, dit-il d’une voix rauque. De plus, personne d’autre que moi ne peut la toucher, c’est clair ? Elle est à moi !  Si je le pouvais, je me serais étouffée avec ma salive. Mais quel emmerdeur ! Je n'appartiens à personne ! J’allais lui enfoncer mon pied dans son cul de loup…Mon dieu, j’étais tellement fatiguée… -Elle nous entend, tu sais ?  Un petit rire fit vibrer son torse sous ma tête.  -J’espère bien.  Sa voix se fit de plus en plus lointaine, jusqu’à complètement disparaître.  
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